dimanche 14 novembre 2021

INSTRUMENTALISATION DE LA JUSTICE, PORTE OUVERTE À L'AUTOCRATIE.

 Jamais la vie politique en Angola n'a été aussi agitée qu'en ce moment. Coup sur coup, deux importants congrès sont programmés pour le mois de décembre. Celui du Mpla, longtemps planifié et celui de l'Unita, résultat d'un malheureux concours de circonstances (?). Au bout du parcours: les élections générales de 2022. La donne sur le terrain ayant beaucoup évolué avec l'arrivée dans la population de nouveaux électeurs, plus éveillés politiquement et plus informés par internet, le pouvoir se sent en danger et perd toute assurance. L'acharnement contre l'Unita et son président élu au Xlll congrès produit un effet contraire à celui désiré. La contre-productivité est due au fait que le président de l'Unita, Adalberto Costa Júnior, est devenu une victime. Le peuple le regarde comme un homme que le pouvoir veut à tout prix abattre. Même à l'intérieur du cercle du pouvoir, les avis au sujet de cet homme sont très partagés. L'approche du Mpla pour déstabiliser l'Unita est perçue par la population comme la peur d'affronter aux prochaines élections un adversaire plus fort que le candidat du pouvoir. Alors, la justice est entrée en action pour justifier des décisions politiques. C'est la porte ouverte à l'autocratie ou, pour faire simple, à la dictature. Sinon, réfléchissons :   

L'arrêt n° 703/21 de la Cour constitutionnelle limite la capacité de l'Unita et des autres partis politiques de l'opposition à se gouverner eux-mêmes et à contrôler leurs processus internes de candidature à une fonction au sein du parti. C'est un cas typique de la "judiciarisation" de la politique, c'est-à-dire de l'utilisation des tribunaux et des moyens judiciaires pour avoir un contrôle sur toutes les compétitions politiques. Cette évolution reflète la fin de l'approche doctrinale légaliste classique et marque une transition vers ce que l'on a appelé plus récemment la « juristocratie ». Or, dans un État de droit, les juges ne se comportent pas, et ne prennent pas des décisions, de manière fondamentalement identique  aux autres secteurs du gouvernement. Même si les tribunaux sont des institutions "politiques", non seulement parce qu'ils sont politiquement construits, mais parce que les facteurs qui déterminent leur comportement judiciaire ne sont pas différents de ceux qui  déterminent de la prise de décision par d'autres agents publics et certains politiciens. Dans le cas actuel de l'Angola, le comportement judiciaire, en particulier celui de la Cour constitutionnelle, dans les affaires impliquant des questions politiquement sensibles, est motivé par son adhésion à des positions partisanes, à des préférences idéologiques personnelles, à des attitudes dominantes au sein de la profession juridique et à des considérations partisanes et stratégiques. Les juges sont trop impliqués dans la prise de décision politique  et, par conséquent, ignorent la séparation fondamentale des pouvoirs et les principes de la gouvernance démocratique. Bref, ces derniers jours, l'opinion publique a assisté à un profond transfert du pouvoir politique du parti dominant au pouvoir judiciaire. L'un des principaux résultats de cette tendance a été la transformation des tribunaux en des lieux importants de prise de décisions politiques. La "judiciarisation" de la politique s'est étendue bien au-delà de la "judiciarisation" de l'élaboration des politiques publiques pour s'accaparer des questions de politique pure. Comme toute autre transformation de cette ampleur, la "judiciarisation" de la politique ne relève pas d'une cause unique. Il y a plusieurs causes qui sont à la base de son apparition. Le refus d'accepter toute alternance politique, l'égocentrisme, cette tendance à vouloir tout garder pour soi, rien pour les autres. Que nous réserve l'avenir  après les deux congrès? Allons-nous vers des élections inclusives et apaisées? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Que la peur quitte nos esprits et que vive l'Angola, notre bien commun. 

MKS/... 













mardi 2 novembre 2021

UN CRI, CELUI D'UN HOMME QUI CROIT EN L'ALTERNANCE.

Après l'annulation du XIII congrès de l'Unita par le Tribunal constitutionnel, la tension politique est montée d'un cran en Angola. Dans l'opinion publique cette annulation est perçue comme une opération visant à remettre en selle le président Samakuva. Pour le citoyen lambda, le choix du pouvoir est fait. Tout sauf Adalberto Costa Júnior. Le Général Kamalata Numa de l'Unita ne voit pas la situation de la même manière. Suivez:   

"De 1974 à 2000, nous avons vécu les pires moments de l'histoire politique de l'Angola qui aspire à être un État-nation. Beaucoup ont abandonné, des écoles de pensée opportunistes (les flatteurs idolâtres) se sont installées dans l'administration publique, dans la société civile, dans les partis politiques, bref...

Avec les élections générales de 2017, une lueur d'espoir a plané sur l'Angola. C'était un soleil de courte durée et tout est revenu à la case départ; violence, corruption, régime de parti unique, incompétence du gouvernement.

Les Organes de Souveraineté et d'Administration Publique, peu après l'investiture du Président João Lourenço, ont été encore plus discrédités dans leur mission de servir le peuple qui voyait au niveau du pouvoir local (encore à institutionnaliser) l'application réelle des garanties inscrites dans la Constitution de la République d'Angola et le contrôle de la constitutionnalité qui aujourd'hui se fait uniquement pour servir les intérêts du Parti unique. Heureusement, le croisement de circonstances diverses en Angola, a suscité pour la première fois depuis 1974, un élan d'unité de tous les Angolais. Un mouvement politique  s'est formé autour de Adalberto Costa Júnior et de l'UNITA. Le Bloc Démocratique, le Mouvement Pra-Já Servir Angola, des personnalités diverses et les mouvements de la société civile et religieuse se sont unis pour former un  pilier capable de mener le pays vers une alternance démocratique, unir et réconcilier les Angolais . Aussi, de manière sûre, aussi incroyable que cela puisse paraitre, ce mouvement d'unité de tous les Angolais, prend corps au sein du MPLA, des fonctionnaires publics, des organes de défense et de sécurité nationale. Félicitations !

Cependant, et c'est de bonne guerre, il y a des personnes qui rament contre ce mouvement d'unité nationale et de réconciliation. C'est regrettable. Surtout que parmi ces personnes on retrouve celles qui ont conçu et soutiennent le modèle frauduleux de l'enregistrement électoral officieux. On retrouve aussi  les "institutionnalisateurs" de la loi électorale en faveur de la dictature du parti unique, les partisans de la révision partielle de la constitution et du découpage du territoire national pour des intérêts purement politiques et opportunistes. Ce sont ces mêmes "institutionnalisateurs" de la délinquance politique, protégés par des leaders cachés dans l'appareil d'État, qui insinuent la présence dans l'opposition des groupes  de personnes qui veulent prendre le pouvoir.

Messieurs! Nous ne pourrons jamais changer et surmonter nos problèmes (sécheresse, pandémie, conflit, crise économique, corruption, qualité de soins de santé et de l'éducation) si nous insistons pour le faire à partir du même niveau de conscience que celui qui a généré ces problèmes ; la conscience du parti unique, le déni de l'autre et des accords conclus. Parce que l'énergie que nous imprimons dans nos désirs, nos intentions et nos actions incorporent la marque  de ces expériences négatives. Expériences épuisantes de nos capacités nationales que nous reproduisons pour des ambitions personnelles".

