samedi 17 février 2024

LA PEUR DE PERDRE LE POUVOIR GÉNÈRE AUTOCRATIE ET CORRUPTION.

La peur est un sentiment de forte anxiété  qu’un groupe d’hommes ou un homme développe en présence d’un danger ou d’une menace possible. Dans le cas de l’Angola, éclairant l’opinion publique sur leur peur de perdre le pouvoir, José Eduardo dos Santos, dans les « Confessions d’un homme d’État » de Solange Faria et Benja Satula, illustre en détail le comportement de ses camarades du Mpla depuis 1975. Lisez le court résumé ci-dessous pour vous faire une idée de leur fébrilité. S’il vous plaît lisez la suite.

« Parler de justice en Angola me fait honte, et me met en colère, raconte José Eduardo dos Santos, parce que j’ai été l’un de ceux qui ont le plus violé les lois du pays, en utilisant mes prérogatives de président de la République pour contrôler les tribunaux supérieurs. J’ai utilisé les présidents des tribunaux, constitutionnel et suprême, pour exécuter la volonté du parti (MPLA), une volonté générée par la peur. La peur  que tous les camarades ressentaient face à la vérité si nous n’avions plus le pouvoir après de nombreuses années de guérilla et de lutte armée. Les neuf années du camarade Rui Ferreira comme juge président du Tribunal suprême étaient exclusivement au service du parti, le Mpla, hormis les questions qui n’avaient pas d’intérêts politiques. C’est avec douleur et honte que je raconte ces faits, car les juges étaient payés et bien servis afin qu’ils ne discutent pas ou ne soulèvent pas de controverse en relation avec des décisions impliquant le parti ou tout membre occupant un poste de haute importance.  Et s’il n’en était pas ainsi, c’était un pion à abattre.

Bien que nous ayons créé la Haute Autorité de lutte contre la corruption, cela n’a pas fonctionné parce qu’avec l’aggravation de la guerre, il était nécessaire d'évaluer les intérêts qui étaient prévus pour tout projet qui devait être réalisé pour le pays. Nous savions que la corruption a toujours été un cancer, nous n’avions tout simplement aucun intérêt à la combattre, parce que l’intérêt partisan et personnel de certains camarades criait plus fort. La lutte contre la corruption était pareille à la lutte contre le MPLA en interne, peu de camarades s’en sortiraient indemnes 

Lorsque nous avons senti le vent du changement, nous avons responsabilisé la maison militaire, sous la direction du camarade Kopelipa, pour brûler les archives, afin que certains documents ne laissent aucune trace au cas où certains dossiers seraient mises au jour et impliqueraient nos noms dans la gestion des affaires publiques. La destruction  des archives n’a pas commencé en 2017, c’est une pratique qui a commencé bien avant la présidence de la République en 2017. De nombreux dossiers ont été brûlés pour qu’aucune trace ne soit laissée et que nous ne soyons pas pris de manière impromptue.

Les morts causées par le régime pendant la période qui a suivi l’indépendance étaient un signe avant-coureur que quelque chose de pire  était à venir, mais en aucun cas cela ne nous a arrêté ni emmener à réfléchir à la façon dont nous voulions voir l’Angola de demain. C’est avec beaucoup de douleur et de tristesse que je raconte ces faits, parce que j’ai honte du très bas niveau de misère intellectuelle auquel mes camarades et moi-même sommes tombés, tout cela à cause d’une maudite soif du pouvoir, et de ses bienfaits." 

Ce bref résumé des aveux de José Eduardo Dos Santos, ancien président du MPLA et de l’Angola, est une illustration de la catégorie des gens auxquelles les Angolais ont confié le pouvoir en Angola. Lisez "Confissôes de um Estadista" de Solange Faria et Benja Satula. 

Sobamasoba

Eduadro M.Scotty
















jeudi 14 décembre 2023

RÉCONCILIATION NATIONALE : UN IMPÉRATIF POUR L'ANGOLA.

