jeudi 14 décembre 2023

RÉCONCILIATION NATIONALE : UN IMPÉRATIF POUR L'ANGOLA.

C'est emmerdant de revenir plusieurs fois sur le même sujet alors que d'autres problèmes requièrent notre attention. Mais, quand il y va de l'intérêt de la nation, permettez que nous revenions sur le sujet.  Les joutes oratoires auxquelles nous assistons à l'Assemblée nationale ces derniers temps nous laissent souvent sans voix. Les parlementaires de la majorité nous offrent un spectacle désolant et inquiétant. La légèreté arrogante avec laquelle  ils abordent certains sujets  donne l'impression, plus de vingt ans après les accords de Luena, que le vainqueur (Mpla) a un ascendant sur le vaincu (Unita). Cette attitude insolente embastille  le pays dans une sorte d'immobilisme. Pourquoi? Tout simplement parce que les intérêts partisans sont placés au-dessus de l'intérêt national. Et voila le pays installé durablement dans une crise de confiance. Contrairement aux espoirs exprimés, les accords de Luena (2002) n'ont pas apporté la paix des esprits tant attendue par le peuple après une longue guerre. Et pourtant, la solution à ce problème réside simplement dans cet engagement patriotique  et rassurant qu'est la RECONCILIATION NATIONALE. C'est dommage que l'idée soit galvaudée par notre classe politique au point de perdre son sens le plus noble. Et quand nous en parlons, nous avons la nette impression de ne pas parler tous de la même chose. 

La réconciliation nationale n'est pas une simple  négociation qui débouche sur un accord fut-il très équilibré et très équitable. La réconciliation n'est pas un consensus, fut-il issu de l'agrément de toutes les parties qui auraient sacrifié une partie de leurs intérêts pour l'intérêt supérieur de la nation. Enfin, la réconciliation n'est pas une alliance autour d'un objectif, fut-il noble dans ses intentions. La réconciliation est un acte qui part de la profondeur du cœur de l'homme. Elle est d'abord exigence pour soi-même: exigence d'humilité pour accepter de s'abaisser et de céder volontairement devant l'autre même quand on a raison. Elle est une exigence d'honnêteté vis-à-vis de soi-même pour reconnaitre ses propres erreurs et ses insuffisances. Elle est exigence d'intégrité pour respecter en public et en privé les engagements pris vis-à-vis de l'autre partie. Elle est exigence de pardon pour accepter de passer l'éponge sur les erreurs et les fautes de l'adversaire. Elle est exigence d'amour, oui d'amour, pour faire confiance à l'adversaire et accepter de partager avec lui la même intention d'atteindre les mêmes objectifs. Dans ce cas, le bien-être du peuple. 

Pour toutes les parties en cause: la réconciliation nationale exige la restauration d'une confiance mutuelle entre les parties et le bannissement de l'hypocrisie qui conduit aux calculs stratégiques pour piéger l'autre. Sans cela, nous ne pouvons pas parler de la réconciliation. Et sans cette réconciliation nationale, nous ne pouvons rien entreprendre pour sortir de cette crise de confiance. Pour que demain ne soit pas comme aujourd'hui, œuvrons pour plus d'humilité, de modestie, d'honnêteté intellectuelle et d'intégrité. La réconciliation des cœurs implique à la fois la réconciliation avec soi-même et avec les autres. Angolais, reconcilions-nous. Le complexe de supériorité dont souffrent certains d'entre nous n'aide pas le pays à grandir. La réconciliation nationale n'est pas une solution magique à nos problèmes, mais c'est le début d'une solution durable. 

Sobamasoba

Eduardo M.Scotty.

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