Beaucoup d'Angolais pensent au changement du système électoral. À ce sujet, je crois qu'il est inutile de se faire des illusions. Le Général Lourenço ne cédera pas. Le système électoral angolais est un système très atypique conçu pour faire gagner le Mpla. Est élu président de la République la "tête de liste" du parti vainqueur aux élections législatives. Or, si la "tête de liste" du Mpla est connu, dans la stratégie pour gagner en 2022, qui sera la "tête de liste" des partis de l'opposition? Dans ce cas de figure, il y a lieu que les leaders de l'opposition soient prêts à faire des sacrifices. Abandonner leurs égos personnels, leurs petits intérêts particuliers pour privilégier l'intérêt général et s'accorder sur un seul nom.
La bataille pour le pouvoir étant engagé, la révision ponctuelle de la constitution proposée par le Général Lourenço, n'est qu'une diversion, un simple exercice de distraction. Parce qu'au fond cette inattendue proposition confirme ce qui est déjà dans la constitution ou, encore mieux, remet en place ce qui a été retiré de cette même constitution il y a quelques années. Débattre du gradualisme n'a plus de sens parce que le sujet est au hors de question dans la mesure où c'est le Mpla qui a introduit le gradualisme géographique dans le débat alors que ce sont les compétences qui sont censées être transmises graduellement aux entités municipales.
Le contrôle parlementaire des actions du gouvernement n'est pas non plus un cas particulier parce que c'est une prérogative classique du parlement. Le Mpla, à travers sa Cour constitutionnelle l'avait retiré aux députés de l'assemblée nationale. La remettre en vigueur n'a rien de particulier.
Le vote des Angolais de la diaspora a toujours existé dans la constitution de 1992 et 2010. C'est le Mpla qui a toujours refusé de l'appliquer prétextant un manque de conditions matérielles pour organiser les élections dans les ambassades. Donc, au fond la proposition du Général Lourenço ne change en rien, qualitativement, le système politique angolais.
L'histoire de la Banque nationale d'Angola (BNA) c'est aussi un autre classique. Il n'y a rien de nouveau. Les gouverneurs de la BNA et ses adjoints, sous d'autres cieux, sont sommés, après débats, par le parlement. Ce sont les dictateurs qui nomment les responsables de la banque nationale pour avoir une main mise sur les finances de l'État. Enfin, augmenter le nombre des membres du Conseil de la République n'apporte rien de nouveau au peuple angolais. C'est une autre distraction.
En conclusion, si les dirigeants du Mpla avaient le courage politique et suffisamment de patriotisme pour changer le système politique dans le pays, on serait en ce moment en train de discuter du modèle de l'État. Pour un pays aussi vaste et diversifié, l'Angola est un État trop centralisé qui attribue trop de pouvoirs à un seul homme. Changer le système politique qui est basé sur un présidentialisme à outrance; discuter du système électoral; redonner à l'Angolais le droit de se choisir librement son président de la République, voila les thèmes qui devaient occuper les députés en ce moment.
Pensez-vous que j'ai raison? Je vous laisse débattre.
Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.
Eduardo Mks Scotty.