jeudi 14 décembre 2023

RÉCONCILIATION NATIONALE : UN IMPÉRATIF POUR L'ANGOLA.

C'est emmerdant de revenir plusieurs fois sur le même sujet alors que d'autres problèmes requièrent notre attention. Mais, quand il y va de l'intérêt de la nation, permettez que nous revenions sur le sujet.  Les joutes oratoires auxquelles nous assistons à l'Assemblée nationale ces derniers temps nous laissent souvent sans voix. Les parlementaires de la majorité nous offrent un spectacle désolant et inquiétant. La légèreté arrogante avec laquelle  ils abordent certains sujets  donne l'impression, plus de vingt ans après les accords de Luena, que le vainqueur (Mpla) a un ascendant sur le vaincu (Unita). Cette attitude insolente embastille  le pays dans une sorte d'immobilisme. Pourquoi? Tout simplement parce que les intérêts partisans sont placés au-dessus de l'intérêt national. Et voila le pays installé durablement dans une crise de confiance. Contrairement aux espoirs exprimés, les accords de Luena (2002) n'ont pas apporté la paix des esprits tant attendue par le peuple après une longue guerre. Et pourtant, la solution à ce problème réside simplement dans cet engagement patriotique  et rassurant qu'est la RECONCILIATION NATIONALE. C'est dommage que l'idée soit galvaudée par notre classe politique au point de perdre son sens le plus noble. Et quand nous en parlons, nous avons la nette impression de ne pas parler tous de la même chose. 

La réconciliation nationale n'est pas une simple  négociation qui débouche sur un accord fut-il très équilibré et très équitable. La réconciliation n'est pas un consensus, fut-il issu de l'agrément de toutes les parties qui auraient sacrifié une partie de leurs intérêts pour l'intérêt supérieur de la nation. Enfin, la réconciliation n'est pas une alliance autour d'un objectif, fut-il noble dans ses intentions. La réconciliation est un acte qui part de la profondeur du cœur de l'homme. Elle est d'abord exigence pour soi-même: exigence d'humilité pour accepter de s'abaisser et de céder volontairement devant l'autre même quand on a raison. Elle est une exigence d'honnêteté vis-à-vis de soi-même pour reconnaitre ses propres erreurs et ses insuffisances. Elle est exigence d'intégrité pour respecter en public et en privé les engagements pris vis-à-vis de l'autre partie. Elle est exigence de pardon pour accepter de passer l'éponge sur les erreurs et les fautes de l'adversaire. Elle est exigence d'amour, oui d'amour, pour faire confiance à l'adversaire et accepter de partager avec lui la même intention d'atteindre les mêmes objectifs. Dans ce cas, le bien-être du peuple. 

Pour toutes les parties en cause: la réconciliation nationale exige la restauration d'une confiance mutuelle entre les parties et le bannissement de l'hypocrisie qui conduit aux calculs stratégiques pour piéger l'autre. Sans cela, nous ne pouvons pas parler de la réconciliation. Et sans cette réconciliation nationale, nous ne pouvons rien entreprendre pour sortir de cette crise de confiance. Pour que demain ne soit pas comme aujourd'hui, œuvrons pour plus d'humilité, de modestie, d'honnêteté intellectuelle et d'intégrité. La réconciliation des cœurs implique à la fois la réconciliation avec soi-même et avec les autres. Angolais, reconcilions-nous. Le complexe de supériorité dont souffrent certains d'entre nous n'aide pas le pays à grandir. La réconciliation nationale n'est pas une solution magique à nos problèmes, mais c'est le début d'une solution durable. 

Sobamasoba

Eduardo M.Scotty.

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vendredi 20 octobre 2023

IMPEACHMENT, SUITE...ET FIN ?

 

Carolina Cerqueira, présidente de l'Assemblée nationale, sauve le président Joâo Lourenço de la destitution. C'est cette phrase qui devait faire le titre de cette analyse. Mais qu'à cela ne tienne. La démarche de l'UNITA/FPU n'a pas abouti. Ce n'est pas une surprise. Il fallait s'y attendre. Arithmétiquement, le résultat ne pouvait être en faveur de l'UNITA/FPU. C'est dans le secret des urnes que résidait la sentence promise au Mpla. Malheureusement, les "eduardistes", sur lesquels l'opinion comptait pour faire basculer la balance en faveur de la destitution de JLo, n'ont pas su ou pas pu exprimer leur soutien à la motion de l'UNITA/FPU. La rapidité avec laquelle la plénière est convoquée, le samedi passé, deux jours après avoir réceptionner l'acte d'accusation de l'UNITA/FPU, surprend l'opinion publique. Les députés, même ceux du camp du pouvoir, sont aussi surpris. Pourquoi cet empressement ? Les ordres sont venus d'en haut. Le MPLA est coincé. Solution: il faut vite évacuer ce dossier pour passer à autre chose. Joâo Lourenço doit présider l'ouverture de la nouvelle session parlementaire le lundi. Laisser sur ses épaules le poids d'une éventuelle destitution, c'est fragiliser l'homme et la fonction. Précipiter les choses parait, de l'avis du pouvoir, la meilleure issue.   Seulement, au sein de la majorité présidentielle, la confiance et la cohésion ne sont pas de mise. Craignant une désagréable surprise de la part des moutons noirs, Carolina Cerqueira passe en force en refusant de mettre en place la Commission spéciale sensée débattre du fondement et de la crédibilité des accusations de l'UNITA. C'est l'impasse. La plénière s'enflamme. Les députés se retiennent pour ne pas en venir aux mains. C'est par pur respect à leur institution. Une attitude qui les honore. Rappelez-vous en passant qu'on ne tient pas souvent compte de la loi quand la situation est en faveur du MPLA.  C'est quand elle est en faveur des opposants que la loi devient un bouclier pour justifier l'injustifiable. Quelle honte! 

