dimanche 26 novembre 2017

Joâo Lourenço a-t-il un agenda caché?


Les deux premiers mois de Joâo Lourenço au pouvoir ont provoqué un véritable remue-ménage dans le pays. Tous les secteurs liés à la vie politique et économique sont touchés par une vague de révocations et nominations. Dans les cabinets ministériels et dans les conseils d’administration des entreprises d’État les mines renfrognées de responsables témoignent de l’inquiétude grandissante de la classe dirigeante. Apparemment, pour le nouveau président, seuls le mérite, l’intégrité et la compétence sont considérés comme critères pour l’affectation des cadres et dirigeants. Tous ceux qui sont mouillés dans des affaires de corruption sont d’office écartés. Joâo Lourenço a besoin de poser des actes forts et spectaculaires ne serait-ce que pour reprendre la main après le départ de Dos Santos. Je ne pense pas qu’il soit capable de défaire le système mis en place par son prédécesseur. La révocation emblématique d’Isabel dos Santos est un gage du nouveau président pour signifier au peuple angolais que personne n’est au-dessus des lois. Au vu de ses  premiers pas à la présidence de la République, les Angolais enivrés par ce début de changement doivent-ils se réjouir et applaudir leur nouveau président?  Oui et non.

Oui, parce que toucher à des corrompus qui se croyaient intouchables est une preuve de la détermination de vouloir corriger ce qui est mal. L’ouverture par le Procureur de la République d’une action judiciaire contre le dernier gouverneur de la Banque Nationale est un indice qui ne trompe pas. D’autres cas moins médiatisés se multiplient et l’opinion publique croit que cette fois, apparemment, nous sommes sur la bonne voie. Le laisser-aller de précédents gouvernements a laissé le pays dans un marasme qui nécessite une restructuration en profondeur. Joâo Lourenço, à travers les actes qu’il pose, donne l’impression de quelqu’un qui a su cerner le problème angolais.

Non, parce que derrière la révocation des cadres et responsables, se cache peut-être un agenda que le public ignore. Penser à l’existence d’un pacte implicite entre le nouveau président et le sortant n’est pas insensé. Joâo Lourenço étant lui-même issu des entrailles du système Dos Santos, il lui est pratiquement impossible de se dresser contre les pratiques immorales d’un parti auquel il appartient. Il est de notoriété publique que les 38 ans de pouvoir de Dos Santos ont abimé l’image du Mpla dans le pays. Personne ne croit plus à ce parti qui est devenu une machine à fabriquer des resquilleurs des fonds publics. D’ailleurs n’eut été le tripatouillage de la Commission électorale nationale aux dernières élections, le Mpla n’aurait pas gagné. Tout le monde en Angola le sait, et le président élu le sait aussi.

Dans le pays, le bilan des consultations électorales à partir de 1992 montre à quel point le Mpla est en baisse dans l’opinion angolaise. Les résultats électoraux obtenus par ce parti aux dernières élections sont un signal d’alarme qui préoccupe sérieusement le Mpla et sa direction. Même s’il ne le laisse pas paraître, en sa qualité de vice-président du Mpla, Joâo Lourenço est obsédé par ces résultats. Il est logiquement de son  devoir de chercher à redorer l’image de son parti terni par la mauvaise gouvernance de son prédécesseur. Il suffit d'écouter son discours lors de son investiture pour s'en rendre compte. Même s’il affirme être le président de tous les Angolais, le Mpla est son parti. Pour les prochaines élections en 2022, c’est lui probablement qui va conduire la liste du Mpla. Son bilan à la fin de la présente législature (2017-2022) sera très déterminant dans le choix des Angolais. Il est un secret pour personne que les élections ne se préparent pas quelques mois avant la date du scrutin. La bataille électorale se gagne pendant les cinq ans que dure le mandant présidentiel. Le scénario auquel les Angolais assistent aujourd’hui fait partie de la préparation des futures batailles électorales. Le moment venu, tout le monde se souviendra de cet homme qui a eu le courage de limoger tous ceux qui ont volé l’argent de l’État ; cet homme qui a remis le mérite, la compétence et l’intégrité dans les critères de sélection des cadres de l’administration angolaise. L’opinion nationale se souviendra de cet homme qui a mis fin à la prépondérance des enfants Dos Santos. Joâo Lourenço n’est pas à la recherche de notoriété comme l’a affirmé Joâo Pinto. Il cherche méthodiquement et intelligemment à repositionner son parti sur l’échiquier national. D’ailleurs, grâce aux quelques mesures énoncées, la réaction ne s’est pas fait attendre. Beaucoup d’anciens militants du Mpla ont commencé à rejoindre le parti. Marcolino Moco, Ambrosio Lukoki et d’autres frondeurs ont encensé le nouveau président pour son sens de responsabilité. Mais lorsque nous regardons de près ce que le nouveau président a fait, il n’y a rien d’extraordinaire. Il est tout simplement en train d’installer son administration. Des hommes et des femmes en qui il a confiance. A-t-il déjà parlé de la qualité de l’enseignement dans le pays ? A-t-il déjà abordé la problématique de l’intolérance politique ? La qualité des soins dans les hôpitaux, l’insécurité dans la périphérie de Luanda, le chômage des jeunes, le déficit public, l'inflation galopante, autant des sujets sur lesquels nous l’attendons. J’ouvre ici le débat.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo Scotty M.   

 

 

 

mardi 21 novembre 2017

Le président Joâo Lourenço : un éléphant dans un magasin de porcelaine.


« Améliorer ce qui est bon et corriger ce qui ne l’est pas ». Ce slogan, le candidat du Mpla aux élections générales du 23 août 2017 l’a porté durant toute sa campagne électorale. Pensée par les stratèges politiques du Mpla, la formule a séduit énormément d’électeurs puisqu’en bout de course, le Mpla et Joâo Lourenço ont remporté le scrutin avec 61% de voix. Jusqu’ici, rien d’inconvenant. C’est à partir du moment où le candidat devenu président essaye de matérialiser ce slogan pour le rendre plus présent dans la vie quotidienne des Angolais, que le problème commence à se poser. « Corriger ce qui n’est pas bon », cette partie du slogan est, de l’avis de plusieurs Angolais, une reconnaissance subtile des erreurs commises par les gouvernements précédents, et cela dérange beaucoup le fan-club des « eduardistes ».Ils refusent toute responsabilité dans la situation que connait actuellement le pays. Pourtant, ce sont leurs erreurs qui ont longtemps pénalisé le peuple et appellent aujourd’hui à des réformes structurelles pour le bien de tous. Seulement, au vu de leur réaction (les faucons du Mpla), il semble qu’ils ne sont pas prêts à accepter les corrections envisagées par le nouveau pouvoir.      

