mercredi 29 juillet 2020

Au MPLA, l' IMMUNITÉ est l'arbre qui cache la forêt.


En Angola, chaque fois que la justice se met débout pour barrer la route aux associations de malfaiteurs, les personnes suspectées, généralement des dirigeants politiques, brandissent leur IMMUNITÉ pour se soustraire de toute action judiciaire. Et devant ce bouclier, la justice se sent impuissante.  Mais en fait c'est quoi l'immunité? Pour faire simple, l'IMMUNITÉ est une prérogative accordée à une catégorie de personnes pour assurer leur protection contre les actions judiciaires pendant l'exercice de leurs fonctions. Les immunités sont souvent accordées aux chefs d'État, aux parlementaires et aux ministres de gouvernement. Dans des pays dont les gouvernements appliquent des méthodes qui s'apparentent au totalitarisme, les immunités s'appliquent aussi aux cadres du parti au pouvoir. Il est difficile ou impensable qu'un cadre du Mpla, quelle que soit la bévue commise, soit inquiété par la justice. Un seul coup de fil de la hiérarchie suffit pour stopper net une procédure judiciaire. Les cas des personnes qui ont bénéficié de ce "coup de fil" font légion. La dernière personne qui vient de bénéficier de cette largesse est le Général Higinio de Carneiro. Quant à Manuel Vicente, Helder Vieira Kopelipa, Dino Nascimento et autres généraux de la vieille garde du Mpla, l'immunité est un parapluie qui les protège de l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes. Dans les quartiers à la périphérie de Luanda, à la tombée de la nuit, dans les bistrots, les conversations tournent autour de ce sujet. Cette institutionnalisation camouflée de l'impunité dérange et crée du désordre dans la tête des gens.   
Finalement, les citoyens sont fatigués de tout ce désordre créé par Mpla, et au milieu de cette confusion, la justice est devenue l'otage des politiciens qui gouvernent le pays parce que le peuple ressent et vit ces faits au quotidien. Pendant que l'immunité met à l'abri les dirigeants et cadres du parti, la population subit des nouvelles méthodes  d'extorsion conçues par des policiers véreux et des procureurs corrompus. Des procureurs qui, dans les commissariats de police,  commettent toutes sortes de barbaries et enfreignent la loi en décrétant des arrestations arbitraires  sur des dossiers mal instruits. Des juges corrompus, des avocats corrupteurs qui transforment la vie des citoyens en un véritable enfer. Et comme tous ces gens sont du Mpla, personne ne remet en question ce qui se passe, sauf à de rares exceptions près, au Parlement, certains individus, devenus des députés grâce à la bienveillance du parti au pouvoir, essayent tant bien que mal de blanchir leur image avec des déclarations élaborées dans des officines, des déclarations qui dérangent la vie quotidienne du citoyen. Et quand il y a des dossiers controversés sur la corruption de gros poissons, l'opposition, censée remettre les pendules à l'heure, se soustrait à ses responsabilités, alors qu'elle devrait normalement profiter de l'espace politique dont elle dispose pour stopper l'arbitraire commis par les gens qui gouvernent, chercher des réponses sur des enquêtes qui n’aboutissent jamais malgré les dénonciations justifiées et des faits avérés. Condamner l’attribution de grands travaux publics sans concours à des amis et membres de famille. Souvent, ces entreprises familiales qui gagnent toujours des marchés le font sans  respecter les règles de droit par des pots-de-vin aux membres du bureau du Président de la République dont le Dircab a reçu dernièrement 1 million de dollars pour faciliter l'attribution d'un marché (dénonciations provenant d'une chaîne de télévision portugaise). Devant cet attelage de protectionnisme, le peuple se moque  des prétendues  enquêtes qui peuvent être diligentées, car ces gens là sont des intouchables.  Rappelez-vous de l'enquête sur les dossiers  de Ethiopian Airlines, de l'achat des maisons à Zango, du  hold-up à la banque BPC, du détournement d'actifs destinés à soutenir les victimes de la sécheresse à Cunene (dans ce cas, le gouverneur présumé, bien qu'exonéré, était  récompensé  par un billet  retour à l'Assemblée nationale), un siège qui devrait être  occupé par une personne sérieuse et responsable. Mais les camarades du Mpla en ont décidé autrement suivant leur code de conduite et d'éthique. Un code qui protège les intérêts de leur groupe.
À la fin de cette législature (2017-2022) assistera-t-on à un véritable réveil de la justice en Angola?  Tous ceux qui ont maille à partir avec la justice  se cachent derrière les immunités pour justifier leur statut.  En sera-t-il de même quand ce privilège aura pris fin? Wait and see.

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo M.Scotty

mardi 21 juillet 2020

Entre le Général Lourenço et le Mpla, un mariage de raison?