C'est emmerdant de revenir plusieurs fois sur le même sujet alors que d'autres problèmes requièrent notre attention. Mais, quand il y va de l'intérêt de la nation, permettez que nous revenions sur le sujet.  Les joutes oratoires auxquelles nous assistons à l'Assemblée nationale ces derniers temps nous laissent souvent sans voix. Les parlementaires de la majorité nous offrent un spectacle désolant et inquiétant. La légèreté arrogante avec laquelle  ils abordent certains sujets  donne l'impression, plus de vingt ans après les accords de Luena, que le vainqueur (Mpla) a un ascendant sur le vaincu (Unita). Cette attitude insolente embastille  le pays dans une sorte d'immobilisme. Pourquoi? Tout simplement parce que les intérêts partisans sont placés au-dessus de l'intérêt national. Et voila le pays installé durablement dans une crise de confiance. Contrairement aux espoirs exprimés, les accords de Luena (2002) n'ont pas apporté la paix des esprits tant attendue par le peuple après une longue guerre. Et pourtant, la solution à ce problème réside simplement dans cet engagement patriotique  et rassurant qu'est la RECONCILIATION NATIONALE. C'est dommage que l'idée soit galvaudée par notre classe politique au point de perdre son sens le plus noble. Et quand nous en parlons, nous avons la nette impression de ne pas parler tous de la même chose. 

La réconciliation nationale n'est pas une simple  négociation qui débouche sur un accord fut-il très équilibré et très équitable. La réconciliation n'est pas un consensus, fut-il issu de l'agrément de toutes les parties qui auraient sacrifié une partie de leurs intérêts pour l'intérêt supérieur de la nation. Enfin, la réconciliation n'est pas une alliance autour d'un objectif, fut-il noble dans ses intentions. La réconciliation est un acte qui part de la profondeur du cœur de l'homme. Elle est d'abord exigence pour soi-même: exigence d'humilité pour accepter de s'abaisser et de céder volontairement devant l'autre même quand on a raison. Elle est une exigence d'honnêteté vis-à-vis de soi-même pour reconnaitre ses propres erreurs et ses insuffisances. Elle est exigence d'intégrité pour respecter en public et en privé les engagements pris vis-à-vis de l'autre partie. Elle est exigence de pardon pour accepter de passer l'éponge sur les erreurs et les fautes de l'adversaire. Elle est exigence d'amour, oui d'amour, pour faire confiance à l'adversaire et accepter de partager avec lui la même intention d'atteindre les mêmes objectifs. Dans ce cas, le bien-être du peuple. 

Pour toutes les parties en cause: la réconciliation nationale exige la restauration d'une confiance mutuelle entre les parties et le bannissement de l'hypocrisie qui conduit aux calculs stratégiques pour piéger l'autre. Sans cela, nous ne pouvons pas parler de la réconciliation. Et sans cette réconciliation nationale, nous ne pouvons rien entreprendre pour sortir de cette crise de confiance. Pour que demain ne soit pas comme aujourd'hui, œuvrons pour plus d'humilité, de modestie, d'honnêteté intellectuelle et d'intégrité. La réconciliation des cœurs implique à la fois la réconciliation avec soi-même et avec les autres. Angolais, reconcilions-nous. Le complexe de supériorité dont souffrent certains d'entre nous n'aide pas le pays à grandir. La réconciliation nationale n'est pas une solution magique à nos problèmes, mais c'est le début d'une solution durable. 

Sobamasoba

Eduardo M.Scotty.

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vendredi 20 octobre 2023

IMPEACHMENT, SUITE...ET FIN ?

 

Carolina Cerqueira, présidente de l'Assemblée nationale, sauve le président Joâo Lourenço de la destitution. C'est cette phrase qui devait faire le titre de cette analyse. Mais qu'à cela ne tienne. La démarche de l'UNITA/FPU n'a pas abouti. Ce n'est pas une surprise. Il fallait s'y attendre. Arithmétiquement, le résultat ne pouvait être en faveur de l'UNITA/FPU. C'est dans le secret des urnes que résidait la sentence promise au Mpla. Malheureusement, les "eduardistes", sur lesquels l'opinion comptait pour faire basculer la balance en faveur de la destitution de JLo, n'ont pas su ou pas pu exprimer leur soutien à la motion de l'UNITA/FPU. La rapidité avec laquelle la plénière est convoquée, le samedi passé, deux jours après avoir réceptionner l'acte d'accusation de l'UNITA/FPU, surprend l'opinion publique. Les députés, même ceux du camp du pouvoir, sont aussi surpris. Pourquoi cet empressement ? Les ordres sont venus d'en haut. Le MPLA est coincé. Solution: il faut vite évacuer ce dossier pour passer à autre chose. Joâo Lourenço doit présider l'ouverture de la nouvelle session parlementaire le lundi. Laisser sur ses épaules le poids d'une éventuelle destitution, c'est fragiliser l'homme et la fonction. Précipiter les choses parait, de l'avis du pouvoir, la meilleure issue.   Seulement, au sein de la majorité présidentielle, la confiance et la cohésion ne sont pas de mise. Craignant une désagréable surprise de la part des moutons noirs, Carolina Cerqueira passe en force en refusant de mettre en place la Commission spéciale sensée débattre du fondement et de la crédibilité des accusations de l'UNITA. C'est l'impasse. La plénière s'enflamme. Les députés se retiennent pour ne pas en venir aux mains. C'est par pur respect à leur institution. Une attitude qui les honore. Rappelez-vous en passant qu'on ne tient pas souvent compte de la loi quand la situation est en faveur du MPLA.  C'est quand elle est en faveur des opposants que la loi devient un bouclier pour justifier l'injustifiable. Quelle honte! 

