vendredi 28 mai 2021

Major Pedro LUSSATI est pris la main dans le sac (saco azul).

Opération “CARANGUEJO” est-ce une pièce de théâtre ou une véritable lutte contre la corruption. Une vidéo montrant le butin amassé illicitement par un officier des Forces armées angolaises (FAA) circule ces derniers temps sur les réseaux sociaux. Tous ceux qui l’ont vu sont choqués tellement la prise est énorme et scandaleuse. Un reportage réalisé par la Télévision angolaise montre la quantité des biens, fruit de détournements de fonds publics, retrouvés au domicile du major Lussati Pedro, un officier, chef des finances de la Fanfare présidentielle de l’armée angolaise. Dans cette étonnante enquête, il apparait que le major Lussati est propriétaire de 45 immeubles, 5 appartements à Lisbonne, 1 appartement à Windhoek, 2 yachts, 19 valises remplies d’argent (dollars, euros, kwanzas). Ce sont des millions.  10 millions de dollars, 700.000 euros, 800 millions de kwanzas. Dans les tiroirs de son armoire, les Services d’investigation criminelle (SIC) ont trouvé une douzaine de montres serties de diamant et en or. Il est propriétaire de 15 voitures de luxe. Les documents trouvés dans une des chambres renseignent des transferts d’argent à l’étranger d’une valeur de 1 milliard de dollars.  

Les “marimbondos” opèrent tous de la même manière. Chaque fois que les comptes en banque gonflent ou les valises d’argent s’accumulent à la maison, le nombre des amantes aussi augmente. Il faut bien dépenser l’argent volé. Connaissant ce mode opératoire, les SIC ont enquêté sur les amantes du major. La première, Mayala Abrantes, est propriétaire d’un compte bien achalandé à la banque BIC, 600.000 dollars. L’autre, Luyana Chaves, a reçu de l’amant généreux 5 millions de dollars qui lui ont tourné la tête au point de quitter son conjoint pour se consacrer entièrement à son amant. Quelle largesse ! La troisième, Madame Almeida, a bénéficié de 200.000 dollars pour ouvrir un commerce d’habits de luxe et s’est acheté une grande maison à Camama. Pedro Lussati est tellement galant homme qu’à la place de bouquets des fleurs, il offre à ses amantes des bouquets des dollars. Des billets de dollars pliés comme des fleurs. Même les riches saoudiens ne font jamais ça.  

Selon une source qui a choisi l’anonymat, pour des raisons de sécurité, il existe depuis plusieurs années à la présidence de la République de l’Angola un système qui permet aux plus malins de s’enrichir sans problèmes. En ce haut lieu de la république, on parle de “sac bleu” (saco azul). Ce sont des sacs de couleur bleue qui contiennent des billets de banque (dollars, euros, kwanzas) destinés aux dépenses non budgétisées de la présidence de la République. En fait personne ne contrôle vraiment ses sacs bleus. Ni la quantité contenue dans les sacs, ni la destination que prend cet argent. Une vraie aubaine pour les voleurs. Selon la même source, beaucoup de généraux sont impliqués dans cette maffia. Voilà une des raisons pour lesquelles le MPLA combat farouchement Adalberto Costa Junior. Un changement à la tête de l’État serait une catastrophe pour les “marimbondos” du Mpla. S’il y a cent jours pour le voleur, il y a un jour pour le propriétaire. Le crime parfait n’existe pas. Dans sa surdimensionnée opulence, le major Pedro Lussati décide de vendre une maison qu’il possédait en Espagne à Bento Kangamba, un intouchable du régime. Cette vente a déclenché l’alarme. Les informations fournies par les autorités espagnoles au Procureur général angolais ont conduit les SIC à ouvrir une enquête contre le major Lussati 