Quittera? Ne quittera pas? “ Méfiez-vous des apparences” nous recommandent  les sages. "Elles sont souvent trompeuses". Vu de l’intérieur, le Mpla, parti au pouvoir en Angola depuis 1975, projette l'image d'une  organisation politique solidement stable, mais à y regarder de près, c'est un géant aux pieds d'argile qui tremble sur ses bases. Selon des confidences recueillies auprès des personnes très introduites au sein du Mpla, le Général Lourenço aurait la ferme intention (!) de créer son propre parti et d'abandonner le Mpla en 2022, imitant Jair Bolsonaro, le président du Brésil. Normalement cela ne peut pas surprendre.  Vu le contexte, dans un monde lucide et cohérent, dans des organisations sérieuses et engagées pour leur propre avenir et leur progrès organisationnel, João Lourenço ne serait jamais président du MPLA. C'est José Eduardo dos Santos qui a commis la pire erreur de l'histoire de ce parti en le plaçant  à la présidence du MPLA. Le Général Lourenço, appelé affectueusement Deng par ses hommes, est un dirigeant politique qui, pour des raisons très personnelles que l’opinion publique ignore, ne reconnaîtra jamais les efforts fournis par José Eduardo dos Santos pour assurer au Mpla la stabilité qu'il a connu depuis 1979. Trente-huit ans (38) après, le Mpla garde-t-il encore toute son unité intérieure? Apparemment non. Aujourd’hui, il se murmure à Luanda dans le camp des "eduardistes" que tous les problèmes de santé que connait José Eduardo dos Santos depuis 2017, sont dus à la persécution que ses enfants subissent de la part du Général Lourenço. Il est urgent, pensent ces proches de Jes, que le MPLA  corrige dans les plus brefs délais cette grande erreur de José Eduardo dos Santos et renvoie João Lourenço devant les instances du Parti. Le MPLA est une organisation laïque qui a traversé des moments difficiles. Selon ces mêmes "eduardistes" animateurs du parti dans les “musseques”, João Lourenço est une mauvaise pierre placée au mauvais endroit. "João Lourenço ne serait jamais le président du MPLA n’eut été l’erreur commise par José Eduardo dos Santos qui l’a mis à sa place pour diriger le MPLA, contre la volonté des anciens du parti". Il est clair que le MPLA ne voulait pas de João Lourenço, c'est José Eduardo dos Santos qui a insisté pour qu’il soit accepté. Beaucoup à Luanda parlent de l’ingratitude  qui caractérise le Général Lourenço.  Il aurait reçu le pouvoir sur un plateau, sans avoir remporté les élections de 2017. José Eduardo dos Santos a mis sa machine électorale frauduleuse à son service afin qu'il le remplace, investi de tous les pouvoirs. Le Général n'a remporté aucune élection, c'est la machine Eduardo dos Santos (MPLA) qui l’a mis gracieusement au pouvoir. Son acharnement sur Isabel dos Santos alors que d'autres voleurs courent les rues est très mal perçu par une importante frange de l'opinion.
L’erreur commise par José Eduardo dos Santos ressemble à celle d'Henry Tendey (fantassin britannique à Wellington) qui n'a pas respecté le principe selon lequel “l'ennemi une fois, l'ennemi toujours”, et que l'ennemi ne sera jamais ami.  Pendant une journée de sang, douleur et deuil, pendant la première  guerre mondiale, un certain 28 septembre 1918, après d'intenses combats au cours desquels les Britanniques ont donné leur vie pour  la défense de leur patrie, Henry Tendey s'est comporté en héros de la bataille, sans se rendre compte de la taille de l'erreur qu'il commettait. Lorsque Henry Tendey a trouvé un soldat allemand blessé sur le terrain, à un moment où les Anglais avaient déjà remporté la bataille, près du village français de Marcoing, Tendey a joué un rôle héroïque  en sauvant  le caporal allemand blessé Adolf Hitler. Plus tard, Tendey a regretté qu'il n'ait pas tué le soldat allemand blessé. Le caporal qu'il a épargné, à l'époque, était le chef de la guerre allemande "Adolf Hitler".
Ici, je tiens à révéler l'esprit égoïste et parfois revanchard de nos dirigeants. Beaucoup d'entre eux trouvent dans l'ingratitude une autre manière d'exprimer et d'assouvir leurs instincts bestiaux. Ils  deviennent parfois insupportables au sein des organisations qu'ils dirigent. L'hostilité qu'ils développent vis-à-vis de leurs administrés provoque des allergies parce qu'ils sont incapables de réunir un consensus autour de leurs idées.  Ainsi, ils deviennent des éléments toxiques capables d'anéantir le succès des organisations qu'ils dirigent. Durant leur mandature, ce type de dirigeants cherchent à se venger de leurs prédécesseurs pour des futilités commises dans une autre vie. José Eduardo dos Santos ne serait-il pas en train de payer une erreur commise dans une autre vie? Si non pourquoi cet acharnement particulier sur lui et sa progéniture? C'est vrai que Isabel dos Santos a beaucoup de choses à se reprocher. Mais est-elle la seule à avoir commis ce qu'on lui reproche? Unitel, Movicel, la chaine des alimentations Kandadu, des unités économiques qui participent à l'emploi des Angolais, cela ne nous dit rien?

