jeudi 31 décembre 2020

Général Lourenço: les raisons de sa chute dans l'opinion.


L'année 2020 qui se termine ce jour a été très difficile pour tout le monde. Pour les Angolais, la pandémie du coronavirus, la remontée difficile du prix du baril de pétrole, le réveil de la jeunesse angolaise contre la mauvaise gouvernance du Mpla et l'opacité dans la gestion de la république, ont plongé leur pays dans une situation compliquée. Accrochés à l'idée que l'espoir fait vivre, après 38 ans sous le régime du président José Eduardo dos Santos, João Manuel Gonçalves Lourenço (JLo) est apparu  comme le "Sauveur de la Patrie", c'est-à-dire "la personne idéale" capable de  diriger l'Angola. La société civile, même certains partis politiques d'opposition, ont réagi positivement à son discours.

Seulement, après trois ans, la situation a changé et la popularité de JLo a chuté de façon spectaculaire. Une dégringolade  semblable  à la chute des cours des actions lors de la Grande Dépression de 1929. Comment peut-on expliquer la baisse de cette popularité du Général Lourenço ?

Il y a plusieurs facteurs qui justifient cet écroulement  dans l'opinion.  Mais, pour ne pas être accablant, j'en ai sélectionné quelques-uns que je considère les plus pertinents:

1. Lutte sélective contre la corruption et l'impunité.

La lutte contre la corruption et l'impunité reste, de l'avis de tous, une lutte sélective. Il apparaît que des traitements différents sont appliqués pour des situations similaires. Or, la lutte contre la corruption  étant la pièce maitresse  de son programme politique, le Général  Lourenço devrait être plus cohérent en termes de responsabilité pénale des délinquants. Cependant, il est à noter que les figures hégémoniques du Mpla restent jusqu'à ce jour impunies. L'opinion publique conclue que le Général a un poids sur la conscience  et son manque d'indépendance d'esprit à mener un véritable combat impartial le place dans une position inconfortable. Cette sélectivité dans la lutte contre la corruption  continue à soulever beaucoup de doutes dans la population.

2. Coût de la vie élevé

En trois ans de règne de JLo, les conditions de vie de citoyens ordinaires ont atteint des niveaux alarmants. On constate que la pauvreté croît d'une manière inquiétante , tandis que les moyens de subsistance décroissent à une vitesse vertigineuse en raison du coût trop élevé de la vie, surtout, des produits du panier de base.

Lors d'une tournée à l'un des marchés de Luanda, le 21 août 2017, Agência Lusa avait vérifié les prix suivants: Sac de riz 4.300 Kzs, litre d'huile 700 Kzs et 1 Kg de sucre 250 Kzs.

Actuellement (fin 2020), les prix de ces produits sont montés en flèche: riz (13.000 Kzs plus 62,9%), 1 litre d'huile (1.200 Kzs plus 71,4%) et 1 Kg de sucre (600 Kzs plus 140%)

Juste pour avoir une idée, avec un salaire minimum de 35.000 Kz par exemple, le consommateur pouvait acheter  en 2017 un peu plus de 8 sacs de riz. Avec l'augmentation du prix de ce bien (13 000 Kz), le consommateur ne peut acheter que 2,7 sacs de riz. Notez que le consommateur a perdu beaucoup de son pouvoir d'achat. L'augmentation des prix des produits sur le marché ne correspond plus au revenu mensuel du citoyen lambda.  

2. Manque d'attention aux besoins prioritaires

Tout au long de ses trois ans au pouvoir, JLo s'est beaucoup écarté des priorités et des besoins fondamentaux de la population, privilégiant davantage des projets d'infrastructure pour répondre, très souvent, aux caprices de ses amis prioritaires des entreprises de construction. 

Le Programme intégré d'intervention dans les municipalités (PIIM), par exemple, qui se caractérise davantage par des projets d'infrastructure ne traite  pas les situations urgentes qui sapent la vie quotidienne des citoyens. Des situations qui affligent la majorité : la faim et la pauvreté.

Adam Smith, considéré comme le père de l'économie, suggère ce qui suit: "Compte tenu de la multiplicité des besoins et de la rareté des ressources, les besoins les plus urgents doivent avoir la priorité ".

5. Non-respect des promesses électorales

Parmi les promesses faites par le Général Lourenço au cours de ses campagnes électorales, celles qui ont retenu particulièrement  l'attention est la création de 500.000 emplois en cinq ans, la transformation de Benguela en Californie, et la valorisation des travailleurs.

Concernant les 500.000 emplois, JLo serait obligé de créer en moyenne 100.000 emplois/an. Or, selon les données de l'Institut national de statistique (INE), le taux de chômage en Angola a augmenté entre 2017 -2019 de 8,8% à 28,8%  de la population active. Rien qu'entre octobre et décembre 2019, le taux de chômage était de 31,8%, et en 2020, l'INE prévoyait un taux de chômage de 34%. Ces données contrastent avec les promesses électorales.

Le Général  a promis de transformer Benguela en Californie pendant son mandat. Il est à noter que la Californie est le plus grand centre industriel des États-Unis et un leader national dans la production de produits agricoles. Cette promesse reste sans actions concrètes, jusqu'à aujourd'hui et, la ville de Benguela est toujours comme elle était.

L'appréciation des cadres administratifs, indépendamment de leurs couleurs de parti, était aussi l'une de ses promesses. Mais, JLo continue de s'écarter de cette promesse faite au peuple, continuant à travailler uniquement avec les cadres du MPLA. Pendant ce temps, la carte militante parle plus fort au détriment de la compétence et de la méritocratie.

Retrouver sa popularité sera pratiquement impossible. Cependant, il est essentiel de concilier les discours avec la pratique, et les politiques publiques doivent être celles qui peuvent changer  réellement la vie de tous les Angolais. JLo en sera-t-il capable? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.

À tous ceux qui prennent le temps de lire ce blog, Sobamasoba vous souhaite une heureuse année 2021. Que Dieu soit avec vous et vous protège. 



















lundi 7 décembre 2020

ECHEC/FIASCO : J.Lourenço rencontre les jeunes angolais dans toute leur diversité. Pour quel résultat?

Ils étaient plus de cent. Des jeunes issus des horizons divers. Tous  invités par le Général Lourenço. Les manifestations du 24/10 et 11/11/2020 avaient fait mouche. La rue a parlé et le Général a réagi. Il fallait éviter que l’image du Mpla soit trop écornée dans l’opinion. D'où l'idée de réparer les dégâts. C’est à Talatona, le 26/11, dans la banlieue de Luanda que le pouvoir se présente face à la jeunesse. Un show  souhaité par le président. Une élucidation exigée par les jeunes. Si le cadre est choisi par Joâo Lourenço, les sujets de la discussion sont laissés à la convenance des participants. Pas d’orientation, aucun sujet tabou. Seules sont exigées la clarté et la précision. Après 45 ans au pouvoir, le Mpla se trouve à la croisée des chemins. Sa politique est illisible. Communiste ou social-démocrate, le jeu est flou. Les jeunes, fatigués de l'indifférence des ainés montent au créneau. Ils sont excédés par le paternalisme du Mpla. Face au Général Lourenço, la duplicité n’est pas admise. C'est pendant ce face-à-face que le clivage apparait. Les pro-Mpla et les radicaux. Les premiers encensent. Les seconds attaquent de front. Les jeunes proches du Mpla ont, tout de suite, choisit leur camp. Les modérateurs aussi. Au cours des échanges, parfois musclés, le discours courtois du président au début est devenu progressivement  agressif. Offusqués, les jeunes radicaux se sont senti offensés. Méprisés, à la limite. Leurs préoccupations ne trouvant pas des réponses, ils se sont inclinés (?). 

Ils étaient plus de cent. Ils n'avaient pas tous les mêmes motivations. Ni le même courage. Mais tous, face aux violences policières subies, espéraient  entendre  des excuses de la part du chef. Inocência de Matos est mort assassiné par "le pouvoir populaire" au cours d'une manifestation. Un petit mot à son sujet aurait décrisper l'atmosphère. Mais hélas! Comme à l'époque de Dos Santos, le Général n'a aucun respect pour les jeunes. En réponse à leurs préoccupations, c'est l'arrogance, le mépris. La marque du Général Lourenço. Ce qui explique que l'indignation populaire  n'a jamais été aussi élevée. Le Général le sait. Au regard de l'opinion publique, il a perdu sa honte. Ceux qui l'obéissent n'ont plus beaucoup  de respect pour lui. Que des promesses faites. Que des engagements non tenus. Même l'an 2021 ne sera pas l'année des élections locales. Le pays, selon JLo, ne réunit pas les conditions pour les organiser. Encore une fuite en avant. 

Ils étaient plus de cent. Les intervenants étaient choisis suivant un critère fixé par le Général. L'activiste Nito Alves n'était pas repris sur la liste. Trop radical? Peut-être. Victime de la brutalité policière, les participants attendaient son intervention. Le Général en avait décidé autrement. Peur d'entendre la vérité? La vérité sur les méthodes de sa police ? La police qui tire sur le peuple pendant que le Général président inaugure un hôtel de luxe à l'autre bout de la ville ? Attitude méprisante.    

 Ils étaient plus de cent. Leur rencontre avec Joâo Lourenço est un échec. La montagne a accouché d'une souris. Ni l'arrogance, ni le mépris n'ont eu raison de la détermination des jeunes. Leurs exigences : -Date des élections locales,- Baisse des prix des produits de bases, -Dépolitisation des institutions publiques,-Révision du budget attribué à l'éducation et à la santé,- Libération de la communication sociale,- Exonération de Edeltrudes Costa de la présidence pour corruption,- Encadrement des manifestations selon la constitution, et Réorganisation de la commission électorale. Si ces exigences ne sont pas légitimes, alors...

Et vous qu'en pensez-vous? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo M.Scotty




      











samedi 21 novembre 2020

RÉPRESSION : l'arme absolue.

