jeudi 16 avril 2020

Deux éminents membres du MPLA cités dans une enquête de l'OCCRP.

Deux éminents membres de l'élite politique angolaise ont été cités
comme suspects dans le transfert de centaines de millions de dollars hors de l'Angola, dans un document publié ce lundi 13 mars, par l'Organisation pour les enquêtes sur le crime organisé et la corruption (OCCRP).
L'ancien vice-président angolais Manuel Vicente et le général Leopoldino «Dino» Fragoso do Nascimento, ancien chef de la communication de la présidence, à l'époque de José Eduardo dos Santos, sont les deux éminents membres du Mpla mentionnés dans le document. L'enquête signée par Khadija Sharife et Mark Anderson du OCCRP révèle que des entités angolaises officielles et des directeurs de banques ont détourné des centaines de millions de dollars du pays et créé leur propre réseau bancaire à travers lequel ils ont envoyé de l'argent au Portugal et dans d'autres pays de l'Union européenne. Ce réseau a acheminé au moins 324 millions de dollars via ses banques, la majorité venant d'Angola, et 257 millions supplémentaires ont été détectés dans des entreprises européennes ayant des liens très proches avec ces entités, ajoute l'OCCRP. Le système a été détecté lors de deux audits effectués au Portugal il y a quatre ans, qui ont conclu que des dizaines de lois bancaires portugaises et européennes avaient été violées, mais malgré cela, le réseau continue de fonctionner jusqu'aujourd'hui. Ces deux hommes qui ont travaillé en étroite collaboration avec l'ancien président José Eduardo dos Santos semblent être les architectes du système », dénonce l'organisation. Cette affirmation indique clairement que le vice-président de la République d'alors, Manuel Vicente, et le général Leopoldino« Dino »Nascimento, ancien chef de la communication de Dos Santos sont impliqués jusqu'au cou dans les détournements de fonds en l'Angola. L'organisation ajoute que plus d'une douzaine «d'entités influentes» et leurs familles ont utilisé le système, y compris des sociétés prétendument associées à Isabel dos Santos. Beaucoup de ces fonds auraient été détournés de diverses sociétés du groupe Sonangol et d'autres sources publiques, dont plus de 150 millions de dollars de prêts accordés par la Banque nationale d'Angola, qui, selon l'OCCRP, n'ont jamais été remboursés. Toujours selon l'organisation, le groupe exerçait un contrôle sur les plus grands créanciers angolais, dont la Banque africaine d'investissement, la Banco Negócios Internacional et la Banco Privado Atlantic, pour s'étendre plus tard à leurs succursales à l'étranger, où ils sont devenus actionnaires et clients. Cela, selon le document, «leur a permis de transférer de grosses sommes d'argent via un réseau de banque privée sans aucune possibilité de contrôle.
Dans le cas de la Banque africaine d'investissement, il y avait des gens qui ont obtenu des actions de la banque sans frais, affirme l'OCCRP. Parmi les fondateurs de la banque se trouve Manuel Vicente. Une banque dont la création fut autorisée par Mário Palhares, ancien vice-gouverneur de la Banque nationale d'Angola. Les succursales de ces banques au Portugal et au Cap-Vert n'ont pas mis en place de processus de contrôle du blanchiment d'argent, bien qu'elles aient peu de clients. Le même document indique que ces institutions financières ont réalisé peu de bénéfices ou même travaillé à perte parce que le profit n'était pas leur objectif principal. Au Cap-Vert, la Banco Privado Internacional, étrangement,  n'avait aucune présence physique dans le pays, à l'exception d'une boîte postale à Praia. Il convient de noter que Manuel Vicente détenait 35% des actions, Mário Palhares 30% et le général João de Matos 25%. Je rappelle ici encore une fois que l'enquête est signée par Khadija Sharife et Mark Anderson. L'Organized Crime and Corruption Investigation Project (OCCRP) est une plateforme de reportage d'investigation pour un réseau mondial croissant de médias indépendants et de journalistes. L'équipe est composée d'éditeurs, de chercheurs, d'analystes de données et de cybersécurité, d'administrateurs et de spécialistes dans plusieurs domaines.
Va-t-on assister à la fin de la sélectivité dans la lutte contre la corruption en Angola? 
Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.
Source/traduction : angola24horas