Finalement, la Loi
organique sur le régime juridique des ex-présidents et vice-présidents de la
république a été votée. Oui, mais pas dans sa forme initiale. Les arguments
d’Irène Neto et le débat provoqué dans l’opinion ont fini par astreindre les
députés du Mpla à revoir leur copie. C’est inédit. Sur les places publiques et
dans les rues, le sujet était abondamment commenté. L’injustice, dont la famille du premier président
angolais est victime, étant apparue au
grand jour, les langues se sont déliées. Car, António Agostinho Neto est celui
qui a proclamé l’indépendance de l’Angola le 11 novembre 1975. Des trois
leaders des mouvements de libération de l’Angola, il est celui qui est devenu le
premier président de la République. C’est lui qui a fait que le Mpla soit au
pouvoir en Angola. Ne pas lui reconnaitre cette qualité, tout simplement parce
qu’il est décédé, est une dénégation d’une importante partie de l’histoire de
l’Angola. Et pourtant, pendant près de quarante ans, ses propres amis, ceux-là
mêmes qu’il avait mis au pouvoir ont fait l’impasse sur lui piétinant sciemment
tous les droits auxquels sa famille devait prétendre. La
reconnaissance n’est pas de ce monde, ne cesse de me rappeler mon oncle. Oui,
il a raison. Sinon, comment expliquer l’indifférence dont fait montre le Mpla
vis-à-vis de la famille du président Neto. Un désintérêt qui a profondément ému
l’opinion publique angolaise et qui, à travers les médias, a réagi pour manifester
sa désapprobation. Finalement, la montée d’Irène Neto au créneau a réveillé des
consciences.
La loi a été approuvée,
me direz-vous. Oui, elle a été approuvée par 156 voix pour (Mpla, Casa-ce, Prs,
Fnla) et 20 voix contre de l’Unita, aucune abstention. Pourquoi l’Unita
a-t-elle voté contre ce projet de loi alors que des altérations étaient apportées
par le Mpla ? C’est parce que Samakuva et ses troupes n’ont trouvé aucun
caractère d’urgence dans l’élaboration et le vote de cette loi. Il y a des
choses beaucoup plus urgentes. Par exemple la loi sur la moralisation de la vie
politique dans le pays. Si c’est vrai qu’un président de la République à la fin
de son mandat doit bénéficier des droits qui lui permettent de vivre dans la
dignité et jouir d’une certaine immunité, il n’est pas insensé de porter un
regard sur les anciens combattants et sur les milliers d’ex-militaires mutilés au
cours de successives guerres qu’a connu le pays et qui ne bénéficient d’aucune
aide de l’État. Aujourd’hui, tous ces laissés pour compte constituent une armée
de mendiants exclus de la Caisse de sécurité sociale pendant qu’à l’Assemblée
nationale le Mpla et une partie de l’opposition approuvent une loi qui attribue
une double subvention à vie aux premières dames de la République. Quelle
fonction occupe une première dame dans l’administration publique de
l’État ? Je vous laisse répondre à la question.
Une importante partie
de l’opposition a voté avec le Mpla. Cette partie de l’opposition a-t-elle fait
la même lecture que l’Unita de cette loi organique ? À mon avis, oui.
Seulement, cette partie de l’opposition, par opportunisme, cherche à se
positionner dans l’éventualité où le Mpla n’obtiendrait pas une majorité
absolue aux prochaines élections. Cette partie de l'opposition pense déjà à une éventuelle coalition. Pour l’Unita, il y a des questions pour
lesquelles le parti ne peut pas pactiser avec le d… quel que soit leur
réalisme.
La loi a été revue. Dans
sa version initiale, le projet prévoyait qu’à la fin de son mandat, le
président sortant bénéficierait d’une immunité qui le mettrait, pendant 5 ans,
à l’abri des poursuites judiciaires. Dans sa nouvelle formulation, il est
établi que les anciens présidents de la République d’Angola vont bénéficier des
mêmes immunités que les députés de l’Assemblée nationale. Quant à l’allocation
à vie, il y a là aussi un recul, la loi alloue 80% du salaire de base du
président en fonction au lieu de 90% de son salaire durant la dernière année du
mandat. Pour les anciennes premières dames, la pression populaire n’a pas été
assez suffisante pour bloquer la machine du Mpla. Finalement, elles vont
bénéficier d’une allocation mensuelle à vie correspondant à 60% du salaire de
base d’un ministre en fonction.
Le débat continue même
si la loi est votée.
Sobamasoba, l’analyse
politique qui informe.
Eduardo Scotty M.