Que retiendra l’opinion publique de la célébration du 45e anniversaire de l'indépendance nationale de l'Angola et du MPLA au pouvoir depuis 1975 ? Sans aucun doute, entre autres faits, la répression des marches de protestation qui ont eu lieu dans diverses régions du pays en raison des revendications sociales et politiques des jeunes angolais. Pour la première fois depuis les manifestations inspirées par le printemps arabe en 2011 au Maghreb, nous avons vu la police angolaise  tirer des balles réelles sur un jeune manifestant. Il est mort, même si les chefs de la police angolaise ne veulent pas le reconnaitre. Il s'agit de Inocêncio de Matos, étudiant à l’Université Agostinho Neto en troisième année d'ingénierie. Selon les informations en provenance  en ma possession, plusieurs cas de citoyens blessés sont également signalés. Dans différentes régions à l’intérieur du pays, il y a eu une vague d'arrestations, dont celle de huit activistes dans la municipalité de Balombo, à Benguela, la veille de la manifestation. L'une des conséquences de l'irresponsabilité politique qui, en général, caractérise la société angolaise est l'incapacité des autorités de rendre compte des  résultats de leurs actions. Cela s'apparente à une absence de préoccupation collective pour la vie de nos concitoyens. Le gouvernement a mis en place, à travers tout le pays, ce 11/11/2020 un appareil policier extraordinaire de répression pour étouffer dans l'œuf les manifestations. À Luanda, la police a isolé plusieurs quartiers de la capitale, dont Kilamba,  empêchant de cette manière  la circulation des taxis et des citoyens dans toute la ville. C'est pareil dans les villes de provinces. À Cabinda, les agents de sécurité ont envahi le domicile de Dom Balmiro Chissengeti, évêque de Cabinda. Pourquoi?  Ce sont ces méthodes de répression sauvage qui ont réveillé dans la mémoire collective le souvenir d'un pays qui,  à l'époque coloniale, donnait envie d'y vivre, mais  après 45 ans, l'Angola n'est plus qu'un désastre social.    

Il y a 45 ans, l'Angola était le 1er producteur mondial de sisal et d'huile de palme, 2ème producteur mondial de café, 2ème producteur mondial de sucre, 2ème producteur mondial de coton, 4e producteur mondial de maïs et de riz, le plus grand exportateur de bananes au monde, possédait la plus grande usine de pneus et de batteries en Afrique, la plus grande flotte de pêche en Afrique construite dans les installations navales de Lobito, le plus grand exportateur de conserves de poisson d'Afrique, l'un des plus grands producteurs au monde de divers minerais et roches. Le port minier de Namibe était un des meilleurs au monde, réussissant à charger des navires à un taux de 50 tonnes par minute, par lequel passaient six (6) millions et trois cent mille tonnes de minerai de fer par an. Le pays était autosuffisant en produits agricoles et fruits, haricots, produits laitiers, viande (exportation d'animaux  vivants) et le plus grand exportateur de bœuf et de poisson d'Afrique (le plus grand exportateur de farine de poisson en Afrique), en plus d'approvisionner toute l'Afrique australe et certains pays européens en conserves de poisson, et à cette époque il n'était pas question de pétrole. La capitale, Luanda, fut construite avec l'argent du café. Le pays disposait d'une chaîne de montage de camions Mercedes et Scania, ainsi que de bus Leyland, d'une usine de motos, de vélos, de réfrigérateurs et de câbles électriques. La croissance du PIB en 1973 était de 17%. À ce rythme de croissance quel serait la situation de ce pays aujourd'hui si les dirigeants étaient à la hauteur de leur tâche? 

45 ans après, quel tableau peut-on peindre de ce pays qui avait tous les atouts pour réussir? Un tableau noir avec des ilots de lumière par-ci, par-là. L'arrivée du Général Lourenço au pouvoir n'a apporté aucune touche nouvelle à ce tableau. Entourés des anciens dirigeants hérités de son prédécesseur, l'image  sur le tableau est restée figée.  Les anciennes pratiques ayant la peau dure, le Général Lourenço est pris en otage par ses propres camarades englués dans la corruption et la compromission. Associés à leurs nouveaux amis Chinois, ils sont de plus en plus riches et leurs affaires sont très florissantes. Pendant ce temps, les Chinois qui viennent pour construire les infrastructures, s'amènent avec leurs matériaux, leur force de travail. Les cadres angolais ne sont pas admis dans les entreprises chinoises qui pourtant sont payées avec du pétrole vendu à un très bas prix. Quant à leurs autres amis,  les Cubains, ils ont en 1989, avant de rentrer chez eux, détruit toute notre capacité de production de sucre, pour ne pas avoir de concurrents.

Le réveil, quoique  tardif,  de la jeunesse angolaise est perçu par l'opinion nationale comme un sursaut patriotique. Même si ce réveil ne provoque pas des résultats immédiats, le Mpla ne regardera plus ces jeunes de la même manière. Le 11/11/2020 est la ligne qui a marqué la séparation. L'avenir nous dira si les actions de notre jeunesse auront servi vraiment à quelque chose. Et vous, vous croyez que les jeunes ont bien fait d'exprimer leur ras-le-bol?   

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo M.Scotty















samedi 7 novembre 2020

Que se passe-t-il en Angola? Le Général Lourenço renoue-t-il avec les anciennes pratiques?

Cette question est sur toutes les lèvres dans les milieux intellectuels angolais et au sein des communautés angolaises à l'étranger. La manifestation organisée le 24/10/2020 par la jeunesse à Luanda et dans quelques villes à l'intérieur du pays a laissé une trace indélébile dans la mémoire collective. Jamais en Angola, à l'époque de Dos Santos, les jeunes ne s'étaient permis de défier l'autorité. Après son départ du pouvoir, le semblant d'ouverture politique amorcée par Joâo Lourenço a généré une certaine  confiance  dans la population au point où manifester est redevenu un droit. Un droit consacré dans la constitution. 

"Chassez le naturel, il revient au galop".  Il est difficile de changer en trois ans des habitudes acquises pendant plus de quarante ans. La police censée encadrer la manifestation du 24/10 s'est comportée exactement comme à l'époque de José Eduardo dos Santos. Obéissant aux ordres de leur  hiérarchie, les policiers ont interpellé  brutalement une centaine de jeunes manifestants. Une brutalité  qui  a occasionné inutilement des blessés et des arrestations. Parmi les interpellés, 71 sont condamnés pour "crime de désobéissance" et 29 sont relaxés. Dans les quartiers périphériques de Luanda, en réponse à cette brutalité, les états majors des jeunes s'organisent pour une méga manifestation le 11/11. Sur les réseaux sociaux, les jeunes angolais de la diaspora s'apprêtent, par solidarité à leurs frères de l'intérieur, à battre le pavé et lancer, à travers des manifestations dans plusieurs villes européennes, un message fort au Général Lourenço et à son gouvernement. Les promesses électorales non tenues par le Général Lourenço et les engagements pris  lors de ses  campagnes de mobilisation, ont fini par impatienter les jeunes. C'est le ras-le-bol. Trois ans après son arrivée au pouvoir, aucune excuse n'est plus permise. Le chômage est endémique. La lutte contre la corruption et l'impunité est sélective. Les conditions sociales de la population continuent désastreuses. Ceux qui travaillent gagnent un salaire de misère.  Ce tableau noir a fini par réveiller les consciences endormies pendant des années par la soporifique propagande du Mpla. Ce réveil, même tardif des jeunes, a généré une sorte de révolte au sein de la jeunesse. La date du 11/11, pour une grande manifestation, n'est pas choisie au hasard. D’ordinaire, c'est ce jour que, comme un seul homme, tous derrière le Mpla, le peuple fête sa libération du joug colonial et l’accession du pays à la souveraineté. Et depuis 44 ans, les festivités allusives à cet événement se passent sans aucune perturbation.  Seulement, cette  année risque de ne pas ressembler aux autres. L’arrivée au pouvoir du Général Lourenço en 2017, avec son lot des promesses électorales, a redonné de l'espoir aux Angolais. La lutte contre la corruption, l’amélioration des conditions sociales de la population et la création de 500.000 emplois pour les jeunes font partie  de ces promesses électorales. Seulement, entre promettre et concrétiser, la marge est immense. C’était sans compter avec la crise économique qui s’est abattue sur le pays privant le Général Lourenço des moyens de sa politique. La baisse du prix du baril de pétrole oblige le gouvernement à revoir ses prétentions au rabais. La découverte de l'immense trou financier laissé dans les caisses de l'État par les détourneurs de fonds publics handicape tout plan de développement. Il est donc  du devoir de Joâo Lourenço d'expliquer clairement à ceux qui lui ont confié son mandat de Chef de l'État les problèmes que connait le pays. Mais comme le Mpla n’a aucune culture du dialogue, tous les partis marxistes léninistes sont pareils, informer le peuple des difficultés que connait le pays s’apparente à un viol d'un secret d’État. Cela donne souvent cours à des spéculations. Et les jeunes qui, durant des années ont souffert en silence, ont décidé de remettre les pendules à l'heure et de demander des comptes au Général Lourenço. C'est le devoir de redevabilité. 

Que l'Unita soit derrière cette manifestation ou pas, que c'est que cela change? La manifestation n'est-elle pas un droit constitutionnel? Est-il interdit aux partis politiques de manifester?

Quarante cinq ans après, le problème de la distribution de l'eau potable et de l'électricité est toujours récurrent. La mauvaise qualité des soins médicaux et le manque des médicaments dans les hôpitaux, le manque des transports publics, la piètre qualité de l'enseignement et la lourdeur de la bureaucratie ne sont-elles pas des raisons suffisantes pour emmener les jeunes à manifester leur mécontentement? Faut-il pour cela que l'Unita soit derrière ce mouvement? C'est une insulte à notre jeunesse. Et vous, qu'en pensez-vous? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo M.Scotty             






mercredi 7 octobre 2020

Général Lourenço, 3 ans après : un bilan en demi-teinte.

Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. À l'époque de José Eduardo dos Santos, la corruption était élévée au niveau d'une institution. Comment en sommes-nous arrivés là? C'est la théorie de "l'Accumulation primitive du capital", mal comprise et mal appliquée par les dirigeants du Mpla, qui nous a conduit à cette catastrophe. Sous Eduardo dos Santos, cette fameuse théorie s'est apparentée à un pillage sauvage des fonds publics du pays. Nous avons assisté, abassourdis, au déferlement d'une puissante lame sur les fonds de l'État. Une lame qui a emporté presque tout sur son passage. Parmi ceux qui ont profité de ce déferlement, il y a beaucoup de généraux de l'armée angolaise, tous membres du Mpla. Et comme il est souvent difficile de scier la branche sur laquelle on est assis, le Général président, malgré son apparente bonne volonté et sa légitime intention de récupérer les fonds cachés dans des banques étrangères, n'arrive pas à defaire le noeud de la corde qui étrangle le Mpla.  Qu'à cela ne tienne.   