Cette analyse est de quelqu'un qui a vécu dans sa chair tout ce que le peuple angolais a connu comme "calvaire". Le mot n'est pas assez fort. Ce cri est du Général Kamalata Numa, militant de première heure de l'Unita, qui croit que le moment est arrivé de procéder à une alternance politique dans notre pays. Le pouvoir a montré ses limites, essayons avec les autres. 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Que la peur quitte nos esprits et que vive l'Angola, notre bien commun. 

MKS/...   






jeudi 14 octobre 2021

L'ANNULATION DU CONGRÈS DE L'UNITA : LA RAISON DE LA MASCARADE.

L’actualité en Angola tourne, depuis la semaine dernière, autour du décret du Tribunal constitutionnel annulant le XIII congrès de l’Unita. Congrès réalisé en 2019 et qui a vu Adalberto Costa Júnior accéder au poste de président de ce grand parti politique de l'opposition. Point n’est besoin de dire que l’arrivée de ACJ à la tête de l’Unita fut entérinée  par ce même Tribunal constitutionnel et publiée au journal officiel "Diario da republica" conformément à la loi en vigueur dans le pays. Durant deux années, la cohabitation entre le pouvoir et l'Unita ne souffre d'aucune friction. La popularité  croissante de ACJ dans l'opinion est le premier élément qui commence à déranger sérieusement le pouvoir de Luanda. Les stratégies mises en place pour stopper la fulgurante montée du leader de l'Unita restent sans effets. Des sympathisants de l'Unita sont "achetés", des militants sont retournés par le pouvoir dans le but d'écarter ACJ de la direction de l'Unita. Nouvel échec. Les politiciens expérimentés n'achètent pas des alliés à prix d'argent, c'est par leur courage politique et la réputation de leurs forces de persuasion qu'ils parviennent à convaincre. Le pouvoir à Luanda n'a ni l'un, ni l'autre. L'annonce par la presse d'un projet de coalition regroupant l'Unita de ACJ, le PRA-JA de  Abel CHIVUKUVUKU et le Bloco Democrático de Filomeno Vieira Lopes est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Dans les hautes sphères du pouvoir, la décision est tombée: Écarter ACJ de la tête de l'Unita. Le jour de la sortie officielle de la coalition, FRONT PATRIOTIQUE UNI (FPU), est choisi pour porter le coup de grâce à l'Unita et au nouveau regroupement politique. La réaction observée dans la population à l'annonce de cette décision du Tribunal constitutionnel ne laisse aucun doute sur le soutien populaire dont bénéficie ACJ et ses partenaires du FPU. La détermination de la jeunesse angolaise à sortir dans la rue le 16/10 et de manifester son désaccord avec le TC est le début d'un bras de fer aux conséquences imprévisibles. Dans toute république, il y a deux partis: celui des grands et celui du peuple. Toutes les lois favorables à la liberté ne naissent que de l'opposition du peuple et du changement qui en découle. Pour quelle raison le pouvoir s'acharne-t-il sur Adalberto Costa Júnior, et aujourd'hui contre la plateforme électorale, le Front Patriotique Uni (FPU)? 

L'habitude est une seconde nature, dit-t-on. Des années durant, le pouvoir à Luanda n'a jamais cessé de stigmatiser l'Unita l'accusant de tous les maux dont souffre le pays. La guerre et les destructions causées par les confrontations entre les belligérants servent de fond de commerce au pouvoir. Pendant les campagnes électorales le candidat du pouvoir ne cesse de rappeler au peuple combien l'Unita a détruit le pays. Ce discours sert beaucoup les intérêts de l'oligarchie. Et chaque fois, l'Unita se sent pris comme dans une sorte de nasse. Le pouvoir justifie son incompétence par la guerre menée  contre l'Unita. Et, le peuple, naïf, croit comme fer à cette baliverne. Aujourd'hui, les choses ont changé. Ce n'est plus l'Unita qui sera en face du pouvoir aux élections de 2022. C'est le FRONT PATRIOTIQUE UNI. Un ensemble politique qui n'a rien avoir avec la guerre. Une coalition de politiciens dont les qualités intellectuelles ne peuvent pas être mises en doute. Devant cet assemblage de haute facture politique, Luanda ne sait plus à quel saint se vouer. Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, il comme commence  à tout casser. Sachez, chers amis, que la fortune ne montre sa puissance qu'aux endroits où il n'y a point de force dressée pour lui résister. Le FPU a du répondant. Quand la haine de l'autre ne trouve pas une issue normale, elle recourt à la violence, c'est la ruine de la République. Pensez-y. Aucune pierre ne restera éternellement au-dessus d'une autre pierre sans tomber. 

Sabamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Que la peur quitte nos esprits et que vive l'Angola, notre bien commun. 

MKS/... 

















 


    

 

dimanche 3 octobre 2021

NÉOCOLONIALISME: DESHABILLER SAINT PIERRE POUR...


Néocolonialisme. Nous sommes en 1975. Les accords d'Alvor, signés par les trois mouvements de libération de l'Angola avec le Portugal, sont foulés au pied par un des signataires soutenu par la puissance coloniale. Des troupes russes, cubaines et est-allemandes débarquent à Luanda pour prêter main forte aux communistes angolais. Le Portugal abandonne l'Angola la queue entre les pattes. Au mois de novembre, unilatéralement, le Mpla proclame l'indépendance de l'Angola. Dans une interview à une chaîne portugaise, Rosa Coutinho, dernier administrateur portugais en place en Angola, affirme sa préférence pour les communistes angolais qui, dit-il, ont la culture portugaise de la gestion de la chose publique. Ce passage de témoin est très significatif. C'est la continuité dans l'action. On a changé les  hommes, mais le système et les méthodes sont  restés les mêmes. 45 après l'indépendance, aucune réforme sérieuse n'est envisagée. Naïf, le peuple, dans l'illusion d'un futur meilleur, s'est laissé  berner  sans aucune exigence. Une naïveté qui a donné au pouvoir assez de substance pour mieux asseoir son ascendant. L'assurance d'un monde merveilleux n'était finalement qu'utopie. Le pire était à venir. Le pire est là.

Issus d'une classe sociale  supérieure  dans l'ordre social établi par les colons ( assimilados), les nouveaux dirigeants nourrissent depuis toujours un complexe de supériorité  vis-à-vis du reste de la population. Arrivés au pouvoir dans les conditions que tout le monde connait, ils se considèrent, encore aujourd'hui, comme les remplaçants des colons. La colonisation a changé de couleur. Le 27 mai 1977, lorsqu'un groupe d'Angolais autochtones tente d'exprimer une pensée différente de celle du pouvoir, c'est le carnage. Exactement comme à l'époque coloniale. Aujourd'hui les méthodes sont peut-être plus "douces" mais le but à atteindre est toujours le même. Museler la population. Les expropriations se font d'une manière plus "civilisée", mais se sont des expropriations. Nous sommes aujourd'hui en présence d'une minorité  bien structurée, exactement comme à l'époque coloniale, qui dicte sa loi à la majorité. La loi du plus fort. Si cette manière de procéder n'est pas du néocolonialisme, alors c'est quoi?  

