GENVAL. Il y a quelque temps, ce
nom ne signifiait absolument rien pour beaucoup d’entre nous. C’était juste le
nom d’une petite commune dans la banlieue de Bruxelles. Une petite commune qui
a eu l’honneur d’accueillir les assises de partis politiques congolais d’opposition.
Du 8 au 9 juin 2016, les opposants au régime de Kabila se sont rencontrés
pour élaborer une stratégie commune. Les résolutions issues de ce conclave
définissent clairement leur position. À Kinshasa, le camp du président Kabila,
arrogant et moqueur, exprimait des doutes quant à l’union des opposants. Et
pourtant, ils sont arrivés à dégager un consensus autour de l’ordre du jour
proposé par les organisateurs de la réunion.
Lorsque j’observe la
détermination et le patriotisme avec lesquels ces forces politiques congolaises de
l’opposition se démènent pour faire entendre leurs voix et occuper
l’espace qui leur revient de droit dans le pays, je suis très admiratif. À
travers leurs actions, manifestations et meeting, qu’ils osent organiser dans leur
pays, j’ai le sentiment d’avoir en face de moi des hommes et des femmes qui
croient dans ce qu’ils font et ont la profonde conviction d’aller dans la bonne
direction. Le courage dont ils font preuve, malgré les différences qui existent
entre eux, mérite une immense admiration de tous ceux, comme moi, accompagnent
le processus de démocratisation en RDC. Même si leur démarche est entachée de
quelques imperfections, ce qui est tout à fait normal, il faut reconnaitre qu’à
GENVAL, ils ont été capables de mettre de côté leurs ambitions personnelles
pour privilégier les intérêts du peuple. Seuls nos frères du Burkina Faso
peuvent en dire autant.
En Angola, mon pays, je souhaite
que les choses se passent de la même manière que chez nos voisins.
Malheureusement, à Luanda, quoique l'on dise, les opposants sont soumis au
régime et sont complices des excès que ce même régime commet. Les leaders
angolais de l’opposition et leurs partis politiques ne se distinguent pas de
ceux qui ont opté pour la dictature dans le pays. De temps en temps, ils nous
servent un discours moralisateur pour montrer qu’ils existent, et puis plus
rien jusqu’à la prochaine déclaration. L’Angola vit une grave crise avec un
chômage qui ne cesse d’augmenter à cause de la fermeture des entreprises et du
manque de devises dans le système bancaire pour l’acquisition de matériel et de
matière première, que fait l’opposition ? RIEN.
Le pays assiste à une importante
fuite des capitaux favorisée par la clique de Dos Santos, sa famille et ses
amis. Environ 400 millions de dollars volaient, en temps de vaches
grasses, vers d’autres cieux chaque
semaine. Qu’a fait l’opposition ? RIEN.
Nous assistons à la hausse
vertigineuse du coût de la vie avec l’augmentation de prix des livres, des
uniformes, du droit d’inscriptions pour les étudiants, des principaux produits
alimentaires, du combustible pour les véhicules et les générateurs
(l’électricité est un bien précieux en Angola), que fait l’opposition ?
RIEN.
En 2011, des jeunes de Luanda se
sont organisés en mouvement révolutionnaire pour protester contre la politique
de Dos Santos et son maintien trop prolongé au pouvoir (à l’époque 32 ans). Ils
furent arrêtés en 2015, jugés de la manière dont on connait l'irrationalité et
condamnés dans des circonstances que tout le monde connait. Avant leur
détention, ils ont tenté, seuls, à plusieurs reprises d’organiser des
manifestations qui ont toutes été dispersées. Aucun parti de l’opposition n’a
montré le bout de son nez pour les soutenir. Face à cette oppression du régime,
aux arrestations arbitraires et aux injustices, que fait l’opposition ?
RIEN.
Plus grave. La politique
discriminatoire du système bancaire qui condamne les enfants de pauvres à l’analphabétisme.
Les prix élevés de droits d’inscriptions dans les universités publiques et
privées quand les salaires des parents sont insuffisants bloquent l’émergence
des cadres issus des milieux pauvres. Ceux qui ont pu, avec beaucoup de
sacrifices, envoyer leurs progénitures aux études à l’étranger sont aujourd’hui
complètement asphyxiés. La seule option qui leur reste : faire revenir les
enfants au pays. Même quand ils ont eu la chance de bénéficier d’une bourse
d’études, aujourd’hui ils ne reçoivent plus rien. À ce sujet, que fait
l’opposition ? RIEN.
La police nationale, les agents
de contrôle (agentes de fiscalizaçâo), les militaires rançonnent la population,
maltraitent les petits commerçants ambulants (as zungueiras), confisquent leurs
biens et moyens de subsistance dans un pays où trouver un travail est un chemin
de combattant, que fait l’opposition ? RIEN.
À regarder ce tableau, on dirait
qu’en Angola il n’y a pas d’opposants. Il n’y a personne de la dimension de
Jonas Malheiro Savimbi, capable d’élever la voix et de dire STOP. Et pourtant,
dans la Constitution angolaise, il y a des dispositions qui, légalement,
permettent à l’opposition de s’exprimer. Des politiciens comme Marcolino Moco,
Samakuva, Sediengani Mbimbi, Ngola Kabangu Eduardo Kuangana, Filomeno Vieira
Lopes, Chivukuvuku, Lopo do Nascimento et autres, au lieu de lire les signes du
temps, adopter des politiques de contestation parlementaire, dénoncer des excès du régime, ils s’enferment dans leurs
cocons en croyant que seuls, chacun de nous dans son coin, nous pourrons
déboulonner le régime et son système de corruption. D’eux, le peuple attend une
véritable UNION de l’opposition avec un projet viable ; une plate-forme
politique du changement. Il est temps que, comme les Congolais de la RDC, les
opposants à la politique du Mpla se mettent autour d’une table pour débattre de
l’Angola. Est-ce trop demander ?
Inspiration : William Tonet
Sobamasoba, l’analyse politique
qui informe.
Eduardo Scotty Makiese.