dimanche 30 avril 2023

AUTOCRATIE, DICTATURE : ET SI C'ÉTAIT DANS L'ADN DU MPLA ?

Dans un pays, quel qu'il soit, la concentration de tous les pouvoirs entre les mains d'un individu ou d'un parti politique est définie comme une dictature. Et, la personne qui, après avoir été placé à la tête de l'État  exerce ce pouvoir sans contrôle, est un dictateur. Je ne vous apprends rien de nouveau à ce sujet. Cependant, ces deux définitions nous conduisent à la question de savoir : en Angola, sommes-nous en présence d'un régime  dictatorial ou démocratique? Job Capapinha, le gouverneur du Kuanza-Sud, a fixé l'opinion sur le sujet.  

Pour tous ceux qui ont un lien  particulier avec le Mpla, il leur est difficile de considérer le régime en place à Luanda comme une dictature puisqu'ils bénéficient de la manne distribuée  par le pouvoir. Pour les autres, leur lecture de la gestion de la chose publique est plus objective. Élu par le peuple pour gérer le pays, tout dirigeant est redevable à ce même peuple. Cette manière qui consiste à ignorer les aspirations du peuple  est une entorse au pacte républicain conclu avec la population. L'utilisation de l'armée, de la police et des services des renseignements pour réprimer brutalement toute revendication  de ce même peuple participe à la consolidation des assises de la dictature. La date du 27 mai 1977 est encore fraiche dans la mémoire collective des Angolais. Des centaines de morts. Et depuis, c'est un long chemin dans une pénible marche vers l'inconnu.   

Les quarante-deux années au pouvoir de  Agostinho Neto et de José Edaurdo dos Santos, bien qu'elles semblent éloignées, ont été les prémices d'un régime politique dont les Angolais regretent aujourd'hui d'avoir soutenu. Que l'actuel président marche sur les pas de ces prédécesseurs, cela ne surprend personne. Ce qui surprend c'est la cruauté avec laquelle les agents de sa police politique  opèrent dans le pays , obéissant aux ordres supérieurs, au vu et su de tout le monde.  Pour preuve: L'augmentation vertigineuse du nombre de jeunes jetés en prison pour avoir participé à une manifestation. Ceux qui arrivent à passer miraculeusement entre les mailles du filet du SIC sont quittent le pays par peur des répresailles. On se croirait à Cuba dans les années 60-80. Quid alors des propos tenus au début du premier mandat par l'actuel président, garantissant les libertés des citoyens? N'était-ce que de la poudre aux yeux?  Que d'espoir placé en lui. Un espoir qui n'a duré que deux ans au bout desquels l'homme a  tourné casaque. Des menaces en interne, au sein de son parti, ont calmé ses ardeurs. Toute tentative d'améliorer  ce qui était mal (son slogan de campagne) s'est  vue  systématiquement obstruée. Des obstructions qui ont généré l'impopularité dont souffre aujourd'hui le Mpla. Regardez comment le pouvoir judiciaire est en crise. La manière dont l'ancien  Procureur général de la République est reconduit dans ses fonctions est un vrai scandale. Comme à Cuba, les caciques du régime, embourbés dans les affaires de corruption, ont eu le dernier mot. Vouloir remettre en question leurs acquits sociaux et financiers, c'est signer leur arrêt de mort.  Ce groupe de gens venus d'ailleurs, pour la plupart d'origine angolaise douteuse, ont pris en otage tout un pays.  Pour se protéger de toute incursion, rappelez-vous de leur slogan  : " o Mpla nâo é para quem quer, é para quem merece". Tout est dit. L'équipe  est au complet,  et l'adhésion réservée exclusivement à une certaine catégorie de gens. Et quelle catégorie? Celle des créoles et leurs laquais disposés à soutenir, entretenir et lutter pour la pérennité de la dictature. Le jeune GANGSTA, un jeune activiste angolais, est aujourd'hui en fuite victime de ces créoles qui pensent que l'Angola est leur propriété. Savez-vous ce qui est arrivé au jeune NITO ALVES? Dans quelle prison se trouve TENAICE NEUTRO? Qu'on ne vous trompe pas, la présence dans le pays de plusieurs partis politiques et l'organisation périodique des élections n'est pas un gage de la démocratie. Ce sont les majorités parlementaires fabriquées par les dictateurs qui protègent aujourd'hui les régimes autocratiques. Neto, Dos Santos, Lourenço, c'est de la farine du même sac.  Chassez le naturel, il revient au galop. 