Le major Pedro Lussati ne s’est pas enrichi en une seule journée. Il faut du temps pour amasser tout ce qu’il a accumulé. C’est quelqu’un qui est connu dans les milieux politiques angolais. Durant tout ce temps qu’a duré le processus de son enrichissement illicite, personne n’a rien noté de bizarre ? Quand quelqu’un commence à avoir des moyens financiers importants, sa vie change. Un militaire qui achète des immeubles, des voitures de luxe, des appartements, va à la banque retirer d’importantes sommes d’argent, et personne ne remarque rien ? Les paquets des liasses d’argent dans les valises sont enveloppés dans leurs emballages en plastique. C’est de l’argent sorti fraichement d’une banque. Comment peut-on glisser entre les mailles du filet de la sécurité de l’État sans complicité ? La théorie de théâtralisation de cette découverte a peut-être un sens si l’on sait comment le Mpla est maitre dans la manipulation. La lutte contre la corruption qui n’a donné aucun résultat jusqu’aujourd’hui avait peut-être besoin d’un coup de pouce pour la crédibiliser. Un mensonge plus il est grand, plus il passe dans l’opinion. Dans le cas contraire, il y a des complices à la présidence de la République sinon comment pouvait-il réussir un si gros coup ?  

Je vous laisse réfléchir à la question.

  

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.  

Eduardo MKS Scotty.

  

Source : H. Strees     

mercredi 26 mai 2021

Le FNLA pourra-t-il un jour renaître de ses cendres?

Le FNLA, (Front National de Libération de l'Angola)pour ceux qui ne le savent pas,  est une coalition des mouvements et partis politiques du Nord de l’Angola (UPA , PDA, ALIAZO, NGUIZAKO) qui a vu le jour à Kinshasa en 1961 et dirigée depuis sa création par Holden Roberto. Après avoir lutté contre la domination coloniale portugaise, le FNLA a participé activement au côté du MPLA et de l’UNITA au processus de décolonisation, de 1974-1975, qui a débouché sur les accords de Alvor. Dans la guerre civile qui s’installe dans le pays après l’indépendance, et qui opposent le MPLA à l’UNITA de 1976 à 2002, le FNLA opte pour une attitude pacifiste qui ne lui profite pas. Transformé en parti politique, depuis le passage de l’Angola à un système soi-disant démocratique en 1992, le FNLA, absent sur le terrain militaire, est de plus en plus marginalisé sur le plan politique. La présence de Holden Roberto revenu d’exil en 1991 ne rassure pas les militants et sympathisants du FNLA. Nombreux sont ceux qui sont partis rejoindre le PDP-ANA de Mfulumpinga Nlandu Victor, un ancien membre du BP du FNLA entré en dissidence. Aux élections de 1992, le FNLA n’obtient que 5 sièges sur les 220 que comptent l’Assemblée nationale angolaise. C’est le début de la descente aux enfers. En 2007, Holden Roberto tire sa révérence et en 2008, année des élections générales, le FNLA n’obtient que 3 sièges au parlement. S’étant complètement éloigné de sa base, et ayant pratiquement perdu sa crédibilité  auprès des masses, le FNLA devient l’enfant pauvre de la politique angolaise. Certaines mauvaises langues disent que c’est le revers militaire subi à Kifangondo qui a éclipsé le FNLA et contraint son président à l’exil au Zaïre et en France. Pour d’autres observateurs plus indulgents, le FNLA n’a jamais vraiment émergé sur la scène politique angolaise. La propagande mensongère du MPLA, selon laquelle ses dirigeants sont des cannibales, a détruit l’image de ce parti historique dans l’opinion nationale. Pendant des années, le FNLA a trainé ce boulet au point de ne pas pouvoir se relever. 

