dimanche 21 juin 2020

Vanité des vanités, tout est vanité.

Une fois n'est pas coutume. La précarité de la situation sociale des Angolais  me  conduit  aujourd'hui à me pencher sur le modèle de vie d'une dame. Ce n'est pas n'importe quelle dame, c'est la Première dame de l'Angola. Vous conviendrez avec moi que l'exercice  auquel je m'apprête  demande  beaucoup de tact. Il me revient donc de bien fixer les limites entre  la vie  privée et la vie publique de la dame même si, dans sa position, la frontière  entre les deux est pratiquement inexistante.  
Ana Dias Lourenço, épouse du président angolais, Joâo Lourenço, est une personne pour laquelle les Angolais ont beaucoup de respect. Plusieurs fois ministre, Ana Lourenço, a su démontrer  pendant plusieurs années combien une femme peut honnêtement servir son pays sans tomber dans la vanité. C'est cette image que les Angolais ont toujours eu de cette femme politique à l'allure modeste. Mais, deux ans après l'arrivée de son mari au pouvoir, cette image est-elle toujours celle de cette femme-là, discrète et humble?  
À cette question, les avis sont partagés. Quiconque pense encore  aujourd'hui qu'Ana Dias Lourenço, actuelle première dame en Angola, est plus humble qu'Ana Paula dos Santos, ex-épouse de Dos Santos, dans sa façon de croquer la vie, a tort. Pourtant, tous ceux qui connaissent  Ana Paula sont unanimes à témoigner de son extravagance en matière de dépenses financières.  
Selon des sources proches de la première dame, Ana Dias est devenue extrêmement vaniteuse et exigeante. Dans ses choix pour les services liés à ses besoins personnels, son entourage constate qu'elle  a une préférence pour les services fournis par des professionnels de nationalité étrangère.
Pour divers services qui touchent directement à sa personne, les besoins de l'épouse de João Lourenço sont servis, par exemple pour les cheveux, par un coiffeur brésilien, son maquilleur est un nigérian, son massothérapeute, un philippin, le dentiste est brésilien, les cuisiniers sont portugais et français, les médecins américain et portugais. Tout ceci  ressemble à s'y méprendre aux  habitudes des riches des monarchies du Moyen-Orient. 
Côté shopping, ses endroits préférés sont New York et Paris, mais aussi Lisbonne et Rio de Janeiro. À New York, ses magasins préférés sont sur la glamour Fifth Avenue. La première dame a déjà acheté des bijoux dans l'emblématique bijouterie Tiffany, dans la boutique Gucci située à Trump Tower et Bergdorf Goodman.
À Paris, les magasins préférés de la première dame sont situés sur la prestigieuse avenue des Champs-Élysées, connue pour ses magasins de luxe
Dans la ville des lumières, la première dame d'Angola ne se prive pas de se faire remarquer chez Louis Vuitton, Cartier, Prada et Versace. À Lisbonne, la première dame d'Angola a été vue faire du shopping dans les magasins Carolina Herrera, et dans le magasin de sa marque préférée Max Mara.
Max Mara est une marque italienne dédiée aux femmes qui aiment se sentir à l'aise, sans renoncer à un look sophistiqué et élégant.
 Loin de moi l'idée de souhaiter que la première dame se promène  dans les rues de Luanda vêtue des haillons, pieds nus et les cheveux pleins de poussière. Mais, quand on a pour mari  un président qui s'est engagé à lutter contre la corruption, moins d'extravagance... sinon le discours du mari est à l'opposé de la légèreté de sa femme. Dans l'alternance politique qu'a connu l'Angola, a-t-on déshabillé saint Pierre pour habiller Saint Paul?  Vanité des vanités, tout est vanité.

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Source: angola24horas

mercredi 10 juin 2020

Bornito de Sousa, un vice-président pour faire quoi?