Depuis l’entrée en fonction du président Joâo Lourenço, la population a la nette impression de vivre quelque chose de nouveau, quelque chose de différent. Les quelques mesures prises par le nouveau pouvoir dans le cadre de la restructuration de son administration ont engendré une onde de satisfaction au sein de la population. Ces mesures sont, certes, aux antipodes des usages du parti et peut-être contraires aux méthodes de gouvernance de précédents gouvernements, mais ne dit-on pas qu'« aux grands maux, grands remèdes ? ». Le réalisme dont fait montre Joâo Lourenço n’est pas, comme veulent nous faire croire certains caciques du Mpla, un quelconque déviationnisme. Le spectacle auquel nous assistons depuis son installation à la présidence de la République, des nominations et surtout des limogeages en cascade, correspond exactement aux attentes du peuple. Qu’il y ait, comme je l’ai souligné, des réactions parfois violentes de certains politiciens de la majorité, c’est très compréhensible. Ils ne sont pas habitués. Le cas de Joâo Pinto, un député du Mpla connu pour son attachement au président Dos Santos est une vivante illustration. Cet homme, un pur produit du marxisme-léninisme, n’a pas hésité de menacer le nouveau Chef d’État de pires conséquences tout simplement parce qu’il a démis de leurs fonctions les enfants de l’ancien président Dos Santos. Un limogeage que le peuple angolais attendait et qu’il a apprécié à sa juste valeur au point de fêter l’événement. Si Mr. le député avait un esprit plus ouvert, il aurait su que les promesses électorales ne sont pas des promesses en l’air. Généralement, les électeurs tiennent compte de leur concrétisation pour pouvoir juger leurs élus. S’enfermer dans une colère incontrôlée, et qualifier un président démocratiquement élu de populiste à la recherche de notoriété est un manquement grave. Venant d’un député de la majorité, un commentaire de cette nature montre de quel côté se trouve réellement le Mpla. Sinon, un président élu avec 61% de suffrage n’est-il pas un homme suffisamment populaire pour entamer des réformes et s’entourer des personnes compétentes de son choix? Et dire que « le Mpla est le peuple et le peuple est le Mpla », quelle blague !
Jusqu’à ce jour, le président Lourenço n’a encore mis personne en prison pour détournement des fonds publics. Qu’arrivera-t-il quand les pilleurs des coffres de l’État seront appelés à rendre des comptes à la Justice ? D’ailleurs, rien n’indique que les mesures prises jusqu’à présent par Joâo Lourenço ne sont pas un arrangement concerté avec le président sortant. Dans les hautes sphères du pouvoir, il se murmure que nonobstant les limogeages effectués par le nouveau pouvoir, les deux présidents (Mpla et gouvernement) continuent à entretenir des relations très cordiales. Il y a donc suspicion que les changements introduits par Joâo Lourenço soient le résultat d’une concertation entre lui et son prédécesseur. Dino Matross, secrétaire général du Mpla n’a-t-il pas affirmé que : « Joâo Lourenço ne fera rien sans le patronage du parti. Tout ce qu’il fait est le résultat d’un débat au sein du parti ». C’est dommage que Joâo Pinto ne soit pas au courant de ce qui se trame à la direction de son parti sinon il n’aurait pas réagi de la sorte. Je vous rassure tout de suite, il n’est pas le seul dans ce cas. Kundi Pahama, le gouverneur de la province de Cunene fait aussi partie de ce noyau dur du parti qui veut mettre des bâtons dans les roues du gouvernement actuel. Et au fur et à mesure que les limogeages tombent, la liste des réfractaires s’allonge. Aux dernières nouvelles, Ambrosio de Lemos (Patron de la police) et José Maria ( Chef des services de sécurité) ont été limogés. Et si l’ex-président Dos Santos dans son repenti avait décidé de donner à son successeur, Joâo Lourenço, la possibilité de réaliser ce qu’il n’a pas pu faire, cela peut-être une explication. Les révocations font, certes, mal, mais quand elles sont justifiées, la douleur est moins pénible. Et vous, pensez-vous que le Président Joâo Lourenço mérite les foudres des caciques du Mpla ? Le procès d’intention qu’on lui fait, est-il justifié ?  

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo Scotty M.   

jeudi 26 octobre 2017

Le Président Joâo Lourenço est-il capable de s'affranchir de l'oppressante tutelle du Mpla?


Il y a environ un mois depuis que Joâo Lourenço exerce les fonctions de Chef de l’État en Angola. Porter un jugement sur sa manière de gouverner le pays, pendant les trente premiers jours de son mandat, est, à mon avis, un peu prématuré. Toutefois, compte tenu de ce qui se dit à son sujet, il n’est pas absurde d’analyser les premières mesures prises par lui et son gouvernement depuis leur arrivée au pouvoir. Dans ma dernière publication, parue après la promulgation de ce nouveau gouvernement, j’ai focalisé mon analyse sur un élément qui m’a paru fondamental et qui est intervenu dans la composition de cet exécutif : le népotisme. Beaucoup d’observateurs de la politique angolaise ont, comme moi, retrouvé dans ce premier cabinet Lourenço la griffe de José Eduardo dos Santos. La configuration de l’équipe Lourenço ressemble tellement à celle de son mentor que nous croyions tous à la main mise du parti sur le gouvernement. Finalement Dino Matross, secrétaire général du Mpla, a-t-il raison quand il affirme que Joâo Lourenço est tenu à obéir aux injonctions de son parti ? 

