dimanche 28 février 2021

PANGEA RISK, intox ou infos ?

 


Pangea Risk, un nom qui vient enrichir le lexique des Angolais en ces temps qui précèdent la campagne électorale. Beaucoup d’entre nous ne connaissons pas la vraie signification de ce nom anglais qui est apparu dans nos médias. En fait, Pangea Risk est un service de renseignements qui fournit des prévisions précises, décisionnelles et commercialement pertinentes sur les risques sécuritaires, publics et économiques en Afrique et au Moyen-Orient. Toute analyse de ce service est soutenue par l'intelligence locale d'origine et guidée par une méthodologie de risque.

Pangea Risk a publié dernièrement un rapport plaçant João Lourenço dans le viseur de la justice américaine. Cette publication est la plus grande pièce d'artillerie tirée à ce jour sur l'actuel président angolais par ses adversaires politiques. De l’avis de certains Angolais contactés, le document rendu public a atteint son objectif principal, celui de remettre en cause la crédibilité de João Lourenço et d'insinuer son implication dans des scandales de corruption, un mal que l'actuel locataire du “Palácio da Cidade Alta” a promis de combattre depuis son entrée en fonction à la présidence.

L'analyse de Pangea Risk, qui est un cabinet de conseil basé à l'île Maurice, dépeint de manière approfondie le nouveau noyau de "Marimbondos" qui gravitent autour de João Lourenço, ce qui révèle une solide connaissance des coulisses de la présidence. Le document va un peu plus loin en suggérant que les autorités américaines pourraient éventuellement prendre des mesures coercitives et pénales à l'endroit du Général Lourenço. Toujours selon Pangea Risk: "la famille de João Lourenço fait l'objet d'une enquête pour de nombreuses violations de la loi sur les pratiques de corruption à l'étranger (Corruption Practices Act Abroad), des transactions bancaires illégales, une fraude bancaire pour l'achat de biens immobiliers aux États-Unis."

Aucune réalisation humaine n'étant parfaite, des rumeurs, selon lesquelles Pangea Risk (anciennement EXX Africa) aurait une réputation douteuse dans le monde de l'entreprise, courent dans les milieux  des affaires. Cependant, il y a un aspect qui mérite d'être souligné: Pangea Risk met toujours en garde contre les pratiques présumées de fraude, de corruption et de détournement de fonds qui peuvent avoir un impact négatif significatif sur les investisseurs étrangers  et pourraient nuire aux relations du pays avec les donateurs et les créanciers à l'avenir. Il est évident que  le document publié par Pangea Risk embarrasse  João Lourenço , et signifie que ses adversaires sont loin d'avoir jeté l'éponge. La pression qu'ils souhaitent exercer sur le pouvoir risque de s'accentuer à l'approche des élections générales en Août de l'année prochaine. En politique, tous les coups sont permis. 

Associer  cette "attaque" aux résultats obtenus par le Général à la tête de l'État, le bilan  ne plaide pas en sa faveur. Arrivé au pouvoir en 2017, dans les sillages de la crise économique de 2014, le président Lourenço  qui avait pour slogan «dynamiser l'économie angolaise»  s'est montré incapable de surmonter la crise économique qui sévit dans le pays depuis 2014. Dans cette crise, plus de 70% des entreprises privées n'ont pas  survécu. Certaines parce qu'elles ont fait faillite, d'autres parce qu'elles n'ont pas  pu, plus tard, se remettre de l'impact du COVID - 19. Au cours de cette période, étant donné les difficultés auxquelles les institutions financières sont exposées, les entreprises survivantes se heurtent encore aujourd'hui à de fortes limitations et restrictions d'accès aux crédits. C'est le résultat d'une dégradation des conditions économiques et financières du pays.

Une dégradation qui trouve ses origines, non seulement dans la crise, mais aussi dans la mauvaise gestion de la chose publique. Car  voyons: en octobre 2018, le président angolais  reçoit un prêt de dix milliards de dollars du gouvernement chinois  dont personne ne connait la destination. Mais avant cette manne, en mai 2018, JLO se rend en France, en Belgique et en Allemagne. Pour ce voyage, nonobstant les difficultés que connait le pays, JLO  loue le Dream Jet, un Boeing / 87 - BBJ (Dreamliner), la nouvelle coqueluche, avec une finition luxueuse. Un avion qui coûte  aux caisses de l'État 70 000 dollars de l'heure sans compter les frais des hôtels de luxe où il descend avec toutes sa délégation.  

Au vu de ce court épisode, on peut conclure  que la bonne gestion et le Général ne font pas bon ménage. Alors que le pays traverse l'une des crises les plus résonnantes de son histoire, JLo investit plus de trois milliards USD en matériel de guerre, 12 millions de dollars dans la construction d'un gymnase des députés, 5 millions de dollars dans la construction de la clinique dentaire du président de la République, 13 millions de dollars dans la réhabilitation de la Cidade Alta, plusieurs millions de dollars dans la réhabilitation de son cabinet. Heureusement que sa  tentative de dépenser plus de 500 millions de dollars dans la construction d'un quartier des ministères, où plus plus de 340 millions de dollars seraient utilisés dans une obscure affaire avec la Sodim, échoue.  

Peut-on continuer à faire confiance au Mpla? 

Sobamasoba, la synthèse qui informe. 

