mardi 26 novembre 2019

UNITA, une leçon d'humilité, de maturité et de démocratie.


Depuis la disparition de Jonas Savimbi, chaque fois que l’Unita organise un congrès, j’essaye de me replonger dans notre passé historique pour imaginer ce que notre pays aurait pu être si les accords de Alvor étaient respectés. Pendant ce court instant d’immersion, il m’apparait clairement que la dimension d'un homme sage, un homme d'une grande envergure, se mesure par l'étendue de sa vision, par sa capacité à juger correctement les phénomènes complexes et par sa subtilité de prévoir les événements, bien avant l'heure normale. Souvent, la perception d'un homme sage est toujours entourée de controverses dans le présent, mais à l’avenir, lorsque les faits se produisent, elle rassemble le consensus. Parce que, dans la profonde incertitude et l'immense nature de l'obscurité, il y a dans son intégralité, la splendeur d'un homme sage qui s'affirme dans le temps et rend sa prédiction pertinente, inébranlable et incontestable.

Le dernier congrès de l’Unita, le 13°, a été, encore une fois, une vraie leçon de démocratie. Une démocratie comme l’auraient souhaité les Angolais si le marxisme-léninisme ne nous était pas imposé par le Mpla comme méthode de gestion de la chose publique à l’accession du pays à l’indépendance. Par trois fois, l’Unita, après la mort de Savimbi, a fait montre d’un esprit démocratique rare sur le continent africain. Au dernier congrès, ils ont aligné cinq candidats pour se disputer le poste de président après la sortie, pour fin de mandat, du président  Samakuva. Pendant des mois les candidats ont sillonné le pays pour expliquer leur projet respectif et mobiliser le plus de délégués en leur faveur. Le débat télévisé qui a suivi, un débat très riche en propositions,  a suscité beaucoup d’intérêt dans la population qui l’a suivi d’un bout à l’autre, même si certaines mauvaises langues ne veulent pas le reconnaitre. En fin de course, c’est Adalberto da Costa Junior qui fut élu nouveau président de l’Unita. À 57 ans, cet ancien représentant de l’Unita au Portugal et président du groupe parlementaire de l’Unita à l’Assemblée nationale angolaise porte les espoirs des milliers de militants qui voient en lui l’homme de la transformation d’un parti qui est resté trop longtemps complaisant avec le pouvoir. Un parti qui, au cours de dernières années, est resté sur la défensive, acceptant parfois l’inacceptable. L’Unita dont les militants désirent est un parti à l’offensive qui fait fi du passé et regarde résolument vers l’avenir. Un parti qui ne s’enferme pas, comme le voudraient ses adversaires politiques, dans la culpabilité d’avoir pris les armes pour instaurer le multipartisme et la démocratie dans le pays. Les élections locales de 2020 exigent de la part de l’Unita un discours clair dépourvu d’hypocrisie. Sans blesser certaines susceptibilités, mais avec politesse et responsabilité,  appeler les choses par leurs noms. Un « marimbondo » est un marimbondo. Peu importe qui il soit. Le terme ne vient pas de l’Unita.