Un choix partisan: Pas de Commission spéciale, pas de vote secret. Carolina Cerqueira a levé l'option de ne respecter ni la Constitution angolaise, ni le règlement de l'Assemblée nationale. Objectif: sauver le soldat Lourenço. La démocratie angolaise vient de vivre un triste épisode. Un épisode qui afflige le peuple. Ce même peuple à qui le MPLA a volé la victoire électorale en 2022 et qui espérait se débarrasser légalement de Lourenço pour rétablir la vérité des urnes. 

C'est dans ces circonstances que le Joâo Lourenço se présente, le lundi, devant tous les députés réunis à l'Assemblée nationale pour ouvrir la nouvelle année parlementaire. Comme il fallait s'y attendre, la tension est palpable dans la salle. Les événements de samedi sont encore présents dans les esprits. C'est dans cette ambiance que JLo fait son discours sur l'État de la Nation.  Plus de deux heures est le temps nécessaire pour lire un discours truffé d'inexactitudes et décrivant un pays qui ne correspond pas à celui que nous connaissons. Aucune perspective intéressante. Des promesses, toujours des promesses. Si tout est en rose, pourquoi continuons-nous à vivre dans la misère? Le peuple attend la réplique de l'UNITA.

Sobamasoba

Eduardo M.Scotty



dimanche 1 octobre 2023

CIVICOP : UNE ARME POLITIQUE ?

CIVICOP est une commission, enfantée  par le Mpla, pour l'implantation d'un plan de réconciliation en mémoire des victimes des conflits politiques. Pour un profane, l'idée d'une pareille commission ne peut que répondre au souhait des Angolais de pouvoir se réconcilier et de vivre ensemble dans la paix des esprits. Cependant, pour tout homme politique aguerri, la création de cette commission suscite des interrogations. Pourquoi et, surtout, pourquoi maintenant?  De l'avis de beaucoup d'observateurs, la raison de cette initiative ne convainc pas l'Angolais lambda  qui, d'ailleurs, a perdu toute confiance dans les autorités du pays.  À ce doute, il faut ajouter aussi le "timing". Le moment choisi pour commencer à déterrer les restes mortels des victimes des conflits armés comme si la paix des esprits en dépendait. Et cela juste quand l'UNITA/FPU engage un processus pour destituer le président Joâo Lourenço.  Même si la mise en place de cette commission est une démarche louable, ce dont je doute, c'est le moment choisi par le MPLA pour son activation qui surprend. L'homme de la rue aurait-il raison d'affirmer que le Mpla est diabolique? Même les morts n'ont pas droit au repos. Il apparait comme un nez au milieu du visage que l'objectif du régime est de profiter de cette CIVICOP pour ternir l'image de l'UNITA/FPU. Le but de la CIVICOP n'est pas de recueillir des restes mortels pour permettre aux familles de faire leur deuil. Il semble que l'opération, menée par les services de sécurité, est utilisée comme une arme de propagande contre l'UNITA en exposant son passé négatif et décourager ses dirigeants dans leur démarche à l'Assemblée nationale. Décidément, le MPLA ne changera jamais. D'ailleurs comment le pourront-ils puisqu'ils n'ont aucune notion de la démocratie.

À l'instar de l'UNITA que l'on accuse de tous les maux, le MPLA a-t-il les mains propres? Les camarades ont aussi leur passé négatif, peut-être pire que celui de l'UNITA. Les massacres du 27 mai 1977, les tueries des Tocoïstes, le carnage des Bakongo en 1992, les assassinats de Cassule et Camoulingue, la boucherie du mont Sumi, les morts de Cafunfo et Lunda. Où sont passés les restes mortels de tous ces Angolais? Commencer les exhumations par Jamba alors qu'il y a des fosses communes autour de Luanda. Quelle cruauté? Tout ça pour incriminer l'UNITA. 

La CIVICOP n'est-elle pas imbue d'une arrière-pensée politique? Alors poussons la réflexion plus loin et demandons-nous pourquoi le MPLA n'est-il pas préoccupé avec les restes mortels des officiers de ELNA (bras armé du FNLA) exécutés à Kinkuzu? Il serait intéressant que le gouvernement demande au FNLA d'ouvrir ses archives pour qu'on puisse localiser les endroits où sont enterrés les commandants Londres Monteiro et Matumona. C'est ainsi que les Angolais pourront croire dans la sincérité du MPLA. Si non, c'est une macabre distraction. Instituer une vraie Commission Vérité et Réconciliation  qui puisse réunir tous les Angolais comme en Afrique du sud permettra au pays de retrouver la paix des esprits. Et vous, qu'en dites-vous? 

Sobamasoba

Eduardo M.Scotty. 

