Depuis la disparition de Jonas
Savimbi, chaque fois que l’Unita organise un congrès, j’essaye de me replonger
dans notre passé historique pour imaginer ce que notre pays aurait pu être si
les accords de Alvor étaient respectés. Pendant ce court instant d’immersion,
il m’apparait clairement que la dimension d'un homme sage, un homme d'une
grande envergure, se mesure par l'étendue de sa vision, par sa capacité à juger
correctement les phénomènes complexes et par sa subtilité de prévoir les
événements, bien avant l'heure normale. Souvent, la perception d'un homme sage
est toujours entourée de controverses dans le présent, mais à l’avenir, lorsque
les faits se produisent, elle rassemble le consensus. Parce que, dans la
profonde incertitude et l'immense nature de l'obscurité, il y a dans son
intégralité, la splendeur d'un homme sage qui s'affirme dans le temps et rend
sa prédiction pertinente, inébranlable et incontestable.
Le dernier congrès de l’Unita, le
13°, a été, encore une fois, une vraie leçon de démocratie. Une démocratie
comme l’auraient souhaité les Angolais si le marxisme-léninisme ne nous était
pas imposé par le Mpla comme méthode de gestion de la chose publique à
l’accession du pays à l’indépendance. Par trois fois, l’Unita, après la mort de
Savimbi, a fait montre d’un esprit démocratique rare sur le continent africain.
Au dernier congrès, ils ont aligné cinq candidats pour se disputer le poste de
président après la sortie, pour fin de mandat, du président Samakuva. Pendant des mois les candidats ont
sillonné le pays pour expliquer leur projet respectif et mobiliser le plus de
délégués en leur faveur. Le débat télévisé qui a suivi, un débat très riche en
propositions, a suscité beaucoup d’intérêt
dans la population qui l’a suivi d’un bout à l’autre, même si certaines
mauvaises langues ne veulent pas le reconnaitre. En fin de course, c’est
Adalberto da Costa Junior qui fut élu nouveau président de l’Unita. À 57 ans,
cet ancien représentant de l’Unita au Portugal et président du groupe
parlementaire de l’Unita à l’Assemblée nationale angolaise porte les espoirs
des milliers de militants qui voient en lui l’homme de la transformation d’un
parti qui est resté trop longtemps complaisant avec le pouvoir. Un parti qui,
au cours de dernières années, est resté sur la défensive, acceptant parfois
l’inacceptable. L’Unita dont les militants désirent est un parti à l’offensive
qui fait fi du passé et regarde résolument vers l’avenir. Un parti qui ne
s’enferme pas, comme le voudraient ses adversaires politiques, dans la
culpabilité d’avoir pris les armes pour instaurer le multipartisme et la
démocratie dans le pays. Les élections locales de 2020 exigent de la part de
l’Unita un discours clair dépourvu d’hypocrisie. Sans blesser certaines
susceptibilités, mais avec politesse et responsabilité, appeler les choses par leurs noms. Un
« marimbondo » est un marimbondo. Peu importe qui il soit. Le terme ne
vient pas de l’Unita.
Pourquoi l’Unita est-elle
différente du Mpla ? Si nous faisons une analyse de notre passé récent, du
nationalisme angolais, les chemins empruntés et les options prises montrent
d’une manière évidente le profil politique et idéologique de chaque Mouvement
de libération de l'Angola devenu parti politique. Aujourd'hui, à l'heure de
l'ouverture et de la mondialisation, il est plus facile de juger les faits
existants pour clarifier les énigmes du passé. Car, le temps, aussi sombre qu'un
phénomène puisse être, est l'allié fidèle de la vérité. Un allié qui ne
prolonge pas indéfiniment les incertitudes.
L’Unita a toujours été le parti politique porteur d’espoirs pour les ouvriers et les paysans de l’Angola profond. Pendant notre lutte anticoloniale, un homme revêtu de beaucoup de sagesse disait que « la révolution chinoise, les caractéristiques de la Chine et l'âme du peuple chinois sont plus proches de la réalité angolaise que la révolution russe et les caractéristiques du peuple russe ». Dans cette même lutte, l’Unita a toujours été idéologiquement proche des Chinois alors que le Mpla est, encore aujourd’hui, dans sa forme et son fonctionnement, un parti politique proche de la Russie. Un parti rigide.
