Le mois d’août qui s’achève a été
marqué par la tenue à Luanda du congrès du MPLA, le VII° en 59 années
d’existence. Pour une meilleure organisation de ses assises, et conformément
aux pratiques démocratiques, un appel à candidatures a été lancé par le
secrétaire général du parti pour le poste du président. Une manière de conférer,
dans le cadre du processus de renouvellement des mandats, un caractère
démocratique à l’événement. Seulement, les observateurs de la politique
angolaise ont constaté, et porté à la connaissance du public, que jusqu’à la
veille de l’ouverture du congrès aucune candidature n’était enregistrée par la
commission instituée à cet effet. À mon avis, deux raisons peuvent justifier ce
manque d’empressement à se déclarer candidat : soit, le MPLA ne dispose pas
à son sein des cadres de qualité capables de se mesurer au président sortant, ou
alors l’appréhension d’être considéré par ses pairs comme un vulgaire traitre
ambitieux, irrespectueux de la ligne du parti qui privilégie la candidature
unique.
Pour moi, et certainement pour
beaucoup d’entre vous, les deux hypothèses émises par ces observateurs correspondent
exactement à l’analyse que font certains Angolais sur le manque d’audace des
cadres du Mpla. Je peux même ajouter que ces mêmes cadres n'ont aucune estime
de soi, ils se rabaissent devant leur propre opinion publique. Ils n’ont aucune
considération pour eux-mêmes. Ils choisissent de s’effacer pour ne pas perdre
leurs privilèges. Le seul qui est sorti du lot est l’ambassadeur Ambrosio Lukoki, ancien membre
du BP du Mpla, qui a eu des mots très durs à l’endroit de la direction de son
parti la veille de l’ouverture du congrès. «L’impopularité de Dos Santos
déteint
sur le parti » a-t-il affirmé lors d’un point de presse à Luanda. « Aux
militants sont imposées des positions qu’ils doivent accepter sans
discuter. Et aussi longtemps que Dos Santos sera à la tête du
parti, le MPLA ne sera plus jamais le parti que nous avons connu »
a-t-il ajouté. À la fin de sa conférence de presse, il a demandé que son nom
soit retiré de la liste du prochain comité central. C’est un acte politique
courageux que je salue.
Le congrès a bien eu lieu du 17
au 20 août 2016. Sans surprise, José Eduardo dos Santos est réélu président du
Mpla. Cela signifie que si son parti remporte les législatives de 2017, Dos
Santos restera président du pays. Le système angolais ne prévoyant pas
d’élection présidentielle, le pays sera dirigé par le chef du parti
majoritaire. Dans ce cas, la promesse de quitter la politique active en 2018
tient-elle toujours ou devons-nous reconsidérer la « sage décision » du
président ? L’honnêteté intellectuelle fait-elle partie des valeurs qui
guident l’action politique de Dos Santos ? L’avenir nous le dira.
De quoi a-t-on parlé à ce
congrès ? De rien de nouveau que nous ne savons déjà. Pourtant, les
Angolais attendaient ce congrès avec beaucoup d’expectatives. Ils vivaient dans
l’espoir de connaître le début de quelque chose d’important. Pour la première
fois, pensaient-ils, Dos Santos allait faire taire les spéculateurs et prouver
qu’il savait lire les signes du temps. Mais hélas, ils se sont trompés. Au
milieu des siens, tous à ses pieds, dans une salle d’adulation, Dos Santos a
tenu, selon la Rfi, un discours offensif (sic). Il a, comme d’habitude, sous les
applaudissements de ses laquais, fustigé les forces extérieures qui menacent sa
paix et condamné ceux qu’il qualifie de « faux entrepreneurs » qui
s’enrichissent sur le dos du peuple. Un discours soporifique, exactement comme
celui du Mauvais Loup qui défend le végétarisme pendant qu’il est en train de
dévorer un jeune sanglier. Comment croire en quelqu’un qui vous dit une chose
aujourd’hui et son contraire le lendemain ? Rien d’important n’est sorti
du congrès du Mpla. Les résolutions issues de cette rencontre n’ont surpris
personne. Le Mpla n’a plus les moyens de sa politique. Ils ont parlé de la
diversification de l’économie, le sujet à la mode à Luanda, c’est bien, mais
avec quels moyens ? À dire vrai, ce congrès n’a été qu’une formalité. Puisque
les statuts du parti l’exigent, alors ils l’ont organisé. Le comité central élu
est une autre obligation statutaire qui consiste à contenter les naïfs qui
croient encore dans les idéaux du Mpla. Après le congrès sera exactement comme
avant le congrès. La corruption, les injustices sociales, l’impunité,
l’exclusion politique, les démolitions des maisons de pauvres au profit de
l’élite dont il n'a pas parlé, continueront à être une réalité dans l’Angola de
Dos Santos. La nomination de Joâo Lourenço à la vice-présidence du parti et de
Paulo Kassoma au secrétariat général ne changera rien à la politique menée par
le Mpla depuis plus de 40 ans en Angola, et encore moins à sa manière de
fonctionner. « Aidons le MPLA à se démocratiser » a écrit José
Eduardo Agualusa dans sa dernière chronique « nous y gagnerons
tous ». A-t-il
raison ?
Sobamasoba : l’analyse
politique qui informe.
Eduardo Scotty Makiese.