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mardi 29 août 2023

IMPEACHMENT (2): LE RESPECT DE LA CONSTITUTION

La nervosité qui caractérise le débat politique en Angola, depuis plus de trente jours, est le fruit d'une approche entamée par les députés de l'opposition pour destituer le président Joâo Lourenço. La décision, apparemment très pondérée, de l'Unita/FPU de sanctionner le chef de l'Éxécutif angolais, conformément à l'article 129 de la Constitution, a , non seulement, provoqué un vent de panique au sein du parti au pouvoir, mais a aussi éveiller la curiosité du citoyen lambda. Rien d'étonnant. Installé confortablement au pouvoir (depuis 1975), l'idée d'un impeachment n'a jamais préoccupé le Mpla. Le confort du pouvoir et le miel qui en découle leur a fait oublié le décryptage d'une constitution qu'ils avaient eux-mêmes écrite et promulguée. D'ailleurs, qui pouvait imaginer détrôner Sa Majesté Deng? QUI? Personne. Pourtant, à la surprise générale, l'Unita/FPU a osé. Le groupe parlementaire de l'UNITA/FPU a decidé d'intenter une action contre le président Lourenço utilisant les pouvoirs que la constitution attribue aux deputés. Comme il fallait s'y attendre, la riposte du Mpla ne s'est pas fait attendre. Instantannée et violente. Un impeachment à l'endroit du président Lourenço est un affront qui est mal vécu au sein du parti au pouvoir. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est cette réaction musclée des cadres du Mpla qui a montré à quel point ces dirigeants ignorent les dispositions contenues dans notre constitution. Sinon, ils seraient plus pondérés et plus responsables. La démarche de l'Unita/FPU n'a rien d'insurrectionnel, ni de révolte populaire. L'article 129 de la constitution angolaise ne pose pas les bases d'un coup d'État, ni d'une insurection populaire. C'est simplement l'application d'une disposition de loi écrite et votée par le Mpla. Pensaient-ils appliquer cette disposition lorsque l'opposition serait un jour au pouvoir? Si c'est le cas, c'est raté.

Ce qui est plus intéressant au sujet de ce débat, c'est la résurgence d'une vieille querelle entre camarades au sein du Mpla. Rappelez-vous du clivage provoqué par la lutte sélective contre la corruption initiée par Joâo Lourenço. Le Mpla s'était scindé en deux groupes: les "Lourencistes" d'un coté et les "eduardistes" de l'autre. Lourenço n'emprisonnait que les gens du camp Dos Santos. Or, sanchant que le processus de destitution du président se termine par un vote secret au sein de l'assemblée nationale, quelle sera l'attitude des "eduardistes", seuls devant l'urne? Seront-ils capables de faire taire leurs émotions malgré les humiliations subies? Les déclarations de Bornito de Sousa, Marcolino Moco ou de Dino Matross au sujet de la gouvernance de Joâo Lourenço n'augurent pas bien de l'avenir prochain. "Améliorer ce qui est bien et corriger ce qui est mal". Nos amis du Mpla seront-ils capables de mettre en pratique leur slogan? 

Après cette action soutenue par les députés de l'UNITA/FPU, rien ne sera plus comme avant. D'ailleurs, selon les  dernières nouvelles publiées sur les réseaux sociaux, le président Lourenço affiche un comportement très respectueux de la constitution craignant d'apporter du grain au moulin de l'Unita/FPU. La motion de destitution est-elle finalement le début d'une ère nouvelle?  

Sobamasoba

Eduardo M.Scotty. 

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mardi 25 juillet 2023

IMPEACHMENT : DESTITUTION (?) DE JOÂO LOURENCO

Les jours passent, mais ne se ressemblent pas. L'Unita d'hier est très différente de l'Unita d'aujourd'hui. L'Unita des guérilleros a cédé la place à l'Unita des stratèges politiques. La stratégie de proximité instaurée par la nouvelle direction de l'Unita surprend plus d'un Angolais par son efficacité. Milliers sont les jeunes qui accourent aux meetings de Adriano Sapinala, l'actuel secrétaire provincial de l'Unita à Luanda . L'adhésion à son discours, et à celui de Nellito Ekwikwi, est tellement surprenante que le Mpla, inquiet, accuse l'Unita de vouloir prendre le pouvoir par des méthodes illégales. En soutien à cette accusation, un narratif selon lequel l'Unita instrumentalise le peuple est forgé dans les officines du Mpla. L'Unita a-t-elle vraiment besoin d'instrumentaliser le peuple? Non, le Mpla le fait très bien. Si le peuple s'éloigne du Mpla cela est dû à sa mauvaise gouvernance. Stratèges, les dirigeants actuels de l'Unita saisissent la balle au bond et procèdent par étape à la mise en place de leur plan pour secouer le pouvoir. Après l'introduction d'une nouvelle culture des manifestations, des meetings et des causeries politiques, l'Unita poursuit calmement son objectif en vu de gagner démocratiquement le pouvoir. La méthode étant définie, l'acte de destitution du Président de la République, conformément à la constitution, fait partie de cette stratégie de l'Unita de mettre à nu les faiblesses du Mpla au pouvoir. Même  si cet acte  n'aboutit pas, ce qui est probable, car il faut plus de 56 députés pour faire passer la motion, la tentative est un pas dans la  fragilisation du président, en le vidant de sa substance institutionnelle.   Le tout dans le respect de la loi. Contrairement au Mpla qui, arrogant et méprisant, s'évertue à diviser le peuple et marcher sur l'unité nationale, l'Unita prône la stabilité. 

Concrètement, sur quels griefs repose cette tentative de l'Unita censée conduire à la destitution de Joâo Lourenço de la présidence de la République? Selon l'article 129 de la constitution angolaise, le président peut être destitué : pour incapacité à mettre en place un État de droit dans le pays, à assurer la sécurité de la population, à faire fonctionner correctement les institutions, à lutter contre la corruption et les détournements de fonds.