Visiblement, il y a léger vent de rébellion qui souffle à la « Cidade Alta ». En analysant les informations en provenance de Luanda, j’ai la nette impression que le nouveau Président de l’Angola veut s’émanciper de la puissante tutelle du Mpla. Ses pas sont encore hésitants, mais on sent une certaine fermeté dans sa démarche. Dès qu’il a été informé par le Procureur général de la République des poursuites dont Carlos Aires da Fonseca PANZO, son secrétaire aux affaires économiques, faisait l’objet par la justice helvétique (Suisse), il l’a, sans hésiter un seul instant, démis de ses fonctions. En 42 ans, c’est une première pour les Angolais. Seulement, n’allons pas trop vite en besogne. Quel crédit doit-on accorder à cet acte ? Quand l’aumône que l’on donne à un mendiant est trop conséquente, le mendiant se méfie. Poser un acte d’une telle grandeur, dans un pays où l’impunité est une règle, rend l’acte suspect aux yeux des personnes averties. Mais il y a un doute raisonnable. D’autres actes posés par le nouveau président laissent croire à un véritable changement de mentalité dans la conduite de la politique en Angola. Voyons quelques exemples qui sortent de l’ordinaire :

Quand elle a été nommée à  la Présidence de Sonangol, Isabel dos Santos a démis l’ancien Président de la commission exécutive de Sonangol (Recherche et Production SNL),   Carlos Sousa e Oliveira, dans des conditions humiliantes en l’accusant de présenter « des insuffisances en matière de gestion et  de détournements de fonds ».  Pour remettre les choses  dans l’ordre, João Lourenço a nommé récemment ce même Carlos Sousa e Oliveira au poste de Secrétaire d'État des pétroles, une nomination qui le place dans une position hiérarchiquement au-dessus d'Isabel dos Santos et de ses consultants portugais.

Pendant 20 ans, Isabel dos Santos, grâce au pouvoir détenu par son pèreavait à elle toute seule le monopole du secteur des télécommunications. Cette position lui permettait  d’empêcher d’autres entrepreneurs, nationaux ou étrangers, d’investir dans la téléphonie mobile en Angola. Dans sa condition de détentrice du monopole des télécommunications, Isabel dos Santos fixait, à travers sa société UNITEL, les prix les plus élevés sur ce marché.  À la grande surprise des Angolais,   le président de la République, João Lourenço, a déclaré ce lundi 16 octobre qu'il va soumettre à l'Assemblée nationale l'approbation d’une loi sur la concurrence afin de finir avec les monopoles et autres imperfections existants sur le marché angolais.

Dans la poursuite de la modification des statuts de Sonangol, Isabel dos Santos a récemment écarté de la société l'ingénieur Paulino Jeronimo, un administrateur exécutif et un cadre de confiance du général Leopoldino de Nascimento « Dino ».  Pour corriger cet abus, selon des informations qui circulent à Luanda, le président Joâo Lourenço place Paulino Jeronimo comme le meilleur candidat pour la direction de la future agence des pétroles, une agence qui aura la compétence de contrôler la Sonangol.

Depuis qu’elle est devenue la Présidente de Sonangol, Isabel dos Santos est considérée comme un foyer d'instabilité en Angola.  À l'intérieur de MPLA, il y a eu des pressions pour que le Président João Lourenço l’écarte de cette entreprise d’État avant qu’elle ne la fasse couler. Récemment, une dirigeante de OMA, Lourdes Caposso, a lancé sur les réseaux sociaux un appel suggérant le sauvetage de Sonangol. En même temps les fonctionnaires de la société ont élaboré un manifeste pour que le Président de la République annule le décret qui attribue à Isabel dos Santos le pouvoir de nommer les membres du Conseil d’Administration de la société. Peut-on considérer ces tacles comme un début de changement dans la manière de gouverner ? La réduction du nombre des vice-gouverneurs de provinces de 54 à 38, et la proposition de nommer de nouveaux procureurs de la République en lieu et place des anciens, corrompus et incompétents, sonnent comme un avertissement aux oreilles de ceux qui sont habitués à l’oisiveté et à l’impunité.  Peut-on dire que l’Angola est en train de se débarrasser de ses mauvaises habitudes et des méthodes de José Eduardo dos Santos? Seul le temps nous le dira. Mais en attendant, je vous laisse juger.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo Scotty M.    


  

dimanche 8 octobre 2017

NEPOTISME, marque de fabrique du Mpla.


Il n’a pas fallu longtemps aux Angolais pour se rendre compte de la supercherie concoctée par le Mpla dans le but de leur donner l’impression que l’élection d’un nouveau président est un début de changement. C’est la publication du nouveau gouvernement qui a mis au grand jour le vrai visage du président élu. Alors que tous espéraient vivement trouver dans Joâo Lourenço l’homme qui allait, sur la forme comme sur le fond, faire la politique autrement, la désillusion a été grande. Le nouvel Exécutif présenté au public a suscité de l'indignation dans la population. Son gouvernement est en fait une copie conforme de l’équipe Dos Santos. Neuf (9) ministres du gouvernement sortant se retrouvent aux mêmes postes dans l’administration Lourenço. Le seul critère pour leur maintien : le népotisme. JL est sur les pas de son prédécesseur.
Dans l’opinion nationale, ce nouveau gouvernement a quelques difficultés à être accepté. Selon des personnes interrogées, le Président Lourenço, pour la nomination de ses ministres, a fait appel à des critères qui contredisent les promesses faites pendant sa campagne électorale. Il avait promis de combattre le népotisme et le favoritisme qui, depuis plusieurs années, caractérisent le Mpla, mais il apparait que son gouvernement est composé des  proches qui partagent avec lui les mêmes intérêts économiques. Des hommes et des femmes qui, à mon avis, ne sont pas choisis pour leur compétence, mais parce qu’ils sont tout simplement des amis, des fils, des cousins de…

