mardi 24 août 2021

SONDAGE : LE REVERS DE LA MÉDAILLE.

C’est fait. Le général Lourenço vient de nommer Laurinda Cardoso, ex-secrétaire d’État à l’administration du territoire et membre du BP du Mpla, au poste de Président du Tribunal Constitutionnel en remplacement de Manuel Aragâo, démissionnaire. Cette nomination, malgré la controverse qu'elle soulève, d'une personnalité n'ayant aucune notion du DROIT CONSTITUTIONNEL, est l’épilogue d’un plan ourdi dans les officines du Mpla pour crédibiliser la fraude électorale  qui se prépare à Luanda. La popularité grandissante de Adalberto Costa Junior, président de l’Unita, met le Mpla, selon l'opinion publique, en position d’outsider. Le peuple n’a plus de doute sur la capacité de l’opposition, réunie au sein du Front Patriotique, de gouverner l’Angola. Contrairement aux dirigeants du Mpla, ceux du FP sont des personnalités politiques qui ont le verbe facile. Au cours de meetings tenus à travers le pays, ils ont pu démontrer leur aptitude à pouvoir rassembler autour de la nouvelle plate-forme politique, conduite par  Adalberto da Costa Junior, Abel Chivukuvuku, Filomeno Vieira Lopes. L'adhésion massive du peuple à ce nouveau projet dérange  au point de rendre nerveux  certains  dirigeants du Mpla qui n’hésitent plus à vouloir destituer ACJ de la tête de l’Unita et briser le FP. Selon un diplomate  occidental en poste à Luanda:" le Mpla commet une grosse erreur en voulant à tout prix “abattre” ACJ et empêcher Abel Chivukuvuku à fonder son parti. Cette tentative de les éliminer de la scène politique les rapproche encore plus. Pour défendre ces deux victimes, les liens entre le peuple et l’Unita se resserrent encore davantage. Et notoirement, les victimes d’un traitement injuste ont toujours attiré la sympathie des peuples. Cela se ressent dans les enquêtes d'opinions réalisées à Luanda. 

Selon les données compilées par AngoBarómetro sur un échantillon de 1632 personnes répondant à un sondage en ligne, réalisé dans la semaine du 1er au 9 août de l'année en cours, si les élections étaient organisées maintenant, l'UNITA obtiendrait 58,17% des voix, le parti majoritaire MPLA aurait toujours la confiance de 35,17 % des votants, tandis que le PRS aurait 3,10 % et CASA-CE 3,56 %. Avec ce résultat, l'UNITA se démarque actuellement du parti majoritaire de 23 points, un an avant les élections générales prévues en Angola. Les résultats obtenus reflètent la perception qu'ont les Angolais favorables à l'alternance politique en 2022. Sur les 1632 personnes sondées, 73,04 % déclarent croire au changement en 2022, alors que seulement 21,57 % ne croient pas à l'alternance et 5,39 % ne se prononcent pas. En comparant les données actuelles avec les évaluations réalisées en février dernier, l'UNITA s'est améliorée de 8 points tandis que le MPLA a perdu 2 points. Les personnes sondées pendant l'enquête ont sévèrement sanctionné CASA-CE, qui a perdu près de 50 % des intentions de vote par rapport aux données de février et le PRS a subi de légers changements en pourcentage, passant de 3,53 % en février à 3,10 % en août 2021.   La destitution d'Abel Chivukuvuku et d'André Mendes de Carvalho à la tête de CASA-CE, ainsi que la suspension du Bloco democratico, ont fragilisé la position de ce groupe qui a perdu ses figures emblématiques. Le FNLA, l'un des partis historiques, ne serait plus représenté à l'Assemblée nationale si l'élection avait lieu ce week-end, et ce résultat est à l'image de la crise permanente qui sévit au sein de ce parti dirigé par Lucas Ngonda. (+++) 

En termes de situation économique, il apparaît qu'une écrasante majorité de 84% ne croit plus aux actions du gouvernement angolais pour améliorer la vie économique et sociale des Angolais. Seulement 12% considèrent le MPLA comme le parti avec les meilleures propositions pour résoudre le problème. Cette perception est encore renforcée par l'évaluation négative faite à l'équipe économique de Joâo Lourenço, dont la performance est qualifiée de médiocre par 82,93 % des personnes sondées. À la lumière de ce sondage, qu'est-ce que le Mpla peut-il encore  réaliser en une année qu'ils n'ont pas pu faire en 46 ans?

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo MKS Scotty.  

(+++) Source données: club-k.

















    

mercredi 18 août 2021

ANGOLA : UNE POUDRIÈRE ?