Selon un bilan établi par les observateurs, les six (6) années de pouvoir du Président Joâo Lourenço se soldent par un échec dans pratiquement tous les domaines. L'État de droit, garantissant toutes ses libertés, est resté jusqu'aujourd'hui à l'état de promesse. En six ans, environ 200 civils sont morts tués par la Police nationale sans qu'aucun policier ne soit traduit en justice. Le système judiciaire est en crise depuis plus de deux ans. Le président du Tribunal suprême, accusé de détournement de l'argent public, continue à exercer ses fonctions avec la bénédiction de Joâo Lourenço. Le maintien en fonction des personnes poursuivies par la justice est , sous ce régime, une méthode d'administration.

Tous ces écarts mis bout à bout, l'Unita forte de 90 députés, pour la première fois, fait usage d'une prérogative que lui accorde la Constitution angolaise: Destituer le Président. En réaction à la proposition, le Mpla s'insurge  violemment et accuse l'Unita de vouloir prendre le pouvoir par la force. Le communiqué rendu public la semaine dernière ne se prive pas de rappeler aux Angolais la culpabilité de l'Unita dans la guerre fratricide qui a opposé le Mpla à l'Unita. Toujours le même narratif. Et pourtant la bataille pour la destitution de Joâo Lourenço est une bataille à l'intérieur des institutions. C'est ainsi que le Mpla a toujours voulu. Pas de bataille politique dans la rue, mais au parlement. Et, alors? Pourquoi parle-t-on de soulèvement populaire, d'insurrection?

Mathématiquement, l'Unita ne peut pas destituer Joâo Lourenço, mais le fait de le bousculer devant ses parlementaires laissera sûrement des traces. C'est un fait politique historique. Et vous, qu'en dites-vous? Les caciques du Mpla voteront en faveur de la destitution? Wait and see...

Sobamasoba

Eduardo M.Scotty.      

      
























    

            

dimanche 18 juin 2023

MANIFESTATIONS EN ANGOLA : UNITA, COUPABLE IDÉAL.

Que se passe-t-il en Angola? Depuis un certain temps, on observe de l'agitation dans les rues de Luanda et à l'intérieur du pays. Après la grève des taxis et la ville morte décretée par la société civile, ce sont les vendeuses ambulantes qui ont organisé une marche de protestation. Alors que l'on croyait la situation sous contrôle, l'annonce de l'augmentation du prix de carburant vient déclencher un autre mouvement de protestation, celui-ci plus violent que les autres. Bilan: des blessés à Luanda et Huambo, un désordre indescriptible à Lubango, des centaines de motos incendiés à Namibe. La promesse faite par le Président Lourenço à la population au sujet d'une importante  diminution des prix du carburant à partir des mois de juin/juillet n'a pas été tenue. Cette entorse est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Des manifestations s'organisent un peu partout dans le pays. Le régime, bousculé, accuse l'opposition d'être à la base de cette agitation. Joâo Lourenço, dans une de ses adresses aux militants du Mpla accuse: "L'opposition ne respecte pas les résultats des élections". Selon le président, la victoire du Mpla aux élections de 2022 retire à l'opposition tous droits de protestation et de manifestation.  Quelle idée? 

Dans la vie, tout évolue. Et l'Unita, dans cette évolution,  a complètement changé  sa manière de faire la politique. Les successeurs de Jonas Savimbi  ont décidé de développer une vraie politique de proximité avec le peuple. Entretenir une réelle  complicité avec les électeurs. Au vu des résultats, en cette matière, Adalberto Costa Junior a vraiment rénové. D'ordinaire, après les élections, les partis de l'opposition  entrent en hibernation  jusqu'aux prochaines échéances électorales. Pendant tout ce temps, le Mpla reste le seul maitre sur le terrain. On observe maintenant que les choses ont changé. L'Unita est en perpétuelle campagne. Pendant que le Mpla gouverne,  ACJ et sa caravane sillonnent le pays pour expliquer à la population la nécessité d'une politique alternative à celle du Mpla. Ce n'est pas de l'incitation, comme veut nous faire croire le Mpla, mais de la pédagogie. Considéré comme un parti du monde rural, aujourd'hui l'Unita entreprend de convaincre les citadins. La victoire électorale de ACJ à Luanda et Cabinda est une preuve de son encrage dans les grandes villes du pays. Ce lien que les nouveaux dirigeants de l'Unita établissent avec leurs éventuels potentiels électeurs est très important dans la mesure où il rapproche le parti du peuple. Sur ce point, tout le monde est d'accord. Et, dans sa dialectique, l'Unita professe  que  la politique alternative en Angola commence  par  des élections locales pour une meilleure gouvernance du pays. Dans cette nouvelle dynamique, la jeunesse occupe une place prépondérante. Le message semble être bien reçu par la jeunesse angolaise qui s'est automatiquement ralliée  à la cause. Sa détermination à vouloir changer les choses est gage d'un engagement patriotique. Luanda, Uige, Huambo, Lubango, Namibe, Benguela, toutes ces villes ont été ou sont des théâtres de protestation contre des mesures prises par Joâo Lourenço et ses amis. La dévaluation du Kwanza (Kz), la fermeture des magasins de grossistes, l'augmentation du prix de carburant et la politique d'austérité du gouvernement ne plaident pas en faveur du Mpla. L'Unita n'est pour rien dans l'incompétence du Mpla.  