27/09/2017 - 27/09/2020, à deux ans de la fin de son mandat, le bon sens nous recommande de faire un bilan. D'autres observateurs avisés ont déjà eu à publier récemment un inventaire global des trois ans de João Lourenço. Mais l’opinion publique attend que JLo, dans son discours sur l'état de la Nation, fixe définitivement les Angolais sur les resultats obtenus au bout de trois années de pouvoir, très précisément ceux sur la lutte contre la corruption.

La société civile comme l’opposition politique pensent, elles aussi, qu’il est temps d'évaluer les résultats de la politique de lutte contre la corruption, qui a été déclarée comme un objectif fondamental par le Président de la République. De l'avis de certains Angolais, ce bilan est à la fois positif et négatif. C'est positif car il a en fait lancé une politique étatique de lutte contre la corruption. Il y a quatre ans, il aurait été impensable, celui qui émet un doute à ce sujet peut être considéré comme quelqu’un souffrant de folie profonde, que l’État confisque à Isabel dos Santos ses entreprises et que cette dernière soit au centre d'une affaire pénale; que José Filomeno dos Santos ait été condamné à cinq ans de prison, et le gendre d'Agostinho Neto, Sâo Vicente, soit détenu, ou qu'Augusto Tomás ait écopé d’une peine de prison effective. Dans le même temps, des enquêtes criminelles sont ouvertes quotidiennement sur les activités de corruption les plus diverses, de Moxico à Uige. Tout cela est nouveau. Même Kopelipa et Dino, deux généraux intouchables, sont invités pour explications au bureau du Procureur. 

Conclusion: la lutte contre la corruption est réelle. Même si apparemment les autorités veulent faire croire à l’opinion qu’elle n'est pas sélective, et qu’il y a clairement eu un changement de paradigme dans l'action judiciaire. Avant, c'était les dénonciateurs d'actes de corruption qui se retrouvaient devant les tribunaux accusés de diffamation et de calomnie. Désormais, ce sont les “dénoncés” qui commencent enfin à répondre de leurs éventuels actes. Il ne fait donc aucun doute que des changements sont en cours et que la lutte contre la corruption progresse dans la bonne direction.

Cependant, la procédure mise en place pour lutter contre ce mal n'a pas généré des résultats vraiment apparents et son application soulève des doutes sur l'efficacité des méthodes utilisées. Nos observations nous indiquent que parmi les «gros dossiers», seul Augusto Tomás est condamné à purger une peine de 8 ans. Il est effectivement le seul prisonnier incarcéré pour corruption dans les geôles de Sâo-Paulo. Oui, le seul. 

L'affaire de José Filomeno dos Santos a fait l'objet d'une décision de juridiction inférieure, étrangement trop indulgente pour la famille Santos. Quant à Isabel dos Santos, elle n'a même pas encore été accusée, et de sa base londonienne, elle s’amuse gaiement à vilipender les actions de João Lourenço. En ce qui concerne Carlos São Vicente, le bureau du procureur général (PGR) ne s’est penché sur son cas qu'après une grosse frénésie médiatique sur la facture de 900 millions. Jusque-là, il était inconnu du public et personne ne parlait de lui. N’eussent été les vociférations de son épouse, Irène Neto, un silence complice aurait entouré l’affaire. 

Sur le plan pratique, depuis le début de cette lutte contre la corruption, nous ne cessons de souligner que l’utilisation d’anciennes institutions judiciaires, mal préparées et attachées aux pratiques du passé, n’était pas une solution. La corruption en Angola, en raison de son ampleur, est un problème politique et économique, de nature systémique, qui doit être traité de manière globale. Pour le dire autrement, ce n'est pas avec un processus ici, un processus là-bas, institué par le PGR et allant devant les tribunaux ordinaires, que la corruption sera vraiment combattue. Une voie appropriée doit être mise en place, un système mondial de lutte contre la corruption, qui permet de mener des enquêtes, des poursuites et des jugements de manière intégrée, indépendante, globale et rapide. Et vous, qu'en pensez-vous?

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo M.Scotty.  

Source: makaangola


lundi 21 septembre 2020

Élections locales: le MPLA marche au bord d'un précipice.

Le débat, au cours de ces dernières semaines, tourne autour des élections locales à organiser en Angola. Membre de CPLP (communauté des pays de langue portugaise), l’Angola est le dernier à ne pas avoir encore organisé des élections locales sur son territoire. Pour se mettre au niveau de ses partenaires de la CPLP, le Général Lourenço, à son arrivée au pouvoir, promet de corriger cette lacune en 2020. Seulement, la détermination du Général (propagande électorale ?) de doter les communes et municipalités des dirigeants élus directement par le peuple, s’est, en trois ans, graduellement désagrégé à mesure que l’image du Mpla (parti au pouvoir) était écorchée au rythme des scandales financiers. La lutte contre la corruption initiée par le Général Lourenço a mis à nu la perfidie des membres de son parti . Le peuple, dans sa majorité, a compris combien les dirigeants du Mpla, à tous les niveaux de l’administration de l’État, se servaient au lieu de servir. La direction du Mpla est arrivée à la même conclusion au vu du nombre des corrompus que compte le parti. Dans ces circonstances, organiser des élections dont on connait déjà le dénouement, est un suicide politique que le Mpla se refuse de s’infliger. Alors, à l’Assemblée nationale, c’est le blocage du vote du paquet législatif.  Le Covid19 est invoqué pour justifier l'injustifiable.   

Dans les échanges qui s'ensuivent au parlement, un député de CASA-CE  accuse le Mpla de suivre à nouveau une politique  de loyauté  aveugle  envers  son chef, exactement comme  à l'époque du président  José Eduardo dos Santos. Sur les ondes de la RNA,  le Général Lourenço a affirmé que c'est la faute de ceux qui doivent adopter les lois et qui ne l'ont pas fait, et sans lois, il est impossible de tenir les élections  locales. Comme il fallait s'y attendre, le Bureau politique du Mpla se félicite de la position de son président.

Du coté de l'opposition parlementaire, on considère qu'il y a du cynisme de la part du président car la seule personne responsable de cet imbroglio est João Lourenço lui-même et son parti. Un parlementaire proche de l'UNITA, David Mendes, a déclaré, à cet effet, qu'il ne comprenait pas comment le MPLA pouvait dire qu'il n'y aurait  pas d'élections parce que les lois n'ont pas été adoptées alors que la proposition de lois doit émaner de leur groupe. Et, curieusement, à l'Assemblée, ce sont eux qui se félicitent de la position du président de la République. Des suiveurs aveugles qui refusent de comprendre que la responsabilité directe de la non-adoption des lois soutenant les municipalités incombe au Général Lourenço lui-même. Que tristeza!

«Le Président de la république est le Chef de l'Etat et de l'Exécutif. Les propositions de lois viennent de l'exécutif. Il est donc de l'intérêt de ceux qui envoient les propositions de lois à l'Assemblée de chercher à savoir si elles sont  approuvées ou non.  Et en sa qualité de Chef de l'Etat et du Mpla, le Général Lourenço est le superviseur de tous le système qui gère le pays», a ajouté David Mendes. "Puisqu'il est le président du Mpla, pourquoi n'a-t-il pas demandé à son groupe parlementaire d'adopter ces lois?" Manque de volonté politique ou la peur de perdre la face?

Dans ce même ordre d'idées, Manuel Fernandes, du groupe parlementaire de CASA-CE,  considère qu'il existe déjà des signes de «Lourencisme» en Angola, similaires au «Eduardisme» de triste mémoire. «Parfois, les dirigeants du Mpla pensent que le peuple est toujours distrait, mais le peuple sait déjà aujourd'hui qui a le couteau et le fromage entre les mains». Le cas de Sâo Vicente, patron des Assurances AAA, époux de Irène Neto, fille de Agostinho Neto, avec 900 millions de dollars dans des comptes cachés en Suisse vient écorcher un peu plus l'image du Mpla..

Dans les pays membres de CPLP (Brésil, Portugal, Mozambique, Sâo-Tomé Principe, Timor Est, Cap-Vert) les élections locales sont ancrées dans leurs coutumes de gestion de la chose publique. Dans ces pays qui vivent cette expérience, les élections locales ont  inséré dans les rouages de l'État  des hommes et des femmes issus des partis politiques différents. C'est cette différence qui conduit les dirigeants élus à mettre en application le programme politique de leurs partis respectifs et de permettre au peuple de se faire une idée de la capacité des uns et des autres à résoudre les problèmes du peuple. Le Mpla a-t-il peur que l'on compare sa gestion avec celle des autres? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Edaurdo M.Scotty



mardi 1 septembre 2020

Mentez, mentez...il en restera toujours quelque chose.