Jamais un début d'année pré-électorale n'a été aussi agité que celui vécu par les Angolais en ce moment précis. Jamais le Mpla ne s'est senti dos au mur comme aujourd'hui. Dans mes précédentes publications, j'ai toujours dénoncé les nombreuses erreurs de gestion commises par le Mpla et son administration depuis quarante six ans. En ce début de "campagne électorale", beaucoup de voix discordantes sont venues se joindre à la mienne pour stigmatiser les politiques publiques du pouvoir à Luanda. Parmi ces voix, il y a celles de militants du Mpla qui pensent que le bilan de leur parti au pouvoir est nettement négatif. Ils sont exaspérés de voir la population s'enfoncer, chaque jour un peu plus, dans l'extrême pauvreté.  Les stratégies politiques mises en place jusqu'à ce jour ne bénéficient qu'aux dirigeants du Mpla. Le peuple pour lequel des lignes de crédit sont ouvertes, en Chine et ailleurs, ne profitent aucunement de ces investissements. Fatigué de se courber et d'assister impuissant à son appauvrissement programmé, le peuple ne cache plus son exaspération e. Si ce mécontentement débouchait sur  un soulèvement populaire, cela n'étonnerait pas le monde autour de l'Angola.  Cette observation me fait penser à Pepetela, cet éminent auteur écrivain luso-angolais, membre du Mpla, qui disait: "l’Angola est une poudrière. Une  révolte peut y éclater à tout moment". Au vu de ce qui s'y passe, tous ceux qui se rappellent de cette prédiction  se demandent si ce moment n'est pas en train d'arriver. Apparemment toutes les conditions sont, lentement mais sûrement, en train de se mettre en place pour une expression violente d'une insatisfaction générale longtemps occultée. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, la direction du parti au pouvoir  est consciente de cette réalité. Devant cette évidence, l'unique chemin que s'apprête à emprunter le Mpla est celui qui consiste à saper les fondements de l'opposition. La diabolisation du très populaire président Adalberto Costa Junior, après le débauchage de quelques militants de l'Unita, n'ayant pas donné le résultat escompté, l'annulation par le tribunal constitutionnel du congrès l'ayant élu est, me semble-t-il, le dernier recours pour l'éliminer de la course. Depuis son arrivée à la tête de l'Unita, ACJ est considéré comme, une bête noire, un élément perturbateur de l'hégémonie du Mpla. Le communiqué publié, il y a une semaine, par le Mpla affirmant que la présidence de ACJ à la tête de l'Unita ne tient qu'à un fil, est une manifestation de la volonté du Mpla de mettre fin à la carrière politique du successeur de Samakuva. Jusqu'où iront-ils?  Avec un tribunal constitutionnel (TC) à la solde de Joâo Lourenço et ses amis, le Mpla s'emploie à rester au pouvoir à tout prix. La révision constitutionnelle proposée par le général Lourenço est une mascarade qui n'a pas rencontré pas l'adhésion de la masse populaire. Même Carlos Feijó, un constitutionaliste  de renom et membre du Mpla, s'est démarqué de la ligne de son parti à cause de l'attitude du TC. L'introduction par le TC du terme "PRÉFÉRENTIELLEMENT" dans la formulation de l'article 112 de la Constitution angolaise provoque une onde de suspicion dans le pays. L'esprit de la nouvelle rédaction laisse croire que le Président de la république peut convoquer les élections quand il veut. Les tentatives du Mpla à vouloir faire croire le contraire ne rencontre pas l'assentiment de tous les Angolais épris de justice et de paix. Pour preuve : la démission de Manuel Miguel da Costa Aragâo, président du TC. Le peuple qui accompagne attentivement ce qui se passe à la tête de l'État n'est pas disposé à accorder encore un mandat à ceux qui l'ont conduit à l'extrême pauvreté. Un forcing de la part du Mpla conduirait à une explosion populaire. Les rumeurs font état de la nomination de David Mendes, un transfuge de l'Unita, à la tête du TC. Mauvaise idée. Cette fois, s'il faut croire la réaction de la jeunesse, ou ça passe, ou ça casse.   

Douze mois nous séparent de prochaines élections. Douze mois pendant lesquels les forces de l'opposition sont appelées à serrer les rangs. Et, ce qui se passe actuellement à Luanda va dans la bonne direction. Pour la première fois dans leur lutte pour le pouvoir, les opposants angolais ont compris que l'union fait la force. Une victoire à ces élections, si elles sont libres et transparentes, passe essentiellement par une union dépourvue d'égos individuels. Contre cette parade, le Mpla est désarçonné. Pour preuve: le pouvoir est très irrité avec l'apparition du Front Patriotique (FP) dirigé par Adalberto Costa Junior (Unita), Abel Chivukuvuku ( Pra-ja servir Angola) et Filomeno Vieira Lopes (Bloco democratico). Ainsi, l'apparition du FP annule l'argument selon lequel l'opposition angolaise est désorganisée. Désarçonné? Peut-être, mais pas dépourvu de machiavélisme. Vigilância, angolanos.