Puisque pendant presque cinquante ans le Mpla a tout essayé et ça n'a rien donné, pourquoi ne pas essayer une autre formule? Il n'y a aucune honte à reconnaitre que les politiques publiques mises en place dans le pays n'ont pas donné les résultats escomptés. N'oublions jamais que l'orgueil précède la chute. Optons pour l'humilité. Le peuple n'en peut plus. Toute cette agitation, toutes ces manifestations sont des signes avant-coureurs d'une tragédie. 

Parlons-en.

Eduardo M.Scotty.     

  


















  

dimanche 14 mai 2023

GAME IS OPEN : LUTTE POUR LA SUCCESSION.


Au sommet du pouvoir en Angola, les éventuels candidats à la succession de Joâo Lourenço se bousculent déjà pour la bataille électorale de 2027. À quatre années de la fin du mandat présidentiel, on entend déjà sonner les cloches de ceux qui prétendent remplacer JLo alors que l'État se débat encore avec l'embarrassante épine des élections locales. N'est-ce pas un peu précipité? À moins que cela soit une manière de signifier au président sortant l'irrationnalité d'un troisième mandat. Quand on sait combien est élevée sa cote d'impopularité, ses chances de pouvoir se représenter s'amenuisent chaque jour un peu plus. Les résultats des élections de 2022 en témoignent. Ils ont généré une frustration même à l'intérieur de son propre parti, le Mpla. Si publiquement personne n'ose élever la voix pour dénoncer sa mauvaise gouvernance, dans les cercles restreints de vieux routiers de la politique angolaise, membres du Mpla, on commence à observer des signes d'impatience. En privé, ils  pensent, très légitimement, à une alternance en 2027. Une alternance au sein du Mpla, bien sûr. Des noms sont cités par-ci, par-là. 

Économiste de formation, ministre de Plan (1997-2012), ex-fonctionnaire à la Banque mondiale, élue députée sur la liste du Mpla en 2022, "conseillère très spéciale" du président actuel, Ana Dias Lourenço, épouse de Joâo Lourenço, est sur la liste de personnalités susceptibles de remplacer JLo à la tête de l'État angolais. Il parait que c'est Ana Dias Lourenço qui est à la base de la politique d'austérité mise en place en Angola par son président de mari. Il se murmure à Luanda que Ana Dias est la première vice-présidente du pays. L'expérience accumulée au cours des années dans différents ministères et à la Banque mondiale la place dans une position très confortable  parmi ceux qui entourent JLo. Dans ce cas,  quelles sont ses chances? Énormes. Rappelez-vous qu'au dernier congrès du Mpla, le comité central du parti a été exagérément élargi. Dans quel but? Dois-je vous dire que c'est le comité central qui choisit la "tête de liste" du parti aux élections? Vous le saviez déjà, non? Tous ceux qui sont venus grossir les rangs de ce Comité Central sont redevables à celui qui les a nommés. Je vous laisse deviner le reste.

Ancien général des Forces armées angolaises (FAA), ancien gouverneur  de Luanda, Kuanza-sul, Kuando-Kubango, membre du BP du Mpla, ancien ministre des travaux public, actuellement député du Mpla à l'Assemblée nationale, Higinio Carneiro est le caillou dans la chaussure de JLo. Dès le début du second mandat, il s'est prononcé le premier pour annoncer sa candidature à la tête du parti et de l'État en 2027. Même si le gros dossier judiciaire qu'il  traine (corruption et détournement de fonds publics) ne plaide sincèrement pas en sa faveur, Il croit pouvoir renverser la situation. Higinio Carneiro est quelqu'un qui sait rebondir et qui a des arguments capables de faire plier certaines personnes au sein du Mpla. Surnommé 4x4, il paraît  qu'il impose le respect autour de lui. Un corrompu peut-il imposer le respect? On aura tout vu. 

Eugenio Cesar Laborinho, ancien gouverneur de Cabinda et actuel ministre de l'Intérieur, plus connu pour ses méthodes répressives contre les manifestants, exprime lui aussi l'intention de remplacer son ami Joâo Lourenço à la tête du parti (Mpla) et de l'État le moment venu. A-t-il suffisamment de souffle dans cette course vers la Cidade Alta quand on connait le poids de ACJ? 

Voila à quoi nous devons nous attendre en 2027. La liste ne s'arrête pas là. D'autres viendront certainement  s'ajouter, donnant l'impression que, pour l'Angola, le Mpla est un choix divin. Le Mpla ou rien. N'ont-ils pas tiré une leçon des élections de 2022. C'est à se demander si Job Capapinha n'a-t-il pas raison quand il affirme :  le Mpla ne quittera jamais le pouvoir par les élections. On dirait que tout est planifié pour qu'il y demeure éternellement. Parlez-en.

Eduardo M. Scotty.


        





















dimanche 30 avril 2023

AUTOCRATIE, DICTATURE : ET SI C'ÉTAIT DANS L'ADN DU MPLA ?

Dans un pays, quel qu'il soit, la concentration de tous les pouvoirs entre les mains d'un individu ou d'un parti politique est définie comme une dictature. Et, la personne qui, après avoir été placé à la tête de l'État  exerce ce pouvoir sans contrôle, est un dictateur. Je ne vous apprends rien de nouveau à ce sujet. Cependant, ces deux définitions nous conduisent à la question de savoir : en Angola, sommes-nous en présence d'un régime  dictatorial ou démocratique? Job Capapinha, le gouverneur du Kuanza-Sud, a fixé l'opinion sur le sujet.  