“Corriger ce qui est mal, améliorer ce qui est bien” (corrigir o que está mal, melhorar o que está bem). Ce slogan “programme” resonne  encore dans les oreilles des Angolais trois ans après l’arrivée du Général Lourenço à la tête de l’État  et du Mpla. Naïvement, peut-être pour oublier rapidement la mauvaise gestion de Dos Santos, les Angolais ont tout de suite adhéré au point de vue de leur nouveau Président de la République, décidé  à  apporter un changement dans le pays. Trois années après, quel contenu le Général Lourenço attribue-t-il concrètement à ce concept (mal/bien) lorsque  l’on est issu de la même formation politique que son prédécesseur ?  Il est de notoriété publique  que le Mpla, parti au pouvoir en Angola depuis 1975, a un programme  sur lequel reposent toutes ses actions socioéconomiques et politiques. Logiquement, s’il y a des erreurs qui ont été commises par son prédécesseur et que le nouveau président  considère  comme un "mal" qu’il se doit de corriger, peut-on sous-entendre que le programme de ce parti comporte des insuffisances ? Le prédécesseur, auteur supposé du "mal", n'a-t-il  pas été à la hauteur de la fonction? Dans ce cas, à quel niveau va s’opérer la correction promise ? Va-t-on corriger le programme  du parti ou va-t-on corriger le modus operandi ? La difficulté du Général Lourenço à expliquer concrètement à son peuple sa définition du "mal" ouvre la voie à beaucoup de spéculations. Certes, la corruption, le népotisme et l’impunité sont des maux qui gangrènent la société angolaise, mais leur éradication ne résout pas tous les problèmes que connait le pays. De l'avis de l'opinion publique, il est impératif que JLo définisse clairement le "mal" qu’il a promis de corriger. Car, le peuple angolais  a la nette impression que le combat à ce "mal" qui s’arrête à la corruption et à l’impunité est une  lutte qui ne va résoudre qu'une partie des problèmes. Les mauvaises conditions sociales, l’insuffisance des transports publics, la mauvaise qualité des soins dans les hôpitaux, la piètre qualité de l’enseignement dans les écoles angolaises et le chômage endémique que connait le pays sont d'autres maux qui méritent correction. Or, sur ce terrain-là, on n’entend pas beaucoup le gouvernement et son chef. 
"Améliorer ce qui est bien". Là aussi, l'opinion se pose la question de savoir dans quel secteur de la vie sociale des Angolais se trouve le "bien" que le Général Lourenço  promet d'améliorer. Car, de l'avis des Angolais, le seul "bien", qui pouvait retenir leur attention, aurait été l'installation de l'Homme au centre de la politique du Mpla. La valorisation de  l'ouvrier et  du paysan. Car, c'est sur ces deux catégories de travailleurs que le Mpla fondait son discours dans les années 1975 avant de se découvrir sa faiblesse pour la bourgeoisie.  
De la mémoire collective des Angolais, le Mpla est le seul parti politique angolais passé maitre dans la production des slogans. Des slogans pour endormir le peuple. "Le Mpla est le peuple, le Peuple est le Mpla"( O Mpla é o povo, o Povo é o Mpla). En tout cas, jusqu'à l'enrichissement illicite des dirigeants du Mpla par des voies connues de tous, ce slogan avait apparemment un sens pour les populations angolaises surtout celles de l'Angola profond. N'oubliez pas qu'à l'accession de l'Angola à l'indépendance, le pays comptait 90% d'analphabètes, des petites gens faciles à manipuler qui croyaient dans la sincérité des dirigeants du Mpla.  Mais quand est apparu  dans la mode de vie de ces  dirigeants  la théorie de l' ACCUMULATION PRIMITIVE DU CAPITAL de Karl Marx,  le lien sacré qui les liait au peuple s'est brisé. Des l'avis des observateurs, c'est cette  théorie qui  a consacré le divorce et a donné naissance à un nouveau  slogan: "Le Mpla n'est pas pour qui veut, mais pour qui mérite" (O Mpla nâo é para quem quer, mas para quem merece). Et comme si le coup assené à ce peuple n'était pas assez fort, le laboratoire du Mpla dans une arrogance qui commençait à prendre forme sort un autre slogan: "Quem manda, manda. Quem nâo manda, cumpre"(Qui commande, commande. Qui ne commande pas, s'exécute). Le ton de ce slogan plus incisif ouvre la porte à la consécration du Mpla/parti État. La cerise sur le gâteau c'est : "Produzir mais para melhor distribuir". (Produire plus pour mieux distribuer). Distribuer à qui? Aux dignitaires du régime?  
Durant plus de quarante ans, les Angolais vivent sous le rythme des slogans mensongers et soporifiques  du Mpla. Dans la pratique et sur le terrain, la situation socioéconomique de l'Angolais lambda est de plus en plus difficile. Trois ans après l'arrivée du Général Joâo Lourenço à la tête de l'État son slogan n'a produit aucun résultat en faveur du peuple. Les condamnations de Agusto Tómas, de Filomeno dos Santos, de Valter Filipe, de Jorge Pontes et autres, mêmes légitimes et correctives,  n'ont rien apporté au quotidien des Angolais dans les musseques. Quand on corrige ce qui est mal, c'est pour que le bien qui en découle profite à la population. Est-ce le cas? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.

Eduardo M.Scotty.      





       

mercredi 12 août 2020

José Eduardo dos Santos : l'effondrement de son noyau familial.

Le patron de la famille ayant été emmené à vivre “volontairement” en exil en Espagne (au fait, quand daignera-t-on dire aux Angolais combien  coûte au contribuable l'exil d'or de Dos Santos ? un exil qui tire ses avantages sur la loi protégeant  les anciens présidents de la République) Isabel et Tchizé, les deux filles de Dos Santos, s'évertuent  à occuper des espaces de proéminence dans la communication sociale et les réseaux sociaux, et pas toujours pour de bonnes raisons.  C'est ainsi qu'on assiste à leur présence quasi  permanente  dans les pages de la presse portugaise. C'est surtout la fille aînée de José Eduardo dos Santos qui  monte souvent  au créneau, poussée par sa mauvaise humeur, dans le but de manipuler les faits et de tordre le cou à la vérité.
Quant à Tchizé, la demi-sœur, c'est ainsi qu'Isabel se réfère à l'autre, elle est la fille de JES qui incarne le plus l'état de déni de réalité. Elle revient, pour ceux qui la connaissent, à l'actualité sur les réseaux sociaux pour les mêmes raisons que toujours : le vide qui peuple sa tête et la futilité des initiatives dans lesquelles elle est impliquée. Sur le plan des idées, domaine dans lequel  elle  éprouve des difficultés notoires, l'ancienne députée  du Mpla a bêtement suggéré une réconciliation (?)entre son père et le président João Lourenço. Ce qu'elle n'a pas dit, c'est quand, où et pourquoi Dos Santos et Joâo Lourenço se réconcilieraient. Elle a également omis de préciser s'ils parleraient tous les deux par vidéoconférence ou si son père reviendrait au pays pour un face à face avec le président de la République. 
En ce qui concerne Isabel, elle excelle dans un autre domaine. Pour la petite histoire, le 27 juillet de cette année, la fille aînée de José Eduardo dos Santos, pensant récupérer  un peu d'argent de ses avoirs, a anticipé l'assemblée générale d'Unitel (sa société de téléphonie), prévue à cette même date, pour réclamer le paiement d'une dette de 322 millions de dollars. Lorsque la première femme  millionnaire d'Afrique court derrière des "miettes", la rivière est en train de se sécher. Dans un communiqué, Isabel dos Santos a indiqué qu'au cours de l'exercice 2014, Vidatel, la société  à travers laquelle elle participe au capital d'Unitel, aurait prêté 322 millions à Unitel. 
Le même jour, l'assemblée générale d'Unitel a publié  une déclaration dans laquelle elle  conteste  avec véhémence toute  dette envers l'actionnaire Vidatel, propriété d'Isabel dos Santos. "Il n'y a pas de contrat d'approvisionnement entre l'actionnaire Vidatel et Unitel", indique le communiqué. Unitel  reconnaît toutefois qu'elle dispose de dividendes à verser à l'actionnaire Vidatel pour un montant équivalent à 136 millions d'euros, mais précise que les raisons du non-transfert de ces montants lui sont étrangères, et souligne «les restrictions de l'ordonnance de jugement no. 519/19, qui empêche Unitel d'effectuer des transferts à Vidatel ». La déclaration précise que celle qui a de l'argent pour recevoir des dettes est  Unitel elle-même, à qui l'actionnaire Vidatel doit plus de 400 millions de dollars. 
Or, dans le communiqué qu'elle publie, Isabel dos Santos ne fait aucune mention de la dette de plus de 400 millions d'euros qu'Unitel réclame à Vidatel ou de l'instrument judiciaire qui empêche l'opérateur d'effectuer tout transfert d'argent en sa faveur. C'est pourquoi, même lorsqu'elle dit finalement la vérité, qui devient de moins en moins fréquente, personne ne la prend au sérieux. Les faits persistent à montrer qu'en matière d'argent, Isabel dos Santos n'est pas et n'a jamais été une partenaire fiable.
 Très marquée par les mauvaises habitudes qu'elle porte du passé, Isabel dos Santos reste convaincue que tout ce qu'elle touche est à elle; tout ce à quoi elle pense doit lui être attribué; tout ce en quoi elle croit doit être accompli. Isabel et son mari rêvaient des bijoux suisses De Grisogono. Le père, sans hésiter, a ordonné à Sodiam de faire leur volonté; le couple voulait contrôler l'industrie du ciment du pays, le père et le a ordonné à l'État de renoncer à sa participation dans Cimangola au profit d'Isabel et de son mari. Isabel voulait posséder BFA. Le père a trouvé un moyen de forcer la Sonangol à acheter des actions de BPI et les a données à sa fille. La chère fille rêvait d'une compagnie de téléphone. Le père a forcé Sonangol à assembler et équiper Unitel et a donné une bonne partie de l'entreprise à sa fille. La chère fille rêvait d'un grand port. Le père affectueux n'a pas hésité un seul instant: il a fait don de l'espace où est projetée la construction du port de Dande. Voilà  comment l'excès d'affection et le zèle de Dos Santos ont produit une femme manipulatrice, déloyale et ennemie de la vérité. 
Pendant qu'Isabel dos Santos se noye, Tchizé, la petite sœur, s'efforce d'être un gourou en tout. Elle s'affiche  comme spécialiste en cuisine, journalisme, communication, sciences politiques et, ne soyez pas surpris, l'Étique. Oui, l'ÉTHIQUE.
De Zenu, leur frère, l'opinion publique ne retient que deux choses. L'incompétence et le goût du luxe. José Filomeno dos Santos  n'a jamais eu l'art ou l'ingéniosité de commander quoi que ce soit dans la sphère publique ou commerciale. Toutes ses initiatives se sont effondrées comme des châteaux de cartes. Banco Kwanza Invest, que lui et son ami Jean-Claude Bastos de Morais ont crée avec l'argent du Fonds souverain angolais, a ses jours  comptés. Tel que déterminé par la BNA, les dépôts ne peuvent plus être acceptés. Comme sa sœur aînée, en affaires, Zenu dos Santos est un perdant. Avec sa sœur, tous deux n'étaient des «entrepreneurs prospères» que tant qu'ils avaient un accès illimité aux sacs bleus que leur père mettait à leur disposition.
Et là à Barcelone, où il se cache depuis plus de 2 ans pour ne pas voir de ses propres yeux les résultats de sa catastrophe gouvernementale de 38 ans, José Eduardo dos Santos observe, tranquillement, l'effondrement  de sa famille. On pourrait même dire qu'il a apparemment déjà renoncé à ses obligations paternelles de surveiller et de conseiller sa progéniture. Pathétique. Son effigie a été retirée de nouvelles notes de Kwanza mises en circulation par la Banque nationale. Déchéance. 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo M.Scotty. 


mercredi 29 juillet 2020

Au MPLA, l' IMMUNITÉ est l'arbre qui cache la forêt.


