« Si nous ne
faisons rien, nous ne sanctionnons pas, nous ne punissons pas, nous ne poursuivons
pas en justice, nous ne condamnons pas ceux qui détournent l’argent de l’État,
c’est évident que ceux qui viendront après nous n’auront aucun scrupule à
détruire l’État. La lutte contre la corruption, le népotisme, l’impunité doit
être sans état d’âme. C’est une lutte qui passe par le courage et la
détermination » dixit Joâo Lourenço.
Les investigations qui
ont abouti à la détention de quelques hommes forts, membres du Mpla, sont le
signe de la détermination de l’État à corriger tous les maux qui gangrènent
l’administration publique et son système financier. Un système financier qui,
pendant des années, s’est laissé vicier par des prédateurs avides d’argent. Personne
ne pouvait les arrêter. Le chef, lui-même, est corrompu jusqu’à la moelle.
Aujourd’hui dans sa chute, il entraine ses enfants, ses amis et ses protégés.
Joaquim Sebastiâo (ex-directeur de l’Institut national des routes de l’Angola),
Manuel António Paulo et Rui Moita du Conseil national des chargeurs (Cnc), Igor
Pereira de l’Inea-Cabinda sont arrêtés. Quelques jours avant tout ce beau
monde, l’ex-ministre de la Communication sociale, Manuel António Rabelais est
interpellé par la police alors qu’il s’apprête à quitter le pays. Apparemment
la machine judiciaire s‘est vraiment mise en marche et cette fois c’est très
sérieux, car les interpellations se succèdent les unes aux autres et elles ne
sont pas prêtes de s’arrêter. Selon un journal en ligne à Luanda, les amis et
proches de l’ex-directeur de l’Inea, Joaquim Sebastiâo, craignent que ce dernier
se suicide compte tenu du nombre important des personnes influentes qui peuvent
être impliquées dans son dossier s’il décide de révéler leurs noms. Son
chauffeur a été arrêté tandis que l’ancien ministre de construction, Artur
Fortunato a été entendu par les services du procureur de la République. Dans la
ligne de mire du Procureur général de la République, Higino Carneiro, le tout
puissant général gouverneur qui a dirigé les provinces de Kuanza-Sud, Kuando-Kubango
et Luanda. Député à l’Assemblée nationale, Higino Carneiro a été convoqué et
entendu dernièrement (12/2). Il est poursuivi pour corruption et détournement
de fonds publics. Avec son ami et collègue, Manuel Rabelais, ils sont tous les
deux interdits de quitter le territoire angolais. Députés, ils se cachent
derrière les immunités parlementaires pour essayer d’échapper aux gardes à vue.
Seulement, les immunités parlementaires ne sont qu’une garantie fonctionnelle
qui est établie pour la liberté de parole de députés pendant les sessions
parlementaires à l’Assemblée nationale et leur droit à la critique. Les
affaires privées de députés ne sont pas concernées par ces immunités. La
corruption, le détournement de biens de l’État, la pédophilie et toute une
pléiade de délits immoraux ne sont pas couverts par les immunités
parlementaires. S’il y a un flagrant délit, le député peut et doit être
pénalement condamné. Après Higino Carneiro, Joâo Marcelino Typingue (ancien gouverneur
de la province de Huila) et José Joanes André (ex-gouverneur de la province du
Zaïre) seraient-ils sur la liste? Wait and see.
Sobamasoba.com,
l’analyse politique qui informe.
Eduardo M. Scotty