lundi 24 octobre 2016

"L'état de la nation" selon José Eduardo dos Santos.


Dans les pays véritablement démocratiques, comme les Usa, une fois par an le président se rend au congrès pour délivrer un message sur l’état de la nation. Il fait part aux congressistes de la situation réelle du pays et leur propose des solutions, à court et moyen terme, susceptibles de résoudre les situations qui requièrent une conclusion urgente.  C’est un exercice démocratique d’une grande portée politique. En Angola, chaque année à l’ouverture d’une nouvelle session parlementaire, le Chef d’État se soumet à cet exercice au cours duquel il est appelé à présenter au peuple la vraie photographie du pays. Le message qu’il livre est normalement  le résultat d’une l’analyse minutieuse que ses services font de la situation économique, politique et sociale du pays. Cette année, Dos Santos ne s’est pas dérogé à la règle. Seulement, cette fois en l’écoutant, je n’ai pas su reconnaitre le pays dont il parlait parce que la description qu’il faisait de notre pays ne correspondait pas à la réalité. Tous ceux qui ont eu, comme moi, le privilège de l’écouter ont eu l’impression qu’il parlait d’un autre pays.  Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui ont eu la même sensation et leur réaction s’est résumé en ces mots : « Le président qui s’est adressé aux députés de l’Assemblée nationale ne sait absolument rien de réalités du pays qu’il gouverne ». D’ailleurs comment le saurait-il ? Il ne sort jamais de son palais de peur de contracter le virus de la pauvreté et de la misère qui circule dans l’air de Luanda. Il se contente, quand la constitution l’astreint, de se rendre au parlement pour lire les discours que ses collaborateurs confectionnent et dans lequel ils omettent volontairement de transcrire la vérité sur la situation telle qu’elle est vécue par le peuple. Aucun mot sur la dette publique de l’État ; aucun mot sur l’expropriation de terres des paysans ; aucun mot sur la crise identitaire, sociale, institutionnelle et financière ; aucun mot sur la fièvre jaune qui a endeuillé plusieurs familles dans le pays ; aucun mot sur l’augmentation de la criminalité dans le pays ; aucun mot sur la corruption ; aucun mot sur les conditions salariales des travailleurs angolais ; aucun mot sur les démolitions des maisons dans les quartiers populaires au profit de dignitaires du régime.

Ces omissions volontaires que nous constatons chaque année dans les allocutions du président Dos Santos ne sont rien à côté des mensonges qui y trouvent une place de choix. Pour illustrer mon propos, la semaine dernière dans son message sur l’état de la nation, le président a affirmé : « malgré la crise provoquée par la baisse du prix du baril de pétrole, l’Angola s’en sort mieux que d’autres pays dans la même situation », à quels pays fait-il allusion ? Quand il parle de la diversification de l’économie : « le manque des conditions objectives a ralenti considérablement la diversification économique ». Quelles sont ces conditions objectives ? Ceux qui pillent l’argent de l’État et s’enrichissent aux dépens du peuple attendent-ils la création des conditions objectives pour s’enrichir ? Sur le plan social, Dos Santos a constaté, je ne sais par quel miracle, "une baisse progressive des prix des biens essentiels, une diminution du nombre de chômeurs, une amélioration de la vie sociale". Mais dans quel pays vit-il ? Les entreprises ferment, le chômage explose, les pharmacies dans les hôpitaux sont vides, et il affirme que tout va bien ?

Les Angolais espéraient que pour la fin de son mandat le président Dos Santos aurait le courage de leur dire toute la vérité sur l’état du pays, sans langue de bois. Espoir vain ! Ce n’est pas aujourd’hui, et encore moins demain, que Dos Santos, embourbé dans diverses malversations, va devenir à l’instar de Nelson Mandela ou Juluis Nyerere, un dirigeant politique honnête. Il est tellement corrompu que l’honnêteté ne fait plus partie de ses valeurs. Vous avez certainement eu vent de l’implication de l’Angola dans le procès « lava jato » au Brésil. Un procès dans lequel notre  pays est accusé, à tort ou à raison, de participation active à la corruption des dirigeants brésiliens. Voilà un sujet que le président aurait dû aborder pour lever le doute sur cette salissante accusation. Malheureusement, sur ce point le président n’a rien dit. Savez-vous pourquoi ? « L’épicentre de la corruption se situe à la présidence de la république, et Dos Santos n’a pas encore trouvé comment commencer un combat contre lui-même » m’a confié un frère angolais qui souhaite garder l’anonymat pour des raisons que vous connaissez tous. Il est du MPLA.

« En Angola, a ajouté le même frère, nous savons deux pays. Un pays formel qui fonctionne en respectant la constitution et un autre parallèle, dirigé par une machine complexe que la constitution ne connait pas. C’est cette machine qui contrôle l’État formel. À son sein, il y a des personnalités de diverses nationalités liées à la présidence de la république. L’État parallèle est exempté de tout contrôle ».  C’est de cet État là que Dos Santos parle dans son discours. Un État qui n’a rien à voir avec le peuple angolais.

Pour vous faire votre propre opinion : http://club-k.net/ integra-da-mensagem-sobre-estado-da-nacao

 

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

 

Eduardo Scotty Makiese.                