Dans Larousse Petit Robert, le néocolonialisme est défini comme une nouvelle forme de colonialisme local qui impose la domination économique à la population d'une  ancienne colonie devenue indépendante. Et comment peut-on s'apercevoir qu'une nouvelle colonisation s'installe dans le pays?  C'est quand les nouveaux dirigeants deviennent égocentriques. Quand les grands espaces agricoles, les banques, les mines, les assurances, les immeubles et le pouvoir, dans sa totalité, appartiennent aux nouveaux dirigeants. Une configuration qui ressemble à s'y méprendre à celle qui existait à l'époque coloniale. Un groupe de gens a tout, et le reste n'a rien. Exactement comme avant 1975. Ce qui a changé, c'est la couleur du colonialiste. Sur les marchés et dans les rues, il n'est plus invraisemblable d'entendre des Angolais souhaiter le retour du colon blanc. Malgré les humiliations subies et les brimades, lorsqu'un peuple commence à souhaiter le retour de son bourreau, c'est qu'il y a un problème.  Que des sacrifices consentis! Que du sang versé pour se libérer ! A-t-on déshabillé Saint Pierre pour habiller Saint Paul? Est-ce pour ça que les Angolais se sont sacrifiés? L'Angola est-il une prise de guerre qu'un groupe appartenant à un mouvement de libération, devenu parti politique, a décidé de gérer sans tenir compte de la volonté du peuple? 

Et vous, pensez-vous que les méthodes de gestion en vigueur en Angola sont différentes du néocolonialisme? Regardez autour de vous et vous verrez. Dans le gouvernement, les entreprises publiques, la police, l'armée. Point n'est besoin de faire semblant.  Qu'on ne vous trompe pas, le néocolonialisme est une réalité en Angola. Je vous laisse débattre.  

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe

Que la peur quitte nos esprits et vive l'Angola, notre bien commun. 

MKS/.. 













      

  

dimanche 19 septembre 2021

LE RETOUR DE JES, UN "TIMING" SURPRENANT.


Est-ce la fin de son exil ? L’ancien président de la République de l’Angola est rentré la semaine dernière  à Luanda. Officiellement, c’est pour assister à la cérémonie des fiançailles de son fils, le plus jeune. Mais lorsqu’un homme politique de sa stature décide de rentrer dans son pays après deux ans d’exil, son retour suscite beaucoup de questions. L’emprisonnement de son fils, la relégation d'une de ses filles de l'Assemblée nationale, les poursuites judiciaires contre sa fille ainée  et plusieurs de ses proches ont suscité en lui un sentiment de rejet  et  donné naissance,  au sein du parti au pouvoir, à un climat de défiance. Les propos tenus à son endroit et à l’endroit de sa famille, depuis son départ du pouvoir, ont été d'une indélicatesse désobligeante. Plusieurs membres du Parti au pouvoir n’ont jamais apprécié le traitement que les nouveaux dirigeants lui font subir, à lui et à ses proches. Même acquis aux idées du parti, il y a aujourd'hui une fissure. Conséquence: à l’intérieur de ce parti est né un clivage qui a donné naissance à deux courants : les “lourencistes” et les “eduardistes”. Et depuis, les deux tendances se regardent poliment comme des chiens en faïence. Parmi les "eduardistes" certains caciques ont manifesté l'intention de quitter le parti.  Mais avec le retour de leur champion, qui jouit encore de l'influence au sein de ce parti, ils retrouvent de la vigueur. Le congrès et les élections générales, deux événements à l'agenda du parti au pouvoir, seront pour les deux tendances les deux leviers qui leur permettront de peser sur les importantes décisions du parti. C’est au cours du congrès que la “tête de liste” du parti est désigné. Au vu des frictions existantes entre le nouveau et l’ancien président, même si personne ne veut le reconnaitre, il n’est pas certain que les violons s’accordent sans qu’il y ait concession de part et d’autre. L’absence du nouveau président et des membres de son gouvernement à l’arrivée de l’ancien président à Luanda est un signe qui ne trompe pas. Le défilé à Miramar, résidence de l’ancien président, de ses amis politiques qui voient en l'actuel président un homme décidé à en finir avec les “eduardistes”, ranime de vieux souvenirs. Le scénario du coup de téléphone du PR à son ancien patron est subterfuge pour faire croire à l'opinion publique que tout va bien. C'est de la poudre aux yeux.  À son ainé et bienfaiteur qui revient d'un long voyage après deux ans, la moindre des choses est de lui rendre visite pour  témoigner sa gratitude. C'est la culture bantoue. 

Le retour à Luanda de JES n'est pas du à un hasard. Il y a quelque chose qui se prépare. Ne dit-on pas que la vengeance est un plat qui se mange froid? Humilié et trainé dans la boue par les proches de son successeur, l'ancien chef d'État, revient remettre les pendules à l'heure. Pour y arriver dans les règles du jeu , le meilleur endroit n'est-ce pas le congrès? Bloquer par un vote  la désignation de JLo comme "tête de liste" du Mpla ne serait-il pas une revanche  retentissante? Après la gifle leur  infligée la semaine dernière par l'opposition, les "lourencistes" commencent à douter de leur capacité à se maintenir au pouvoir en 2022. C'est conscient de leur impopularité croissante que JLo décide d'annuler la manifestation convoquée, en réponse à celle de l'opposition,  par le secrétaire provincial de Luanda. Le moment est mal choisi pour engager une confrontation. Sagesse, pragmatisme? Attendons le congrès de décembre pour être fixé sur les vraies intentions du pouvoir à Luanda. Le linge sale se lave en famille, parviendront-ils à se réconcilier ?    Et vous, quel regard portez-vous sur ce retour de JES à Luanda? 

Que la peur quitte nos esprits et que vive l'Angola, notre bien commun.  

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

 MKS/..      

       


















         

lundi 13 septembre 2021

RAPPORT DES FORCES, LES LIGNES ONT BOUGÉ.

Incroyable. La politique, dit-on, est régit par un rapport des forces. Dans des pays démocratiques, le parti politique qui aligne plus de militants et sympathisants se présente toujours comme un poids lourd politique avec lequel il faut compter. C'est au cours des meetings et manifestations que l'opinion publique se rend compte de la popularité d'une organisation politique parti. En Angola, durant des années, le pouvoir s'est toujours évertué à empêcher l'opposition d'organiser des manifestations sous prétexte que le pouvoir ne se conquit pas dans la rue. La crainte d'être taxé d'agitateurs enclins à déstabiliser l'État et le peu d'adhésion de la population aux idées de l'opposition ont longtemps favorisé le parti au pouvoir.  Seulement, la gestion lamentable du parti au pouvoir durant les 45 dernières années a apporté beaucoup de grains au moulin de l'opposition. Si hier  le doute subsistait encore dans la perception par le peuple des politiques publiques du gouvernement à Luanda, aujourd'hui le scepticisme n'est plus permis. Le bilan du pouvoir en place est négatif sur les plans économique et social. C'est une évidence. Et, devant cette certitude, les manifestations se sont succédées à Luanda et à l'intérieur du pays. Même si les organes officiels de presse n'en font pas mention, c'est de bonne guerre, les liens entre le peuple et le pouvoir en place se sont distendus. Le rapport des forces, au vu des dernières manifestations, est plus en faveur de l'opposition que du pouvoir. La dernière modification partielle de la constitution à la demande du PR en dit très long. Dans la foulée, certaines lois électorales sont revisitées pour assurer les arrières d'un parti au pouvoir presque aux abois, même si aux dernières nouvelles le PR a exigé le réexamen de ces lois pour corriger ce qui est mal et améliorer ce qui est bien. Mais qu'à cela ne tienne.    