Eduardo M.Scotty

(de joâo Hungulu)










samedi 6 février 2021

Cafunfo/Lunda Nord: le MPLA réprime une manifestation dans le sang.

Qui l'aurait cru? Décidément au Mpla les dirigeants ont quelques difficultés à pouvoir tirer les leçons du passé. Imbus du pouvoir absolu qu'ils détiennent, ils n'ont aucune considération pour le peuple qu'ils piétinent depuis 45 ans. À Cafunfo, la police a encore tué. Cette  fois, c'est un carnage, un vrai massacre. Est-ce l'approche des élections législatives de 2022 qui rend le régime du Général Lourenço un peu plus nerveux? Depuis le début de cette année, beaucoup de   membres du parti au pouvoir manifestent des signes de nervosité. Ils ont les nerfs à fleur de peau. Toute contestation, aussi anodine soit-elle, est assimilée à une rébellion. À cause de cette paranoïa, l'année passée beaucoup de familles ont été endeuillées. La police du Mpla/parti au pouvoir ne s'est pas gênée de tirer à balles réelles sur des manifestants à Luanda et ailleurs. La semaine derrière la même scène s'est répétée à Cafunfo dans la province de Lunda Nord. Bilan: une vingtaine de morts et plusieurs blessés. C'est vrai qu'il est difficile à ceux qui n'ont aucune culture de la démocratie de changer après avoir végété pendant plusieurs décennies dans le communisme. Ils restent attachés à des méthodes de répression et d'exclusion qui renvoient au 20°siècle. Des pratiques  qui rejettent tout dialogue et encouragent l'intolérance politique. 

À Cafunfo, la police du Mpla sous les ordres du commandant Paulo de Almeida, un homme de confiance de Joâo Lourenço, a fait un carnage. Jamais dans l'histoire de l'Angola une manifestation ne s'est terminée dans un bain de sang comme ce fut le cas le samedi 30/01/2021. Le seul péché commis par les manifestants est d'être membres du Mouvement du Protectorat de Lunda Tchokwe. Un mouvement qui, à tort ou à raison, réclame une certaine autonomie  politique et administrative pour la région des Lunda. Est-ce un motif suffisant pour retirer  à certains d'entre eux le droit à la vie? Les assassiner froidement? Si aujourd'hui  des réclamations de ce genre viennent perturber le climat politique dans le pays c'est parce que ces peuples ne trouvent pas leur compte dans la manière dont le pays est gouverné. Et si, en plus, la police se met à les tuer, alors il ne faut pas s'étonner qu'ils s'organisent et répondent à la violence par la violence. Il est de notoriété publique que le Mpla n'a aucune culture du dialogue. Le cas du Cabinda est là pour le prouver. Les images des policiers piétinant les cadavres des jeunes abattus ont choqué l'opinion. Même le ministre de la Justice, Francisco Queiroz, a admit que la police avait violé  les droits humains des manifestants à Cafunfo. Nonobstant cette honnêteté du ministre, Paulo de Almeida, un pur produit du Mpla, est venu tenir à la presse des propos désobligeants envers la population de Lunda Nord. Des propos qui ne sont pas de nature à apaiser les esprits. Des déclarations qui, de l'avis de l'opinion publique, prouvent deux choses: soit le Général Lourenço n'a aucune autorité sur ses subalternes, soit il est complice du massacre de Cafunfo. Or, le conflit, si conflit il y a, contient en lui-même sa solution.            

Le sadisme du pouvoir ne s'arrête pas là. De source sûre, des proches des victimes des affrontements de samedi dernier à Cafunfo,  se plaignent de la disparition d'une vingtaine de corps de la morgue, vraisemblablement, enlevés dans la nuit de dimanche à lundi. Ces familles réclament les corps de leurs proches assassinés et  affirment que la disparition de leurs corps vise à maintenir le nombre de sept morts, évoqué par les autorités, pour perturber l'enquête parlementaire.

"Nous avons l' information selon laquelle plus de 20 corps ont été retirés la nuit de la morgue et jetés dans la rivière Cuango, nous savons également que les personnes gravement blessées qui se trouvaient à l'hôpital de Cafunfo ont été retirées et envoyées dans un avion à Dundo", a déclaré un activiste , qui accuse également la police de "ne pas vouloir remettre les corps aux familles".

Les autorités locales refusent de fournir des informations sur les événements du 30. Devant cette opacité, les jeunes de la province de Namibe se sont mobilisés pour une veillée de protestation contre les meurtres à Cafunfo, le jeudi 4 février, à la Place Espírito Santo, selon VOA César Carlos , l'organisateur de l'initiative. À Luanda, les jeunes ont aussi battu le pavé.

À l'assemblée nationale,  le Groupe parlementaire de l'UNITA, qui a été empêché de se rendre à Cafunfo, a condamné l'insensibilité de l'exécutif angolais à la mort de citoyens angolais, simplement parce qu'ils pensent différemment, remettant en cause le pluralisme d'expression et d'opinion, qui sont les fondements de l'état de droit démocratique. L'autonomie politique et administrative comme solution ne signifie pas forcément le démembrement du territoire national, mais l'un des moyens de résoudre une situation qui parait complexe  comme c'est le cas au Cabinda.

Au regard de ce qui s'est passé à Cafunfo,  affirmer que le socialisme communiste du MPLA n'est pas encore complètement mort et que quiconque pense différemment en Angola est considéré comme un ennemi de la paix, est une hérésie?  

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo M.Scotty