Pourquoi l’Unita est-elle différente du Mpla ? Si nous faisons une analyse de notre passé récent, du nationalisme angolais, les chemins empruntés et les options prises montrent d’une manière évidente le profil politique et idéologique de chaque Mouvement de libération de l'Angola devenu parti politique. Aujourd'hui, à l'heure de l'ouverture et de la mondialisation, il est plus facile de juger les faits existants pour clarifier les énigmes du passé. Car, le temps, aussi sombre qu'un phénomène puisse être, est l'allié fidèle de la vérité. Un allié qui ne prolonge pas indéfiniment les incertitudes.
L’Unita a toujours été le parti politique porteur d’espoirs pour les ouvriers et les paysans de l’Angola profond.  Pendant notre lutte anticoloniale, un homme revêtu de beaucoup de sagesse disait que « la révolution chinoise, les caractéristiques de la Chine et l'âme du peuple chinois sont plus proches de la réalité angolaise que la révolution russe et les caractéristiques du peuple russe ». Dans cette même lutte, l’Unita a toujours été idéologiquement proche des Chinois alors que le Mpla est, encore aujourd’hui, dans sa forme et son fonctionnement,  un parti politique proche de la Russie. Un parti rigide.
D’ailleurs, avant l’indépendance, dans sa dialectique, le Mpla était extrêmement critique, répugnant et opposé au Parti communiste chinois, même si, pour obtenir des crédits, ses dirigeants ont changé aujourd’hui. Le Mpla méprisait les Chinois comme des paysans arriérés dont l'idéologie était révisionniste et contre-révolutionnaire. Quiconque se plaçait du côté du Parti communiste chinois était traité par le Mpla de réactionnaire, de traître et d’agent de l'impérialisme.
Ceux qui connaissent l’histoire de notre lutte de libération se souviendront  que l’élite mpliste, basée en Algérie dans les années 60, avait une attitude destructrice et une forte aversion à tout ce qui concernait les valeurs paysannes. En effet, cet esprit anti paysan se reflète encore aujourd'hui dans la position de la direction du MPLA, un esprit qui se retrouve dans l'article 98 de la Constitution de la République d'Angola. Cet article ne reconnaît pas aux paysans la propriété de leurs terres communautaires, terres qui sont devenues "la propriété originelle de l'État", c'est-à-dire de la classe bourgeoise dominante. Les champs, dans la conception de cette classe, sont la forêt, un espace réservé au tourisme, une source des recettes. Elle ne lui donne pas la valeur qu'elle mérite, d'être une terre vaste et riche en ressources naturelles, un véritable paradis pour vivre et développer la vie des populations locales qui y habitent. Voilà le genre de débat que les Angolais souhaitent voir ressuscité par l’Unita, sous la direction de Adalberto da Costa Junior. Le débat sur la terre, sur la propriété foncière. « Liberdade e Terra », ça ne vous dit rien ? Des hommes sont morts à cause de cette philosophie.

Si j’ai fait cette petite digression, que vous avez certainement remarquée, c’est pour souligner l’apport d’une démocratie interne dans l’édification d’une société plurielle.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M.Scotty

  






























mercredi 13 novembre 2019

Joâo Lourenço est-il à bout de souffle?


La salle est comble. Elle est pleine à craquer. Décorée aux couleurs du Mpla, le rouge et le noir, c’est un jour historique pour le parti des camarades. C’est la fin du congrès de la jeunesse du Mpla, parti au pouvoir en Angola depuis 1975. Comme d’habitude, d’énormes moyens sont engagés pour la réussite de l’événement. C’est donc un auditoire complètement acquis au président du parti qui attend le discours de clôture de Joâo Lourenço. En baisse dans différents sondages réalisés par des médias à Luanda, le congrès de la JMPLA est une tribune que les jeunes offrent à Joâo Lourenço pour se refaire une santé dans l’opinion publique après les doutes suscités par sa politique sur la lutte contre la corruption et l’impunité. La petite guerre menée par Tchizé au nom du clan Dos Santos a fini par créer un doute dans la tête de certains Angolais qui se posent des questions au sujet de la gestion de Joâo Lourenço. La manifestation des jeunes chômeurs à Luanda réclamant de nouveaux emplois a porté un sérieux coup à l’image du président.  Lâché par ses propres camarades du parti, JLo est dépité. Son discours sur l’état de la nation, truffé des données irréalistes, ne sert vraiment pas sa cause. Les successives dévaluations de la monnaie nationale, le Kwanza, génèrent un mécontentement général. Sa cécité sur la corruption des officiers supérieurs de l’armée et de la police passe difficilement dans l’opinion. Tous ces faits mis les uns à côté des autres créent un climat de suspicion dans la population. À mi-mandat et devant une position aussi inconfortable, Joâo Lourenço et son gouvernement ressentent le besoin d’un nouveau souffle après avoir presque perdu celui acquis au début de la législature. Alors, pour marquer les esprits,  Joâo Lourenço monte au créneau, frappe fort et apparemment sans complaisance. Tenant compte des opinions défavorables à mi-chemin de son premier mandat, il prend le courage de reconnaitre les erreurs commises par son administration dans leur démarche pour éradiquer la corruption. Il demande aux jeunes de son parti de le soutenir et de prendre fait et cause pour ses actions.  Les corrompus et les corrupteurs étant tous des membres de son parti, il reconnait que dans un tel contexte une certaine complexité à son combat contre l’impunité et l'enrichissement illicite.