Samedi dernier des milliers d’Angolais sont descendus dans la rue pour manifester leur inclination à des élections justes et transparentes en 2022. La méga manifestation, convoquée par les partis politiques de l’opposition et la société civile, a été une vraie démonstration de force. Luanda, qui est un bastion du parti au pouvoir, a vu déferler une importante masse humaine sur la grande avenue "estrada de Catete". Le peuple angolais, tel un dinosaure, s'est réveillé du profond sommeil dans lequel le parti dominant l'avait plongé durant plus de 45 ans. Le manque de volonté politique du pouvoir à résoudre les problèmes du peuple et la corruption endémique ont fini par exaspérer la population. le combat contre ces deux maux n'ayant pas donné les résultats attendus, les Angolais se sont convaincus que le changement ne viendrait pas des dirigeants actuels et que la seule l'alternance est la solution à leurs problèmes. 

La manifestation de samedi est un message fort aux dirigeants actuels. Ignorer ce message équivaut à se mettre politiquement une corde au cou. Un suicide politique. La détermination de la masse humaine présente à la manifestation exigeant des élections justes et transparentes laisse entrevoir d'autres manifestations si leurs revendications ne sont pas prises dans l'élaboration de futures lois électorales. Le pouvoir à Luanda va-t-il reculer devant la volonté du peuple?  Wait and see.

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Que la peur quitte nos esprits, et que vive l'Angola.

MKS/ 


















  

jeudi 9 septembre 2021

MODIFICATION DE LA LOI ÉLECTORALE, UNE FRAUDE EN GESTATION.

C'est du jamais vu. Ce à quoi assistent les Angolais à quelques mois des élections générales est inimaginable. Malmené dans les sondages, le pouvoir en place à Luanda recourt à une modification de la loi électorale pour freiner l'élan de l'opposition. D'ordinaire, les vrais leaders politiques ne pensent pas tous les temps aux élections. Ils pensent aux futures générations de leurs pays. Ils ne changent pas les règles du jeu en pleine compétition, juste pour se maintenir au pouvoir. Cette méthode est d'une malhonnêteté intellectuelle flagrante. Aujourd'hui en Angola, tout le débat politique tourne autour d'un nouveau système de dépouillement que le pouvoir angolais veut introduire dans le processus électoral. C'est du jamais vu. Mais dans un pays atypique comme l'Angola, tout est possible. En fait, de quoi s'agit-il?    

Désormais, après le vote, toutes les urnes, toutes, seront dépouillées à Luanda. Dans un pays dont les voies de communication sont en piteux état, par quels moyens se fera l'acheminement des urnes? Déplacer les urnes de l'intérieur du pays à la capitale a un coût. A-t-on pensé à la dépense que va occasionner cette absurdité alors le dépouillement sur place ne coûte rien à l'État? Cette procédure ne va-t-elle pas sacrifier les votes des populations de l'Angola profond? Qui vont procéder au dépouillement, des femmes et des hommes acquis au pouvoir? C'est clair que par cette modification, le pouvoir s'arroge les prérogatives dévolues aux CNE municipales et provinciales. Le dépouillement des votes devient alors une "affaire d'État". La cacophonie générée après la proclamation des résultats des élections de 2017 a laissé un goût très amer dans la bouche du pouvoir. Ils veulent éviter que cela se répète. Pourtant, l'expérience prouve que le dépouillement effectué dans les bureaux de vote municipaux ou provinciaux est un instrument efficace de contrôle  qui contribue à consolider  les acquis de la démocratie et diminue toute possibilité de fraude. Deux exemples pour illustrer ce propos : 

Au Portugal, la démocratie n'a pas été imposée au régime fasciste de Salazar et Caetano. Même sous le fascisme, le Portugal organisait déjà des élections municipales (avec dépouillement  municipal), législatives et présidentielles. Il y avait déjà un État de droit, mais pas démocratique. C'est après le 25 avril 1974 que des élections démocratiques et transparentes sont introduites à cause de la culture démocratique qui préside à l'organisation des élections. Au Portugal, il n'y a pas de parti/État. Tous les partis politiques sont égaux devant la loi. Le gouvernement n'intervient pas en matière électorale; la presse est libre ; la corruption n'est pas institutionnalisée ; les tribunaux sont indépendants ; et, surtout, les citoyens font confiance à l'indépendance et à l'autorité de l'institution qui organise les élections. Il n'y a pas de pratique d'élections contestées. Pour toutes ces raisons, il n'y a pas besoin de mécanismes de contrôle en amont ou en aval pour garantir la vérité et l'intégrité électorales.

Le Cap-Vert, un pays africain frère, est l'une des démocraties les plus dynamiques d'Afrique. Ce pays a embrassé volontairement le régime démocratique après avoir rompu avec le régime du parti unique. Par contre, l'Angola, le Mozambique, le Congo Brazzaville et d'autres pays de l'orbite de l'ex-URSS ne sont pas de "vraies" démocraties. Ils ont adopté des « régimes autoritaires compétitifs », ou des « pseudo-démocraties », voire des « régimes électoraux autoritaires ». Dans ces régimes, les mécanismes de contrôle de la transparence et de la vérité électorale sont différents de républiques démocratiques. Le fait qu'il y ait un parti/État  dominant dit tout. En 2008, 2012 et 2017, le régime a ordonné à la CNE d'annoncer des résultats qu'il n'avait pas produit. Des résultats qui ne sont pas sortis des bureaux de vote. Or, lorsque le parti dominant viole le principe fondamental de la transparence, alors il n'y a plus des règles de droit.

Je vous laisse imaginer ce qui arrivera lorsque les urnes seront dépouillées à Luanda.

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.

Que la peur quitte vos esprits, et que vive l'Angola. 

MKS/ 

Source: club-k.net 














mardi 24 août 2021

SONDAGE : LE REVERS DE LA MÉDAILLE.

C’est fait. Le général Lourenço vient de nommer Laurinda Cardoso, ex-secrétaire d’État à l’administration du territoire et membre du BP du Mpla, au poste de Président du Tribunal Constitutionnel en remplacement de Manuel Aragâo, démissionnaire. Cette nomination, malgré la controverse qu'elle soulève, d'une personnalité n'ayant aucune notion du DROIT CONSTITUTIONNEL, est l’épilogue d’un plan ourdi dans les officines du Mpla pour crédibiliser la fraude électorale  qui se prépare à Luanda. La popularité grandissante de Adalberto Costa Junior, président de l’Unita, met le Mpla, selon l'opinion publique, en position d’outsider. Le peuple n’a plus de doute sur la capacité de l’opposition, réunie au sein du Front Patriotique, de gouverner l’Angola. Contrairement aux dirigeants du Mpla, ceux du FP sont des personnalités politiques qui ont le verbe facile. Au cours de meetings tenus à travers le pays, ils ont pu démontrer leur aptitude à pouvoir rassembler autour de la nouvelle plate-forme politique, conduite par  Adalberto da Costa Junior, Abel Chivukuvuku, Filomeno Vieira Lopes. L'adhésion massive du peuple à ce nouveau projet dérange  au point de rendre nerveux  certains  dirigeants du Mpla qui n’hésitent plus à vouloir destituer ACJ de la tête de l’Unita et briser le FP. Selon un diplomate  occidental en poste à Luanda:" le Mpla commet une grosse erreur en voulant à tout prix “abattre” ACJ et empêcher Abel Chivukuvuku à fonder son parti. Cette tentative de les éliminer de la scène politique les rapproche encore plus. Pour défendre ces deux victimes, les liens entre le peuple et l’Unita se resserrent encore davantage. Et notoirement, les victimes d’un traitement injuste ont toujours attiré la sympathie des peuples. Cela se ressent dans les enquêtes d'opinions réalisées à Luanda. 