Un choix partisan: Pas de Commission spéciale, pas de vote secret. Carolina Cerqueira a levé l'option de ne respecter ni la Constitution angolaise, ni le règlement de l'Assemblée nationale. Objectif: sauver le soldat Lourenço. La démocratie angolaise vient de vivre un triste épisode. Un épisode qui afflige le peuple. Ce même peuple à qui le MPLA a volé la victoire électorale en 2022 et qui espérait se débarrasser légalement de Lourenço pour rétablir la vérité des urnes. 

C'est dans ces circonstances que le Joâo Lourenço se présente, le lundi, devant tous les députés réunis à l'Assemblée nationale pour ouvrir la nouvelle année parlementaire. Comme il fallait s'y attendre, la tension est palpable dans la salle. Les événements de samedi sont encore présents dans les esprits. C'est dans cette ambiance que JLo fait son discours sur l'État de la Nation.  Plus de deux heures est le temps nécessaire pour lire un discours truffé d'inexactitudes et décrivant un pays qui ne correspond pas à celui que nous connaissons. Aucune perspective intéressante. Des promesses, toujours des promesses. Si tout est en rose, pourquoi continuons-nous à vivre dans la misère? Le peuple attend la réplique de l'UNITA.

Sobamasoba

Eduardo M.Scotty



dimanche 1 octobre 2023

CIVICOP : UNE ARME POLITIQUE ?

CIVICOP est une commission, enfantée  par le Mpla, pour l'implantation d'un plan de réconciliation en mémoire des victimes des conflits politiques. Pour un profane, l'idée d'une pareille commission ne peut que répondre au souhait des Angolais de pouvoir se réconcilier et de vivre ensemble dans la paix des esprits. Cependant, pour tout homme politique aguerri, la création de cette commission suscite des interrogations. Pourquoi et, surtout, pourquoi maintenant?  De l'avis de beaucoup d'observateurs, la raison de cette initiative ne convainc pas l'Angolais lambda  qui, d'ailleurs, a perdu toute confiance dans les autorités du pays.  À ce doute, il faut ajouter aussi le "timing". Le moment choisi pour commencer à déterrer les restes mortels des victimes des conflits armés comme si la paix des esprits en dépendait. Et cela juste quand l'UNITA/FPU engage un processus pour destituer le président Joâo Lourenço.  Même si la mise en place de cette commission est une démarche louable, ce dont je doute, c'est le moment choisi par le MPLA pour son activation qui surprend. L'homme de la rue aurait-il raison d'affirmer que le Mpla est diabolique? Même les morts n'ont pas droit au repos. Il apparait comme un nez au milieu du visage que l'objectif du régime est de profiter de cette CIVICOP pour ternir l'image de l'UNITA/FPU. Le but de la CIVICOP n'est pas de recueillir des restes mortels pour permettre aux familles de faire leur deuil. Il semble que l'opération, menée par les services de sécurité, est utilisée comme une arme de propagande contre l'UNITA en exposant son passé négatif et décourager ses dirigeants dans leur démarche à l'Assemblée nationale. Décidément, le MPLA ne changera jamais. D'ailleurs comment le pourront-ils puisqu'ils n'ont aucune notion de la démocratie.