Pour illustrer mon propos, voici quelques exemples frappants ou des cas concrets :
Eugenio César Laborinho, le nouveau gouverneur de Cabinda est un des meilleurs amis du président élu et, tous les deux partagent des intérêts économiques, car Laborinho est, par l’intermédiaire de la société Kilate, partenaire de la famille Lourenço dans un consortium d’exploitation d’or dans la province de Huila, le consortium Société des Métaux précieux d’Angola (SOMEPA). Le maintien de Pedro Mutinde à son poste de gouverneur de Kuando Kubango est aussi dû au fait qu’il détient des participations dans la société Kilate, société partenaire de la famille Lourenço.
Frederico Manuel Santos e Silva Cardoso, le nouveau ministre d’État et chef de la Maison civile du Président de la République est le cousin de la première dame, Ana Dias Lourenço.
Norberto Fernandes dos Santos et Augusto da Silva Tomás, l’entrée de ces deux dirigeants au gouvernement n’est pas étrangère au fait que leurs fils soient mariés aux filles du Président de la République. Tous les trois ont une relation d’intimité, vu qu’ils ont des petits-fils en commun.
Pedro Luis da Fonseca, le nouveau ministre de l’Économie et de la Planification est un proche d’Ana Dias Lourenço. Il a été son vice-ministre à l’époque où la première dame était ministre de la Planification dans le gouvernement Dos Santos. Les deux ont des affaires commerciales qui se croisent.
Ana Paula Sacramento Neto, la nouvelle ministre de la Jeunesse et des Sports, est la belle-sœur de Joâo Lourenço. Son mari est un cousin direct du Président élu.
Diamantino Pedro Azevedo, le nouveau ministre des Ressources minières et Pétroles, était jusqu’à la date de sa nomination Président du Conseil d’Administration de Ferrangol. Une société qui fait partie du consortium de la Société des Métaux précieux d’Angola (SOMEPA) dans lequel se retrouve la société Ralo, propriété de la famille Lourenço.
Luis Fernando, le nouveau secrétaire chargé de la Communication institutionnelle et de la Presse du Président de la République est cité comme ayant été nommé grâce au parrainage du Secrétaire du Bureau politique du Mpla, Mario António, dont il est un ami fidèle. Mario António est une des figures influentes près de l’actuel locataire de la « Cidade alta ». Mentor de Luis Fernando, il est aussi le parrain du fils de Joâo Lourenço et vice-versa.
Hormis le fait d’être deux jeunes très brillants dans leur secteur du savoir, la nomination de deux juristes, Marcy Claudio Lopes, le nouveau secrétaire pour les affaires politiques, constitutionnelles et parlementaires du Président Lourenço et de Itiandro Slovan de Salomâm Simôes, le nouveau secrétaire pour les affaires judiciaires et juridiques auront été nommés sur recommandation d’une grande famille amie de la famille Lourenço, celle de Luizia Bebiana de Almeida Sebastiâo, juge au Tribunal constitutionnel. Lorsqu’ils ont conclu leurs formations respectives, les deux jeunes ont fait leur stage dans le cabinet d’avocats de Luizia Sebastiâo. Ensuite ils sont versés dans les structures du régime et Marcy Lopes s’est marié avec une fille du juge Rui Ferreira, le président de TC, où il exerçait la fonction de Directeur chargé des questions liées aux partis politiques.
La juge Luizia Sebastiâo était aussi la favorite de Joâo Lourenço pour le Ministère de la Justice , mais selon « Correio Angolense » sa nomination aura été rejetée par le leader du Mpla, José Eduardo dos Santos, qui a avait émis des réserves à l’endroit de la dame.

En lisant attentivement ce qui précède, avez-vous l’impression que le mérite a sa place dans la société que le Président Lourenço nous a promise pendant sa campagne électorale ? Dino Matross, le secrétaire général du Mpla, a-t-il raison quand il dit : « Lourenço ne peut rien faire sans le Mpla » ?

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo Scotty M.

Source: club-k.net           

jeudi 31 août 2017

CONSTERNATION !


Consternation est le mot qui correspond exactement à l’état d’esprit des Angolais au lendemain des élections du 23/08/2017. Après une intense campagne de conditionnement orchestré par le Mpla à travers des médias nationaux et internationaux attribuant à Joâo Lourenço la victoire, les Angolais avertis n’avaient plus aucun doute quant à l’issue de ce scrutin. Devant cette pénible évidence, une seule inconnue s’imposait: le pourcentage des voix que s’attribuerait le Mpla pour rester au pouvoir. L’opinion n’a pas attendu longtemps pour être fixée. Les résultats électoraux qui arrivaient au siège du Mpla présageaient une catastrophe électorale pour le parti. Dans plusieurs provinces du pays, le Mpla était en train de perdre, ce qui a provoqué une certaine panique au sein du secrétariat national en charge des élections. Ils n'ont pas pu supporter l'idée d'un président Mpla et d'une Assemblée nationale dominée par l'opposition (Unita-Casa-ce). Dans la précipitation, pour éviter que l’opinion ne soit informée de la déconfiture du parti, le Mpla sans consulter la CNE publie des résultats provisoires dont seuls ses dirigeants connaissent l’origine. MPLA (64,57%)+ UNITA (24,40%)+ CASA-CE (8,56%)+ PRS (1,37%)+ FNLA (0,95%)+ APN (0,52%)= 100,37%. Je vous laisse juger.

Organiser des élections dans un pays ne signifie pas que ce pays est une démocratie. Je l’ai dit et je le répète. Actuellement, presque tous les pays sous régime dictatorial, brutal ou totalitaire procèdent à des élections, comme en Angola, pour légitimer leur pouvoir. Pour ces pays, les élections sont tout simplement un accessoire. Elles ne servent à rien. Personne ne tient compte de l’expression et du choix du peuple. Staline disait en son temps : « Peu importe qui vote et comment il vote. Ce qui importe, c’est qui comptabilise les bulletins de vote ». En confirmant le communiqué du Mpla au sujet des résultats provisoires des élections du 23/08/2017, la CNE a publiquement et clairement exprimé son allégeance au Mpla.       

 

L’Angola traverse en ce moment une situation socioéconomique très difficile, fruit d’une mauvaise gestion du Mpla. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Quelques efforts désespérés ont été fournis par Dos Santos et ses pairs pour redresser la barque, mais le temps (oui, le temps) est un facteur qui ne pardonne pas. La date à laquelle se termine le mandat des institutions électives est arrivée à expiration au grand dam des dignitaires du régime. Conscients du pouvoir que leur confère la constitution, celui de choisir ses dirigeants, les Angolais, dans leur majorité, et suivant tous les sondages publiés, ont exprimé le souhait d’une alternance politique dans le pays même si très peu croient que les élections peuvent apporter ce changement. C’est dommage qu’aujourd’hui leur vote ne compte pas pour donner au pays le visage politique qu’il mérite. C’est qui les attriste le plus, c’est de voir que leurs compatriotes, qui vivent à l’étranger et profitent des systèmes démocratiques dans les pays hôtes en s’engraissant grâce aux systèmes sociaux de ces pays, soutiennent dans leur propre pays d’origine un pouvoir dictatorial qui crée et entretient la misère. Si ce régime qu’ils soutiennent est tellement démocratique pourquoi ne reviennent-ils pas ? se demandent les Angolais de l’intérieur. Moi aussi je me pose souvent cette question sans pouvoir y apporter une réponse. Les citoyens angolais ont, non seulement, le droit de participer aux élections, mais ont aussi le droit de savoir par eux-mêmes que le processus électoral est valide. Car, c’est la validité du processus électoral qui garantit la légitimité nécessaire pour l’exercice du pouvoir politique. Dans ce même ordre d’idée, pour que les élections respectent ses objectifs démocratiques et soient valides, elles doivent être justes et transparentes. Or, dans le cas de l’Angola, c’est justement la crédibilité des élections qui est en cause. Seulement, pour qu’elles soient dignes de foi, ces élections doivent répondre à deux exigences importantes : l’intégrité et la crédibilité.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.
Eduardo Scotty M.

vendredi 11 août 2017

42 ans au pouvoir. Le MPLA, quel bilan?


