mardi 19 janvier 2021

Le Général Lourenço est-il capable de réaliser un miracle pour convaincre les Angolais?

L’année qui s’est achevée et celle qui commence ne sont pas, décidément, en faveur des politiques menées par le Mpla en Angola. Pour preuve, les manifestations de jeunes se sont succédées à un rythme jamais observé dans le pays. Des protestations d’une violence inouïe au cours desquelles des monuments historiques ont été profanés. Jamais dans l’histoire  de l’Angola indépendant les symboles du régime n’ont été  vandalisés. Et cela dans pratiquement toutes les grandes villes du pays. Assiste-t-on au commencement de la fin de la prépondérance du Mpla? 

Sur le plan politique, parler de possibles tractations entre les partis de l’opposition pour créer un front uni contre le Mpla, n’est plus un tabou. Contrairement à Samakuva, Adalberto Junior, l’actuel président de l’Unita, est favorable à cette union de l’opposition. Les partis PRS et CASA-CE ne sont pas opposés au projet. Si l'idée prend corps, 2022 s’annonce très difficile pour le Mpla, un parti au pouvoir depuis 45 ans et plongé dans la corruption jusqu’au cou.   

Au sortir d'une année 2020 jugée douloureuse, le Général João Lourenço n'aura pas la tâche facile en 2021, une année marquée par la campagne pré-électorale avec un MPLA en déclin de popularité et désagrégé par les luttes entre factions «lourencistes» et «eduardistes».

Avec une économie en récession et qui aggrave les conditions de vie déjà précaires des Angolais, le Général Lourenço et son parti, au pouvoir depuis quatre décennies, devront prouver qu'ils sont capables de convaincre le peuple et lui redonner l'espoir, sans tricher, de gagner les élections générales de 2022.

C'est à ce sujet que la présidente de l'Union des journalistes angolais, a déclaré: " le MPLA doit  trouver des solutions aux problèmes du peuple et lui offrir plus que sa lutte contre la corruption s'il veut convaincre les citoyens de réélire ses candidats en 2022". Bien que la lutte contre la corruption soit sans précédent  dans l'histoire de l'Angola - il n'y a jamais eu autant de dirigeants, autant de fonctionnaires devant les tribunaux. Seulement, ce processus a un petit impact immédiat sur le citoyen angolais qui dans sa vie quotidienne est confronté à un choix difficile: avoir à choisir entre manger, se soigner ou éduquer ses enfants. Devant une telle situation, le gouvernement et le président João Lourenço vont devoir faire «un miracle» pour contourner cet écueil.

De l'avis de l'opinion publique, le plus grand défi reste de savoir quel sera ce miracle capable de convaincre les gens, et réduire les difficultés auxquelles ils sont confrontés aujourd'hui et améliorer leurs conditions de vie, à l'heure où les prix du pétrole, principal produit d'exportation angolais, restent bas. Or, l'or noir est pratiquement la seule ressource  qui permet au pays d'obtenir les devises nécessaires à l'achat  des marchandises, de la nourriture aux machines.

Pour un pays qui utilise la moitié de son budget national pour payer la dette publique, l'essentiel de ses préoccupations doit être la qualité des dépenses pour permettre à l'Etat de se concentrer sur les secteurs structurants et clés. Il faut ici reconnaitre  que le plus gros problème du gouvernement angolais réside dans les  "rivières d'argent" que l'administration directe  et indirecte de l'État continue  de dépenser pour des acquisitions inutiles, telles que des véhicules "pour les personnes qui sont nommées alors qu'elles devraient profiter de ceux  existants" ou des ordinateurs que "année après année" figurent dans le budget de la même unité. 

La construction d'un nouveau siège de la Commission électorale nationale, un édifice estimé à 37 millions d'euros, est un autre exemple des dépenses inutiles.  Compte tenu du fait que l'Etat a récupéré plusieurs bâtiments (dans le cadre du recouvrement des avoirs par voie judiciaire), la dite construction n'est vraiment pas nécessaire.  Surtout que l'Etat a un budget déficitaire chaque année et ce qui l'oblige à s'endetter.

Dans une année pré-électorale, et après que les groupes de médias privés TV Zimbo, le journal O Pais, Radio Mais, TV Palanca soient  cédés aux services de recouvrement des avoirs et passés à la sphère étatique,  les tensions dans les médias sont prévisibles.  C'est une période de pré-campagne et la scène principale sera les médias. Ces médias publics qui seront surveillés de près par l'opposition et la société  doivent normalement être au service de tous. Seulement,  en vérité dans ces médias tout le monde n'est pas traité de la même manière. Tenez-le pour dit: les médias seront probablement à l'ordre du jour des grands débats de l'année prochaine. Le moment venu, nous en reparlerons. 


Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.