Dans l'histoire politique angolaise, personne n'a accédé à un poste aussi élevé, et vécu en détention, comme c'est le cas avec le vice-président angolais Bornito de Sousa. Si nous regardons autour de nous, nous ne trouverons probablement personne qui soit si proche de la lumière, mais qui, en même temps, reste dans l’obscurité la plus totale. Cela rappelle ce que les Mexicains, empêchés d’entrer aux États-Unis comme ils voudraient, disent de leurs voisins du Sud  à propos de l’Amérique, "lejos de Dios"! (Ils sont loin de Dieu).  
Quand José Eduardo dos Santos a fait de Fernando Piedade «Nandó» son premier ministre,  ce dernier a connu aussi cette inédite situation. D'un premier ministre "décoratif", il n'est devenu fonctionnel  que quand  José Eduardo dos Santos a bien voulu lui donner  un peu de travail. Pendant tout ce temps,  Nandó se morfondait en s'imaginant un travail imaginaire, mais c'était quand même du travail. Par exemple, lors des Jeux Olympiques d'Athènes, il y est resté plus longtemps que son patron ne l'aurait souhaité sans aucune remontrance de son chef. On dirait qu'il n'existait pas. José Eduardo dos Santos avait la même attitude envers Paulo Kassoma et Manuel Vicente, qui ont été premier ministre et vice-président. 
 Aux États-Unis, Donald Trump, l'omniprésent président des États-Unis, a beaucoup confié à son vice-président, Mike Pence. C'est à lui que le président a confié la tâche de diriger le groupe de travail sur le COVID-19. 
Les deux fois où il l'a eu comme Premier ministre, Vladimir Poutine, un autre qui occupe tout l'espace en Russie, a donné une certaine latitude à Dmitri Medvedev. Le cas de Bornito de Sousa est différent et unique. Le vice-président est un cas qui mérite d'être étudié. Quiconque se consacre à écrire l'histoire du mandat du président João Lourenço devra voir Bornito de Sousa, non seulement comme un cas, mais déjà comme un coucher de soleil. Malgré l'immensité  des problèmes que connaît l'Angola, Bornito de Sousa n'est chargé absolument de rien pour s'occuper. Aujourd'hui, il traverse sa troisième phase de confinement. La première a commencé avec son arrivée à la vice-présidence. Après une année de farniente et d'ostracisme, frustré, il a informé quelques uns de ses amis influents qu'il ne voulait pas faire partie du ticket électoral pour un second mandat. À João Lourenço, qui ne l'a certainement pas en tête pour les prochaines élections présidentielles, a  été épargné la peine de devoir  dire à Bornito de Sousa (en face), qu'il doit penser à une autre vie après la fin de ce mandat
La deuxième phase du confinement, peut-être la plus humiliante, a eu lieu lorsque le PR a nommé Carolina Cerqueira ministre d'État chargée de l'espace social. Cette promotion a sapé l'idée, qui a même beaucoup de sens, que le vice-président pouvait être en charge de ce domaine. Pour s'occuper, Bornito de Sousa, l'un des premiers politiciens à rejoindre les réseaux sociaux, avait déjà transformé l'interaction avec les internautes en une occupation «à plein temps». Il n'y avait littéralement rien à faire. C'est alors, pour se rendre un peu utile, qu'il a publié le tweet "malheureux" sur la naissance du prince Archi Harrison, fils du prince Harry et de Megan Markle, duc et duchesse de Sussex. Ce tweet est devenu un sujet de moquerie.  
Personne ne peut, après avoir occuper d'importantes fonctions dans le pays, cesser d'être utile, surtout après avoir atteint, certainement au prix de grands sacrifices, le deuxième poste de magistrat suprême du pays. C'est alors que se pose la question de relation entre le vice et son patron. 
Il se trouve que dans la relation entre João Lourenço et Bornito de Sousa, il y a toujours eu de nombreuses zones d'ombre. Il est de notoriété  publique qu'entre eux il y avait - ou il y a toujours - de vieux  contentieux. En tant que chef du groupe parlementaire du MPLA, Bornito de Sousa avait fait part au secrétaire général du Mpla, João Lourenço, de la "fête" qui avait eu lieu autour de l'exclusion de Marcelino Moco, Lopo de Nascimento et França Van-Dúnem, du congrès de 2008. Et à ce congrès, l'image de João Lourenço fut esquintée sous le regard silencieux de Bornito de Sousa. Or tout le monde sait que ce n'est pas João Lourenço qui a choisi Bornito de Sousa pour occuper le poste de vice-président. Bornito de Sousa lui a été imposé par José Eduardo dos Santos à l'époque propriétaire et maître de tout. José Eduardo dos Santos croyait que, placé à la vice-présidence de la République, Bornito de Sousa serait son homme. Probablement, il s'attendait à ce que Bornito joue avec João Lourenço le rôle de casse-pieds, gêneur.
Seulement, João Lourenço n'a eu aucune difficulté à coincer Bornito de Sousa. Mais pour le bien du peuple et la gestion de chose publique, le bon sens n'aurait-il pas été de mieux utiliser l'expérience du vice-président?  Était-il sensé de le "désactiver"? Le président de la République ne gagnerait-il pas beaucoup plus s'il associait, dans l'élaboration  de ses décisions, une personne portant le cachet de Bornito de Sousa? Bornito de Sousa a été président de la Commission constitutionnelle qui a produit la Constitution actuellement en vigueur dans le pays; il a été chef du groupe parlementaire du MPLA et ministre de l'administration du territoire. Est-ce qu'une personne avec une telle expérience peut être rejetée?
Il y a quelques jours, João Lourenço a créé une commission de révision des manuels scolaires. Ce fut une bonne occasion pour João Lourenço de donner du travail au vice-président de la République, encore moins de donner une plus grande dignité institutionnelle à cette commission. Mais, montrant une fois de plus qu'il n'a pas besoin de son adjoint, João Lourenço a confié la coordination de la commission à Carolina Cerqueira. Ce qui montre à suffisance que le président de la République mélange de l'ail avec des gousses. À terme nous pouvons conclure que João Lourenço laisse sa colère et sa rancune personnelles interférer dans la relation institutionnelle. Bornito de Sousa ne fait certainement pas l'unanimité nationale. Mais on ne peut pas lui reprocher d'être un crack en portugais.  Pour cette raison, la coordination de la commission chargée de la révision des manuels scolaires, généralement pleine d'erreurs portugaises, conviendrait à Bornito de Sousa comme un gant. Et vous, pensez-vous que l'Angola a besoin d'un vice-président? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Source: angonoticias.