Pour tous ceux qui ont un lien  particulier avec le Mpla, il leur est difficile de considérer le régime en place à Luanda comme une dictature puisqu'ils bénéficient de la manne distribuée  par le pouvoir. Pour les autres, leur lecture de la gestion de la chose publique est plus objective. Élu par le peuple pour gérer le pays, tout dirigeant est redevable à ce même peuple. Cette manière qui consiste à ignorer les aspirations du peuple  est une entorse au pacte républicain conclu avec la population. L'utilisation de l'armée, de la police et des services des renseignements pour réprimer brutalement toute revendication  de ce même peuple participe à la consolidation des assises de la dictature. La date du 27 mai 1977 est encore fraiche dans la mémoire collective des Angolais. Des centaines de morts. Et depuis, c'est un long chemin dans une pénible marche vers l'inconnu.   

Les quarante-deux années au pouvoir de  Agostinho Neto et de José Edaurdo dos Santos, bien qu'elles semblent éloignées, ont été les prémices d'un régime politique dont les Angolais regretent aujourd'hui d'avoir soutenu. Que l'actuel président marche sur les pas de ces prédécesseurs, cela ne surprend personne. Ce qui surprend c'est la cruauté avec laquelle les agents de sa police politique  opèrent dans le pays , obéissant aux ordres supérieurs, au vu et su de tout le monde.  Pour preuve: L'augmentation vertigineuse du nombre de jeunes jetés en prison pour avoir participé à une manifestation. Ceux qui arrivent à passer miraculeusement entre les mailles du filet du SIC sont quittent le pays par peur des répresailles. On se croirait à Cuba dans les années 60-80. Quid alors des propos tenus au début du premier mandat par l'actuel président, garantissant les libertés des citoyens? N'était-ce que de la poudre aux yeux?  Que d'espoir placé en lui. Un espoir qui n'a duré que deux ans au bout desquels l'homme a  tourné casaque. Des menaces en interne, au sein de son parti, ont calmé ses ardeurs. Toute tentative d'améliorer  ce qui était mal (son slogan de campagne) s'est  vue  systématiquement obstruée. Des obstructions qui ont généré l'impopularité dont souffre aujourd'hui le Mpla. Regardez comment le pouvoir judiciaire est en crise. La manière dont l'ancien  Procureur général de la République est reconduit dans ses fonctions est un vrai scandale. Comme à Cuba, les caciques du régime, embourbés dans les affaires de corruption, ont eu le dernier mot. Vouloir remettre en question leurs acquits sociaux et financiers, c'est signer leur arrêt de mort.  Ce groupe de gens venus d'ailleurs, pour la plupart d'origine angolaise douteuse, ont pris en otage tout un pays.  Pour se protéger de toute incursion, rappelez-vous de leur slogan  : " o Mpla nâo é para quem quer, é para quem merece". Tout est dit. L'équipe  est au complet,  et l'adhésion réservée exclusivement à une certaine catégorie de gens. Et quelle catégorie? Celle des créoles et leurs laquais disposés à soutenir, entretenir et lutter pour la pérennité de la dictature. Le jeune GANGSTA, un jeune activiste angolais, est aujourd'hui en fuite victime de ces créoles qui pensent que l'Angola est leur propriété. Savez-vous ce qui est arrivé au jeune NITO ALVES? Dans quelle prison se trouve TENAICE NEUTRO? Qu'on ne vous trompe pas, la présence dans le pays de plusieurs partis politiques et l'organisation périodique des élections n'est pas un gage de la démocratie. Ce sont les majorités parlementaires fabriquées par les dictateurs qui protègent aujourd'hui les régimes autocratiques. Neto, Dos Santos, Lourenço, c'est de la farine du même sac.  Chassez le naturel, il revient au galop. 

Parlons-en.  Si nous n'en parlons pas, qui en parlera à notre place? Angola é para nós todos. 

Sobamasoba. 













       

samedi 8 avril 2023

"FICA EM CASA" ou "VILLE MORTE" : LA POLICE EST RESTÉE SUR SA FAIM.

Quelque soit la hauteur d'une montagne, il y a toujours un chemin pour arriver au sommet. Aucune  pierre ne peut rester au dessus d'une autre éternellement. Un jour, elle finit par tomber. Dans l'histoire des peuples, à travers le temps, des réflexions de ce genre se sont avérées justes. Les soulèvements  populaires sur le vieux continent,  la chute des  puissances coloniales sur le continent africain,  les printemps arabes,  sont des manifestations qui corroborent l'exactitude de ces réflexions. Pourtant, il existe encore  des gens qui ne croient pas à l'effectivité de cette profonde sagesse. Il y a un temps pour tout. Les régimes politiques qui ont voulu s'éterniser au pouvoir ont fini par tomber un jour. Le contraire ne s'est jamais vérifié. Tout a une fin. À mi-parcours de son deuxième mandat, le Général Joâo Lourenço, en Angola, se trouve exactement dans la même situation. Sa majorité relative à l'Assemblée nationale ne lui laisse pas assez de marge de manoeuvre. Le Mpla dont il est aussi le président se trouve  à un croisement de chemins. La crise interne au sein du Mpla ne présage rien de bon. La montée en puissance des activistes en Angola et dans la diaspora est un indicateur sérieux de l'échec des politiques publiques du Mpla. Pour la première fois dans l'histoire du pays, les Angolais ont massivement participé dans plusieurs villes à une "ville morte". Pendant une journée, tout s'est pratiquement arrêté. C'est un message très fort en direction du pouvoir à Luanda. Et, le message a été très bien reçu. Pour preuve: La convocation adressée par  JLo aux anciens de son parti au lendemain de la "ville morte. Sans filtre les vieux dinosaures du Mpla ont fait part de leurs inquiétudes au président Lourenço. Il les a écouté, mais les a-t-il entendu? Le peuple est fatigué des promesses.  Le Mpla est devenu un parti politique sans boussole.  Joâo Lourenço ignore-t-il les problèmes auxquels est confronté la population angolaise?  Malgré la présence à ses cotés d'un Conseil de la république, d'un Conseil économique et social, et aujourd'hui d'un Conseil des anciens du parti, Joâo Lourenço est-il capable de trouver des solutions au mal angolais? Le bruit des casseroles entendu à Luanda est-il un signe précurseur du changement? 