À l'instar de l'UNITA que l'on accuse de tous les maux, le MPLA a-t-il les mains propres? Les camarades ont aussi leur passé négatif, peut-être pire que celui de l'UNITA. Les massacres du 27 mai 1977, les tueries des Tocoïstes, le carnage des Bakongo en 1992, les assassinats de Cassule et Camoulingue, la boucherie du mont Sumi, les morts de Cafunfo et Lunda. Où sont passés les restes mortels de tous ces Angolais? Commencer les exhumations par Jamba alors qu'il y a des fosses communes autour de Luanda. Quelle cruauté? Tout ça pour incriminer l'UNITA. 

La CIVICOP n'est-elle pas imbue d'une arrière-pensée politique? Alors poussons la réflexion plus loin et demandons-nous pourquoi le MPLA n'est-il pas préoccupé avec les restes mortels des officiers de ELNA (bras armé du FNLA) exécutés à Kinkuzu? Il serait intéressant que le gouvernement demande au FNLA d'ouvrir ses archives pour qu'on puisse localiser les endroits où sont enterrés les commandants Londres Monteiro et Matumona. C'est ainsi que les Angolais pourront croire dans la sincérité du MPLA. Si non, c'est une macabre distraction. Instituer une vraie Commission Vérité et Réconciliation  qui puisse réunir tous les Angolais comme en Afrique du sud permettra au pays de retrouver la paix des esprits. Et vous, qu'en dites-vous? 

Sobamasoba

Eduardo M.Scotty. 

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mardi 29 août 2023

IMPEACHMENT (2): LE RESPECT DE LA CONSTITUTION

La nervosité qui caractérise le débat politique en Angola, depuis plus de trente jours, est le fruit d'une approche entamée par les députés de l'opposition pour destituer le président Joâo Lourenço. La décision, apparemment très pondérée, de l'Unita/FPU de sanctionner le chef de l'Éxécutif angolais, conformément à l'article 129 de la Constitution, a , non seulement, provoqué un vent de panique au sein du parti au pouvoir, mais a aussi éveiller la curiosité du citoyen lambda. Rien d'étonnant. Installé confortablement au pouvoir (depuis 1975), l'idée d'un impeachment n'a jamais préoccupé le Mpla. Le confort du pouvoir et le miel qui en découle leur a fait oublié le décryptage d'une constitution qu'ils avaient eux-mêmes écrite et promulguée. D'ailleurs, qui pouvait imaginer détrôner Sa Majesté Deng? QUI? Personne. Pourtant, à la surprise générale, l'Unita/FPU a osé. Le groupe parlementaire de l'UNITA/FPU a decidé d'intenter une action contre le président Lourenço utilisant les pouvoirs que la constitution attribue aux deputés. Comme il fallait s'y attendre, la riposte du Mpla ne s'est pas fait attendre. Instantannée et violente. Un impeachment à l'endroit du président Lourenço est un affront qui est mal vécu au sein du parti au pouvoir. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est cette réaction musclée des cadres du Mpla qui a montré à quel point ces dirigeants ignorent les dispositions contenues dans notre constitution. Sinon, ils seraient plus pondérés et plus responsables. La démarche de l'Unita/FPU n'a rien d'insurrectionnel, ni de révolte populaire. L'article 129 de la constitution angolaise ne pose pas les bases d'un coup d'État, ni d'une insurection populaire. C'est simplement l'application d'une disposition de loi écrite et votée par le Mpla. Pensaient-ils appliquer cette disposition lorsque l'opposition serait un jour au pouvoir? Si c'est le cas, c'est raté.

Ce qui est plus intéressant au sujet de ce débat, c'est la résurgence d'une vieille querelle entre camarades au sein du Mpla. Rappelez-vous du clivage provoqué par la lutte sélective contre la corruption initiée par Joâo Lourenço. Le Mpla s'était scindé en deux groupes: les "Lourencistes" d'un coté et les "eduardistes" de l'autre. Lourenço n'emprisonnait que les gens du camp Dos Santos. Or, sanchant que le processus de destitution du président se termine par un vote secret au sein de l'assemblée nationale, quelle sera l'attitude des "eduardistes", seuls devant l'urne? Seront-ils capables de faire taire leurs émotions malgré les humiliations subies? Les déclarations de Bornito de Sousa, Marcolino Moco ou de Dino Matross au sujet de la gouvernance de Joâo Lourenço n'augurent pas bien de l'avenir prochain. "Améliorer ce qui est bien et corriger ce qui est mal". Nos amis du Mpla seront-ils capables de mettre en pratique leur slogan? 

