lundi 16 avril 2018

La responsabilité de Dos Santos dans la tentative de détournement des 500 millions de dollars de la BNA.


 
Certains d’entre nous sont souvent désorientés lorsqu’ils lisent quelque part : « Ne jugez point, afin  de ne pas être jugés ». Ils sont désorientés parce qu’ils se demandent si cette injonction qui leur interdit d’adopter une attitude restrictive et sévère envers l’autre est aussi valable pour les personnes à qui ils ont confié le pouvoir d’administrer leur pays. La démocratie étant une forme de gouvernement dont la souveraineté appartient au peuple, les responsables politiques élus sont appelés à rendre compte à leurs électeurs qui jugent et se prononcent sur leur efficacité. Ne pas  juger ces élus s’apparente à une démission du peuple de son devoir de citoyen.  

Dans l’affaire qui défraye la chronique à Luanda, celle relative à la tentative de détournement de 500 millions de dollars par José Filomeno dos Santos (fils du président sortant) et Valter Filipe, toute la société angolaise sait combien il est important d’enquêter sur la responsabilité criminelle de toutes les personnes ayant participé de près ou de loin, consciemment ou inconsciemment, à cette tentative de vol. Parmi ces personnes, il y a José Eduardo dos Santos.

Depuis la découverte de cette magouille, l’opinion publique angolaise s’est rendu compte de deux erreurs de procédure commises (délibérément ?) par le Procureur général de la République.          
La première : embobiné par son fils Zenu, Dos Santos, à quelques jours de la fin de son mandat, a donné à la BNA (Banque Nationale d’Angola) l’ordre de transférer à une banque suisse une importante somme d’argent (des millions de dollars). S’il y a réellement une enquête judiciaire pour définir les responsabilités dans cette affaire, l’ex-président Dos Santos doit être entendu soit comme témoin soit comme accusé. C’est lui le donneur d’ordre. Comment peut-on accuser deux personnes, en l’occurrence José Filomeno dos Santos et Valter Filipe (ex-gouverneur de la BNA) si celui qui a donné l’ordre de virement n’est pas entendu pour expliquer sa version ? Or, sans l’implication de Dos Santos dans l’enquête, l’investigation n’aura aucune base juridique légale.      
La deuxième : le manque des mesures ordonnant le gel des comptes bancaires de Zenu et de son ami Jorge Sebastiâo, président de MAIS FINANCIAL SERVICES qui a bénéficié, dans un autre dossier de malversation financière, d’une somme de plus de 20 millions de dollars qui, logiquement, doivent être remboursés à la BNA. À cet effet, la manière la plus simple de garantir la récupération de cet argent est tout simplement de geler les comptes bancaires des accusés. Le fait que le PGR n’ose pas ordonner le gel de ces comptes démontre combien son allégeance à l’ex-président est forte ou alors qu’il n’a aucune foi dans cette affaire. Sinon, pourquoi José Eduardo dos Santos n’est pas entendu ? Pourquoi les comptes bancaires de Zenu et de Jorge Sebartiâo ne sont-ils pas bloqués?

Selon un communiqué du Ministère des Finances rendu public à Luanda, l’auteur affirme la responsabilité de Dos Santos dans le transfert litigieux des 500 millions de dollars à une banque anglaise en 2017. Cette affirmation situe les faits reprochés à Zenu et Valter Filipe à l’époque de la présidence de Dos Santos. Le communiqué explique que le gouvernement de JES a transféré en juillet et août 2017 les sommes de 24,8 millions et 500 millions de dollars. Le même communiqué indique que (heureusement) il y a eu une sérieuse vérification de la part de la banque anglaise qui a jugé opportun d’alerter les autorités angolaises de la singularité de ce transfert d’argent. Le président Dos Santos en poste à ce moment n’a pas tenu compte (volontairement ?) de cet avertissement.

Hormis le fait que les dirigeants du Mpla ont pillé le pays à leur guise, je pense qu’il est temps que l’Angola se forge une économie prospère qui garantit une opportunité pour tous les Angolais. Nous espérons que le mécanisme qui est en train de se mettre en place à Luanda  pour récupérer les fonds volés et cachés à l’étranger sera suffisamment efficace pour assainir nos finances. En attendant, nous ne pouvons pas continuer à pleurnicher sur notre malheur. C’est le grand défi pour Joâo Lourenço, abstraction faite de la lutte pour la moralisation de la société et l’instauration de l’État de droit. Car, dans le domaine de l’économie, il n’y a eu, en six mois de pouvoir, aucune réforme. De l’avis de plusieurs Angolais, il faut un programme économique audacieux qui mobilise la population. L’augmentation du prix du baril de pétrole de 56,86 $ à 67,00/70,00$, en Sept.2017, est une bonne nouvelle pour le pays. La question maintenant que nous nous posons, à la lumière de ces données, où passe cette plus-value ? Dans la Santé, l’Éducation, les Infrastructures ?

Je vous laisse réfléchir à toutes ces questions.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M.Scotty.               

samedi 7 avril 2018

Un pas en avant...un pas en arrière, l'hésitation est source de complication.


