Certains d’entre nous sont souvent désorientés lorsqu’ils lisent quelque part : « Ne jugez point, afin de ne pas être jugés ». Ils sont désorientés parce qu’ils se demandent si cette injonction qui leur interdit d’adopter une attitude restrictive et sévère envers l’autre est aussi valable pour les personnes à qui ils ont confié le pouvoir d’administrer leur pays. La démocratie étant une forme de gouvernement dont la souveraineté appartient au peuple, les responsables politiques élus sont appelés à rendre compte à leurs électeurs qui jugent et se prononcent sur leur efficacité. Ne pas juger ces élus s’apparente à une démission du peuple de son devoir de citoyen.
Dans l’affaire qui défraye la
chronique à Luanda, celle relative à la tentative de détournement de 500
millions de dollars par José Filomeno dos Santos (fils du président sortant) et
Valter Filipe, toute la société angolaise sait combien il est important
d’enquêter sur la responsabilité criminelle de toutes les personnes ayant
participé de près ou de loin, consciemment ou inconsciemment, à cette tentative
de vol. Parmi ces personnes, il y a José Eduardo dos Santos.
Depuis la découverte de cette
magouille, l’opinion publique angolaise s’est rendu compte de deux erreurs de
procédure commises (délibérément ?) par le Procureur général de la
République.
La
première : embobiné par son fils Zenu, Dos Santos, à quelques jours de la
fin de son mandat, a donné à la BNA (Banque Nationale d’Angola) l’ordre de
transférer à une banque suisse une importante somme d’argent (des millions de
dollars). S’il y a réellement une enquête judiciaire pour définir les
responsabilités dans cette affaire, l’ex-président Dos Santos doit être entendu
soit comme témoin soit comme accusé. C’est lui le donneur d’ordre. Comment
peut-on accuser deux personnes, en l’occurrence José Filomeno dos Santos et
Valter Filipe (ex-gouverneur de la BNA) si celui qui a donné l’ordre de
virement n’est pas entendu pour expliquer sa version ? Or, sans l’implication
de Dos Santos dans l’enquête, l’investigation n’aura aucune base juridique
légale.
La
deuxième : le manque des mesures ordonnant le gel des comptes bancaires de
Zenu et de son ami Jorge Sebastiâo, président de MAIS FINANCIAL SERVICES qui a
bénéficié, dans un autre dossier de malversation financière, d’une somme de plus
de 20 millions de dollars qui, logiquement, doivent être remboursés à la BNA. À
cet effet, la manière la plus simple de garantir la récupération de cet argent
est tout simplement de geler les comptes bancaires des accusés. Le fait que le
PGR n’ose pas ordonner le gel de ces comptes démontre combien son allégeance à
l’ex-président est forte ou alors qu’il n’a aucune foi dans cette affaire. Sinon,
pourquoi José Eduardo dos Santos n’est pas entendu ? Pourquoi les comptes
bancaires de Zenu et de Jorge Sebartiâo ne sont-ils pas bloqués?
Selon un communiqué du Ministère
des Finances rendu public à Luanda, l’auteur affirme la responsabilité de Dos
Santos dans le transfert litigieux des 500 millions de dollars à une banque
anglaise en 2017. Cette affirmation situe les faits reprochés à Zenu et Valter
Filipe à l’époque de la présidence de Dos Santos. Le communiqué explique que le
gouvernement de JES a transféré en juillet et août 2017 les sommes de 24,8
millions et 500 millions de dollars. Le même communiqué indique que
(heureusement) il y a eu une sérieuse vérification de la part de la banque
anglaise qui a jugé opportun d’alerter les autorités angolaises de la
singularité de ce transfert d’argent. Le président Dos Santos en poste à ce
moment n’a pas tenu compte (volontairement ?) de cet avertissement.
Hormis le fait que les dirigeants
du Mpla ont pillé le pays à leur guise, je pense qu’il est temps que l’Angola
se forge une économie prospère qui garantit une opportunité pour tous les
Angolais. Nous espérons que le mécanisme qui est en train de se mettre en place
à Luanda pour récupérer les fonds volés
et cachés à l’étranger sera suffisamment efficace pour assainir nos finances. En
attendant, nous ne pouvons pas continuer à pleurnicher sur notre malheur. C’est
le grand défi pour Joâo Lourenço, abstraction faite de la lutte pour la
moralisation de la société et l’instauration de l’État de droit. Car, dans le
domaine de l’économie, il n’y a eu, en six mois de pouvoir, aucune réforme. De
l’avis de plusieurs Angolais, il faut un programme économique audacieux qui
mobilise la population. L’augmentation du prix du baril de pétrole de 56,86 $ à
67,00/70,00$, en Sept.2017, est une bonne nouvelle pour le pays. La question
maintenant que nous nous posons, à la lumière de ces données, où passe cette
plus-value ? Dans la Santé, l’Éducation, les Infrastructures ?
Je vous laisse réfléchir à toutes
ces questions.
Sobamasoba, l’analyse politique
qui informe.
Eduardo M.Scotty.