dimanche 4 septembre 2016

Fraude électorale, l'outil par excellence de Dos Santos et sa clique.


Au moment où l’Angola se prépare à organiser, en 2017, les élections législatives, les seules auxquelles le peuple angolais a droit, il convient de s’interroger sur les techniques de fraudes que le Mpla apprête pour se maintenir au pouvoir. Parler de ce sujet à un an des élections n’est ni prématuré ni outrancier. Je tiens à préciser ici qu’une fraude électorale est un processus qui démarre plusieurs mois avant l’acte électoral. C’est d’ailleurs pour cette raison que Samakuva de l’Unita et André Mendes de Carvalho de Casa-ce se sont insurgé contre l’usurpation par le gouvernement des compétences attribuées à la CNE (commission nationale électorale). Dans l’enrôlement des électeurs, le ministère de l’Administration du territoire (MAT) s’est substitué à la CNE. Ce qui laisse croire qu’une fraude électorale est en préparation. L’inquiétude est-elle injustifiée ? Je me pose cette question parce que dans nos pays, pour donner l’impression que la démocratie est devenue une réalité, le suffrage universel loin d’être l’expression de la volonté populaire, devient le moyen par lequel le système politique se maintient au pouvoir, et par le même fait, exclut les populations comme à l’époque coloniale. Là où nous faisons l’apprentissage du droit à l’expression, les élites du Mpla travaillent à  la mise en œuvre du plébiscite dans la ligne des anciens partis uniques. Ne pouvant perdre le pouvoir, tout est fait pour que le Chef soit élu « démocratiquement ». Et c’est là que la fraude, ombre accolée à toute forme de suffrage, prend une dimension nouvelle. Elle légitime le pouvoir en privant le peuple du bénéfice de son choix.

Dans l’Afrique d’aujourd’hui, se perpétuer au pouvoir est devenu un impératif pour les gouvernements en place. Le Gabon des Bongo est l’exemple le plus récent. Pour y arriver, tous les moyens sont bons, et organiser une fraude électorale n’est plus comme jadis, elle est entrée dans les mœurs. C’est pour cette raison que les partis politiques de l’opposition passent plus de temps à trouver la parade à la fraude qu’à mobiliser leurs militants. Il suffit qu’il n’y ait pas fraude pour que le parti au pouvoir perde les élections, ça c’est connu.  « Dans les circonstances actuelles, si les élections sont justes et transparentes, le Mpla n’obtiendra pas plus de 10% de suffrage » a déclaré Adalberto Junior, président du groupe parlementaire de l’Unita à l’Assemblée nationale. C’est justement pour éviter un tel scénario que Dos Santos et ses amis s’évertuent à imaginer des solutions qui les mettent à l’abri d’un désastre électoral. Le MAT, dirigé par Bornito de Sousa, un très proche de Dos Santos,  qui pilote la manœuvre a d’abord proposé le découpage de la province de Moxico, dans sa majorité favorable à l’opposition, en deux petites provinces. Malheureusement, les projections préélectorales effectuées n’ayant pas donné les résultats escomptés, le projet a été balayé. « Aujourd’hui la fraude électorale est plus propre et revêt les apparences d’une transparence irréprochable » a affirmé Samakuva au cours d’un point de presse à Luanda. Si les inquiétudes de l’opposition sont avérées, le peuple angolais doit être vigilant, car la fraude électorale commence, à mon sens, avec la composition du corps électoral. Elle vise à l’élimination indue des électeurs à priori défavorables et à l’inscription indue des électeurs favorables au Mpla. Ces deux techniques, souvent utilisées conjointement, emploient des moyens similaires. Pour rendre effective la fraude, des complicités dans les services de l’administration communale et municipale sont nécessaires. Voilà pourquoi le Mpla refuse pour le moment d’organiser les élections locales. Dans les communes et municipalités sous contrôle de partis politiques de l’opposition, il est difficile au pouvoir de manipuler les chiffres.

L’autre forme que prend la fraude électorale est celle portant sur la campagne électorale. Lorsque le parti au pouvoir, en l’occurrence le Mpla, influence voire contrôle les médias (radio, tv, journal quotidien) il lui est facile de s’assurer la maitrise du discours et de limiter voire empêcher la propagande électorale d’autres partis. C’est le moyen moderne par excellence, car il respecte (sic) formellement les règles du vote et faute d’indicateurs pertinents et reconnus (qui ne sont pas toujours en place) il est difficile de prouver toute forme de fraude. Dans les milieux à fort taux d’analphabètes, ou peu accessibles aux médias, ces milieux sont particulièrement sensibles à la propagation des rumeurs et de toutes sortes de fausses nouvelles tendant à discréditer les opposants. Ces manipulations de l’information dont le Mpla est spécialiste sont des éléments constitutifs de la fraude électorale puisque leur but est de détourner les voix de l’opposition. En dehors de ce facteur, le rejet des candidatures adverses, l’emprisonnement, l’empoisonnement, l’assassinat des opposants et le bourrage d’urnes sont aussi une autre forme de fraude électorale. « Mieux vaut prévenir que guérir » disent les sages. Car malgré l’impopularité dont le Mpla fait l’objet  dans le pays à cause de la corruption, du chômage, du népotisme, de l’insécurité, de l’impunité, les ténors du Mpla ne cessent de claironner qu’ils vont gagner les élections. Comment vont-ils faire ? D’où leur vient cette assurance ? « Tala ku nseki…tala ku mamba » ! (Proverbe Kisuku= vigilance).

 

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo Scotty Makiese.