Toutes ces questions font ressurgir dans le débat la nécessité d'une révision constitutionnelle. Une vraie. Une modification qui doit nous conduire d'abord  au changement  du mode d'élection du Chef de l'État et, ensuite,  à la fin du système qui fait de la "tête de liste" du parti gagnant, un Chef de l'État de fait. Quand Joâo Lourenço consulte ses vieux camarades du parti, en quelle qualité le fait-il ? En qualité de Président de la République ou de président du Mpla? Cette  situation imposée par la constitution atypique prête à confusion.  D'ailleurs, de l'avis de l'opinion publique, le cumul de ces deux fonctions pose un problème d'arbitrage. Le Président de la République doit être un homme au- dessus de partis politiques afin que le moment venu il puisse apprécier  en toute liberté les diverses propositions émanant de la société. Or, dans ce cas précis, le Chef de l'État a quelques difficultés à dissocier les deux fonctions. Quand on sait que son parti connait une crise interne aïgue qui dure depuis le début de la lutte contre la corruption entre les "eduardistes" et les "lourencistes", la conclusion est facile à tirer. 

La chute d'un régime est l'aboutissement d'un processus qui prend ses origines dans des actes que souvent le pouvoir méprise. La "ville morte" qu'a connu le pays dernièrement est-elle la continuation de la procédure qui a commencé aux dernières élections?  Tombera-t-il aujourd'hui? Tombera-t-il demain? C'est qui est certain, est qu'il tombera. Fragilisé et vomi,   le souhait populaire est que le Mpla cède le pouvoir à un autre parti et que qu'une alternance paisible soit possible. Après un demi-siècle, le Mpla et son président ont montré leurs limites. À quand la prochaine "ville morte"? L'Angola, une poudrière comme disait Pepetela?  

Parlons-en. 






















dimanche 26 mars 2023

LES JEUNES ANGOLAIS FUIENT L' ANGOLA , POURQUOI?


Voila presque cinquante ans que le peuple  Angolais, confiant naïvement dans la capacité de ses dirigeants, attend vainement que des meilleures conditions de vie lui soient offertes. Hélas! Peine perdue. Le changement tant attendu n'est pas pour demain. À cause de l'immobilisme constaté, beaucoup d'Angolais quittent le pays à la recherche du mieux être. Vous ne devinez pas pourquoi? 

Pour gouverner, il ne suffit pas d'être un technocrate spécialisé dans divers domaines de la connaissance scientifique. Au-dessus de la science se trouve le sens humain et le fait d'être un nationaliste défenseur de ses racines, un patriote inconditionnel. Or,  vu la manière dont le pays est dirigé, on peut conclure, sans se tromper,  que les dirigeants Angolais sont pour la plupart des femmes et des hommes que nous pouvons assimiler aux colonialistes portugais.

Observez un peu la mosaïque de ces dirigeants. La majorité d'entre eux sont  diplômés ou spécialisés au Portugal. Ils ont vécu et créé des liens d'affinité avec la culture portugaise. Après le départ du colon portugais, ils ont pris sa place et se sont identifiés comme des membres d'une classe privilégiée. Des « angolais de souche » comme ils adorent  se définir. Cependant, du berceau dont ils sont originaires, ce qu'ils ont le mieux appris, c'est de s'assimiler aux principes du colonialiste portugais et d'étudier les stratégies de mise en œuvre du colonialisme - angolais - sur la base d'une constitution atypique, oeuvre du Mpla. En fait, les dirigeants actuels en Angola sont des colons luso-angolais. La majorité  d'entre eux appartient à la génération des cadres mplistes qui dans les années 80 et 90 est partie au Portugal sous les traits d'une nouvelle classe montante  et qui est revenue en Angola au début des années 2000. Avant de partir pour l'Europe, ces jeunes turcs faisaient déjà partie de la catégorie des Angolais confus et sans identité culturelle. Arrivés au Portugal, ils ont vécu en cercle fermé,  loin de leurs compatriotes. Comme est de rigueur dans le Mpla, la convivialité était uniquement entre eux. Pendant leur séjour au Portugal, ces individus ont vécu dans une réalité virtuelle  aux antipodes de l'Angola et beaucoup ont complètement perdu les quelques bases culturelles qu'elles avaient, d'autant plus qu'ils croyaient  devenus plus portugais que les Portugais de souche. Aujourd'hui, sans morue et sans vin rouge portugais, ils se sentent déconcertés. Bref, ces "assimilés" membres du gouvernement, sans ces artifices  portugais, se sentent affligés comme un poisson hors de l'eau. C'est ce genre de personnes qui gouvernent aujourd'hui l'Angola. 

