La session parlementaire qui s’achève le mois prochain en
Angola prend fin sur une note assez amère. La majorité parlementaire du Mpla
aurait voulu couronner cette fin de session par une loi qui symbolise à jamais
l’attachement de ses membres au parti et à son président, et leurs
remerciements à celui qu’ils considèrent comme leur mentor. À cet effet, le
groupe parlementaire majoritaire à l’Assemblée nationale a élaboré et mis à
l’ordre du jour de la dernière session l’examen d’une loi organique sur le
régime juridique des ex-présidents et vice-présidents à la fin de leurs
mandats. Dans cette proposition de loi, des privilèges, en dehors de ceux
attribués par la Constitution, sont accordés au président sortant. De l’avis de
l’Angolais lambda, le principe qui consiste à attribuer une allocation aux
ex-présidents et vice-présidents ne pose aucun problème à la population. Ce qui
pose problème, c’est le fait que le duo
Dos Santos/Manuel Vicente n’est pas, et ne sera jamais dans le besoin. Jamais. D’ailleurs
s’ils perçoivent encore aujourd’hui un salaire, c’est parce, comme le consacre
une expression populaire, l’argent appelle l’argent. Parler d’une allocation
financière à leur sujet est une offense à leur endroit. Regardez Donald TRUMP,
il est tellement riche qu’il refuse de percevoir son salaire de chef d’État. Voilà
pourquoi IRÈNE NETO, députée et fille du premier président angolais, António
Agostinho Neto mort de maladie en 1979, s’est élevée contre la proposition de
loi attribuant, non seulement des avantages financiers à Dos Santos, mais aussi
le titre de « Président de la
République émérite ». Nulle
part dans la Constitution angolaise les textes ne font mention d’un président
émérite. La majorité parlementaire du Mpla serait-elle tentée par une
modification de la Constitution ? Pendant plusieurs années, la veuve et
les enfants de Neto n’ont bénéficié d’aucun privilège, est-ce par absence de
loi ? La virulence avec laquelle IRÈNE NETO s’est opposée au vote de cette
loi a surpris l’opinion nationale. Pour une fois, une voix discordante s’est
fait entendre dans la majorité parlementaire du Mpla. Durant son intervention,
très émue, la députée a raconté les tristes épisodes par lesquels est passée sa
famille. « L’accès à notre maison de Futungo de Belas nous était interdit pour,
parait-il, des raisons de sécurité. Seuls quelques diplomates accrédités en
Angola et des amis de la SWAPO (mouvement de libération de la Namibie) nous
apportaient leur aide. Où étaient nos camarades du Mpla » ? IRÈNE NETO n’est pas d’accord avec ses
camarades de la majorité parlementaire lorsque dans la présentation de leur
projet de loi ils affirment : « c’est la première fois que nous avons un
président en fin de mandat ». Le président qui meurt n’est-il pas,
involontairement, arrivé à la fin de son mandat ? « Il y
a eu dans ce pays un président sortant qui a laissé derrière lui sa famille. En
toute transparence, cette famille n’a jamais demandé de faveur à qui que ce
soit, et encore moins d’être choyée. Nous voulions seulement que le peuple, à
travers ses représentants à l’Assemblée du peuple de l’époque, décide de
l’appui qui nous revient de droit ». Fallait-il attendre la fin du
règne de Dos Santos pour se rendre compte de la nécessité d’apporter une quelconque
assistance à la famille d’un président à la retraite ? Dans cette phase de
consolidation de la démocratie, les candidats à la présidence de la république seront
de plus en plus jeunes et feront moins des mandats au pouvoir, faut-il, comme
le suggère le Mpla, leur attribuer une allocation à vie? Le Mpla propose une
retraite à hauteur de 90% du dernier salaire perçu pendant la dernière année du
mandat. Est-ce raisonnable? Comme IRÈNE NETO, moi aussi je m’interroge sur la
crédibilité d’une telle proposition. Au sein du Mpla, il y a aussi des députés
qui s’interrogent sur le sérieux d’une pareille mesure. C’est d’ailleurs pour
cette raison que l’examen de cette loi, controversée, a été reporté à la
semaine prochaine. Officiellement, l’opposition ne s’est pas encore prononcée
sur le sujet. Néanmoins, même si le principe parait sensé, son application doit
tenir compte de différents paramètres liés à la personne bénéficiaire de la
mesure. Un président en âge de retraite ne percevra pas la même allocation que
son collègue moins âgé et qui est encore en mesure d’être utile à la société. Qu’en
dites-vous ? À Luanda, on ne parle
que de ça.
Le débat est ouvert.
Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.
Eduardo Scotty M.