Les prochaines élections en Angola sont
devenues, en cette période de précampagne électorale, un sujet de prédilection pour les médias à
Luanda. L’intérêt que les Angolais, surtout ceux de l’étranger, manifestent sur
cette question m’oblige à y revenir encore une fois d’une manière plus fouillée.
Organiser des élections dans un
pays ne signifie pas que ce pays est une démocratie. Actuellement, presque tous
les pays sous régime dictatorial, brutal ou totalitaire procèdent à des
élections pour légitimer leur pouvoir. En Iran, par exemple, un pays sous un
régime théocratique il y a des élections à divers niveaux :
présidentielle, législatives et locales. Cela ne veut pas dire que le pouvoir
est entre les mains du peuple. La Chine populaire est aussi très fière de son
processus démocratique de base. Personne ne peut affirmer que la Chine est une
démocratie. Pour tous ces pays et d’autres du même genre, les élections sont
tout simplement un accessoire. Elles ne servent à rien, sinon à faire semblant,
dans d'interminables discours, de s'intéresser aux problèmes du peuple.
L’Angola traverse en ce moment
une situation socioéconomique très difficile, fruit d’une mauvaise gestion du
Mpla. Nonobstant quelques efforts désespérés fournis par Dos Santos et ses pairs pour redresser la barque, le temps
(oui, le temps) est un facteur qui ne pardonne pas. La date à laquelle se termine le mandat des
institutions électives arrive à expiration au grand dam des dignitaires du
régime. Conscients du pouvoir que leur confère la constitution, celui de
choisir ses dirigeants, les Angolais, dans leur majorité, souhaitent
l’alternance politique dans le pays. Cependant, très peu croient que les
élections peuvent apporter cette altération. C’est peut-être un autre événement
(lequel ?) qui, un jour, apportera le changement tant attendu. Cela ne
devait pourtant pas être ainsi parce que, à mon avis, la théorie de la
représentation politique démocratique crée un lien très fort entre le pouvoir
et les élections. Dans des circonstances normales, le vote doit déterminer la
volonté, l’organisation et l’activité du pouvoir politique. Pour cette raison,
les citoyens angolais ont, non seulement, le droit de participer aux élections,
mais ont aussi le droit de savoir par eux-mêmes que le processus électoral est
valide. Car, c’est la validité du processus électoral qui garantit la
légitimité nécessaire pour l’exercice du pouvoir politique. Dans ce même ordre
d’idée, pour que les élections respectent ses objectifs démocratiques et soient
valides, elles doivent être justes et transparentes. Or, dans le cas de
l’Angola, c’est justement la crédibilité des élections qui est en cause pour
celles qui sont fixées au 23 août 2017. Seulement, pour qu’elles soient dignes
de foi, ces élections doivent répondre à deux exigences importantes :
l’intégrité et la crédibilité.
L’intégrité implique que tous les
votes (bulletins) soient comptabilisés pour le calcul des résultats et qu’à
chaque parti politique soit attribué le nombre des votes correspondant au choix
de ses électeurs. Il ne peut pas avoir de distorsion entre le choix et le
résultat. Il s’agit ici d’un principe lié à la structure interne du processus
électoral qui cherche à garantir l’égalité entre les votes émis et les votes
comptabilisés.
La crédibilité assume une
expression interne. Elle est liée à la nécessité d’installer dans le pays un
climat de confiance. Elle se base sur la perception publique de que le
processus électoral n’a subi aucune interférence extérieure et que les résultats
reflètent la réalité. Selon mon oncle, un observateur politique avisé, « savoir
que le processus électoral se déroule de la meilleure manière est une base pour
que la population ait confiance dans les résultats des élections et dans ses
organisateurs ». En somme, il ne suffit pas d’organiser des
élections, il faut que leurs résultats soient justes. En Angola, les choses ne
se passent pas de cette manière. D’ailleurs, les partis d’opposition sont déjà
montés au créneau, ils crient à la fraude électorale. Le rapport présenté par
la CNE suscite beaucoup d’interrogations. Le Ministère de l’Aménagement du
territoire qui s’est substitué à la CNE pour
l’enrôlement des électeurs a commis énormément d’irrégularités. Selon
l’opposition ces irrégularités ont été commises délibérément. Car si l’Angola
est formellement une démocratie, en réalité c’est une « fausse »
démocratie dans laquelle sévit un parti presque unique qui domine l’État avec un
président au pouvoir depuis plus de 37 ans. Les caractéristiques démocratiques
de l’indépendance de la justice, de l’État de droit ou des droits des minorités
sont inexistantes dans ce pays. Les droits humains sont fréquemment violés et
les résultats des élections ne correspondent jamais à la réalité des urnes. La
CNE attribue toujours une majorité confortable au parti du président Dos
Santos. Ce qui me pousse à conclure : pour que ces élections répondent à
la préoccupation de la population, il faut que le processus électoral obéisse
aux deux principes cités plus haut : intégrité, crédibilité. Dépouillement
dans la transparence, inclusivité dans l’organisation du scrutin, clarté dans
la publication des résultats.
Sobamasoba, l’analyse politique
qui informe.
Eduardo Scotty M.