mardi 14 mars 2017

Corruption et détournements de fonds: les deux mamelles qui sustentent le régime de Dos Santos.


Au moment où la précampagne électorale bat son plein en Angola, toute notre attention est tournée vers les « têtes de liste » de chaque parti en compétition. J’ai la certitude que durant ces cinq dernières semaines, beaucoup d’entre nous accompagnent, même de loin, le déroulement de la campagne en essayant d’avoir le plus d’informations pour se forger une opinion. Il n’est un secret pour personne que le Mpla qui dispose des moyens financiers importants met les bouchées doubles pour promouvoir son nouveau candidat. Dans les réunions et meetings, la lutte contre la corruption et l’impunité figure en tête de liste des engagements électoraux. Sachant que l’épicentre de la corruption se trouve à la présidence de la République, je m’interroge sur la capacité du candidat du Mpla à renverser la tendance. Tout bien considéré, je crois que mon oncle, celui qui vit à Bangoula-city, a raison lorsqu’il affirme que les promesses du Mpla sont des balivernes. Ce ne sont que des promesses électorales. Car, logiquement, comment peut-on s’attaquer à un clan auquel on appartient ? Un clan auquel on est redevable de tout : ascension politique, stabilité financière, haut standing de vie. Quels que soient les petits frottements qui sont apparus au cours de l’existence du Mpla dans les relations à l’intérieur du clan, les loups ne se mangent jamais entre eux. D’ailleurs, dans  un article de Silvia Caneco publié sur le site de Visâo.pt, une analyse consacrée à  la Banque Espirito Santo Angola (BESA), beaucoup de membres de ce clan sont mis en cause. Vous avez surement déjà entendu parler de cette banque qui a fait faillite à cause de la mauvaise gestion de ses dirigeants. Énormément de rumeurs, fondées ou non, ont circulé au sujet du dépôt de bilan de BESA. Mais pour ne pas écorner l’image du régime angolais, tout a été fait pour étouffer l’affaire. Malgré le temps qui s’est écoulé entre la faillite de cette institution bancaire et sa restructuration en « Banco Económico », mon oncle, ce fouineur, a tenu à m’en parler pour qu’à mon tour je vous en parle. Selon la journaliste de Visâo.pt, la liste officielle des clients qui auraient bénéficié des crédits de la BESA (capital de la banque 5.700 millions de dollars), quand l’institution était dirigée par Alvaro Sobrinho, n’a jamais été publiée. Seulement, en Angola les noms de ces supposés clients ont circulé, et il faut le reconnaitre, la publication de ces noms a mis certains dignitaires importants du régime dans une situation très inconfortable.
Joâo Manuel Gonçalves Lourenço, actuel ministre de la Défense et tête liste de liste du Mpla aux prochaines élections, vice-président du parti au pouvoir, probable futur président de la République, est sur la liste. Il aurait bénéficié de 30 millions de dollars de crédit auprès de BESA. Manuel Nunes Junior, secrétaire du Mpla pour la politique économique et sociale apparait aussi sur la liste pour avoir obtenu un crédit de 20 millions de dollars. Robert de Almeida, l’ancien vice-président du Mpla, connu pour sa droiture et sa rigueur, est également sur la liste avec un crédit de 30 millions de dollars. Il aurait investi 10 millions dans la construction d’un immeuble. Et lorsque les services de  recouvrement de BESA l’ont contacté pour récupérer leur dû, Roberto de Almeida les a poliment éconduits en disant que, pour lui, les 30 millions de dollars étaient un « cadeau ». Un don  de la banque au vice-président du Mpla. C’est incroyable. Mais ça, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Il y a aussi des Portugais sur la liste. Ils ne sont jamais loin dans tous les maquignonnages qui ont lieu en Angola. Dans celui de BESA, en partenariat avec Marta dos Santos, sœur du président Dos Santos, José Guilherme, un sujet portugais qui évolue dans les hautes sphères de la politique angolaise, aurait bénéficié de près de 800 millions de dollars qui ont été investis (?) dans la construction des édifices à Talatona à Luanda. Au moment de mettre la clé sous la porte (pourrait-il en être autrement ?), José Guilherme n’aurait reconnu que 121 millions de dollars des 800 millions sortis de la banque. Dans aucun pays du monde, vous ne connaitrez des situations identiques. Aucun.
Et le président de cette banque ai-je demandé à mon oncle ? Étant donné que la charité bien ordonnée commence par soi-même, m’a-t-il dit,  Alvaro Sobrinho, puisque c’est de lui qu’il s’agit, se serait attribué 745 millions de dollars.   
Lorsque cette information fut divulguée à Luanda, un certain Ricardo Salgado, ami de José Guilherme et de Marta dos Santos, prit contact avec le président Dos Santos pour l’informer de la situation de BESA. Vu l’énormité du scandale, Dos Santos, pour éviter d’éclabousser le Mpla, un parti dont les messages sont de moins en moins convaincants, décide de concéder une garantie souveraine de plus de 5.000 millions de dollars à BESA pour couvrir les crédits de ses amis et proches. C’est cet argent qui a permis de restructurer BESA en faillite et créer à sa place le « Banco económico ». Pendant combien de temps va-t-on encore avoir à la tête de l’Angola des dirigeants mouillés dans des magouilles de cette nature ? Si BESA a fait faillite, c’est parce que l’argent prêté n’est jamais rentré dans ses caisses. C’est affligeant.   
 
Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo Scotty M.