En Angola, chaque fois que la justice se met débout pour barrer la route aux associations de malfaiteurs, les personnes suspectées, généralement des dirigeants politiques, brandissent leur IMMUNITÉ pour se soustraire de toute action judiciaire. Et devant ce bouclier, la justice se sent impuissante.  Mais en fait c'est quoi l'immunité? Pour faire simple, l'IMMUNITÉ est une prérogative accordée à une catégorie de personnes pour assurer leur protection contre les actions judiciaires pendant l'exercice de leurs fonctions. Les immunités sont souvent accordées aux chefs d'État, aux parlementaires et aux ministres de gouvernement. Dans des pays dont les gouvernements appliquent des méthodes qui s'apparentent au totalitarisme, les immunités s'appliquent aussi aux cadres du parti au pouvoir. Il est difficile ou impensable qu'un cadre du Mpla, quelle que soit la bévue commise, soit inquiété par la justice. Un seul coup de fil de la hiérarchie suffit pour stopper net une procédure judiciaire. Les cas des personnes qui ont bénéficié de ce "coup de fil" font légion. La dernière personne qui vient de bénéficier de cette largesse est le Général Higinio de Carneiro. Quant à Manuel Vicente, Helder Vieira Kopelipa, Dino Nascimento et autres généraux de la vieille garde du Mpla, l'immunité est un parapluie qui les protège de l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes. Dans les quartiers à la périphérie de Luanda, à la tombée de la nuit, dans les bistrots, les conversations tournent autour de ce sujet. Cette institutionnalisation camouflée de l'impunité dérange et crée du désordre dans la tête des gens.   
Finalement, les citoyens sont fatigués de tout ce désordre créé par Mpla, et au milieu de cette confusion, la justice est devenue l'otage des politiciens qui gouvernent le pays parce que le peuple ressent et vit ces faits au quotidien. Pendant que l'immunité met à l'abri les dirigeants et cadres du parti, la population subit des nouvelles méthodes  d'extorsion conçues par des policiers véreux et des procureurs corrompus. Des procureurs qui, dans les commissariats de police,  commettent toutes sortes de barbaries et enfreignent la loi en décrétant des arrestations arbitraires  sur des dossiers mal instruits. Des juges corrompus, des avocats corrupteurs qui transforment la vie des citoyens en un véritable enfer. Et comme tous ces gens sont du Mpla, personne ne remet en question ce qui se passe, sauf à de rares exceptions près, au Parlement, certains individus, devenus des députés grâce à la bienveillance du parti au pouvoir, essayent tant bien que mal de blanchir leur image avec des déclarations élaborées dans des officines, des déclarations qui dérangent la vie quotidienne du citoyen. Et quand il y a des dossiers controversés sur la corruption de gros poissons, l'opposition, censée remettre les pendules à l'heure, se soustrait à ses responsabilités, alors qu'elle devrait normalement profiter de l'espace politique dont elle dispose pour stopper l'arbitraire commis par les gens qui gouvernent, chercher des réponses sur des enquêtes qui n’aboutissent jamais malgré les dénonciations justifiées et des faits avérés. Condamner l’attribution de grands travaux publics sans concours à des amis et membres de famille. Souvent, ces entreprises familiales qui gagnent toujours des marchés le font sans  respecter les règles de droit par des pots-de-vin aux membres du bureau du Président de la République dont le Dircab a reçu dernièrement 1 million de dollars pour faciliter l'attribution d'un marché (dénonciations provenant d'une chaîne de télévision portugaise). Devant cet attelage de protectionnisme, le peuple se moque  des prétendues  enquêtes qui peuvent être diligentées, car ces gens là sont des intouchables.  Rappelez-vous de l'enquête sur les dossiers  de Ethiopian Airlines, de l'achat des maisons à Zango, du  hold-up à la banque BPC, du détournement d'actifs destinés à soutenir les victimes de la sécheresse à Cunene (dans ce cas, le gouverneur présumé, bien qu'exonéré, était  récompensé  par un billet  retour à l'Assemblée nationale), un siège qui devrait être  occupé par une personne sérieuse et responsable. Mais les camarades du Mpla en ont décidé autrement suivant leur code de conduite et d'éthique. Un code qui protège les intérêts de leur groupe.
À la fin de cette législature (2017-2022) assistera-t-on à un véritable réveil de la justice en Angola?  Tous ceux qui ont maille à partir avec la justice  se cachent derrière les immunités pour justifier leur statut.  En sera-t-il de même quand ce privilège aura pris fin? Wait and see.

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo M.Scotty

mardi 21 juillet 2020

Entre le Général Lourenço et le Mpla, un mariage de raison?

Quittera? Ne quittera pas? “ Méfiez-vous des apparences” nous recommandent  les sages. "Elles sont souvent trompeuses". Vu de l’intérieur, le Mpla, parti au pouvoir en Angola depuis 1975, projette l'image d'une  organisation politique solidement stable, mais à y regarder de près, c'est un géant aux pieds d'argile qui tremble sur ses bases. Selon des confidences recueillies auprès des personnes très introduites au sein du Mpla, le Général Lourenço aurait la ferme intention (!) de créer son propre parti et d'abandonner le Mpla en 2022, imitant Jair Bolsonaro, le président du Brésil. Normalement cela ne peut pas surprendre.  Vu le contexte, dans un monde lucide et cohérent, dans des organisations sérieuses et engagées pour leur propre avenir et leur progrès organisationnel, João Lourenço ne serait jamais président du MPLA. C'est José Eduardo dos Santos qui a commis la pire erreur de l'histoire de ce parti en le plaçant  à la présidence du MPLA. Le Général Lourenço, appelé affectueusement Deng par ses hommes, est un dirigeant politique qui, pour des raisons très personnelles que l’opinion publique ignore, ne reconnaîtra jamais les efforts fournis par José Eduardo dos Santos pour assurer au Mpla la stabilité qu'il a connu depuis 1979. Trente-huit ans (38) après, le Mpla garde-t-il encore toute son unité intérieure? Apparemment non. Aujourd’hui, il se murmure à Luanda dans le camp des "eduardistes" que tous les problèmes de santé que connait José Eduardo dos Santos depuis 2017, sont dus à la persécution que ses enfants subissent de la part du Général Lourenço. Il est urgent, pensent ces proches de Jes, que le MPLA  corrige dans les plus brefs délais cette grande erreur de José Eduardo dos Santos et renvoie João Lourenço devant les instances du Parti. Le MPLA est une organisation laïque qui a traversé des moments difficiles. Selon ces mêmes "eduardistes" animateurs du parti dans les “musseques”, João Lourenço est une mauvaise pierre placée au mauvais endroit. "João Lourenço ne serait jamais le président du MPLA n’eut été l’erreur commise par José Eduardo dos Santos qui l’a mis à sa place pour diriger le MPLA, contre la volonté des anciens du parti". Il est clair que le MPLA ne voulait pas de João Lourenço, c'est José Eduardo dos Santos qui a insisté pour qu’il soit accepté. Beaucoup à Luanda parlent de l’ingratitude  qui caractérise le Général Lourenço.  Il aurait reçu le pouvoir sur un plateau, sans avoir remporté les élections de 2017. José Eduardo dos Santos a mis sa machine électorale frauduleuse à son service afin qu'il le remplace, investi de tous les pouvoirs. Le Général n'a remporté aucune élection, c'est la machine Eduardo dos Santos (MPLA) qui l’a mis gracieusement au pouvoir. Son acharnement sur Isabel dos Santos alors que d'autres voleurs courent les rues est très mal perçu par une importante frange de l'opinion.
L’erreur commise par José Eduardo dos Santos ressemble à celle d'Henry Tendey (fantassin britannique à Wellington) qui n'a pas respecté le principe selon lequel “l'ennemi une fois, l'ennemi toujours”, et que l'ennemi ne sera jamais ami.  Pendant une journée de sang, douleur et deuil, pendant la première  guerre mondiale, un certain 28 septembre 1918, après d'intenses combats au cours desquels les Britanniques ont donné leur vie pour  la défense de leur patrie, Henry Tendey s'est comporté en héros de la bataille, sans se rendre compte de la taille de l'erreur qu'il commettait. Lorsque Henry Tendey a trouvé un soldat allemand blessé sur le terrain, à un moment où les Anglais avaient déjà remporté la bataille, près du village français de Marcoing, Tendey a joué un rôle héroïque  en sauvant  le caporal allemand blessé Adolf Hitler. Plus tard, Tendey a regretté qu'il n'ait pas tué le soldat allemand blessé. Le caporal qu'il a épargné, à l'époque, était le chef de la guerre allemande "Adolf Hitler".
Ici, je tiens à révéler l'esprit égoïste et parfois revanchard de nos dirigeants. Beaucoup d'entre eux trouvent dans l'ingratitude une autre manière d'exprimer et d'assouvir leurs instincts bestiaux. Ils  deviennent parfois insupportables au sein des organisations qu'ils dirigent. L'hostilité qu'ils développent vis-à-vis de leurs administrés provoque des allergies parce qu'ils sont incapables de réunir un consensus autour de leurs idées.  Ainsi, ils deviennent des éléments toxiques capables d'anéantir le succès des organisations qu'ils dirigent. Durant leur mandature, ce type de dirigeants cherchent à se venger de leurs prédécesseurs pour des futilités commises dans une autre vie. José Eduardo dos Santos ne serait-il pas en train de payer une erreur commise dans une autre vie? Si non pourquoi cet acharnement particulier sur lui et sa progéniture? C'est vrai que Isabel dos Santos a beaucoup de choses à se reprocher. Mais est-elle la seule à avoir commis ce qu'on lui reproche? Unitel, Movicel, la chaine des alimentations Kandadu, des unités économiques qui participent à l'emploi des Angolais, cela ne nous dit rien?

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Source: angola24horas 






vendredi 10 juillet 2020

Avec Le Général Lourenço, rien ne va.