 

samedi 8 octobre 2016

Remaniements: on reprend les mêmes et on recommence. Pour quels résultats?


Le thème que j’aborde aujourd’hui est un sujet auquel peu de gens accordent de l’importance.  Beaucoup d’entre vous considèrent que cela ne vous regarde pas. Vous semblez ignorer ou vous ne mesurez pas l’impact que peut avoir la composition d’un gouvernement sur votre vie sociale. La qualité des personnes qui entrent dans un gouvernement est aussi importante que leur dévouement à la cause publique. Lorsqu’il est installé, un gouvernement est mis en place pour durer. Mais quand, pour une raison ou pour une autre, le chef de l’État est emmené à remanier son équipe, vous devez vous poser la question de savoir, pourquoi. Est-ce une question de cohésion, d’efficacité ou de loyauté ? En Angola, ceux qui s’intéressent à la politique de notre pays l’auront certainement remarqué, les évictions et les nominations sont monnaie courante. Il ne se passe pas six mois sans que des ministres et des secrétaires d’État soient débarqués du gouvernement. Dans les entreprises d’État et les conseils d’administration de certaines banques, c’est pareil. Et le chef de l’État abuse de cette prérogative. Lorsqu’en 2014 nous avons commencé à ressentir les morsures de la crise, nous attendions que Dos Santos use de ses attributs pour amorcer une cure d’amaigrissement de son exécutif et de sa pléthorique administration. Peine perdue ! Prisonnier de son entourage, il a maintenu en place son exécutif de 35 ministres, 45 secrétaires d’État, 18 gouverneurs de province, 54 vice-gouverneurs dont la qualité,  à quelques exceptions près,  laisse à désirer. Et quand il remanie, c’est pour reprendre les mêmes et recommencer. Au cours de son très long mandat, nous avons connu plus de dix-huit (18) remaniements et les résultats sont toujours les mêmes.  

Les exemples pour illustrer ce jeu de chaises musicales sont légion. Le camarade Kundi Paihama, connu pour ses méthodes crues et son inefficacité à gouverner une province, après Huila et Huambo, se retrouve à la tête de la province de Cunene. Promotion ou punition ? Si c’est sa mauvaise gestion dans l’affaire Kalupeteka qui lui a valu son éviction, pourquoi alors lui confier une autre province ? Manuel Muandumba, ancien ministre de la jeunesse et des sports ne nous a jamais donné l’image d’un ministre compétent. C’est sous son mandat qu’est né le Mouvement des jeunes révolutionnaires « revus ». De l’avis du régime, il n’a pas su donner à la jeunesse les outils nécessaires à un épanouissement qui correspond à la doctrine du parti. Et pourtant, il vient d’être nommé ministre de l’Insertion sociale. Armando Manuel, évincé du ministère des Finances se retrouve au Fond souverain de l’Angola. Ana Paula Neto, secrétaire d’État à la famille, malgré sa méconnaissance du domaine,  passe aux Sports tandis qu’Albino José Conceiçâo devient ministre des Sports et j’en passe. Ce sont toujours les mêmes, mais pour quels résultats ?

Sempre a mesma PANELINHA, o mesmo Guisado. Como sempre o POLEIRO e sempre o mesmo, apenas mudam de Lugar, sempre os mesmos Ministros, mesmos Governadores, mesmos Secretarios. Afinal de Contas um Ministro estudou tanto assim que pode sair de uma pasta para outra sem contudo ter a devida experiencia? Nosso Pais Angola parece um SACO roto ou entao parecido a uma PANELA com com o mesmo Guisado Queimado porque cheira sempre o Mesmo. Que pena! Sera que ja nao temos outras pessoas capazes de Governar o Pais? Ou Angola e propriedade do MPLA e dos seus Governantes? Me parece que sim, porque sao 33 anos sentindo o cheiro do mesmo Guisado. Isso ja Aborrece, porque ate mesmo os Cegos nao precisvam ver ou conhecer quem sao os Governates deste Pais. E SEMPRE A MESMA PANELINHA.

Ce commentaire est celui d’un citoyen angolais qui pense comme moi et qui a eu le courage d’exprimer son ras-le-bol sur le site www.voaportugues.com/a/1516627/html.  

Il y a longtemps que nous n’avons pas eu, en Angola, autant d’incertitudes quant à notre avenir. Quelles que soient les gesticulations de notre gouvernement, notre horizon socioéconomique parait limité par un mur invisible. Logiquement, c’est maintenant que nous avons vraiment besoin d’un remaniement de l’Exécutif qui apporte des réponses à nos problèmes. Au lieu de nous convier à un jeu de chaises musicales, pourquoi Dos Santos ne commencerait-il pas par réduire le nombre de ses collaborateurs ? Nous économiserions de l’argent qui servirait à acheter des vaccins pour la population, par exemple. C’est une piste à exploiter, qu’en dites-vous ? Le renouvèlement de la classe politique, c’est aussi une autre piste à examiner. De nouvelles têtes avec des idées neuves. Ne dit-on pas que ce sont les idées qui conduisent le monde ? Si Dos Santos est à court d’idées, alors…

 

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

 

Eduardo Scotty Makiese.