En politique, tous les coups sont permis, dit-on. C'est de bonne guerre. Les adversaires, sur une scène politique, s'épient et se jaugent. C'est au plus au malin d'écrabouiller l'autre. Dès 1975, le MPLA qui refuse d'appliquer les accords de Alvor et proclame unilatéralement l'indépendance de l'Angola, craint déjà une possible coalition FNLA-UNITA. Au lendemain de l'accession du pays à sa souveraineté, le MPLA s'évertue sans succès à éliminer militairement l'UNITA qui représente un poids électoral important. Le FNLA s'étant éloigné de sa base naturelle ne constitue plus un danger pour le MPLA. La guerre civile qui dure plus de 27 ans sans réel vainqueur conforte le MPLA dans l'idée de bipolariser la scène politique angolaise. Dans ce schéma qui émerge de l'imaginaire collectif du MPLA, le FNLA ne figure pas. La mort de Holden Roberto en 2007 sonne le glas du FNLA  et facilite le plan du MPLA de vouloir faire disparaitre définitivement ce parti historique. Un malheureux concours de circonstances fait que la succession à la direction du FNLA ne se passe pas dans les meilleures conditions. Le parti ayant deux vice-présidents, Ngola KABANGU et Lucas NGONDA, les deux  se disputent violemment la direction du FNLA au point où il y a eu mort d'hommes. Le MPLA profite de la confusion qui s'installe au sein du FNLA pour s'inviter dans le débat. Puisque Ngola KABANGU est contesté par une partie de la direction du FNLA, le MPLA joue la carte de Lucas NGONDA qui parait facilement corruptible et, à travers des arrêtés du Tribunal  constitutionnel, l'impose durablement à la tête du FNLA. Malgré les protestations des militants proches de Ngola KABANGU, Lucas NGONDA, qui pourtant accuse un grand déficit de popularité au sein du parti, refuse toutes négociations avec l'autre camp et  aux élections de 2012 le MPLA "attribue" 2 malheureux sièges au FNLA et 1 seul en 2017. Juste pour que le FNLA ne sombre pas dans l'oubli. C'est un désastre politique. Cette manière de vouloir éliminer ses adversaires politiques en les poussant à disparaitre est une spécialité du Mpla. La même stratégie est employée  pour "tuer politiquement" Abel CHIVUKUVUKU. Adalberto Costa Junior, leader de l'UNITA, est dans le viseur de ce parti dominant. Tout homme politique qui refuse de faire allégeance au MPLA est un homme à abattre. Lucas NGONDA, devenu leur allié, continuera à bénéficier d'un siège au parlement. C'est pour cette raison que le congrès du FNLA prévu pour le mois de juillet est reporté par le Tribunal constitutionnelle pour permettre à Lucas NGONDA de demeurer à la tête du FNLA. Un éventuel changement perturberait la relation existant entre le MPLA et le FNLA. 

Pour remédier à cette situation, le FNLA doit revenir à ses fondamentaux. Rajeunir la direction du parti et respecter les partis qui, à sa fondation, ont constitué la colonne vertébrale du FNLA. Eviter de commettre les mêmes erreurs que Holden Roberto dans la gestion du parti. Des erreurs qui ont conduit à la défection des cadres issus du PDA et de ALIAZO. Le FNLA n'est pas l'affaire de seul UPA. Le respect des autres est très important. 

C'est comme ça, et seulement comme ça, que le FNLA pourra renaitre de ses cendres.  

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo MKS Scotty. 

 














     


mercredi 5 mai 2021

L'ancien président José Eduardo dos Santos ne mérite pas ça.

 

Une vidéo devenue rapidement virale circule ces derniers temps sur les réseaux sociaux. La vidéo montre un homme d’un certain âge affaibli par la maladie, marchant difficilement dans un aéroport en direction certainement de la salle d’attente. Vêtu d’un costume un peu fatigué, mais qui a connu des moments fastidieux, et des basquets aux pieds, cet homme, José Eduardo dos Santos, fait pitié à voir. Les images de cette vidéo ont déclenché une onde de compassion dans les milieux de tous ceux, Angolais et étrangers, qui ont connu un JES, beau et élégant. Les images sur cette vidéo nous montrent  que sur cette terre, tout est vanité. Qui aurait imaginé le président José Eduardo dos Santos dans cet état ? Le dictateur impertinent, tout puissant, qui régnait sans partage sur des millions d’Angolais est devenu cet homme impotent  que les images nous présentent sur la vidéo. C’est triste. Le vieux est en train de connaitre une fin difficile et cela malgré la fortune amassée durant ses différents mandats à la tête de l’État.    