Après cette action soutenue par les députés de l'UNITA/FPU, rien ne sera plus comme avant. D'ailleurs, selon les  dernières nouvelles publiées sur les réseaux sociaux, le président Lourenço affiche un comportement très respectueux de la constitution craignant d'apporter du grain au moulin de l'Unita/FPU. La motion de destitution est-elle finalement le début d'une ère nouvelle?  

Sobamasoba

Eduardo M.Scotty. 

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mardi 25 juillet 2023

IMPEACHMENT : DESTITUTION (?) DE JOÂO LOURENCO

Les jours passent, mais ne se ressemblent pas. L'Unita d'hier est très différente de l'Unita d'aujourd'hui. L'Unita des guérilleros a cédé la place à l'Unita des stratèges politiques. La stratégie de proximité instaurée par la nouvelle direction de l'Unita surprend plus d'un Angolais par son efficacité. Milliers sont les jeunes qui accourent aux meetings de Adriano Sapinala, l'actuel secrétaire provincial de l'Unita à Luanda . L'adhésion à son discours, et à celui de Nellito Ekwikwi, est tellement surprenante que le Mpla, inquiet, accuse l'Unita de vouloir prendre le pouvoir par des méthodes illégales. En soutien à cette accusation, un narratif selon lequel l'Unita instrumentalise le peuple est forgé dans les officines du Mpla. L'Unita a-t-elle vraiment besoin d'instrumentaliser le peuple? Non, le Mpla le fait très bien. Si le peuple s'éloigne du Mpla cela est dû à sa mauvaise gouvernance. Stratèges, les dirigeants actuels de l'Unita saisissent la balle au bond et procèdent par étape à la mise en place de leur plan pour secouer le pouvoir. Après l'introduction d'une nouvelle culture des manifestations, des meetings et des causeries politiques, l'Unita poursuit calmement son objectif en vu de gagner démocratiquement le pouvoir. La méthode étant définie, l'acte de destitution du Président de la République, conformément à la constitution, fait partie de cette stratégie de l'Unita de mettre à nu les faiblesses du Mpla au pouvoir. Même  si cet acte  n'aboutit pas, ce qui est probable, car il faut plus de 56 députés pour faire passer la motion, la tentative est un pas dans la  fragilisation du président, en le vidant de sa substance institutionnelle.   Le tout dans le respect de la loi. Contrairement au Mpla qui, arrogant et méprisant, s'évertue à diviser le peuple et marcher sur l'unité nationale, l'Unita prône la stabilité. 

Concrètement, sur quels griefs repose cette tentative de l'Unita censée conduire à la destitution de Joâo Lourenço de la présidence de la République? Selon l'article 129 de la constitution angolaise, le président peut être destitué : pour incapacité à mettre en place un État de droit dans le pays, à assurer la sécurité de la population, à faire fonctionner correctement les institutions, à lutter contre la corruption et les détournements de fonds.

Selon un bilan établi par les observateurs, les six (6) années de pouvoir du Président Joâo Lourenço se soldent par un échec dans pratiquement tous les domaines. L'État de droit, garantissant toutes ses libertés, est resté jusqu'aujourd'hui à l'état de promesse. En six ans, environ 200 civils sont morts tués par la Police nationale sans qu'aucun policier ne soit traduit en justice. Le système judiciaire est en crise depuis plus de deux ans. Le président du Tribunal suprême, accusé de détournement de l'argent public, continue à exercer ses fonctions avec la bénédiction de Joâo Lourenço. Le maintien en fonction des personnes poursuivies par la justice est , sous ce régime, une méthode d'administration.

Tous ces écarts mis bout à bout, l'Unita forte de 90 députés, pour la première fois, fait usage d'une prérogative que lui accorde la Constitution angolaise: Destituer le Président. En réaction à la proposition, le Mpla s'insurge  violemment et accuse l'Unita de vouloir prendre le pouvoir par la force. Le communiqué rendu public la semaine dernière ne se prive pas de rappeler aux Angolais la culpabilité de l'Unita dans la guerre fratricide qui a opposé le Mpla à l'Unita. Toujours le même narratif. Et pourtant la bataille pour la destitution de Joâo Lourenço est une bataille à l'intérieur des institutions. C'est ainsi que le Mpla a toujours voulu. Pas de bataille politique dans la rue, mais au parlement. Et, alors? Pourquoi parle-t-on de soulèvement populaire, d'insurrection?