La situation sociale en Angola est catastrophique. Les populations éprouvent beaucoup de difficultés à pouvoir vivre décemment. L'arrivée du Général Lourenço au pouvoir n'a rien apporter de mieux au quotidien du citoyen angolais. La chute du prix du baril de pétrole et l'endettement excessif du pays ont plutôt compliqué une situation qui n'était pas agréable à vivre. Les mesures prises pour rapatrier l'argent volé par certains caciques du Mpla et planqué dans des paradis fiscaux n'ont donné les résultats escomptés. Au contraire, ces mesures ont provoqué au sein du Mpla un climat de défiance. Si des élections étaient organisées en ce moment, en toute transparence en Angola, le Mpla, malgré toutes les gesticulations du pouvoir en place, aurait d'énormes difficultés à les gagner. Pour cause, depuis le 23 septembre 2017, date à laquelle le Général Lourenço a accedé au pouvoir, sous sa bannière de la lutte contre la corruption, l’opinion observe qu’en plus de deux ans le pays reste embourbé dans les décombres de l'ancien régime, un régime auquel il a toujours appartenu, un régime de corruption. Son apparente bonne volonté n'a rien changé. La jeunesse attend toujours les 500.000 emplois promis. 
Aussi curieux que cela puisse paraitre, l'Angola, selon certains observateurs,  n'est pas encore sorti de la corruption, pas même de la dictature qui font l'ADN du pouvoir du MPLA. Le rêve des jeunes angolais, qui par la force des circonstances font du taxi-moto ou vendent des cartes de recharge Unitel/Movicel, est resté juste un rêve. La mauvaise qualité de l'enseignement et le chômage endémique ont fini par les désillusionner. Ils commencent à se demander si l'Angola changera un jour pour le mieux. Pire encore, la lutte contre la corruption que le régime brandit quotidiennement pour calmer les esprits faibles ne sert finalement qu'à punir les menus fretins d'hier et d'aujourd'hui, tandis que les gros requins et les baleines, barons du régime, continuent de se la couler douce, manifestant dernièrement sans vergogne leur intention d'acheter, dans le cadre d'une éventuelle privatisation, Sonangol, et de devenir les "propriétaires" du pays. La Sonangol, cette vache à lait de l'Angola,  risque de devenir une entreprise privée et cesser d'être un bien du peuple angolais. Ce sont ces mêmes “marimbondos” (félons) qui s'apprêtent à tout acheter, mais alors tout, et veulent laisser le pays sans actions financières. Cela conduira inexorablement à l’esclavage du peuple par ses propres dirigeants. Et dans cette structure de pouvoir de type monarchique, comme c'est réellement le cas en Angola d'aujourd'hui, les camarades du Mpla ont l'intention de transformer l'Angola en une propriété privée. Alors dans tout ça se demande-t-on, quelle est la place qu'occupent ceux qui pensent différemment? Je rappelle ici que ceux qui sont complices d'un passé de corruption sont les mêmes qui sont aux commandes dans le pays. Lorsque des messieurs avec des procédures judiciaires au Portugal, des sieurs pour lesquels la justice angolaise avait promis un jugement en Angola, se retrouvent aujourd'hui totalement libres, il y a vraiment de quoi se poser des questions. Bien que, par définition constitutionnelle, João Lourenço soit le sommet de la pyramide d'une République, il jouit en pratique d'attributs identiques à ceux d'un monarque des régimes historiques:«Je suis l'État, proclamait le roi Louis XIV de France». Il vous souviendra qu'en Angola le parlement angolais n'a pas le droit d'interpeller les ministres de João Lourenço. À l'image de Deng Ciao Ping, auquel il s'identifie, il est le centre de tout. Rien ne se fait sans son consentement. Lorsqu'il nomme quelqu'un à un portefeuille ministériel, et cela arrive presque tous les mois, il agit comme s'il lui accordait une faveur. Les règles de choix sont dictées par des critères de relation personnelle, d'amitié et aussi par des liens de fidélité au parti et aux groupes pro-Lourencistes, et jamais par des critères de mérite, de carrière professionnelle, de compétence individuelle et autres qualités qui caractérisent chaque individu à être nommé. Le général Lourenço ne marche-t-il pas finalement sur les traces de son prédécesseur? Il ne peut rien faire de différent, c'est dans l'ADN du Mpla.
Depuis que le général est au pouvoir, les médias angolais l'ont ménagé pour ne pas porter atteinte à sa crédibilité et gêner ses actions politiques. Mais au fil des mois, la lumière au bout du tunnel social des Angolais s'éloigne de plus en plus. Et cela commence à fatiguer le peuple qui émet des signes d'impatience. On entend dans la rue des réflexions comme: "les habitudes et les magouilles sont restées les mêmes que par le passé". La corruption est-elle devenue un art? 
Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Source: angola24horas

dimanche 21 juin 2020

Vanité des vanités, tout est vanité.

Une fois n'est pas coutume. La précarité de la situation sociale des Angolais  me  conduit  aujourd'hui à me pencher sur le modèle de vie d'une dame. Ce n'est pas n'importe quelle dame, c'est la Première dame de l'Angola. Vous conviendrez avec moi que l'exercice  auquel je m'apprête  demande  beaucoup de tact. Il me revient donc de bien fixer les limites entre  la vie  privée et la vie publique de la dame même si, dans sa position, la frontière  entre les deux est pratiquement inexistante.  
Ana Dias Lourenço, épouse du président angolais, Joâo Lourenço, est une personne pour laquelle les Angolais ont beaucoup de respect. Plusieurs fois ministre, Ana Lourenço, a su démontrer  pendant plusieurs années combien une femme peut honnêtement servir son pays sans tomber dans la vanité. C'est cette image que les Angolais ont toujours eu de cette femme politique à l'allure modeste. Mais, deux ans après l'arrivée de son mari au pouvoir, cette image est-elle toujours celle de cette femme-là, discrète et humble?  
À cette question, les avis sont partagés. Quiconque pense encore  aujourd'hui qu'Ana Dias Lourenço, actuelle première dame en Angola, est plus humble qu'Ana Paula dos Santos, ex-épouse de Dos Santos, dans sa façon de croquer la vie, a tort. Pourtant, tous ceux qui connaissent  Ana Paula sont unanimes à témoigner de son extravagance en matière de dépenses financières.  
Selon des sources proches de la première dame, Ana Dias est devenue extrêmement vaniteuse et exigeante. Dans ses choix pour les services liés à ses besoins personnels, son entourage constate qu'elle  a une préférence pour les services fournis par des professionnels de nationalité étrangère.
Pour divers services qui touchent directement à sa personne, les besoins de l'épouse de João Lourenço sont servis, par exemple pour les cheveux, par un coiffeur brésilien, son maquilleur est un nigérian, son massothérapeute, un philippin, le dentiste est brésilien, les cuisiniers sont portugais et français, les médecins américain et portugais. Tout ceci  ressemble à s'y méprendre aux  habitudes des riches des monarchies du Moyen-Orient. 
Côté shopping, ses endroits préférés sont New York et Paris, mais aussi Lisbonne et Rio de Janeiro. À New York, ses magasins préférés sont sur la glamour Fifth Avenue. La première dame a déjà acheté des bijoux dans l'emblématique bijouterie Tiffany, dans la boutique Gucci située à Trump Tower et Bergdorf Goodman.
À Paris, les magasins préférés de la première dame sont situés sur la prestigieuse avenue des Champs-Élysées, connue pour ses magasins de luxe
Dans la ville des lumières, la première dame d'Angola ne se prive pas de se faire remarquer chez Louis Vuitton, Cartier, Prada et Versace. À Lisbonne, la première dame d'Angola a été vue faire du shopping dans les magasins Carolina Herrera, et dans le magasin de sa marque préférée Max Mara.
Max Mara est une marque italienne dédiée aux femmes qui aiment se sentir à l'aise, sans renoncer à un look sophistiqué et élégant.
 Loin de moi l'idée de souhaiter que la première dame se promène  dans les rues de Luanda vêtue des haillons, pieds nus et les cheveux pleins de poussière. Mais, quand on a pour mari  un président qui s'est engagé à lutter contre la corruption, moins d'extravagance... sinon le discours du mari est à l'opposé de la légèreté de sa femme. Dans l'alternance politique qu'a connu l'Angola, a-t-on déshabillé saint Pierre pour habiller Saint Paul?  Vanité des vanités, tout est vanité.

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Source: angola24horas

mercredi 10 juin 2020

Bornito de Sousa, un vice-président pour faire quoi?