Selon les données compilées par AngoBarómetro sur un échantillon de 1632 personnes répondant à un sondage en ligne, réalisé dans la semaine du 1er au 9 août de l'année en cours, si les élections étaient organisées maintenant, l'UNITA obtiendrait 58,17% des voix, le parti majoritaire MPLA aurait toujours la confiance de 35,17 % des votants, tandis que le PRS aurait 3,10 % et CASA-CE 3,56 %. Avec ce résultat, l'UNITA se démarque actuellement du parti majoritaire de 23 points, un an avant les élections générales prévues en Angola. Les résultats obtenus reflètent la perception qu'ont les Angolais favorables à l'alternance politique en 2022. Sur les 1632 personnes sondées, 73,04 % déclarent croire au changement en 2022, alors que seulement 21,57 % ne croient pas à l'alternance et 5,39 % ne se prononcent pas. En comparant les données actuelles avec les évaluations réalisées en février dernier, l'UNITA s'est améliorée de 8 points tandis que le MPLA a perdu 2 points. Les personnes sondées pendant l'enquête ont sévèrement sanctionné CASA-CE, qui a perdu près de 50 % des intentions de vote par rapport aux données de février et le PRS a subi de légers changements en pourcentage, passant de 3,53 % en février à 3,10 % en août 2021.   La destitution d'Abel Chivukuvuku et d'André Mendes de Carvalho à la tête de CASA-CE, ainsi que la suspension du Bloco democratico, ont fragilisé la position de ce groupe qui a perdu ses figures emblématiques. Le FNLA, l'un des partis historiques, ne serait plus représenté à l'Assemblée nationale si l'élection avait lieu ce week-end, et ce résultat est à l'image de la crise permanente qui sévit au sein de ce parti dirigé par Lucas Ngonda. (+++) 

En termes de situation économique, il apparaît qu'une écrasante majorité de 84% ne croit plus aux actions du gouvernement angolais pour améliorer la vie économique et sociale des Angolais. Seulement 12% considèrent le MPLA comme le parti avec les meilleures propositions pour résoudre le problème. Cette perception est encore renforcée par l'évaluation négative faite à l'équipe économique de Joâo Lourenço, dont la performance est qualifiée de médiocre par 82,93 % des personnes sondées. À la lumière de ce sondage, qu'est-ce que le Mpla peut-il encore  réaliser en une année qu'ils n'ont pas pu faire en 46 ans?

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo MKS Scotty.  

(+++) Source données: club-k.

















    

mercredi 18 août 2021

ANGOLA : UNE POUDRIÈRE ?


Jamais un début d'année pré-électorale n'a été aussi agité que celui vécu par les Angolais en ce moment précis. Jamais le Mpla ne s'est senti dos au mur comme aujourd'hui. Dans mes précédentes publications, j'ai toujours dénoncé les nombreuses erreurs de gestion commises par le Mpla et son administration depuis quarante six ans. En ce début de "campagne électorale", beaucoup de voix discordantes sont venues se joindre à la mienne pour stigmatiser les politiques publiques du pouvoir à Luanda. Parmi ces voix, il y a celles de militants du Mpla qui pensent que le bilan de leur parti au pouvoir est nettement négatif. Ils sont exaspérés de voir la population s'enfoncer, chaque jour un peu plus, dans l'extrême pauvreté.  Les stratégies politiques mises en place jusqu'à ce jour ne bénéficient qu'aux dirigeants du Mpla. Le peuple pour lequel des lignes de crédit sont ouvertes, en Chine et ailleurs, ne profitent aucunement de ces investissements. Fatigué de se courber et d'assister impuissant à son appauvrissement programmé, le peuple ne cache plus son exaspération e. Si ce mécontentement débouchait sur  un soulèvement populaire, cela n'étonnerait pas le monde autour de l'Angola.  Cette observation me fait penser à Pepetela, cet éminent auteur écrivain luso-angolais, membre du Mpla, qui disait: "l’Angola est une poudrière. Une  révolte peut y éclater à tout moment". Au vu de ce qui s'y passe, tous ceux qui se rappellent de cette prédiction  se demandent si ce moment n'est pas en train d'arriver. Apparemment toutes les conditions sont, lentement mais sûrement, en train de se mettre en place pour une expression violente d'une insatisfaction générale longtemps occultée. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, la direction du parti au pouvoir  est consciente de cette réalité. Devant cette évidence, l'unique chemin que s'apprête à emprunter le Mpla est celui qui consiste à saper les fondements de l'opposition. La diabolisation du très populaire président Adalberto Costa Junior, après le débauchage de quelques militants de l'Unita, n'ayant pas donné le résultat escompté, l'annulation par le tribunal constitutionnel du congrès l'ayant élu est, me semble-t-il, le dernier recours pour l'éliminer de la course. Depuis son arrivée à la tête de l'Unita, ACJ est considéré comme, une bête noire, un élément perturbateur de l'hégémonie du Mpla. Le communiqué publié, il y a une semaine, par le Mpla affirmant que la présidence de ACJ à la tête de l'Unita ne tient qu'à un fil, est une manifestation de la volonté du Mpla de mettre fin à la carrière politique du successeur de Samakuva. Jusqu'où iront-ils?  Avec un tribunal constitutionnel (TC) à la solde de Joâo Lourenço et ses amis, le Mpla s'emploie à rester au pouvoir à tout prix. La révision constitutionnelle proposée par le général Lourenço est une mascarade qui n'a pas rencontré pas l'adhésion de la masse populaire. Même Carlos Feijó, un constitutionaliste  de renom et membre du Mpla, s'est démarqué de la ligne de son parti à cause de l'attitude du TC. L'introduction par le TC du terme "PRÉFÉRENTIELLEMENT" dans la formulation de l'article 112 de la Constitution angolaise provoque une onde de suspicion dans le pays. L'esprit de la nouvelle rédaction laisse croire que le Président de la république peut convoquer les élections quand il veut. Les tentatives du Mpla à vouloir faire croire le contraire ne rencontre pas l'assentiment de tous les Angolais épris de justice et de paix. Pour preuve : la démission de Manuel Miguel da Costa Aragâo, président du TC. Le peuple qui accompagne attentivement ce qui se passe à la tête de l'État n'est pas disposé à accorder encore un mandat à ceux qui l'ont conduit à l'extrême pauvreté. Un forcing de la part du Mpla conduirait à une explosion populaire. Les rumeurs font état de la nomination de David Mendes, un transfuge de l'Unita, à la tête du TC. Mauvaise idée. Cette fois, s'il faut croire la réaction de la jeunesse, ou ça passe, ou ça casse.   

Douze mois nous séparent de prochaines élections. Douze mois pendant lesquels les forces de l'opposition sont appelées à serrer les rangs. Et, ce qui se passe actuellement à Luanda va dans la bonne direction. Pour la première fois dans leur lutte pour le pouvoir, les opposants angolais ont compris que l'union fait la force. Une victoire à ces élections, si elles sont libres et transparentes, passe essentiellement par une union dépourvue d'égos individuels. Contre cette parade, le Mpla est désarçonné. Pour preuve: le pouvoir est très irrité avec l'apparition du Front Patriotique (FP) dirigé par Adalberto Costa Junior (Unita), Abel Chivukuvuku ( Pra-ja servir Angola) et Filomeno Vieira Lopes (Bloco democratico). Ainsi, l'apparition du FP annule l'argument selon lequel l'opposition angolaise est désorganisée. Désarçonné? Peut-être, mais pas dépourvu de machiavélisme. Vigilância, angolanos.