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo MKS Scotty.   


















  

  

vendredi 6 août 2021

2022 - ALTERNANCE ou MIRAGE ?


Nous sommes au mois d’août 2021. Il reste douze mois avant que les Angolais ne se rendent aux urnes pour choisir le parti politique qui, pendant les cinq prochaines années, va diriger l’Angola. Oui, vous avez bien lu, les Angolais ne choisissent pas, comme dans d’autres pays, leurs députés. La constitution de 2012 consacre une méthode d’élection très atypique. La “tête de liste” du parti politique le mieux élu est proclamée président de la République et tous ceux qui sont sur sa liste deviennent automatiquement des députés. Retenez en passant que, hormis la “tête de liste”, les électeurs ne connaissent pas leurs députés. Le parti dominant auquel ils appartiennent les placent à des circonscriptions électorales dont ils ne dominent ni la sociologie ni l'anthropologie. Pendant la campagne électorale, seule la “tête de liste” est en contact direct avec le peuple. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle les populations de l’Angola profond ne s’intéressent pas à la politique. Les élections locales qui auraient pu leur donner le goût de la gestion de la chose publique ont été annulées sans raison apparente. Les rumeurs font état de la phobie du Mpla des élections locales qui, pourtant, participent à une amélioration de la gestion administrative du territoire. Les détournements de fonds publics et la corruption dont sont auteurs les dirigeants du Mpla au pouvoir depuis 1975 ne plaident vraiment pas en leur faveur. Devant cette évidence, organiser des élections locales dans les conditions psychologiques actuelles est un suicide politique auquel le Mpla refuse de s'exposer. Et les élections générales de 2022, risquent-elles de connaitre le même sort que les locales ? Dans l’antichambre du pouvoir beaucoup souhaite que la situation sanitaire (covid 19) que connait le pays perdure pour servir de prétexte à un éventuel report. Au Mpla, les caciques de ce parti ont une peur bleue de perdre le pouvoir. Ce que les anciens dirigeants  du PPRD sont en train de vivre en RDCongo avec une justice congolaise indépendante leur donne des sueurs froides. Il faut à tout prix gagner les élections générales de 2022. Sinon, c'est la fin. Mais comment faire? 

Le scénario le plus plausible qui apparaît à l'horizon se résume en un seul mot : la FRAUDE. Comme pour les années précédentes, toutes les élections organisées par le Mpla ont toujours été frauduleuses. Mais la tricherie a atteint le summum au cours de celles de 2017. Dans la précipitation, pour couper court aux rumeurs d'une éventuelle  défaite  électorale du Mpla  qui se propageaient dans la population, les chiffres publiés par la CNE (commission nationale électorale) sont tronqués au point qu'ils ne correspondent pas à la réalité sortie des urnes. Les quatre dernières années d'un pouvoir fruit de mensonge ont été une vraie catastrophe pour le pays. Pour preuve: tous les sondages réalisés auprès des Angolais de la capitale et de l'intérieur donnent le Mpla perdant aux prochaines échéances électorales. Au vu de cette réalité,  au BP du Mpla, les stratèges rompus dans l'art de la fraude électorale  pensent qu'il faut prendre des dispositions pour que cela n'arrive pas. Alors, ils fourbissent leurs armes. Puisque la fraude se prépare plusieurs mois avant les élections, un homme de confiance en la personne de  Manuel Ferreira da Silva  "Manico" est nommé à la tête de la CNE. Une structure vivement conseillée aux Africains  par les occidentaux alors dans aucun pays européen il n'existe de commission électorale. Nonobstant la contestation émise par l'opposition et la société civile, de force  le Mpla impose son homme. Dans le même élan, la Direction de la légalisation des partis politiques à la Cour constitutionnelle  est confiée à un membre du Mpla. Au tribunal suprême, tous les juges sont acquis au Mpla. Ainsi, la machine pour gagner est astucieusement mise en place longtemps avant les élections. À l'assemblée nationale les députés du Mpla, majoritaires, s'activent pour modifier les règles du jeu. Les dépouillements ne se feront plus dans les provinces. Les urnes seront acheminées à Luanda pour y être dépouillées. Tout cela dans l'opacité la plus complète. 

Devant un tel scénario, quelles sont les chances de l'opposition? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo MKS Scotty.