lundi 25 juin 2018

Levée de boucliers contre Joâo Lourenço.


Dans ma publication du 4 janvier 2018 (Qui veut la peau de Joâo Lourenço ?), j’avais présenté l’actuel président comme un perturbateur inattendu. Un homme qui, même dans la continuité, porte les germes du changement que les Angolais attendent depuis longtemps. Dès son arrivée au pouvoir, des voix discordantes se sont fait entendre au sein de son parti. Son discours et ses méthodes ont été différemment appréciés par ses camarades. Ceux qui sont victimes des réformes mises en place dans le pays sont entrés en « rébellion » contre le président réformateur. Au fil des mois, le groupe de « rebelles » s’est agrandi. C’est comme ça qu’est apparu Bartolomeu Dias à la première page d’un journal luandais critiquant durement le président Joâo Lourenço. Rassurez-vous, il ne s’agit pas ici du célèbre navigateur portugais du XV siècle, mais de notre Bartolomeu Dias local, militant de première heure du MPLA et entrepreneur du Groupe qui porte son nom, B.Dias. Ce Groupe se compose de plusieurs sociétés dont : Diexim Expresso (aviation), Angoinform (informatique), International Travel (agence de voyages), Diexim routier (camionnage), Sud-Kuanza (immobilier) et Cleaning (société de nettoyage).  Le groupe Bartolomeu Dias a failli mettre la clé sous le paillasson, déclarer la faillite, l'année passée, n’eut été un financement non identifié provenant de Dubaï. D’ailleurs, il parait que son nom se trouve sur la prétendue liste de débiteurs de BESA, au 60. Il appartient donc à cette espèce d’entrepreneurs angolais créée par le MPLA durant le règne de Dos Santos et embourbé dans des prêts, au minimum, très discutables. Bartolomeu Dias était partie prenante dans la nouvelle affaire véreuse qui inaugurerait l'appropriation privée de fonds publics dans l'ère João Lourenço : l’Air Connexion Express. Une magouille qui fut mieux expliquée par Rafael Marques.  Lire les détails sur son  site (makaangola.org). L'entrepreneur du MPLA, à travers sa société d'aviation Diexim Expresso, s'est associé à Fernando Cardoso, ministre d'État et directeur de cabinet de João Lourenço, à Pedro Sebastião, ministre d'État et de la Sécurité de João Lourenço, à João Sequeira Lourenço, frère de João Lourenço, et à Augusto Tomás, ministre des Transports de João Lourenço. Ce sont les cinq magnifiques qui allaient faire la nouvelle société aérienne. Bartolomeu était, de l’avis de tous, parfaitement associé, et collé, aux hommes forts de João Lourenço jusqu’à ce qu’il a su que, dans son entrevue au canal européen Euronews, João Lourenço a annoncé la fin du projet « douteux » d’Air Connexion express. Un projet qui n’a pas eu le temps de sortir de terre, du  moins pour le moment. Cette décision de JLo a plongé Bartolomeu Dias dans une colère noire. Alors, après 38 ans de pouvoir absolu de ses amis, il s’est rappelé de la liberté d'expression que la Constitution angolaise lui garantit. C’est avec des mots très forts qu’il a critiqué la politique menée par João Lourenço. Comme Isabel Santos et Tchizé dos Santos, notre ami Bartolomeu Dias a tout d’un coup découvert les vertus de la liberté d'expression et s’est empressé d’en tirer les avantages. C'est une jolie ironie. Dans son entrevue au journal Valeur économique du 11 juin, l'entrepreneur Dias affirme que João Lourenço ne veut pas créer des emplois, qu’il est opposé à toute forme de développement, et que certaines de ses affirmations sont, à son avis, dangereuses. Un peu plus loin dans cette même entrevue, Mr. B.Dias élabore une théorie ethnique déraisonnable, en défendant l'existence d'un négativisme typiquement africain dans lequel João Lourenço se retrouve. C'est-à-dire, il défend la théorie selon laquelle João Lourenço est le noir qui ne veut pas voir les autres noirs vivre heureux. Il a suffi qu’on leur retire le pain de la bouche pour qu’ils débloquent et commencent à dire n’importe quoi.

Il accuse aussi le président de « se remplir les oreilles » et de prendre des décisions sur base de conversations de café et non des études sérieuses. Il qualifie Joâo Lourenço d’arrogant et l'accuse de prendre des décisions illégales (?) et d'abuser du pouvoir. Et il conclut ainsi sa tirade contre le président : « Depuis qu'il est devenu Président, il est en train de placer des obstacles (?) sur le chemin qui mène au développement du pays, il n'a rien fait qui puisse emmener le pays vers une véritable croissance économique. (…) Ce n'est pas parler joli qui va développer le pays, c’est en travaillant, en définissant des règles et des stratégies pour certains secteurs. » Le périple du président Joâo Lourenço en France et en Belgique n’a aucune signification pour Mr. Bartolomeu Dias ?

Voilà le MPLA d’aujourd’hui. Lorsque  Luaty Beirão ou Ondjaki font l'éloge de João Lourenço ou, pour le moins ils déposent des espoirs sur Joâo Lourenço en lui conférant le bénéfice du doute, les proches de ceux qui sont censés être ses alliés, conduits par les filles de José Eduardo dos Santos, lui assènent des coups violents. Visiblement, la guerre verbale contre João Lourenço à l'intérieur de certains secteurs de MPLA est déclarée. Nous sommes certains que la prochaine marche pour la Liberté d'Expression sera dirigée par Bartolomeu Dias et Isabel dos Santos. C’est avec beaucoup d’anxiété que nous attendons ce jour. L'entrevue de Bartolomeu Dias ouvre un intéressant débat au sein de la société angolaise en mutation.  En premier lieu, comment un entrepreneur qui défend l'initiative privée explique-t-il que ses partenaires soient tous des ministres ? Des ministres partenaires, est-ce pour pouvoir bénéficier du soutien de l’État ? Qu’on ne  vienne pas nous dire Bartolomeu est plein d'argent, parce qu'en octobre dernier il a dû recourir à un financement de Dubaï pour éviter la faillite. Des ministres puissants comme des partenaires et des financements provenant de la place financière du Dubaï, quand on sait comment est réglementé l’obtention des prêts, l’on alors se demander sont passés les millions de BESA ?  Un autre point à éclaircir est celui de la création d'emplois. Il faut ici démystifier les affirmations de Bartolomeu Dias à ce sujet. Les meilleurs économistes affirment que les affaires bâties sur la corruption ou le clientélisme ne créent pas d’emplois durables, car ils n'ont pas besoin de personnes productives, mais des statistiques pour remplir des formulaires. Les résultats sont toujours désastreux, et à la fin, comme les sociétés ne sont pas viables, ferment et augmentent le nombre des chômeurs. Il suffit de regarder le nombre des licenciés en Angola, surtout les jeunes, pour s’apercevoir que les grandes stratégies du précédent gouvernement n'ont pas créé d’emplois durables. Nous ne savons pas si João Lourenço va dans la bonne direction. Il y a eu beaucoup de zigzags et d’hésitations. Néanmoins, nous savons que le chemin n'est pas celui de Bartolomeu Dias.


Sobamasoba, l’analyse politique qui informe
 

Eduardo M.Scotty

 

Source :makaangola