Sur mon blog d'aujourd'hui, je ne voudrai pas que le débat au sujet de cette vidéo  tourne  uniquement autour de l'état de santé de l'ancien président. Je souhaite que nous nous posions les questions que se pose la plupart des Angolais : Qui a mis cette vidéo en ligne et pourquoi ?  Quel plaisir tire-t-il de ces images qui retirent à l'ancien président une partie de sa dignité ? L'auteur de la vidéo, qui était dans le groupe qui accompagnait Eduardo dos Santos  à l'aéroport de Dubaï, a-t-il agi en son nom propre ou obéissait-il à un ordre supérieur pour humilier un peu plus l'ancien président ? Quelque  soit la réponse à ces questions, je suis quand même surpris par la compassion de beaucoup d'Angolais face à la situation dégradante de l'ancien chef de l'Etat. Je me suis aperçu que beaucoup de ceux qui adoptent aujourd'hui cette attitude de commisération face à cette situation particulière, sont des membres de l'élite de notre société. Cette élite qui conditionne  la direction de notre devenir et qui, il y quelques années a réagi négativement  à la proposition d'un certain Marcolino Moco de sortir de  l'univers de 15 ans de "éduardisme", d'après-guerre civile, à travers d'un modèle de pardon général, pour entamer une nouvelle  ère  en Angola, moins liée  aux erreurs et même aux situations  très graves du passé. Je ne crois pas que la mise en ligne de cette vidéo soit une manière de punir l'ancien chef d'État. Sinon l'opinion publique croirait que au sein du Mpla il y a un véritable règlement de compte, même si c'est l'impression cela donne quand on observe comment les Dos Santos sont traités par le nouveau pouvoir. La publication de cette vidéo quelques jours après le passage du Général Lourenço à Dubaï semble  troublante. Il est peut-être temps que les dirigeants angolais, surtout ceux du Mpla, se ressaisissent et cessent de se comporter comme des irresponsables capables d'avilir la personnalité d'un homme juste parce qu'il avait commis une bévue. Très peu sont les gens qui se réjouissent du malheur de leur semblables. Tout homme quel qu'il soit mérite du respect. La guerre des clans au sein d'un parti politique ne doit pas nous faire oublier les notions élémentaires du respect de l'autre. S'acharner sur une famille au point de les humilier jusqu'à ce point relève de la méchanceté. Une méchanceté gratuite.  Je ne suis pas d'accord avec la manière dont José Eduardo dos Santos a conduit les affaires du pays, mais cela ne me donne, ni à moi ni à un autre, le droit de le déshonorer à ce point. Beaucoup d'entre mes lecteurs ne seront peut-être pas d'accord avec moi, mais souffrez que je vous livre ma pensée.   L'idée générale, à mon humble avis, est que, quelles que soient les responsabilités que les Angolais avaient face à des erreurs passées, jusqu'en 2017, l'Historia de Angola pourrait les absoudre, s'ils prennent en compte la complexité de la situation avec laquelle ils sont partis en 1975. "Que celui qui n'a jamais péché, jette la première pierre à la pécheresse", cette injonction du Christ ne vous dit rien? 

Et vous, pensez-vous que José Eduardo dos Santos mérite d'être humilié à ce point? 

Pour voir la vidéo  cliquez sur  https://www.facebook.com/XeAgoraAguenta/  

Titre: ZÉ DÚ! Vem lhe ver 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo MKS Scotty.