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo MKS Scotty.   


















  

  

vendredi 6 août 2021

2022 - ALTERNANCE ou MIRAGE ?


Nous sommes au mois d’août 2021. Il reste douze mois avant que les Angolais ne se rendent aux urnes pour choisir le parti politique qui, pendant les cinq prochaines années, va diriger l’Angola. Oui, vous avez bien lu, les Angolais ne choisissent pas, comme dans d’autres pays, leurs députés. La constitution de 2012 consacre une méthode d’élection très atypique. La “tête de liste” du parti politique le mieux élu est proclamée président de la République et tous ceux qui sont sur sa liste deviennent automatiquement des députés. Retenez en passant que, hormis la “tête de liste”, les électeurs ne connaissent pas leurs députés. Le parti dominant auquel ils appartiennent les placent à des circonscriptions électorales dont ils ne dominent ni la sociologie ni l'anthropologie. Pendant la campagne électorale, seule la “tête de liste” est en contact direct avec le peuple. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle les populations de l’Angola profond ne s’intéressent pas à la politique. Les élections locales qui auraient pu leur donner le goût de la gestion de la chose publique ont été annulées sans raison apparente. Les rumeurs font état de la phobie du Mpla des élections locales qui, pourtant, participent à une amélioration de la gestion administrative du territoire. Les détournements de fonds publics et la corruption dont sont auteurs les dirigeants du Mpla au pouvoir depuis 1975 ne plaident vraiment pas en leur faveur. Devant cette évidence, organiser des élections locales dans les conditions psychologiques actuelles est un suicide politique auquel le Mpla refuse de s'exposer. Et les élections générales de 2022, risquent-elles de connaitre le même sort que les locales ? Dans l’antichambre du pouvoir beaucoup souhaite que la situation sanitaire (covid 19) que connait le pays perdure pour servir de prétexte à un éventuel report. Au Mpla, les caciques de ce parti ont une peur bleue de perdre le pouvoir. Ce que les anciens dirigeants  du PPRD sont en train de vivre en RDCongo avec une justice congolaise indépendante leur donne des sueurs froides. Il faut à tout prix gagner les élections générales de 2022. Sinon, c'est la fin. Mais comment faire? 

Le scénario le plus plausible qui apparaît à l'horizon se résume en un seul mot : la FRAUDE. Comme pour les années précédentes, toutes les élections organisées par le Mpla ont toujours été frauduleuses. Mais la tricherie a atteint le summum au cours de celles de 2017. Dans la précipitation, pour couper court aux rumeurs d'une éventuelle  défaite  électorale du Mpla  qui se propageaient dans la population, les chiffres publiés par la CNE (commission nationale électorale) sont tronqués au point qu'ils ne correspondent pas à la réalité sortie des urnes. Les quatre dernières années d'un pouvoir fruit de mensonge ont été une vraie catastrophe pour le pays. Pour preuve: tous les sondages réalisés auprès des Angolais de la capitale et de l'intérieur donnent le Mpla perdant aux prochaines échéances électorales. Au vu de cette réalité,  au BP du Mpla, les stratèges rompus dans l'art de la fraude électorale  pensent qu'il faut prendre des dispositions pour que cela n'arrive pas. Alors, ils fourbissent leurs armes. Puisque la fraude se prépare plusieurs mois avant les élections, un homme de confiance en la personne de  Manuel Ferreira da Silva  "Manico" est nommé à la tête de la CNE. Une structure vivement conseillée aux Africains  par les occidentaux alors dans aucun pays européen il n'existe de commission électorale. Nonobstant la contestation émise par l'opposition et la société civile, de force  le Mpla impose son homme. Dans le même élan, la Direction de la légalisation des partis politiques à la Cour constitutionnelle  est confiée à un membre du Mpla. Au tribunal suprême, tous les juges sont acquis au Mpla. Ainsi, la machine pour gagner est astucieusement mise en place longtemps avant les élections. À l'assemblée nationale les députés du Mpla, majoritaires, s'activent pour modifier les règles du jeu. Les dépouillements ne se feront plus dans les provinces. Les urnes seront acheminées à Luanda pour y être dépouillées. Tout cela dans l'opacité la plus complète. 

Devant un tel scénario, quelles sont les chances de l'opposition? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo MKS Scotty.  

  




















mercredi 28 juillet 2021

CHASSEZ LE NATUREL, IL REVIENT AU GALOP.


Nous sommes en 2017. C’est l’année électorale. Trente-six  ans d'une gestion déplorable de José Eduardo dos Santos forcent le peuple, qui était pourtant acquis au Mpla, à souhaiter un changement de système politique dans le pays. Pendant cette année électorale, ce même peuple attend de la part des candidats en lice une offre politique qui tient réellement compte de la situation vécue par la population. À part toutes les autres infortunes plus ou moins supportables , le détournement de fonds publics et la corruption sont considérés par l'opinion publique  comme les deux maux qui gangrènent la société. Vouloir éradiquer ces maux est un engagement auquel adhère massivement les couches populaires. Seulement, extirper ces maux ne peut se faire sans douleur. Surtout quand ce sont les membres du parti au pouvoir qui sont les auteurs de détournements de fonds publics. Qu’à cela ne tienne. Le Mpla tient mordicus le pouvoir et se bat, toutes griffes dehors, pour le conserver. Pour y arriver, pendant la campagne électorale de 2017, le général Lourenço, candidat du Mpla, a pris le risque, sans tenir compte des dégâts collatéraux que pouvaient causer une éventuelle lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics, d’aller dans le sens du peuple, celui de supprimer ces deux maux. C’est ce discours qui lui a valu son élection à la tête de l'État, même s’il y a des doutes au sujet du résultat obtenu.

Nous sommes en 2021. Quatre années au pouvoir ont suffi pour étaler au grand jour les limites du général Lourenço et de son gouvernement. Tous ceux qui croyaient encore en lui ont fini par comprendre que le Mpla n'a pas suffisamment de courage politique pour réformer profondément le pays. Si au début de son mandat le général Lourenço a donné l'impression d'être différent de José Eduardo dos Santos, en bout de course, il s'est essoufflé. Les voleurs continuent à narguer le peuple et les rares filous en prison ne souffrent d'aucune saisie des biens. Quand c'est le cas, personne ne sait où passe l'argent récupéré. L'épuisement du général et la destination inconnue de l'argent recouvré sont des évidences difficiles à nier et à occulter. 