Dans l'histoire politique angolaise, personne n'a accédé à un poste aussi élevé, et vécu en détention, comme c'est le cas avec le vice-président angolais Bornito de Sousa. Si nous regardons autour de nous, nous ne trouverons probablement personne qui soit si proche de la lumière, mais qui, en même temps, reste dans l’obscurité la plus totale. Cela rappelle ce que les Mexicains, empêchés d’entrer aux États-Unis comme ils voudraient, disent de leurs voisins du Sud  à propos de l’Amérique, "lejos de Dios"! (Ils sont loin de Dieu).  
Quand José Eduardo dos Santos a fait de Fernando Piedade «Nandó» son premier ministre,  ce dernier a connu aussi cette inédite situation. D'un premier ministre "décoratif", il n'est devenu fonctionnel  que quand  José Eduardo dos Santos a bien voulu lui donner  un peu de travail. Pendant tout ce temps,  Nandó se morfondait en s'imaginant un travail imaginaire, mais c'était quand même du travail. Par exemple, lors des Jeux Olympiques d'Athènes, il y est resté plus longtemps que son patron ne l'aurait souhaité sans aucune remontrance de son chef. On dirait qu'il n'existait pas. José Eduardo dos Santos avait la même attitude envers Paulo Kassoma et Manuel Vicente, qui ont été premier ministre et vice-président. 
 Aux États-Unis, Donald Trump, l'omniprésent président des États-Unis, a beaucoup confié à son vice-président, Mike Pence. C'est à lui que le président a confié la tâche de diriger le groupe de travail sur le COVID-19. 
Les deux fois où il l'a eu comme Premier ministre, Vladimir Poutine, un autre qui occupe tout l'espace en Russie, a donné une certaine latitude à Dmitri Medvedev. Le cas de Bornito de Sousa est différent et unique. Le vice-président est un cas qui mérite d'être étudié. Quiconque se consacre à écrire l'histoire du mandat du président João Lourenço devra voir Bornito de Sousa, non seulement comme un cas, mais déjà comme un coucher de soleil. Malgré l'immensité  des problèmes que connaît l'Angola, Bornito de Sousa n'est chargé absolument de rien pour s'occuper. Aujourd'hui, il traverse sa troisième phase de confinement. La première a commencé avec son arrivée à la vice-présidence. Après une année de farniente et d'ostracisme, frustré, il a informé quelques uns de ses amis influents qu'il ne voulait pas faire partie du ticket électoral pour un second mandat. À João Lourenço, qui ne l'a certainement pas en tête pour les prochaines élections présidentielles, a  été épargné la peine de devoir  dire à Bornito de Sousa (en face), qu'il doit penser à une autre vie après la fin de ce mandat
La deuxième phase du confinement, peut-être la plus humiliante, a eu lieu lorsque le PR a nommé Carolina Cerqueira ministre d'État chargée de l'espace social. Cette promotion a sapé l'idée, qui a même beaucoup de sens, que le vice-président pouvait être en charge de ce domaine. Pour s'occuper, Bornito de Sousa, l'un des premiers politiciens à rejoindre les réseaux sociaux, avait déjà transformé l'interaction avec les internautes en une occupation «à plein temps». Il n'y avait littéralement rien à faire. C'est alors, pour se rendre un peu utile, qu'il a publié le tweet "malheureux" sur la naissance du prince Archi Harrison, fils du prince Harry et de Megan Markle, duc et duchesse de Sussex. Ce tweet est devenu un sujet de moquerie.  
Personne ne peut, après avoir occuper d'importantes fonctions dans le pays, cesser d'être utile, surtout après avoir atteint, certainement au prix de grands sacrifices, le deuxième poste de magistrat suprême du pays. C'est alors que se pose la question de relation entre le vice et son patron. 
Il se trouve que dans la relation entre João Lourenço et Bornito de Sousa, il y a toujours eu de nombreuses zones d'ombre. Il est de notoriété  publique qu'entre eux il y avait - ou il y a toujours - de vieux  contentieux. En tant que chef du groupe parlementaire du MPLA, Bornito de Sousa avait fait part au secrétaire général du Mpla, João Lourenço, de la "fête" qui avait eu lieu autour de l'exclusion de Marcelino Moco, Lopo de Nascimento et França Van-Dúnem, du congrès de 2008. Et à ce congrès, l'image de João Lourenço fut esquintée sous le regard silencieux de Bornito de Sousa. Or tout le monde sait que ce n'est pas João Lourenço qui a choisi Bornito de Sousa pour occuper le poste de vice-président. Bornito de Sousa lui a été imposé par José Eduardo dos Santos à l'époque propriétaire et maître de tout. José Eduardo dos Santos croyait que, placé à la vice-présidence de la République, Bornito de Sousa serait son homme. Probablement, il s'attendait à ce que Bornito joue avec João Lourenço le rôle de casse-pieds, gêneur.
Seulement, João Lourenço n'a eu aucune difficulté à coincer Bornito de Sousa. Mais pour le bien du peuple et la gestion de chose publique, le bon sens n'aurait-il pas été de mieux utiliser l'expérience du vice-président?  Était-il sensé de le "désactiver"? Le président de la République ne gagnerait-il pas beaucoup plus s'il associait, dans l'élaboration  de ses décisions, une personne portant le cachet de Bornito de Sousa? Bornito de Sousa a été président de la Commission constitutionnelle qui a produit la Constitution actuellement en vigueur dans le pays; il a été chef du groupe parlementaire du MPLA et ministre de l'administration du territoire. Est-ce qu'une personne avec une telle expérience peut être rejetée?
Il y a quelques jours, João Lourenço a créé une commission de révision des manuels scolaires. Ce fut une bonne occasion pour João Lourenço de donner du travail au vice-président de la République, encore moins de donner une plus grande dignité institutionnelle à cette commission. Mais, montrant une fois de plus qu'il n'a pas besoin de son adjoint, João Lourenço a confié la coordination de la commission à Carolina Cerqueira. Ce qui montre à suffisance que le président de la République mélange de l'ail avec des gousses. À terme nous pouvons conclure que João Lourenço laisse sa colère et sa rancune personnelles interférer dans la relation institutionnelle. Bornito de Sousa ne fait certainement pas l'unanimité nationale. Mais on ne peut pas lui reprocher d'être un crack en portugais.  Pour cette raison, la coordination de la commission chargée de la révision des manuels scolaires, généralement pleine d'erreurs portugaises, conviendrait à Bornito de Sousa comme un gant. Et vous, pensez-vous que l'Angola a besoin d'un vice-président? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Source: angonoticias. 


mardi 26 mai 2020

La CHINE généreuse et rusée ?

Dans une de mes dernières publications, la dette extérieure de l'Angola était le sujet que j'avais choisi pour partager avec vous. Ce sujet qui parait peut-être anodin à vos yeux concerne plusieurs générations d'Angolais. Les parents aujourd'hui, par leurs impôts, payent la dette, leurs enfants payeront et les enfants de leurs enfants continueront à payer. Il est donc légitime que les Angolais sachent de quelle manière leur gouvernement gère les emprunts contractés auprès des créanciers étrangers. Aujourd'hui,  la dette de l'Angola envers la Chine, un tabou, revient à la surface avec des informations non officielles indiquant que le gouvernement de João Lourenço pourrait livrer, pour rembourser sa dette, une grande quantité de pétrole à la Chine en raison du manque de réserves suffisantes capables d'assurer le paiement. L'Angola a bénéficié de plusieurs lignes de crédits.
Le montant réel du découvert angolais envers les Chinois est une autre question que se posent les citoyens dans certains milieux à Luanda. Le manque de transparence du gouvernement dans la résolution de ce problème soulève aussi d'autres interrogations. Les informations diffusées par des responsables du Mpla indiquent une dette envers la Chine de l'ordre de 22 milliards de dollars, mais les observateurs angolais doutent de ces chiffres.
L'expert en industrie pétrolière et gazière, Artur Pedro, considère que la dette de l'Angola envers la Chine, et d'autres pays africains, n'est pas claire et remet en question le sérieux des fonctionnaires.
"Personne ne parle de cette dette envers la Chine de manière concise et transparente. Et par manque de transparence, le problème devient un casse-tête", déplore Artur Pedro, pour qui cela rend difficile de prévoir tout type d'accord.
Pour sa part, l'économiste Filomeno Vieira Lopes estime qu'en raison de l'opacité qui entoure le sujet et compte tenu de la manière dont ce dossier est traité, l'hypothèse selon laquelle l'Angola pourrait céder une partie de son actif stratégique pour alléger la dette qu'il a auprès du géant asiatique ne peut être écartée. 
«Au Mozambique, par exemple, les Chinois ont déjà commencé à s'approprier les terres en raison du volume de la dette. Dans d'autres parties de l'Afrique, les Chinois ont également repris la gestion de certains sites stratégiques importants comme les ports. En Angola, la tendance sera de céder une partie du patrimoine ", prévient Vieira Lopes, qui regrette le manque d'informations pouvant accompagner le processus de remboursement car "le gouvernement utilise de moyens fantasques et habiles dans le but de préserver les intérêts de ses membres ".
José Severino, président de l'Association industrielle d'Angola, a une opinion plus réservée. Il ne croit pas que l'exécutif puisse renoncer à sa souveraineté. José Severino affirme: "un haut dirigeant d'entreprise chinois est détenu en Chine pour corruption et, pour cette raison, en Angola, on a la présomption qu'une grande partie de la dette angolaise est infectée de vices et ne doit pas seulement être certifiée en interne".
Severino ajoute que "le gouvernement est calme, et les entrepreneurs ne sont pas d'accord pour céder une quelconque partie du patrimoine ou quelques actifs physiques aux créanciers (les banques) et non au gouvernement chinois".
Début 2019, un rapport du Centre d'études et de recherche scientifique (CEIC) de l'Université catholique d'Angola a révélé que la dette de l'Angola envers la Chine est passée de 23,2 milliards de dollars en 2017 à 22,8 milliards à la fin du premier trimestre de l'année dernière.
Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.
Source: angonoticias

samedi 23 mai 2020

Le Général Lourenço et le Mpla sont à bout de souffle. Quid du changement promis?

Si des élections étaient organisées en ce moment, en toute transparence en Angola, le Mpla, malgré toutes les gesticulations du pouvoir en place, aurait d'énormes difficultés de les gagner. Pour cause, depuis le 23 septembre 2017, date à laquelle le général Lourenço a accepté d'assumer le rôle de président de l'Angola, sous la bannière de la lutte contre la corruption, l’opinion observe qu’en deux ans et démi après son arrivée au pouvoir, le pays reste embourbé dans les décombres de l'ancien régime, un régime auquel il a appartenu, un régime de corruption. Et depuis, rien n'a changé. La jeunesse attend toujours les 500.000 emplois promis.
L'Angola n'est pas encore sorti de la corruption, affirment certains observateurs, pas même de la tyrannie ou de la dictature qui font la couleur du pouvoir du MPLA. Les conditions sociales du petit peuple et la santé économique du pays se sont gravement détériorées depuis l'arrivée du général Lourenço au pouvoir. Le rêve des jeunes angolais, qui ont cru en lui, est resté à l'état de rêve. La mauvaise qualité de l'enseignement et le chômage endémique ont fini par les désillusionner. Ils commencent à se demander si l'Angola changera un jour pour le mieux. Pire encore, la lutte contre la corruption que le régime brandit quotidiennement pour calmer les esprits faibles ne sert finalement qu'à punir les menus fretins d'hier et d'aujourd'hui, tandis que les gros requins et les baleines, barons du régime, continuent de se la couler douce, manifestant dernièrement sans vergogne leur intention d'acheter, dans le cadre d'une éventuelle privatisation, Sonangol et de devenir les "propriétaires" de l'Angola. La Sonangol, cette vache à lait de l'Angola,  risque de devenir une entreprise privée et cesser d'être un bien du peuple angolais. Ce sont ces mêmes “marimbondos” (félons) qui s'apprêtent à tout acheter, mais alors tout, et veulent laisser le pays sans actions financières. Cela conduira inexorablement à l’esclavage du peuple par ses propres dirigeants. L'inquiétude de l’opinion publique en ce moment précis, est que la lutte de JLo contre la corruption ne sauve pas le pays de la corruption parce que pendant qu'il s’attaque au passé, ce qui est très louable, des milliers et des milliers de ses camarades, membres de son parti, pratiquent impunément la corruption, en commençant par les dirigeants du pays, c'est-à-dire ceux qui détiennent le pouvoir et croient être les propriétaires de tout. Dans cette structure de pouvoir de type monarchique, comme c'est réellement le cas en Angola d'aujourd'hui, les camarades du Mpla veulent transformer l'Angola en une propriété privée. Dans tout ça, quelle est la place qu'occupent ceux qui pensent différemment? Je rappelle ici que ceux qui sont complices d'un passé de corruption sont les mêmes qui sont aux commandes dans le pays. Lorsque des messieurs avec des procédures judiciaires au Portugal, des sieurs pour lesquels la justice angolaise a promis un jugement en Angola, se retrouvent aujourd'hui totalement libres, il y a vraiment de quoi se poser des questions. Bien que, par définition constitutionnelle, João Lourenço soit le sommet de la pyramide d'une République, il jouit en pratique d'attributs identiques à ceux d'un monarque des régimes historiques:«Je suis l'État, proclamait le roi Louis XIV de France». Il vous souviendra qu'Angola le parlement angolais n'a pas le droit d'interpeller les ministres de João Lourenço. À l'image de Deng Ciao Ping, auquel il s'identifie, il est le centre de tout. Rien ne se fait sans son consentement. Lorsqu'il nomme quelqu'un à un portefeuille ministériel, il agit comme s'il lui accordait une faveur. Les règles de choix sont dictées par des critères de relation personnelle, d'amitié et aussi par des liens de fidélité au parti et aux groupes pro-Lourencistes, et jamais par des critères de mérite, de carrière professionnelle, de compétence individuelle et autres qualités qui caractérisent chaque individu à être nommé. Le général Lourenço ne marche-t-il pas sur les traces de son prédécesseur? C'est l'ADN du Mpla.
Depuis que le général est au pouvoir, les médias angolais l'ont ménagé pour ne pas porter atteinte à sa crédibilité et gêner ses actions politiques. Mais au fil des mois, la lumière au bout du tunnel social des Angolais s'est éloignée de plus en plus. Et cela commence à fatiguer le peuple qui émet des signes d'impatience. On entend dans la rue des refléxions comme: "les habitudes et les magouilles sont restées les mêmes que par le passé". La corruption est-elle devenue un art?

