Le 26 novembre 2016, cette date
vous dit-elle quelque chose ? Non ? Je m’en doutais. C’est le jour
que la société civile angolaise avait choisi pour organiser à Luanda une manifestation
contre la nomination d’Isabel dos Santos à la tête du Conseil d’administration
de Sonangol. Une entorse à la loi sur la probité. La demande en annulation déposée
par un groupe d’avocats n’ayant pas abouti, un petit comité de patriotes
composé de Marcolino Moco (frondeur du Mpla), William Tonet (journaliste
Folha8), Luaty Beirâo (du procès 15+2), David Mendes (Mâo livre, avocat) et
Sizaltina Cutaia ont décidé de braver la peur du régime et d’organiser une
manifestation pour protester contre l’attitude complice du tribunal suprême
dans le dossier « Isabel dos Santos-Sonangol ». L’organisation des
manifestations ne requérant aucune autorisation, selon la constitution
angolaise, 45 jours avant le 26 novembre, une note d’information par laquelle
les organisateurs demandaient aux autorités urbaines de sécuriser les abords de
la place du 1°Maio pour éviter tout débordement, fut adressée au gouverneur de
la ville. C’est la procédure. On croirait que le respect de la constitution
était entré dans les mœurs. Erreur. Deux jours avant l’événement, un communiqué
de l’Autorité urbaine interdisait la manifestation sous prétexte que le Conseil
des églises chrétiennes en Angola avait prévu d’organiser à cette date et sur le
même parcours une manifestation ayant pour thème « le rôle de la femme
religieuse dans la consolidation de la paix en Angola ». Foutaise !
Lorsque j’ai eu connaissance de
cette information, je me suis rappelé ce qui se passe actuellement dans la très
démocratique République du Congo (RDC) avec le président Joseph Kabila. Dans ce
pays voisin de l’Angola, chaque fois que les partis d’opposition décident, pour
une raison ou pour une autre, d’organiser un meeting ou une quelconque
manifestation, les chefs de la police organisent un match de football (de
5heures du matin à 18 heures) à l’endroit prévu pour le meeting afin de les
empêcher de s’exprimer. Nulle part ailleurs en Afrique on ne peut assister à ce
genre d’écrasement. Seule la région de l’Afrique centrale est en
train de devenir le creuset des méthodes d’oppression dignes de machiavels.
Après les changements de constitutions en Angola, au Burundi, au Rwanda, au
Congo et au Tchad, le musellement des opposants par ce nouveau procédé qui
apparemment ne viole aucune loi s’est déjà étendu au Gabon. Et demain…
Revenons au cas de l’Angola qui
nous intéresse le plus. L’État, pour justifier l’annulation de la manifestation
du 26 novembre, a utilisé le Conseil des églises chrétiennes en Angola (CICA) dont
le rôle dans le scénario parait peu structurant. Nous sommes tous d’accord pour
dire que les femmes ont, indiscutablement, le droit d’exercer de la manière
qu’elles désirent leur liberté religieuse dans notre pays qui est un État laïc.
Mais, que le CICA apparaisse au milieu d’un imbroglio d’histoires mal contées
me rappelle des positionnements politiques qui avilissent l’image de l’Église.
Est-ce le cas ? Peut-on affirmer que le CICA est inféodé au Mpla ? Il
existe parfois des coïncidences qui nous obligent à nous interroger. Parce que
la réalisation d’une marche pour la paix à une date hors du contexte et qui
coïncide avec une autre manifestation convoquée par la société civile et qui a été largement divulguée ouvre
sincèrement des brèches pour plusieurs interprétations. À moins que quelque
chose d’extraordinaire soit arrivé, on imagine mal la main de Dieu dans cette
coïncidence.
Dénoncer une telle posture ne
fait pas de moi un opposant. Ceux qui croient que je suis contre le Mpla se
trompent sur toute la ligne. Ce que je condamne, c’est la politique et les
méthodes du Mpla. Dans leurs agissements il n’y a pas de place pour le peuple.
Sinon pourquoi il y aurait autant de pauvres dans notre pays ? « Avec
cette posture, le Mpla est en train de semer les graines de la révolte sociale »
a dit William Tonet. A-t-il
raison ?
Sobamasoba, l’analyse politique
qui informe.
Eduardo Scotty Makiese.