D’ailleurs, avant l’indépendance, dans sa dialectique, le Mpla était extrêmement critique, répugnant et opposé au Parti communiste chinois, même si, pour obtenir des crédits, ses dirigeants ont changé aujourd’hui. Le Mpla méprisait les Chinois comme des paysans arriérés dont l'idéologie était révisionniste et contre-révolutionnaire. Quiconque se plaçait du côté du Parti communiste chinois était traité par le Mpla de réactionnaire, de traître et d’agent de l'impérialisme.
Ceux qui connaissent l’histoire de notre lutte de libération se souviendront que l’élite mpliste, basée en Algérie dans les années 60, avait une attitude destructrice et une forte aversion à tout ce qui concernait les valeurs paysannes. En effet, cet esprit anti paysan se reflète encore aujourd'hui dans la position de la direction du MPLA, un esprit qui se retrouve dans l'article 98 de la Constitution de la République d'Angola. Cet article ne reconnaît pas aux paysans la propriété de leurs terres communautaires, terres qui sont devenues "la propriété originelle de l'État", c'est-à-dire de la classe bourgeoise dominante. Les champs, dans la conception de cette classe, sont la forêt, un espace réservé au tourisme, une source des recettes. Elle ne lui donne pas la valeur qu'elle mérite, d'être une terre vaste et riche en ressources naturelles, un véritable paradis pour vivre et développer la vie des populations locales qui y habitent. Voilà le genre de débat que les Angolais souhaitent voir ressuscité par l’Unita, sous la direction de Adalberto da Costa Junior. Le débat sur la terre, sur la propriété foncière. « Liberdade e Terra », ça ne vous dit rien ? Des hommes sont morts à cause de cette philosophie.
L’Unita a toujours été le parti politique porteur d’espoirs pour les ouvriers et les paysans de l’Angola profond. Pendant notre lutte anticoloniale, un homme revêtu de beaucoup de sagesse disait que « la révolution chinoise, les caractéristiques de la Chine et l'âme du peuple chinois sont plus proches de la réalité angolaise que la révolution russe et les caractéristiques du peuple russe ». Dans cette même lutte, l’Unita a toujours été idéologiquement proche des Chinois alors que le Mpla est, encore aujourd’hui, dans sa forme et son fonctionnement, un parti politique proche de la Russie. Un parti rigide.
D’ailleurs, avant l’indépendance, dans sa dialectique, le Mpla était extrêmement critique, répugnant et opposé au Parti communiste chinois, même si, pour obtenir des crédits, ses dirigeants ont changé aujourd’hui. Le Mpla méprisait les Chinois comme des paysans arriérés dont l'idéologie était révisionniste et contre-révolutionnaire. Quiconque se plaçait du côté du Parti communiste chinois était traité par le Mpla de réactionnaire, de traître et d’agent de l'impérialisme.
Ceux qui connaissent l’histoire de notre lutte de libération se souviendront que l’élite mpliste, basée en Algérie dans les années 60, avait une attitude destructrice et une forte aversion à tout ce qui concernait les valeurs paysannes. En effet, cet esprit anti paysan se reflète encore aujourd'hui dans la position de la direction du MPLA, un esprit qui se retrouve dans l'article 98 de la Constitution de la République d'Angola. Cet article ne reconnaît pas aux paysans la propriété de leurs terres communautaires, terres qui sont devenues "la propriété originelle de l'État", c'est-à-dire de la classe bourgeoise dominante. Les champs, dans la conception de cette classe, sont la forêt, un espace réservé au tourisme, une source des recettes. Elle ne lui donne pas la valeur qu'elle mérite, d'être une terre vaste et riche en ressources naturelles, un véritable paradis pour vivre et développer la vie des populations locales qui y habitent. Voilà le genre de débat que les Angolais souhaitent voir ressuscité par l’Unita, sous la direction de Adalberto da Costa Junior. Le débat sur la terre, sur la propriété foncière. « Liberdade e Terra », ça ne vous dit rien ? Des hommes sont morts à cause de cette philosophie.
Si j’ai fait cette petite
digression, que vous avez certainement remarquée, c’est pour souligner l’apport
d’une démocratie interne dans l’édification d’une société plurielle.
Sobamasoba, l’analyse politique
qui informe.
Eduardo M.Scotty