Les Angolais d'aujourd'hui sont différents de ceux d'hier. Ils sont beaucoup plus éveillés. Il est difficile présentement de leur faire admettre que les dirigeants de l'opposition sont des hommes et des femmes  politiques faciles à manipuler et à corrompre. Surtout depuis que  la tentative de corruption d'un responsable de l'Unita a fait chou blanc. Vingt-deux millions de kwanzas (22.000.000 Kzs), est le montant offert par le Mpla  à Demetrios Kokelo Tulumba, un responsable de l'Unita, pour acquérir son allégeance. Heureusement, il y a des consciences qui ne se vendent pas. Cette tentative de corruption est une malheureuse expérience qui met à mal la lutte contre la corruption du général Lourenço. Lutter contre la corruption quand on est soi-même un corrupteur, c'est très compliqué. Depuis que l'Unita a dénoncé cette honteuse entreprise, Bento Bento, le fer de lance du Mpla à Luanda, s'évertue à démentir ce fait, mais le peuple angolais n'est pas dupe. En 46 ans, les Angolais ont appris à connaitre le Mpla. Que ne feraient-ils pas pour conserver le pouvoir? Adalberto Costa Junior leur fait tellement peur qu'ils ont alloué un budget  spécial destiné à l'achat des consciences des membres de l'Unita. Cacuaco et Panguila sont les municipalités visées pour ce genre d'opération. Le taux élevé des chômeurs dans ces deux municipalités fait de ces localités une réserve des frustrés faciles à manipuler. Selon certaines sources à Luanda, Kawiki Sampaio da Costa, dissident de l'Unita, résident à Cacuaco,  aurait reçu du Mpla 50.000.000 Kzs pour couvrir cette opération. Aux dernières nouvelles, Cuide Rosa António, son agent chargé de corrompre les militants de l'Unita, a disparu avec une partie de l'argent. Les jeunes gens auxquels l'argent de corruption était destiné se plaignent de ne pas avoir reçu le montant promis alors qu'ils avaient accompli leur part du contrat. Kawiki et Domingos Pedro, un autre dissident, travaillent avec le général José Tavares Ferreira, selon les médias angolais en ligne. Qui a dit que le Mpla lutte contre la corruption?  Chassez le naturel, il revient au galop.    

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo MKS Scotty. 

















lundi 12 juillet 2021

Des promesses, toujours des promesses, rien que des promesses.

Vous connaissez la dernière ? Cette fois, c'est le tramway. Les élections s'approchent et les différents sondages ne sont pas en faveur du Général Lourenço. Partout dans le pays, l'UNITA de Adalberto Costa Junior a le vent en poupe. Dans une tentative désespérée de renverser la tendance, le Mpla promet de construire à Luanda en 2022 quatre lignes de tramway pour résoudre, parait-il, le problème de mobilité dans la ville capitale. Bien sûr, la ville a besoin d'un système de transport public fonctionnel. Or, au vu du vécu des Luandais, l'État n'est pas capable d'offrir à sa population des moyens de tranports publics efficients. C'est une évidence. Une réalité qui est vécue quotidiennement par la population qui risque de se laisser, encore une fois, bercer, à quelques mois des élections, par des promesses alléchantes comme des enfants lorsqu'ils reçoivent de nouveaux jouets. Les Angolais savent ce que valent les promesses du Mpla.  À titre d'exemple, voyons ce qui suit : En août 2014, sous le régime  de José Eduardo dos Santos, le Mpla a lancé l'idée d'un métro à Luanda et à cette époque le gouvernement a promis  que ce métro circulerait en 2016. Nous sommes maintenant en 2021 et aucun tramway ne roule à Luanda. Le deuxième flop est celui du nouvel aéroport de Luanda. Lancé il y a près de dix ans, le projet a couté des millions de dollars, mais jusqu'à présent, rien. La nouvelle raffinerie de Lobito, encore un autre projet dont le budget dépasse déjà les milliards et pourtant personne ne peut affirmer quand les travaux seront terminés. Angosat, le satellite angolais de communication a coûté 300 millions de dollars et quelqu'un peut nous dire où il se trouve présentement ? Des exemples des projets inachevés sont légion en Angola. L'incapacité du Mpla à résoudre les problèmes basiques des Angolais est notoire. Pendant plus de 45 ans qu'ils sont au pouvoir, les mplistes ont fait la démonstration qu'à leur sein il n'y a pas des hommes ou des femmes capables d'apporter des solutions aux problèmes de la population. Bon, ça ce n'est pas nouveau. C'est connu de tous, même à l'étranger. D'ailleurs des personne de haute moralité pensent qu'il est difficile au Mpla de réaliser un projet de cette dimension sans qu'il y ait détournements de fonds publics. C'est dans l'ADN du Mpla. Des maisons construites et laissées à l'abandon à périphérie de Luanda, ça c'est le Mpla!

Le jugement que l'opinion publique porte sur la gestion du Mpla se base aussi sur l'incapacité de ce parti à fournir de l'eau potable, à travers des canalisations, à la population angolaise. Une impossibilité que le Mpla justifie par un manque des moyens financiers compte tenu de la crise que traverse le pays. Si l'État éprouve quelques difficultés financières pour résoudre le problème d'eau à la population, comment peut-on prétendre construire quatre lignes de tramway dont le coût avoisine les 3 milliards de dollars ? Si au bout de 45 ans de pouvoir, le problème de l'eau, de l'énergie électrique, des ordures ménagères, des embouteillages dans les avenues et rues de Luanda n'ont pas trouvé de solutions, je vous laisse imaginer le résultat pour ce grand projet de tramway qui n'est d'ailleurs pas une priorité. Les Angolais ont besoin des meilleures conditions dans les hôpitaux. Ils veulent une réduction du prix du panier de la ménagère. Ils désirent que plus d'opportunités soient accordées aux investisseurs angolais. Ils veulent une amélioration de la qualité de l'enseignement. Ils veulent des emplois. Ils exigent le respect de leurs droits. Ils ont vécu pendant longtemps dans le mensonge et la manipulation, il est temps que ça cesse. Est-ce trop demander? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.

Eduardo MKS Scotty. 



















       

dimanche 4 juillet 2021

"Em 2022, o MPLA vai gostar". Qui dit vrai ?


Le MPLA, sans le général Lourenço et tous ses courtisans, reste le MPLA. Mais le général Lourenço et ses courtisans sans le MPLA, ne sont rien. Cette réflexion basée sur une réalité vécue dans le pays laisse présager des jours très sombres pour le Mpla. Le nombre des manifestations des jeunes dans les rues de Luanda et à l’intérieur est une preuve du mécontentement grandissant de la population vis-à-vis du pouvoir en place.  Si le Mpla continue à bénéficier d’une  certaine  sympathie de ses militants, même s’ils n’y croient plus beaucoup, c’est tout simplement parce que la haine a pris le dessus sur l’amour de l’autre. Ce sentiment, très souvent, violent qui pousse à vouloir du mal à l’autre et à se réjouir de son malheur, est une ancienne marque de fabrique du Mpla. La campagne de diabolisation contre le président Adalberto Costa Junior de l’Unita est une démonstration de la capacité de nuisance du Mpla. Abel Chivukuvuku, ex-leader de Casa-ce en sait quelque chose. 