Mathématiquement, l'Unita ne peut pas destituer Joâo Lourenço, mais le fait de le bousculer devant ses parlementaires laissera sûrement des traces. C'est un fait politique historique. Et vous, qu'en dites-vous? Les caciques du Mpla voteront en faveur de la destitution? Wait and see...

Sobamasoba

Eduardo M.Scotty.      

      
























    

            

dimanche 18 juin 2023

MANIFESTATIONS EN ANGOLA : UNITA, COUPABLE IDÉAL.

Que se passe-t-il en Angola? Depuis un certain temps, on observe de l'agitation dans les rues de Luanda et à l'intérieur du pays. Après la grève des taxis et la ville morte décretée par la société civile, ce sont les vendeuses ambulantes qui ont organisé une marche de protestation. Alors que l'on croyait la situation sous contrôle, l'annonce de l'augmentation du prix de carburant vient déclencher un autre mouvement de protestation, celui-ci plus violent que les autres. Bilan: des blessés à Luanda et Huambo, un désordre indescriptible à Lubango, des centaines de motos incendiés à Namibe. La promesse faite par le Président Lourenço à la population au sujet d'une importante  diminution des prix du carburant à partir des mois de juin/juillet n'a pas été tenue. Cette entorse est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Des manifestations s'organisent un peu partout dans le pays. Le régime, bousculé, accuse l'opposition d'être à la base de cette agitation. Joâo Lourenço, dans une de ses adresses aux militants du Mpla accuse: "L'opposition ne respecte pas les résultats des élections". Selon le président, la victoire du Mpla aux élections de 2022 retire à l'opposition tous droits de protestation et de manifestation.  Quelle idée? 

Dans la vie, tout évolue. Et l'Unita, dans cette évolution,  a complètement changé  sa manière de faire la politique. Les successeurs de Jonas Savimbi  ont décidé de développer une vraie politique de proximité avec le peuple. Entretenir une réelle  complicité avec les électeurs. Au vu des résultats, en cette matière, Adalberto Costa Junior a vraiment rénové. D'ordinaire, après les élections, les partis de l'opposition  entrent en hibernation  jusqu'aux prochaines échéances électorales. Pendant tout ce temps, le Mpla reste le seul maitre sur le terrain. On observe maintenant que les choses ont changé. L'Unita est en perpétuelle campagne. Pendant que le Mpla gouverne,  ACJ et sa caravane sillonnent le pays pour expliquer à la population la nécessité d'une politique alternative à celle du Mpla. Ce n'est pas de l'incitation, comme veut nous faire croire le Mpla, mais de la pédagogie. Considéré comme un parti du monde rural, aujourd'hui l'Unita entreprend de convaincre les citadins. La victoire électorale de ACJ à Luanda et Cabinda est une preuve de son encrage dans les grandes villes du pays. Ce lien que les nouveaux dirigeants de l'Unita établissent avec leurs éventuels potentiels électeurs est très important dans la mesure où il rapproche le parti du peuple. Sur ce point, tout le monde est d'accord. Et, dans sa dialectique, l'Unita professe  que  la politique alternative en Angola commence  par  des élections locales pour une meilleure gouvernance du pays. Dans cette nouvelle dynamique, la jeunesse occupe une place prépondérante. Le message semble être bien reçu par la jeunesse angolaise qui s'est automatiquement ralliée  à la cause. Sa détermination à vouloir changer les choses est gage d'un engagement patriotique. Luanda, Uige, Huambo, Lubango, Namibe, Benguela, toutes ces villes ont été ou sont des théâtres de protestation contre des mesures prises par Joâo Lourenço et ses amis. La dévaluation du Kwanza (Kz), la fermeture des magasins de grossistes, l'augmentation du prix de carburant et la politique d'austérité du gouvernement ne plaident pas en faveur du Mpla. L'Unita n'est pour rien dans l'incompétence du Mpla.  

Puisque pendant presque cinquante ans le Mpla a tout essayé et ça n'a rien donné, pourquoi ne pas essayer une autre formule? Il n'y a aucune honte à reconnaitre que les politiques publiques mises en place dans le pays n'ont pas donné les résultats escomptés. N'oublions jamais que l'orgueil précède la chute. Optons pour l'humilité. Le peuple n'en peut plus. Toute cette agitation, toutes ces manifestations sont des signes avant-coureurs d'une tragédie. 

Parlons-en.

Eduardo M.Scotty.