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Source: angola24horas 






vendredi 10 juillet 2020

Avec Le Général Lourenço, rien ne va.

La situation sociale en Angola est catastrophique. Les populations éprouvent beaucoup de difficultés à pouvoir vivre décemment. L'arrivée du Général Lourenço au pouvoir n'a rien apporter de mieux au quotidien du citoyen angolais. La chute du prix du baril de pétrole et l'endettement excessif du pays ont plutôt compliqué une situation qui n'était pas agréable à vivre. Les mesures prises pour rapatrier l'argent volé par certains caciques du Mpla et planqué dans des paradis fiscaux n'ont donné les résultats escomptés. Au contraire, ces mesures ont provoqué au sein du Mpla un climat de défiance. Si des élections étaient organisées en ce moment, en toute transparence en Angola, le Mpla, malgré toutes les gesticulations du pouvoir en place, aurait d'énormes difficultés à les gagner. Pour cause, depuis le 23 septembre 2017, date à laquelle le Général Lourenço a accedé au pouvoir, sous sa bannière de la lutte contre la corruption, l’opinion observe qu’en plus de deux ans le pays reste embourbé dans les décombres de l'ancien régime, un régime auquel il a toujours appartenu, un régime de corruption. Son apparente bonne volonté n'a rien changé. La jeunesse attend toujours les 500.000 emplois promis. 
Aussi curieux que cela puisse paraitre, l'Angola, selon certains observateurs,  n'est pas encore sorti de la corruption, pas même de la dictature qui font l'ADN du pouvoir du MPLA. Le rêve des jeunes angolais, qui par la force des circonstances font du taxi-moto ou vendent des cartes de recharge Unitel/Movicel, est resté juste un rêve. La mauvaise qualité de l'enseignement et le chômage endémique ont fini par les désillusionner. Ils commencent à se demander si l'Angola changera un jour pour le mieux. Pire encore, la lutte contre la corruption que le régime brandit quotidiennement pour calmer les esprits faibles ne sert finalement qu'à punir les menus fretins d'hier et d'aujourd'hui, tandis que les gros requins et les baleines, barons du régime, continuent de se la couler douce, manifestant dernièrement sans vergogne leur intention d'acheter, dans le cadre d'une éventuelle privatisation, Sonangol, et de devenir les "propriétaires" du pays. La Sonangol, cette vache à lait de l'Angola,  risque de devenir une entreprise privée et cesser d'être un bien du peuple angolais. Ce sont ces mêmes “marimbondos” (félons) qui s'apprêtent à tout acheter, mais alors tout, et veulent laisser le pays sans actions financières. Cela conduira inexorablement à l’esclavage du peuple par ses propres dirigeants. Et dans cette structure de pouvoir de type monarchique, comme c'est réellement le cas en Angola d'aujourd'hui, les camarades du Mpla ont l'intention de transformer l'Angola en une propriété privée. Alors dans tout ça se demande-t-on, quelle est la place qu'occupent ceux qui pensent différemment? Je rappelle ici que ceux qui sont complices d'un passé de corruption sont les mêmes qui sont aux commandes dans le pays. Lorsque des messieurs avec des procédures judiciaires au Portugal, des sieurs pour lesquels la justice angolaise avait promis un jugement en Angola, se retrouvent aujourd'hui totalement libres, il y a vraiment de quoi se poser des questions. Bien que, par définition constitutionnelle, João Lourenço soit le sommet de la pyramide d'une République, il jouit en pratique d'attributs identiques à ceux d'un monarque des régimes historiques:«Je suis l'État, proclamait le roi Louis XIV de France». Il vous souviendra qu'en Angola le parlement angolais n'a pas le droit d'interpeller les ministres de João Lourenço. À l'image de Deng Ciao Ping, auquel il s'identifie, il est le centre de tout. Rien ne se fait sans son consentement. Lorsqu'il nomme quelqu'un à un portefeuille ministériel, et cela arrive presque tous les mois, il agit comme s'il lui accordait une faveur. Les règles de choix sont dictées par des critères de relation personnelle, d'amitié et aussi par des liens de fidélité au parti et aux groupes pro-Lourencistes, et jamais par des critères de mérite, de carrière professionnelle, de compétence individuelle et autres qualités qui caractérisent chaque individu à être nommé. Le général Lourenço ne marche-t-il pas finalement sur les traces de son prédécesseur? Il ne peut rien faire de différent, c'est dans l'ADN du Mpla.
Depuis que le général est au pouvoir, les médias angolais l'ont ménagé pour ne pas porter atteinte à sa crédibilité et gêner ses actions politiques. Mais au fil des mois, la lumière au bout du tunnel social des Angolais s'éloigne de plus en plus. Et cela commence à fatiguer le peuple qui émet des signes d'impatience. On entend dans la rue des réflexions comme: "les habitudes et les magouilles sont restées les mêmes que par le passé". La corruption est-elle devenue un art? 
Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Source: angola24horas