Concrètement, sur quels griefs repose cette tentative de l'Unita censée conduire à la destitution de Joâo Lourenço de la présidence de la République? Selon l'article 129 de la constitution angolaise, le président peut être destitué : pour incapacité à mettre en place un État de droit dans le pays, à assurer la sécurité de la population, à faire fonctionner correctement les institutions, à lutter contre la corruption et les détournements de fonds.
Selon un bilan établi par les observateurs, les six (6) années de pouvoir du Président Joâo Lourenço se soldent par un échec dans pratiquement tous les domaines. L'État de droit, garantissant toutes ses libertés, est resté jusqu'aujourd'hui à l'état de promesse. En six ans, environ 200 civils sont morts tués par la Police nationale sans qu'aucun policier ne soit traduit en justice. Le système judiciaire est en crise depuis plus de deux ans. Le président du Tribunal suprême, accusé de détournement de l'argent public, continue à exercer ses fonctions avec la bénédiction de Joâo Lourenço. Le maintien en fonction des personnes poursuivies par la justice est , sous ce régime, une méthode d'administration.
Tous ces écarts mis bout à bout, l'Unita forte de 90 députés, pour la première fois, fait usage d'une prérogative que lui accorde la Constitution angolaise: Destituer le Président. En réaction à la proposition, le Mpla s'insurge violemment et accuse l'Unita de vouloir prendre le pouvoir par la force. Le communiqué rendu public la semaine dernière ne se prive pas de rappeler aux Angolais la culpabilité de l'Unita dans la guerre fratricide qui a opposé le Mpla à l'Unita. Toujours le même narratif. Et pourtant la bataille pour la destitution de Joâo Lourenço est une bataille à l'intérieur des institutions. C'est ainsi que le Mpla a toujours voulu. Pas de bataille politique dans la rue, mais au parlement. Et, alors? Pourquoi parle-t-on de soulèvement populaire, d'insurrection?
Mathématiquement, l'Unita ne peut pas destituer Joâo Lourenço, mais le fait de le bousculer devant ses parlementaires laissera sûrement des traces. C'est un fait politique historique. Et vous, qu'en dites-vous? Les caciques du Mpla voteront en faveur de la destitution? Wait and see...
Sobamasoba
Eduardo M.Scotty.