Lorsqu’en 2010, le Mpla  soumet à l'agrément des Angolais, à travers ses représentants à l'Assemblée nationale, une loi fondamentale (constitution) atypique qui  attribue plus de pouvoir au président de la République et supprime l’élection présidentielle au suffrage universel, l’opposition et la société civile ont crié à la confiscation des droits élémentaires des citoyens. Réconforté par sa majorité parlementaire, le Mpla a ignoré volontairement ces appels à la raison. Aujourd’hui, au vu d’un sondage commandé par la présidence de la République auprès de la société brésilienne SENSUS, le Mpla est donné gagnant avec 38% de suffrage, l’Unita 32% et Casa-ce 26%. Les autres partis se partagent les 4% restants. Dans l’éventualité où la fraude ne serait pas massive et que ces résultats se vérifiaient, le Mpla serait minoritaire à l’Assemblée nationale. Du coup, le président élu se trouve dans l’obligation de mettre en place un gouvernement de coalition. Quand on connait le dessein du Mpla à rester éternellement au pouvoir, je me demande si dans l’esprit des auteurs de la constitution angolaise, l’idée d’un gouvernement de coalition faisait partie du calcul. D’ailleurs, le candidat du Mpla ne cache pas son intention de gouverner seul à l’issue de ces élections. Partout où il passe, il demande à la population de lui donner une majorité absolue. Certainement, il a vu ce sondage et il est très préoccupé.

Pourquoi le Mpla connait-il une telle baisse dans l’opinion ? Selon un autre sondage commandé par la présidence de la République, toujours auprès de SENSUS, 87% d’Angolais estiment que les politiques publiques mises en place par le Mpla n’ont pas amélioré la qualité de vie des populations. Les 27 ans de guerre contre l’Unita ne peuvent pas justifier l’incompétence des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir à Luanda. Ce sondage réalisé auprès de 9.155 personnes, de différents niveaux d’études et de classes sociales,  ne plaide vraiment pas en faveur du Mpla au pouvoir depuis 1975. Dans cet échantillon on retrouve plusieurs sympathisants du Mpla et leur présence dans ce panel inquiète sérieusement le pouvoir. Si des militants commencent à douter de l’efficacité de leur parti, il y a un problème. Alors pour reprendre la main, à l’instar de l’Unita et de Casa-ce, le Mpla élabore et distribue à la population un manifeste expliquant son programme pour les cinq années à venir. Ceux qui ont eu l’occasion de lire cette profession de foi ont constaté qu’il ne s’agit que d’une longue liste des objectifs à atteindre. Le Mpla n’explique pas comment il fera pour réaliser ces objectifs. Avec quels moyens ? « Améliorer ce qui est bien et corriger ce qui est mal » est la formule sur laquelle repose ce manifeste. Seulement, le problème est que ce sont eux qui ont conduit le pays là où il est maintenant. Il n’y a donc rien à améliorer, tout est à corriger. Et si tout est à corriger, pourquoi confier le pouvoir au parti qui est l’auteur du désastre ? Un peu plus loin dans ce programme, le Mpla s’engage à éradiquer la faim et combattre la pauvreté. Un tel combat ne peut se faire qu’à travers des programmes de gouvernement qui consistent à distribuer des subsides sociaux aux pauvres. Concrètement, dans la situation actuelle, le Mpla en a-t-il les moyens ? Quand le dauphin de Dos Santos répète à longueur des journées qu’il va combattre la corruption, stimuler la compétence, l’honnêteté et décourager le népotisme, à qui pense-t-il ? À son prédécesseur et à toute l’amicale qui le soutient ? Les corrompus en Angola, qui sont-ils ? De sa réponse dépend le sérieux de ses propositions. De l’avis des observateurs, ce que contient le programme du Mpla, ce sont des idées générales et des considérations abstraites.

Quant à l’Unita, son manifeste parait plus construit, intelligent, bien écrit et bien pensé. On y trouve 4 axes stratégiques qui s’ouvrent sur 7 mesures d’urgence nationale. Les propositions vont d’un gouvernement inclusif et participatif à la valorisation de la famille en passant par le combat contre la pauvreté, l’égalité de chances, la restructuration de l’économie et la pluralité dans la communication sociale. Toutes ces propositions sont chiffrées et les sources de financement bien définies. Un programme plus court, plus incisif aurait fait l’affaire, mais face à la crise que traverse le pays,  aux grands maux, grands remèdes.

Le manifeste de Casa-ce d’Abel Chivukuvuku se distingue des autres par le brouillard qui entoure ses propositions. En examinant les 220 idées que contient le programme de cette coalition, on a quelques difficultés à démêler les mesures réalisables de celles qui ne verront jamais le jour. D’une manière générale, les propositions des amis d’Abel manquent de cohérence.

Comment garantir le développement économique de l’Angola ? Comment garantir l’éducation et les opportunités pour les jeunes, et la santé pour la population ? Comment faire concrètement pour éradiquer la corruption qui vandalise le pays ? Comment garantir une justice juste pour tous ?  Ce sont ces questions auxquelles les futurs dirigeants doivent, à mon humble avis, répondre. Qu’en pensez-vous ?  

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo Scotty M.

Source : Makaangola

dimanche 6 août 2017

Après Dos Santos, le MPLA resistera-t-il à l'implosion?