Parlons-en.  Si nous n'en parlons pas, qui en parlera à notre place? Angola é para nós todos. 

Sobamasoba. 













       

samedi 8 avril 2023

"FICA EM CASA" ou "VILLE MORTE" : LA POLICE EST RESTÉE SUR SA FAIM.

Quelque soit la hauteur d'une montagne, il y a toujours un chemin pour arriver au sommet. Aucune  pierre ne peut rester au dessus d'une autre éternellement. Un jour, elle finit par tomber. Dans l'histoire des peuples, à travers le temps, des réflexions de ce genre se sont avérées justes. Les soulèvements  populaires sur le vieux continent,  la chute des  puissances coloniales sur le continent africain,  les printemps arabes,  sont des manifestations qui corroborent l'exactitude de ces réflexions. Pourtant, il existe encore  des gens qui ne croient pas à l'effectivité de cette profonde sagesse. Il y a un temps pour tout. Les régimes politiques qui ont voulu s'éterniser au pouvoir ont fini par tomber un jour. Le contraire ne s'est jamais vérifié. Tout a une fin. À mi-parcours de son deuxième mandat, le Général Joâo Lourenço, en Angola, se trouve exactement dans la même situation. Sa majorité relative à l'Assemblée nationale ne lui laisse pas assez de marge de manoeuvre. Le Mpla dont il est aussi le président se trouve  à un croisement de chemins. La crise interne au sein du Mpla ne présage rien de bon. La montée en puissance des activistes en Angola et dans la diaspora est un indicateur sérieux de l'échec des politiques publiques du Mpla. Pour la première fois dans l'histoire du pays, les Angolais ont massivement participé dans plusieurs villes à une "ville morte". Pendant une journée, tout s'est pratiquement arrêté. C'est un message très fort en direction du pouvoir à Luanda. Et, le message a été très bien reçu. Pour preuve: La convocation adressée par  JLo aux anciens de son parti au lendemain de la "ville morte. Sans filtre les vieux dinosaures du Mpla ont fait part de leurs inquiétudes au président Lourenço. Il les a écouté, mais les a-t-il entendu? Le peuple est fatigué des promesses.  Le Mpla est devenu un parti politique sans boussole.  Joâo Lourenço ignore-t-il les problèmes auxquels est confronté la population angolaise?  Malgré la présence à ses cotés d'un Conseil de la république, d'un Conseil économique et social, et aujourd'hui d'un Conseil des anciens du parti, Joâo Lourenço est-il capable de trouver des solutions au mal angolais? Le bruit des casseroles entendu à Luanda est-il un signe précurseur du changement? 

Toutes ces questions font ressurgir dans le débat la nécessité d'une révision constitutionnelle. Une vraie. Une modification qui doit nous conduire d'abord  au changement  du mode d'élection du Chef de l'État et, ensuite,  à la fin du système qui fait de la "tête de liste" du parti gagnant, un Chef de l'État de fait. Quand Joâo Lourenço consulte ses vieux camarades du parti, en quelle qualité le fait-il ? En qualité de Président de la République ou de président du Mpla? Cette  situation imposée par la constitution atypique prête à confusion.  D'ailleurs, de l'avis de l'opinion publique, le cumul de ces deux fonctions pose un problème d'arbitrage. Le Président de la République doit être un homme au- dessus de partis politiques afin que le moment venu il puisse apprécier  en toute liberté les diverses propositions émanant de la société. Or, dans ce cas précis, le Chef de l'État a quelques difficultés à dissocier les deux fonctions. Quand on sait que son parti connait une crise interne aïgue qui dure depuis le début de la lutte contre la corruption entre les "eduardistes" et les "lourencistes", la conclusion est facile à tirer. 

La chute d'un régime est l'aboutissement d'un processus qui prend ses origines dans des actes que souvent le pouvoir méprise. La "ville morte" qu'a connu le pays dernièrement est-elle la continuation de la procédure qui a commencé aux dernières élections?  Tombera-t-il aujourd'hui? Tombera-t-il demain? C'est qui est certain, est qu'il tombera. Fragilisé et vomi,   le souhait populaire est que le Mpla cède le pouvoir à un autre parti et que qu'une alternance paisible soit possible. Après un demi-siècle, le Mpla et son président ont montré leurs limites. À quand la prochaine "ville morte"? L'Angola, une poudrière comme disait Pepetela?  

Parlons-en.