Mais revenons au général Lourenço et à sa cour ; au divorce entre le peuple angolais et le Mpla. 46 ans est le temps que les Angolais ont supporté, malgré eux, les caprices des dirigeants du Mpla. Au début ils ont cru que c’était pour leur bien. Au fil des années, ils se sont rendu compte que tout n’était que manipulation. Le départ de José Eduardo dos Santos, et de sa famille, du pouvoir leur est vendu comme la solution aux problèmes du pays. Pendant la campagne électorale de 2017, la lutte contre la corruption, la transformation de Benguela en Californie d’Afrique, la création de 500.000 emplois, la libéralisation de l’espace politique, le respect des libertés fondamentales, l’amélioration de la vie sociale sont autant d’enjeux que le Mpla, à travers son candidat, a mis sur la table pour réalisation. Le temps étant l’ennemi du mensonge, quatre ans après les camarades du Mpla sont incapables de tenir ne fut-ce qu’une de leurs promesses. Prudents, malgré ces évidences, les partis de l’opposition étant tenus au respect de la constitution font profil bas pour ne pas donner le flanc au Mpla. À leur place, bien que timidement, c'est la rue qui s’est réveillée et des manifestations ont commencé à Luanda et à l’intérieur du pays. Des démonstrations populaires qui se sont soldées par des morts et des dizaines de blessés. Les massacres de Canfufo sont un exemple  criant. Acculé par la réprobation populaire, le Mpla fait appel à sa machine de propagande: un certain “ comité psychologique” monté pour juguler la rue et calmer l’opinion nationale. Mais rien n’y fait. On recourt  alors à la vieille garde qui était sur la touche car le parti a besoin d'un peu de vigueur dans ses rangs. On revoit revenir aux affaires Bento Bento, Bento Kangamba et tous les "eduardistes" écartés au début du mandant pour incompatibilité.  Même avec ce renfort, la mayonnaise ne prend pas. Les meetings organisés, alors que le pays est en confinement à cause du covid-19, n’attirent pas beaucoup de gens. On dirait que la population a cessé de croire aux balivernes de ses dirigeants. L’impopularité grandissante de Joâo Lourenço et sa cour ne suffisant pas, Lussaty, avec ses valises pleines d’argent, est la goutte qui vient déborder le vase. Cette fois, le divorce est consommé. Dans toutes les bouches on entend plus que “em 2022, o MPLA vai gostar”. Cette promesse de faire  tomber le Mpla en 2022 est un souhait qui se transmet de bouche à l'oreille  et se cristallise dans l'opinion publique.  La montée en puissance de l’Unita dans l’opinion donne beaucoup d'espoir aux combattants pour le changement. 

On n'en parle peut-être pas assez, mais la fraude électorale est à nos prtes. Un lion bléssé est toujours imprévisible dans ses réactions. Le Mpla n'est pas prêt à lâcher le pouvoir. À une question d'un diplomate  étranger au secrétaire national du Mpla sur la disposition du Mpla de quitter le pouvoir en cas de victoire électorale de l'opposition, Pombolo, prit de court, n'a pas su répondre. C'est une attitude qui en dit long. Si l'on part du principe que la fraude électorale s'organise plusieurs mois avant les élections, la nomination très contestée du président de la CNE est un signe qui ne trompe pas sur les intentions du Mpla. Povo angolano zibula meso. 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.

Eduardo MKS Scotty. 


















            

vendredi 28 mai 2021

Major Pedro LUSSATI est pris la main dans le sac (saco azul).

Opération “CARANGUEJO” est-ce une pièce de théâtre ou une véritable lutte contre la corruption. Une vidéo montrant le butin amassé illicitement par un officier des Forces armées angolaises (FAA) circule ces derniers temps sur les réseaux sociaux. Tous ceux qui l’ont vu sont choqués tellement la prise est énorme et scandaleuse. Un reportage réalisé par la Télévision angolaise montre la quantité des biens, fruit de détournements de fonds publics, retrouvés au domicile du major Lussati Pedro, un officier, chef des finances de la Fanfare présidentielle de l’armée angolaise. Dans cette étonnante enquête, il apparait que le major Lussati est propriétaire de 45 immeubles, 5 appartements à Lisbonne, 1 appartement à Windhoek, 2 yachts, 19 valises remplies d’argent (dollars, euros, kwanzas). Ce sont des millions.  10 millions de dollars, 700.000 euros, 800 millions de kwanzas. Dans les tiroirs de son armoire, les Services d’investigation criminelle (SIC) ont trouvé une douzaine de montres serties de diamant et en or. Il est propriétaire de 15 voitures de luxe. Les documents trouvés dans une des chambres renseignent des transferts d’argent à l’étranger d’une valeur de 1 milliard de dollars.  

Les “marimbondos” opèrent tous de la même manière. Chaque fois que les comptes en banque gonflent ou les valises d’argent s’accumulent à la maison, le nombre des amantes aussi augmente. Il faut bien dépenser l’argent volé. Connaissant ce mode opératoire, les SIC ont enquêté sur les amantes du major. La première, Mayala Abrantes, est propriétaire d’un compte bien achalandé à la banque BIC, 600.000 dollars. L’autre, Luyana Chaves, a reçu de l’amant généreux 5 millions de dollars qui lui ont tourné la tête au point de quitter son conjoint pour se consacrer entièrement à son amant. Quelle largesse ! La troisième, Madame Almeida, a bénéficié de 200.000 dollars pour ouvrir un commerce d’habits de luxe et s’est acheté une grande maison à Camama. Pedro Lussati est tellement galant homme qu’à la place de bouquets des fleurs, il offre à ses amantes des bouquets des dollars. Des billets de dollars pliés comme des fleurs. Même les riches saoudiens ne font jamais ça.  

Selon une source qui a choisi l’anonymat, pour des raisons de sécurité, il existe depuis plusieurs années à la présidence de la République de l’Angola un système qui permet aux plus malins de s’enrichir sans problèmes. En ce haut lieu de la république, on parle de “sac bleu” (saco azul). Ce sont des sacs de couleur bleue qui contiennent des billets de banque (dollars, euros, kwanzas) destinés aux dépenses non budgétisées de la présidence de la République. En fait personne ne contrôle vraiment ses sacs bleus. Ni la quantité contenue dans les sacs, ni la destination que prend cet argent. Une vraie aubaine pour les voleurs. Selon la même source, beaucoup de généraux sont impliqués dans cette maffia. Voilà une des raisons pour lesquelles le MPLA combat farouchement Adalberto Costa Junior. Un changement à la tête de l’État serait une catastrophe pour les “marimbondos” du Mpla. S’il y a cent jours pour le voleur, il y a un jour pour le propriétaire. Le crime parfait n’existe pas. Dans sa surdimensionnée opulence, le major Pedro Lussati décide de vendre une maison qu’il possédait en Espagne à Bento Kangamba, un intouchable du régime. Cette vente a déclenché l’alarme. Les informations fournies par les autorités espagnoles au Procureur général angolais ont conduit les SIC à ouvrir une enquête contre le major Lussati 

Le major Pedro Lussati ne s’est pas enrichi en une seule journée. Il faut du temps pour amasser tout ce qu’il a accumulé. C’est quelqu’un qui est connu dans les milieux politiques angolais. Durant tout ce temps qu’a duré le processus de son enrichissement illicite, personne n’a rien noté de bizarre ? Quand quelqu’un commence à avoir des moyens financiers importants, sa vie change. Un militaire qui achète des immeubles, des voitures de luxe, des appartements, va à la banque retirer d’importantes sommes d’argent, et personne ne remarque rien ? Les paquets des liasses d’argent dans les valises sont enveloppés dans leurs emballages en plastique. C’est de l’argent sorti fraichement d’une banque. Comment peut-on glisser entre les mailles du filet de la sécurité de l’État sans complicité ? La théorie de théâtralisation de cette découverte a peut-être un sens si l’on sait comment le Mpla est maitre dans la manipulation. La lutte contre la corruption qui n’a donné aucun résultat jusqu’aujourd’hui avait peut-être besoin d’un coup de pouce pour la crédibiliser. Un mensonge plus il est grand, plus il passe dans l’opinion. Dans le cas contraire, il y a des complices à la présidence de la République sinon comment pouvait-il réussir un si gros coup ?  

Je vous laisse réfléchir à la question.

  

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.  

Eduardo MKS Scotty.

  

Source : H. Strees