Dans moins d’un mois, les Angolais seront appelés à élire leurs dirigeants pour les cinq prochaines années. Dans la capitale comme à l’intérieur du pays, apparemment, la campagne électorale se déroule sans incident majeur. Un fait presque rare dans une démocratie africaine naissante. Toutefois, parler de perfection dans l’organisation d’un scrutin dans nos pays, c’est se faire des illusions. Tout ce que nous souhaitons, c’est au minimum des élections apaisées et justes. Quant à la transparence, nous sommes encore très éloignés de cet objectif. Je suis presque certain que l’installation de la démocratie dans le temps donnera satisfaction à ce désir des peuples. Celui de l’Angola espère connaitre pour la première en 42 ans une alternance politique. Quel que soit celui qui sera élu à la tête du pays, l’Angola entrera dans une ère post-dos Santos. Alors, posons-nous la question de savoir : quelles sont les chances du Mpla de rester uni après la sortie de Jes ?  Le parti va-t-il imploser ? Je rappelle ici qu’il existe depuis plusieurs années à l’intérieur de ce parti un fort courant politique, dirigé par le Général Silva (Mpla- Tendências), qui réclame des réformes que Dos Santos a toujours refusé d’engager.  Si nous ajoutons à ce courant la fronde menée par Irène Neto et Ambrosio Lukoki, la contestation prend la forme d’une véritable sédition à l’intérieur de ce parti. L’apparente unité que nous offre le Mpla n’est qu’un leurre. Il suffit de regarder de quelle manière le président angolais, malgré sa maladie, se démène pour essayer de replacer ses pions avant son départ définitif du pouvoir pour s’en rendre compte. Carlos Feijó, un fidèle parmi les fidèles, revient en force à la présidence de la République où il retrouve son ami Kopelipa. Grâce à un décret présidentiel, confectionné à la mesure de ses compères, les chefs militaires en fonction dans l’armée et dans la police sont assurés de rester à leurs postes jusqu’en 2025. À la tête de la Sonangol et du Fonds souverain, Isabel et Filomeno dos Santos sont maintenus pour plusieurs années. Interdiction au prochain président d’y toucher ! Ce verrouillage, comme vous l’aurez remarqué, est l’œuvre d’un dirigeant désespéré qui a peur que son passé le rattrape. Seulement, tout cela n’a de sens que si le président Dos Santos ne meurt pas avant. Un scénario que je ne souhaite pas, mais qui est envisageable. Avec sa disparition physique, des ambitions cachées vont se libérer et donner certainement lieu à un désordre au sein du Mpla. L’insoumission à peine voilée d’Irène Neto est la pointe visible de l’iceberg. Sommes-nous au début d’une révolution de palais dans les rangs du Mpla ? Je n’anticipe rien. Je me pose simplement la question et croyez-moi, je ne suis pas le seul.

Le deuxième scénario est celui de l’élection d’un membre du Mpla qui serait appelé à obéir au doigt et à l’œil au leader du parti. Là, nous serons dans une configuration de bicéphalisme. Le président élu étant appelé à appliquer la politique du parti, le chef de ce parti ne se privera pas d’intervenir dans la conduite de la chose publique. Une situation que Lopo do Nascimento, ancien premier ministre et membre influent du Mpla, considère comme une ineptie que sa raison désapprouve et que son cœur désavoue. Pour lui, le président sortant doit prendre ses distances avec la politique active sous toutes ses formes. Le pays a besoin de vivre pleinement ce premier passage du témoin.  Beaucoup de militants du Mpla désirent qu’après le départ de Dos Santos, le parti et le pays se libèrent du système qu’incarne le président sortant et qui a engendré la corruption, le népotisme et l’impunité. D’ailleurs, son dauphin, Joâo Lourenço, ne cache pas sa volonté (!) de s’attaquer à ces maux. Le pourra-t-il ?

 Cette volonté de Dos Santos d’avoir un regard sur la gestion de la chose publique crée un malaise au sein de la classe politique. N’eût été sa maladie, le président Dos Santos aurait-il manifesté son intention au peuple angolais de quitter le pouvoir ? Tous ceux qui s’intéressent à la politique angolaise n’hésitent plus à parler de machiavélisme au sujet de cet homme qui, à travers les décrets présidentiels taillés sur mesure qu’il publie, tente de garder le contrôle sur les affaires de l’État.  « La maladie  l’a pris au dépourvu » affirment les observateurs. À dire vrai, c’est depuis quelques années qu’il planifie sa sortie. Très méthodiquement, il procède par étape. D’abord, c’est à son cousin, Manuel Vicente, grand argentier à la Sonangol, qu’il confie, malgré la désapprobation des caciques du Mpla, la vice-présidence de la République. Ce sont les médiocres résultats de ce dernier à ce poste qui le conduisent à revoir ses plans. C’est alors qu’il se retourne vers Joâo Lourenço, un militaire tombé en disgrâce et ramolli par une exclusion temporaire, pour lui servir de dauphin. Psychologiquement diminué à cause de son passage à vide pendant les années qu’il est resté sans fonction, Joâo Lourenço est prêt à tout pour retrouver les faveurs du chef. Dans l’entre-temps, Dos Santos, en fin politicien, confie les cordes de la bourse à ses enfants. La succession et les finances étant assurées, il pousse ses députés à voter une loi organique le mettant à l’abri de toute poursuite judiciaire. Et la boucle est bouclée. Qui peut faire mieux. Si ce n’est pas du machiavélisme, en tout ça y ressemble beaucoup.

 

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo Scotty M.

mercredi 5 juillet 2017

Le régime juridique des ex-présidents. Sous la pression de l'opinion, le MPLA recule.


Finalement, la Loi organique sur le régime juridique des ex-présidents et vice-présidents de la république a été votée. Oui, mais pas dans sa forme initiale. Les arguments d’Irène Neto et le débat provoqué dans l’opinion ont fini par astreindre les députés du Mpla à revoir leur copie. C’est inédit. Sur les places publiques et dans les rues, le sujet était abondamment commenté.  L’injustice, dont la famille du premier président angolais est victime, étant  apparue au grand jour, les langues se sont déliées. Car, António Agostinho Neto est celui qui a proclamé l’indépendance de l’Angola le 11 novembre 1975. Des trois leaders des mouvements de libération de l’Angola, il est celui qui est devenu le premier président de la République. C’est lui qui a fait que le Mpla soit au pouvoir en Angola. Ne pas lui reconnaitre cette qualité, tout simplement parce qu’il est décédé, est une dénégation d’une importante partie de l’histoire de l’Angola. Et pourtant, pendant près de quarante ans, ses propres amis, ceux-là mêmes qu’il avait mis au pouvoir ont fait l’impasse sur lui piétinant sciemment tous les droits auxquels sa famille devait prétendre. La reconnaissance n’est pas de ce monde, ne cesse de me rappeler mon oncle. Oui, il a raison. Sinon, comment expliquer l’indifférence dont fait montre le Mpla vis-à-vis de la famille du président Neto. Un désintérêt qui a profondément ému l’opinion publique angolaise et qui, à travers les médias, a réagi pour manifester sa désapprobation. Finalement, la montée d’Irène Neto au créneau a réveillé des consciences.