Cette déconnexion qui existe entre les gouvernants et la population dans son ensemble n'est pas un fait du hasard. Les ministres issus de cette catégorie de gens évitent tout contact avec les Angolais. Dans leur agenda, ils ont un but bien défini : faire fortune pour envoyer au Portugal parce qu'ils se croient portugais. Ils n'ont aucune notion du nationalisme et se moquent de la culture angolaise qu'ils connaissent à peine. Ils considèrent les traditions angolaises comme quelque chose d'exotique. Ils sont culturellement perdus et sans vision stratégique pour l'Angola. Ils sont là pour servir uniquement les cercles et clubs de leurs amis et familles restés au Portugal. Ce serait une joie si ces soi-disant Luso-Angolais  avaient la capacité de transformer scientifiquement l'Angola comme le Nigeria, le Ghana ou le Kenya. S'ils pouvaient se montrer capables de construire un avenir radieux pour les enfants de l'Angola.  Hélas! rien de tout cela. La vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux,  montrant une jeune fille dont la maison de sa mère était démolie par  la méchanceté de ces dirigeants-là, est une preuve que nous continuons à être colonisés. Les dirigeants angolais font pire que les colons portugais. Je mets au défi quiconque me prouvera le contraire. 

Parlons-en. 

Source: Paulo Assuilo













       

samedi 4 février 2023

PARLONS-EN SANS TABOU.


Sobamasoba signifie, en kikongo, un ardent désir, un profond souhait du changement. Dans le cas qui concerne ce blog, il s'agissait du changement en Angola. Pendant toutes les années qui ont précédé les élections de 2022, tous les éléments étaient réunis pour que le désir du souverain primaire soit réalisé. Seulement, le moment venu, l'alternance  tant attendue n'a pas eu lieu. La Commission nationale électorale et le Tribunal constitutionnel en ont décidé autrement. Les résultats sortis des urnes ont été très intelligemment manipulés au profit du parti au pouvoir. En restant dans les limites de l'acceptable, 51,70% des voix ont  été attribués au Mpla. Juste ce qu'il fallait pour paraitre crédible aux yeux des opinions nationale et internationale. À Luanda, l'euphorie à laquelle la population était habituée après une victoire électorale du parti au pouvoir n'était visiblement pas au rendez-vous. Humilité ou gêne? Peu importe. Cela appartient aujourd'hui au passé. Et l'avenir, que nous réserve-t-il? Apparemment, rien d'intéressant. Car, voyons...La politique se construit à partir de récits fonctionnels qui établissent entre eux les fondements d'une bonne gouvernance. Or, il existe trois indicateurs qui servent de soubassement à une bonne gérance. Ce sont : la CRÉDIBILITÉ, la PRÉVISIBILITÉ et la STABILITÉ. 

Ces indicateurs sont des éléments d'équilibre  qui participent à la pratique d'une bonne administration sous le leadership d'un leader compétent. Est-ce le cas pour l'Angola? J'en doute fort. Car, il est de notoriété publique qu'au cours des très dures 47 années qui ont suivi l'indépendance, les Angolais ont connu trois Présidents de la république, tous adversaires de la démocratie et également ennemis d'un État de droit. Malgré leur impopularité et illégitimité, (ils n'ont jamais été élus), l'arrogance et le sentiment de supériorité les ont toujours conduit dans leur dérive  au point où le dernier en date et ses amis ont systématiquement prêché la guerre pendant la campagne qui a précédé les élections de 2022. Pourquoi un tel langage vingt ans après la fin du conflit armé qui a opposé l'Unita au Mpla? En cherchant très bien, on trouve que la vraie raison est objectivement liée à la peur qui les terrifie à l'idée d'organiser les élections locales. La gifle reçue aux législatives a laissé une profonde marque malgré le semblant de sérénité affichée. Dans ces circonstances, les Angolais sont face à un parti au pouvoir dirigé par un Président de la république acculé qui, dans ses divagations, entraîne toute la société sur une pente dangereuse. Un coup, c'est la réforme administrative territoriale décriée par l'opinion publique, un autre coup, ce sont les menaces contre l'Unita. Finalement, les cinq premiers années du mandat de JLo n'ont servi à rien? À l'assemblée nationale, le Mpla continue à mépriser l'apport de l'opposition. Le débat sur le Budget de l'État (OGE) est une illustration de l'insolence du pouvoir. 

L'Unita n'est pas l'ennemi du Mpla. C'est juste un parti adversaire qui poursuit le même objectif que le Mpla, mais qui est porteur d'un projet de société différent de celui du Mpla. Vouloir faire croire à l'opinion publique que l'Unita est porteur d'un projet toxique pour le peuple est un mensonge grossier. D'ailleurs les vrais résultats des dernières élections le prouvent à suffisance. Pourquoi alors s'obstiner à utiliser une recette qui ne donne pas des fruits? Certains "colombes" au sein du Mpla, sans l'exprimer publiquement, envisage la possibilité d'associer des cadres de l'opposition à la gestion de la chose publique. Le Mpla a montré ses limites. Il n'y a aucune honte à gérer le pays avec d'autres cadres issus de la société civile ou de l'opposition. Ils ne seront peut-être pas d'accord sur tout, mais sur l'essentiel un consensus est possible. Pourquoi cette obstination à vouloir gouverner seul? Pourquoi? Le philosophe Joseph Basile disait:" Celui qui sait enseigne pour faire savoir, et celui qui ne sait pas apprend pour s'enrichir et tous les deux se hausser ainsi ensemble."  L'Unita détient peut-être la solution à nos problèmes, pourquoi ne pas l'associer à la gestion du pays? Les élections de 2022 nous ont   donné la réponse. Le peuple souhaite voir l'Unita au pouvoir. La voix du peuple, c'est la voix de Dieu. Ecoutez-la. 

Sans tabou.