Contrairement à son collègue Paul Biya du Cameroun, qui a su mettre en place des mesures efficientes pour traquer les voleurs de deniers publics, Joâo Lourenço éprouve quelques difficultés à s’extraire de l’emprise de son parti auquel il est intimement lié. Au Cameroun, Paul Biya fait la chasse aux voleurs de fonds publics et les résultats sont palpables. La plupart d’entre eux sont à la Prison centrale de Kondengui où ils attendent leur procès. Ceux qui ont tenté de s’enfuir ont été rattrapés par la police et jetés en prison.

En Angola, l’opération pour mettre à l’ombre tous ceux qui ont volé et caché l’argent de l’État à l’étranger connait beaucoup des ratés. Le menu fretin casque tandis que les gros poissons bénéficient d’une présomption d’innocence que le public ne s’explique pas. Comme dans un scénario préparé d’avance, après l’épisode des révoqués, on assiste actuellement à une valse des accusés. Tout porte à croire que le pays vit pour le moment une intense phase de justice parce que le combat se passe maintenant dans les tribunaux criminels. De l’avis de tous, ce moment est intéressant et important, car contrairement à ce qu’on peut faire croire, il fera resplendir une forte lumière sur les fragilités du système judiciaire angolais. Beaucoup de cas, les uns déjà confirmés, les autres en étude, sont sur la table du Procureur général de la République (PGR) : Filomeno dos Santos, Valter Filipe, Norberto Garcia, Balarmino Van-Dunen auxquels s’ajoute le général Nunda, dont le délit est encore en analyse, sont les accusés VIP qui défraient la chronique à Luanda. Au cas où les enquêtes sur la dette publique avanceraient rapidement, d’autres VIP viendraient s’ajouter à la liste : Isabel dos Santos, Général Helder Kopelipa et autres. Le phénomène des accusés « 1°classe » est nouveau pour le système judiciaire angolais. Pour tous les Angolais, c’est, de facto, un défi intense pour leur société. Au-delà de la confiance que cette même société place dans le nouveau président, une question revient souvent dans les conversations : pourquoi ces accusés ne sont-ils pas en prison alors que la Justice est en possession de tous les éléments concordants qui peuvent conduire à leur incarcération ? La vérité est que dans le système judiciaire angolais tel que conçut par le régime Dos Santos, un citoyen lambda peut aller en prison pour une broutille alors qu’un dignitaire du régime est au-dessus des lois. Un exemple entre autres : en 2016, le citoyen António Miguel a été arrêté et placé en détention provisoire pour avoir passé la nuit dans la voiture d’un voisin alors qu’il était dans un état  d’ébriété avéré. Si pour un cas de cette nature un citoyen va en prison, maintenant que l’on parle de détournements de fonds, abus de confiance, blanchiment d’argent, et personne ne va en prison ? Finalement, en observant ce qui se passe, la société angolaise est perplexe craignant que toutes les promesses faites pendant la campagne électorale et tout le scénario, auquel on assiste, ne soient qu’une magistrale propagande. La realpolitik est-elle eu raison des intentions exprimées pendant la campagne électorale ? Sinon, il existe dans l’arsenal des lois qui régissent le pays une procédure graduelle qui va de l’interpellation à la condamnation. Il revient au Ministère public de veiller à la mise en œuvre de ladite procédure. Dans le cas de ces accusés VIP,  deux faits soulèvent de sérieuses interrogations dans l’opinion nationale et internationale quant aux appréciations que le Ministère public (MP) réalise en matière d’application des mesures coercitives. Le premier est celui de la perplexité qui se situe au niveau d’éventuelles fuites des accusés. La majorité d’entre eux ont des maisons à Lisbonne, Paris ou Londres. Ils ont des comptes bancaires à l’étranger et ont la facilité d’accéder à des jets privés ou des yachts rapides. Il y a de ce fait un gros risque de fuite. Le deuxième fait qui n’est peut-être pas suffisamment évalué par le MP est la tranquillité publique. Des hommes et des femmes suspects d’avoir "volé" ou "tentés de voler" des millions de dollars continuent à se la couler douce, laisse entrevoir de sérieuses hypothèses de perturbation de la tranquillité publique. Car stupéfaite devant l’impunité dont bénéficient ces « voleurs VIP »  la population peut se permettre de braver certains interdits et troubler l’ordre public. « Si les VIP volent et ne vont pas en prison, moi aussi je peux faire pareil », pensent certains délinquants potentiels. La possibilité que des VIP accusés de vols soient victimes de la furie de la population n’est pas à écarter. Ce qui s’est passé dernièrement à Malanje est une illustration de la volonté du peuple de se défaire des dirigeants malhonnêtes. Des jets de pierre ont accueilli le cortège du Vice-président lors de son passage à Malanje. Le peuple réclame l’exonération de Norberto dos Santos (Kwata Kanawa), gouverneur de Malanje, pour incompétence et improbité dans la gestion de la province.  Voilà un comportement qui peut facilement faire tache d’huile.

Vivement les élections locales pour que le peuple puisse se choisir librement ses dirigeants provinciaux, municipaux et communaux. Ainsi, nous aurons les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. 

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M.Scotty

 

Source : makaangola.