La loi a été approuvée, me direz-vous. Oui, elle a été approuvée par 156 voix pour (Mpla, Casa-ce, Prs, Fnla) et 20 voix contre de l’Unita, aucune abstention. Pourquoi l’Unita a-t-elle voté contre ce projet de loi alors que des altérations étaient apportées par le Mpla ? C’est parce que Samakuva et ses troupes n’ont trouvé aucun caractère d’urgence dans l’élaboration et le vote de cette loi. Il y a des choses beaucoup plus urgentes. Par exemple la loi sur la moralisation de la vie politique dans le pays. Si c’est vrai qu’un président de la République à la fin de son mandat doit bénéficier des droits qui lui permettent de vivre dans la dignité et jouir d’une certaine immunité, il n’est pas insensé de porter un regard sur les anciens combattants et sur les milliers d’ex-militaires mutilés au cours de successives guerres qu’a connu le pays et qui ne bénéficient d’aucune aide de l’État. Aujourd’hui, tous ces laissés pour compte constituent une armée de mendiants exclus de la Caisse de sécurité sociale pendant qu’à l’Assemblée nationale le Mpla et une partie de l’opposition approuvent une loi qui attribue une double subvention à vie aux premières dames de la République. Quelle fonction occupe une première dame dans l’administration publique de l’État ? Je vous laisse répondre à la question.

Une importante partie de l’opposition a voté avec le Mpla. Cette partie de l’opposition a-t-elle fait la même lecture que l’Unita de cette loi organique ? À mon avis, oui. Seulement, cette partie de l’opposition, par opportunisme, cherche à se positionner dans l’éventualité où le Mpla n’obtiendrait pas une majorité absolue aux prochaines élections. Cette partie de l'opposition pense déjà à une éventuelle coalition. Pour l’Unita, il y a des questions pour lesquelles le parti ne peut pas pactiser avec le d… quel que soit leur réalisme.

La loi a été revue. Dans sa version initiale, le projet prévoyait qu’à la fin de son mandat, le président sortant bénéficierait d’une immunité qui le mettrait, pendant 5 ans, à l’abri des poursuites judiciaires. Dans sa nouvelle formulation, il est établi que les anciens présidents de la République d’Angola vont bénéficier des mêmes immunités que les députés de l’Assemblée nationale. Quant à l’allocation à vie, il y a là aussi un recul, la loi alloue 80% du salaire de base du président en fonction au lieu de 90% de son salaire durant la dernière année du mandat. Pour les anciennes premières dames, la pression populaire n’a pas été assez suffisante pour bloquer la machine du Mpla. Finalement, elles vont bénéficier d’une allocation mensuelle à vie correspondant à 60% du salaire de base d’un ministre en fonction.

Le débat continue même si la loi est votée.

 

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo Scotty M.

 

  

mercredi 21 juin 2017

Bras de fer à l'Assemblée nationale. IRÈNE NETO, seule contre tous (ou presque).


La session parlementaire qui s’achève le mois prochain en Angola prend fin sur une note assez amère. La majorité parlementaire du Mpla aurait voulu couronner cette fin de session par une loi qui symbolise à jamais l’attachement de ses membres au parti et à son président, et leurs remerciements à celui qu’ils considèrent comme leur mentor. À cet effet, le groupe parlementaire majoritaire à l’Assemblée nationale a élaboré et mis à l’ordre du jour de la dernière session l’examen d’une loi organique sur le régime juridique des ex-présidents et vice-présidents à la fin de leurs mandats. Dans cette proposition de loi, des privilèges, en dehors de ceux attribués par la Constitution, sont accordés au président sortant. De l’avis de l’Angolais lambda, le principe qui consiste à attribuer une allocation aux ex-présidents et vice-présidents ne pose aucun problème à la population. Ce qui pose problème, c’est le fait que le duo Dos Santos/Manuel Vicente n’est pas, et ne sera jamais dans le besoin. Jamais. D’ailleurs s’ils perçoivent encore aujourd’hui un salaire, c’est parce, comme le consacre une expression populaire, l’argent appelle l’argent. Parler d’une allocation financière à leur sujet est une offense à leur endroit. Regardez Donald TRUMP, il est tellement riche qu’il refuse de percevoir son salaire de chef d’État. Voilà pourquoi IRÈNE NETO, députée et fille du premier président angolais, António Agostinho Neto mort de maladie en 1979, s’est élevée contre la proposition de loi attribuant, non seulement des avantages financiers à Dos Santos, mais aussi le titre de « Président de la République émérite ». Nulle part dans la Constitution angolaise les textes ne font mention d’un président émérite. La majorité parlementaire du Mpla serait-elle tentée par une modification de la Constitution ? Pendant plusieurs années, la veuve et les enfants de Neto n’ont bénéficié d’aucun privilège, est-ce par absence de loi ? La virulence avec laquelle IRÈNE NETO s’est opposée au vote de cette loi a surpris l’opinion nationale. Pour une fois, une voix discordante s’est fait entendre dans la majorité parlementaire du Mpla. Durant son intervention, très émue, la députée a raconté les tristes épisodes par lesquels est passée sa famille. « L’accès à notre maison de Futungo de Belas nous était interdit pour, parait-il, des raisons de sécurité. Seuls quelques diplomates accrédités en Angola et des amis de la SWAPO (mouvement de libération de la Namibie) nous apportaient leur aide. Où étaient nos camarades du Mpla » ?  IRÈNE NETO n’est pas d’accord avec ses camarades de la majorité parlementaire lorsque dans la présentation de leur projet de loi ils affirment : « c’est la première fois que nous avons un président en fin de mandat ». Le président qui meurt n’est-il pas, involontairement, arrivé à la fin de son mandat ? « Il y a eu dans ce pays un président sortant qui a laissé derrière lui sa famille. En toute transparence, cette famille n’a jamais demandé de faveur à qui que ce soit, et encore moins d’être choyée. Nous voulions seulement que le peuple, à travers ses représentants à l’Assemblée du peuple de l’époque, décide de l’appui qui nous revient de droit ». Fallait-il attendre la fin du règne de Dos Santos pour se rendre compte de la nécessité d’apporter une quelconque assistance à la famille d’un président à la retraite ? Dans cette phase de consolidation de la démocratie, les candidats à la présidence de la république seront de plus en plus jeunes et feront moins des mandats au pouvoir, faut-il, comme le suggère le Mpla, leur attribuer une allocation à vie? Le Mpla propose une retraite à hauteur de 90% du dernier salaire perçu pendant la dernière année du mandat. Est-ce raisonnable? Comme IRÈNE NETO, moi aussi je m’interroge sur la crédibilité d’une telle proposition. Au sein du Mpla, il y a aussi des députés qui s’interrogent sur le sérieux d’une pareille mesure. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’examen de cette loi, controversée, a été reporté à la semaine prochaine. Officiellement, l’opposition ne s’est pas encore prononcée sur le sujet. Néanmoins, même si le principe parait sensé, son application doit tenir compte de différents paramètres liés à la personne bénéficiaire de la mesure. Un président en âge de retraite ne percevra pas la même allocation que son collègue moins âgé et qui est encore en mesure d’être utile à la société. Qu’en dites-vous ?  À Luanda, on ne parle que de ça.

