vendredi 15 février 2019

L'an 2019, une année décisive dans la lutte contre la corruption.

 La lutte contre la corruption en Angola connait depuis quelque temps une accélération. Alors que la date butoir pour le rapatriement de l’argent volé et caché dans des banques à l’étranger était largement dépassée, le citoyen lambda se demandait si le président Joâo Lourenço serait capable de sévir contre tous ceux qui voulaient défier la loi. Le calme plat du début de l’année 2019 n’était qu’une embellie avant la tempête. L’inspection générale de l’État, à qui incombe la responsabilité d’enquêter sur la gestion du pays, a réuni suffisamment de preuves pour permettre au procureur de la République d’entamer des poursuites judiciaires contre tous ceux qui, au lieu de servir, se sont servis dans les caisses de l’État. L’inspection générale de l’État a estimé que les irrégularités constatées dans les services d'administration de l’État sont inimaginables et révèlent que les contrôles seront intenses au cours de cette année.

« Si nous ne faisons rien, nous ne sanctionnons pas, nous ne punissons pas, nous ne poursuivons pas en justice, nous ne condamnons pas ceux qui détournent l’argent de l’État, c’est évident que ceux qui viendront après nous n’auront aucun scrupule à détruire l’État. La lutte contre la corruption, le népotisme, l’impunité doit être sans état d’âme. C’est une lutte qui passe par le courage et la détermination » dixit Joâo Lourenço.

Les investigations qui ont abouti à la détention de quelques hommes forts, membres du Mpla, sont le signe de la détermination de l’État à corriger tous les maux qui gangrènent l’administration publique et son système financier. Un système financier qui, pendant des années, s’est laissé vicier par des prédateurs avides d’argent. Personne ne pouvait les arrêter. Le chef, lui-même, est corrompu jusqu’à la moelle. Aujourd’hui dans sa chute, il entraine ses enfants, ses amis et ses protégés. Joaquim Sebastiâo (ex-directeur de l’Institut national des routes de l’Angola), Manuel António Paulo et Rui Moita du Conseil national des chargeurs (Cnc), Igor Pereira de l’Inea-Cabinda sont arrêtés. Quelques jours avant tout ce beau monde, l’ex-ministre de la Communication sociale, Manuel António Rabelais est interpellé par la police alors qu’il s’apprête à quitter le pays. Apparemment la machine judiciaire s‘est vraiment mise en marche et cette fois c’est très sérieux, car les interpellations se succèdent les unes aux autres et elles ne sont pas prêtes de s’arrêter. Selon un journal en ligne à Luanda, les amis et proches de l’ex-directeur de l’Inea, Joaquim Sebastiâo, craignent que ce dernier se suicide compte tenu du nombre important des personnes influentes qui peuvent être impliquées dans son dossier s’il décide de révéler leurs noms. Son chauffeur a été arrêté tandis que l’ancien ministre de construction, Artur Fortunato a été entendu par les services du procureur de la République. Dans la ligne de mire du Procureur général de la République, Higino Carneiro, le tout puissant général gouverneur qui a dirigé les provinces de Kuanza-Sud, Kuando-Kubango et Luanda. Député à l’Assemblée nationale, Higino Carneiro a été convoqué et entendu dernièrement (12/2). Il est poursuivi pour corruption et détournement de fonds publics. Avec son ami et collègue, Manuel Rabelais, ils sont tous les deux interdits de quitter le territoire angolais. Députés, ils se cachent derrière les immunités parlementaires pour essayer d’échapper aux gardes à vue. Seulement, les immunités parlementaires ne sont qu’une garantie fonctionnelle qui est établie pour la liberté de parole de députés pendant les sessions parlementaires à l’Assemblée nationale et leur droit à la critique. Les affaires privées de députés ne sont pas concernées par ces immunités. La corruption, le détournement de biens de l’État, la pédophilie et toute une pléiade de délits immoraux ne sont pas couverts par les immunités parlementaires. S’il y a un flagrant délit, le député peut et doit être pénalement condamné. Après Higino Carneiro, Joâo Marcelino Typingue (ancien gouverneur de la province de Huila) et José Joanes André (ex-gouverneur de la province du Zaïre) seraient-ils sur la liste? Wait and see.

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Eduardo M. Scotty