mercredi 6 mai 2020

Le Mpla envisage-t-il déjà un 3° mandat pour Joâo Lourenço ?

Incroyable! Alors que le pays, depuis 2014, n'arrive pas à sortir de la crise économique dans laquelle il se trouve, voilà qu'un groupe d'adulateurs, en pleine pandémie de Covid-19, lance à Luanda un débat sur un éventuel 3°mandat pour Joâo Lourenço. Ces courtisans réunis au sein de la nouvelle cellule psychologique réactivée par JLo et logée à la présidence de la République s'illustrent depuis un certain temps par des coups bas contre l'opposition politique, très précisément contre l'Unita de Adalberto Costa. Cette stratégie consiste à réactualiser le logiciel du système de parti unique que le Mpla, à travers un certain Norberto Garcia, ténor de la cellule. Parler d'un 3°mandat alors que le premier est un échec et le deuxième improbable, c'est mettre la charrue avant les boeufs. À moins que les résultats des élections de 2022 ne soient déjà connus. Si non, pourquoi cette précipitation? L'Angola a connu trois présidents de la République. Le premier est mort avant d'avoir fini son mandant. Le deuxième s'est illustré par des méthodes peu recommandables. Le troisième n'était pas préparé pour occuper les fonctions de Chef de l'État. L'adhésion populaire à son programme de lutte contre la corruption n'a pas suffit à le placer sur orbite. L'Angola a besoin d'un leader dont le profil doit correspondre à ceci: Un vrai leader ne contracte pas la “peste des flatteurs”, il est vacciné à l'avance contre toutes sortes de flatteries pour dénoncer et s’assumer contre la courtisanerie.
Le vrai leader n'est attaché qu'à la justice, au bien commun, à la bonne gestion des affaires publiques, aux libertés et à la démocratie, par aversion pour la flatterie ennemie de vérité et de citoyenneté.
Le vrai leader ne fait pas de discours contraires à la pratique quotidienne, afin de ne pas finir aussi agaçant que les mercenaires de l'adulation.
Un vrai leader n'hypothèque jamais l'avenir, niant l'éducation aux jeunes qui constituent l’avenir du pays, par attachement au pouvoir du présent.
Un vrai leader ne cultive pas la colère, la haine, la discrimination, afin de ne pas courir le risque de se réveiller un jour, surpris, le pantalon à la main, face au grand bruit de l'indignation populaire, aux portes du Palais, du fait de la souveraineté citoyenne qui a brisé toutes les barrières militaires, suppression, totalitarisme, mauvaise gouvernance, inflation, impôts élevés, chômage, etc.
Le véritable chef ne blâme pas le passé, mais attise le feu du présent pour tempérer l'acier d’un lendemain meilleur.
Un vrai leader n'ouvre pas sans contrôle l'économie aux capitaux étrangers, véritable requin des affaires et du néocolonialisme économique.  Un vrai leader a la pédagogie de l'écoute plurielle, pour ne pas être surpris par les bouleversements sociaux, l'indifférence, le mépris et l'humiliation des citoyens.
Le vrai leader, attaché aux concepts sublimes de LIBERTÉ ET DÉMOCRATIE, rejette, pour les valeurs morales et éthiques et, surtout, la honte au visage, toute comparaison avec le roi français du XVIIe siècle, Louis XIV, en raison de l'expression ignoble, prononcée le 14 Mai 1643 : « L'état c'est moi », c'est-à-dire en portugais : “ o Estado, sou eu”.
Un vrai leader est digne quand il met plus de 50% des redevances des richesses du pays (pétrole, gaz et minérais), quand le pays a ces richesses, au service de l’éducation nationale en vue de développer les priorités du pays et non d'une éducation d’orientation occidentale totalement éloignée des réalités des peuples autochtones.
Un vrai leader se bat pour que l'enseignement soit obligatoire et gratuit jusqu'au niveau universitaire.
Malheureusement, même au milieu du 21e siècle, l'Angola et de nombreux autres pays du monde manquent de cette espèce rare de grand homme.
Si quelqu'un émerge parmi nous, qui en sera reconnaissant ?

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.

Source: Folha8

jeudi 16 avril 2020

Deux éminents membres du MPLA cités dans une enquête de l'OCCRP.

Deux éminents membres de l'élite politique angolaise ont été cités
comme suspects dans le transfert de centaines de millions de dollars hors de l'Angola, dans un document publié ce lundi 13 mars, par l'Organisation pour les enquêtes sur le crime organisé et la corruption (OCCRP).
L'ancien vice-président angolais Manuel Vicente et le général Leopoldino «Dino» Fragoso do Nascimento, ancien chef de la communication de la présidence, à l'époque de José Eduardo dos Santos, sont les deux éminents membres du Mpla mentionnés dans le document. L'enquête signée par Khadija Sharife et Mark Anderson du OCCRP révèle que des entités angolaises officielles et des directeurs de banques ont détourné des centaines de millions de dollars du pays et créé leur propre réseau bancaire à travers lequel ils ont envoyé de l'argent au Portugal et dans d'autres pays de l'Union européenne. Ce réseau a acheminé au moins 324 millions de dollars via ses banques, la majorité venant d'Angola, et 257 millions supplémentaires ont été détectés dans des entreprises européennes ayant des liens très proches avec ces entités, ajoute l'OCCRP. Le système a été détecté lors de deux audits effectués au Portugal il y a quatre ans, qui ont conclu que des dizaines de lois bancaires portugaises et européennes avaient été violées, mais malgré cela, le réseau continue de fonctionner jusqu'aujourd'hui. Ces deux hommes qui ont travaillé en étroite collaboration avec l'ancien président José Eduardo dos Santos semblent être les architectes du système », dénonce l'organisation. Cette affirmation indique clairement que le vice-président de la République d'alors, Manuel Vicente, et le général Leopoldino« Dino »Nascimento, ancien chef de la communication de Dos Santos sont impliqués jusqu'au cou dans les détournements de fonds en l'Angola. L'organisation ajoute que plus d'une douzaine «d'entités influentes» et leurs familles ont utilisé le système, y compris des sociétés prétendument associées à Isabel dos Santos. Beaucoup de ces fonds auraient été détournés de diverses sociétés du groupe Sonangol et d'autres sources publiques, dont plus de 150 millions de dollars de prêts accordés par la Banque nationale d'Angola, qui, selon l'OCCRP, n'ont jamais été remboursés. Toujours selon l'organisation, le groupe exerçait un contrôle sur les plus grands créanciers angolais, dont la Banque africaine d'investissement, la Banco Negócios Internacional et la Banco Privado Atlantic, pour s'étendre plus tard à leurs succursales à l'étranger, où ils sont devenus actionnaires et clients. Cela, selon le document, «leur a permis de transférer de grosses sommes d'argent via un réseau de banque privée sans aucune possibilité de contrôle.
Dans le cas de la Banque africaine d'investissement, il y avait des gens qui ont obtenu des actions de la banque sans frais, affirme l'OCCRP. Parmi les fondateurs de la banque se trouve Manuel Vicente. Une banque dont la création fut autorisée par Mário Palhares, ancien vice-gouverneur de la Banque nationale d'Angola. Les succursales de ces banques au Portugal et au Cap-Vert n'ont pas mis en place de processus de contrôle du blanchiment d'argent, bien qu'elles aient peu de clients. Le même document indique que ces institutions financières ont réalisé peu de bénéfices ou même travaillé à perte parce que le profit n'était pas leur objectif principal. Au Cap-Vert, la Banco Privado Internacional, étrangement,  n'avait aucune présence physique dans le pays, à l'exception d'une boîte postale à Praia. Il convient de noter que Manuel Vicente détenait 35% des actions, Mário Palhares 30% et le général João de Matos 25%. Je rappelle ici encore une fois que l'enquête est signée par Khadija Sharife et Mark Anderson. L'Organized Crime and Corruption Investigation Project (OCCRP) est une plateforme de reportage d'investigation pour un réseau mondial croissant de médias indépendants et de journalistes. L'équipe est composée d'éditeurs, de chercheurs, d'analystes de données et de cybersécurité, d'administrateurs et de spécialistes dans plusieurs domaines.
Va-t-on assister à la fin de la sélectivité dans la lutte contre la corruption en Angola? 
Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.
Source/traduction : angola24horas