Le débat est ouvert.   

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo Scotty M.            

mercredi 7 juin 2017

La vérité affranchit..


La précampagne électorale, conduite et rythmée par le Mpla, occupe sans discontinuer depuis quelque temps l’espace médiatique en Angola. La radio et la télévision nationale, les seuls médias qui couvrent toute l’étendue du territoire national, sont mobilisés pour faire l’apologie du parti au pouvoir. À l’opposition, le ministère de la Communication n’accorde que quelques minutes d’antenne. Vu de l’étranger, cette présence (très éphémère)  des  partis de l’opposition dans ces médias, publics de surcroit, accorde un substantiel crédit au processus électoral angolais. Ce fut pareil en 2012, lorsque la CNE (commission nationale électorale), organe chargé d’organiser les élections, s’est  départie de sa neutralité pour épouser la position dominante du Mpla. Une posture qui, hier et aujourd’hui, complique la CNE dans sa recherche des arguments susceptibles de convaincre l’opinion de sa crédibilité compte tenu de son allégeance au Mpla. Devenue une lamentable courroie de transmission du pouvoir du palais présidentiel, la CNE voit sa confiance dans la population s’estomper chaque jour un peu plus. Le choix de l’agence SINFIC (Système d’informations industrielles et consultations) dans l’organisation technique des élections n’a apporté, me semble-t-il, aucun crédit ou garantie de l’indépendance de la CNE. La raison ? La SINFIC est une entité purement angolaise, contrairement à ce que la CNE tente de faire croire, dirigée et financée par des caciques du Mpla pour proclamer, le moment venu, les résultats électoraux en faveur de leur parti. Voilà pourquoi l’UNITA, premier parti d’opposition en Angola, a appelé ses militants et sympathisants à une grande marche de protestation qui a eu lieu, avec beaucoup de succès dit-on, dans plusieurs villes d’Angola. Pour la première fois, un parti d’opposition, l’UNITA, a tordu le cou, grâce à un meilleur encadrement de sa manif, aux idées préconçues selon lesquelles les manifestations sont synonymes de désordre public. La Police nationale a reconnu, même à termes voilés, l’esprit patriotique des manifestants. C’était le samedi dernier. Pendant cette marche, l’image de Danillo dos Santos était très fraiche dans les esprits. Danillo, le fils du président Dos Santos ; celui qui a jeté par la fenêtre 500.000€ en achetant une collection des photographies de HURREL Georges. D’autres disent qu’il a acheté une montre. À 500.000€ ? Voulait-il impressionner Wil SMITH avec qui il s’est fait photographier ou n’avait-il aucune notion de la valeur de la somme qu’il déboursait ? Quand on sait que les hôpitaux en Angola manquent des seringues, des compresses et autres produits pharmaceutiques, les 500.000€ pouvaient servir à alléger les souffrances de plusieurs enfants internées dans les hôpitaux en Angola. Quel gâchis !    

En cette fin de mandat, décidément les enfants Dos Santos n’apportent que soucis et tracas à leur géniteur. Depuis sa nomination à la tête de la SONANGOL (société nationale angolaise de pétrole), Isabel dos Santos, à cause de sa mauvaise gestion, est en train de conduire la société à la ruine. Selon certains cadres de Sonangol, la gestion d’Isabel est faite à distance sous la supervision des consultants portugais qui n’ont, parait-il, aucune connaissance du secteur pétrolier. Résultat : situation désastreuse. Pour preuve : le 17 mai 2017, Isabel dos Santos s’est rendue au Ministère des Finances pour solliciter un prêt de 3.000.000.000$ de dollars américains destinés au renflouement des caisses de la Sonangol. Vu l’état des finances du pays, le prêt lui a été refusé. Ni ses menaces ni sa colère n’ont intimidé le ministre chargé des finances.  L’inexplicable attitude d’Isabel nous conduit à nous interroger : La Sonangol serait-elle en train de sombrer? En tout cas, cette entreprise d’État connait des jours très sombres. Dans sa balance de payement, selon certains experts, le passif est de loin supérieur à l’actif. Le déséquilibre dans ses comptes est tellement évident que l’on parle de corruption au sein de ce fleuron de l’économie angolaise. Et lorsqu’il y a corruption, le scandale n’est pas très loin. Je vous rappelle ici que la corruption a atteint tous les secteurs de la société angolaise. Et dans cette dépravation qui s’est installée dans le pays, Fernando Piedade NANDÓ, l’actuel président de l’Assemblée nationale est une des personnes dont le nom n’a jamais apparu pas sur la liste des corrompus de la république. Mais voilà que dernièrement son nom est cité comme étant à la base du scandale d’acquisition de 250 voitures de marque LEXUS, modèle LX570 (coût total d’acquisition : 78.000.000 dollars américains). Des voitures achetées pour les membres de l’Assemblée nationale qui seront élus au mois d’août 2017. Il s’agit ici d’un cas de corruption anticipée. Au moment où le pays traverse une importante crise financière, donner son aval pour autoriser un achat d’un tel montant est tout simplement scandaleux. À moins que la commission soit très conséquente pour celui qui a avalisé l’achat. NANDÓ a-t-il lu les signes du temps et pris une longueur d’avance pour se constituer un pactole pour les jours à venir ? La réussite de la manifestation de l’UNITA est un signe qui ne trompe pas. Même en convalescence, le président Dos Santos de retour à Luanda après 28 jours passés dans un hôpital en Espagne a surement apprécié la réprobation exprimée par son peuple au sujet des irrégularités de la CNE. Et vous, avez-vous aussi apprécié?

« Sobamasoba » souhaite au président Dos Santos un prompt rétablissement.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo Scotty M.