« En 2016 et 2017, pendant la phase de préparation des élections, le Mpla a écrit des documents ^pour stigmatiser la corruption parce que le pays était malade de l’impunité. Il y a eu beaucoup de promesses, mais il nous manquait du courage. Nous avons parlé de tolérance zéro, mais notre campagne n’a pas produit les effets attendus. Aujourd’hui, le contexte ayant changé, nous ne voulons plus tromper notre peuple et nos électeurs parce que nous considérons injuste de les utiliser juste pour nous faire élire. Nous pensons qu’il est de notre devoir de concrétiser les promesses faites durant la campagne électorale. Je veux ici vous rappeler que lorsqu’il y a action, il y a réaction. Nous avons posé dans notre lutte contre la corruption un certain nombre d’actions et maintenant nous assistons à la réaction. Cette réaction ne vient pas de l’opposition, mais des rangs de notre parti, le Mpla » .
« Pensez-vous que nous devons continuer cette lutte que nous avons engagée pour le bien de notre peuple quelles que soient les embûches sur notre route ? En sortant de cette salle, devons-nous nous considérer comme ayant été investis par la jeunesse que vous représentez ici  d’un pouvoir qui nous autorise à continuer notre lutte ? Toute la salle se tient debout et scande : Joâo Lourenço, l’Angola est avec vous. » Dixit Joâo Lourenço.

Ce n’est pas par hasard si le président Joâo Lourenço a choisi le congrès de la JMPLA pour lancer un message fort à l’endroit de ses camarades. Depuis quelque temps, un front contre les réformistes a vu le jour au sein du Mpla.  La volonté du président de changer les choses dans le pays n’est pas très appréciée par les caciques du parti au pouvoir. Durant des années, ils ont vécu et développé l’idée selon laquelle ce sont eux qui ont « libéré » le pays du colonialisme, il est donc normal qu’ils substituent les colonialistes, même dans ses méthodes de gestion les plus viles. Tous les slogans servis au peuple pendant la guerre de libération sont passés à la trappe. La bourgeoisie qu’ils prétendaient combattre s’est installée insolemment dans le pays. La pauvreté est devenue une maladie que les dirigeants du Mpla fuient en se cachant derrière les hauts murs des « condomínios » construits loin des « baïrros » périphériques de Luanda. L’économie a quelques difficultés à décoller. Malgré les lois sur le rapatriement de l’argent volé et placé dans des banques à l’étranger, lois votées par une assemblée nationale dominée par le Mpla, les membres du Mpla qui sont tous concernés par cette large fuite des capitaux s’opposent à la mesure et défient le président de la République à prendre des sanctions contre eux. Dans ce bras de fer entre les « réformistes » et les caciques du Mpla, qui gagnera ? Wait and see.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M.Scotty.   

               

 

dimanche 27 octobre 2019

L'état de la nation : l'UNITA recadre le MPLA.


Chaque année au mois d’octobre, le président de la République se prête à l’exercice qui consiste à se présenter devant l’Assemblée nationale pour porter à la connaissance l’opinion publique nationale et internationale l’état de la Nation dont ils sont, lui et son gouvernement, les gestionnaires. Il est alors de coutume qu’après l’exposé du Chef de l’État devant les députés, le chef de l’opposition convoque la presse pour recadrer, si c’est nécessaire, le chef de l’Exécutif. C’est dans ce cadre que, contredisant le président Joâo Lourenço, le président d'Unita a accusé, la semaine dernière, les membres du MPLA, parti au pouvoir depuis 1975,  d'être des opposants au Chef de l’État, le défiant d'être un vrai  "patriote" pour surmonter la crise à laquelle le pays, dont il embellit la situation, est confronté.
"Les adversaires du président sont les forces hostiles au changement. Et ces forces ne sont pas de        l’Unita, on les retrouve au sein du Mpla. L'opposition paradoxalement aujourd'hui, ce sont tous ceux qui résistent à la lutte contre la corruption et l'impunité. Ce sont ceux qui trompent le Président et ne veulent pas rendre l'argent volé aux Angolais. Ce sont ceux qui ne veulent pas que le pays corrige vraiment ce qui ne va pas et améliore ce qui va bien", a déclaré le leader d'Unita dans son discours de réplique à l'intervention du chef de l'État sur l'état de la nation, le week-end dernier.
Isaias Samakuva, qui quittera en novembre de cette année ses fonctions de Président de l'Unita, a affirmé avec force qu’actuellement « les adversaires politiques de Joâo Lourenço dans sa lutte contre la corruption et la consolidation d’un État de droit sont au sein Mpla », alors que l'opposition ne vise qu'à alléger les souffrances de la majorité des Angolais. Pour mettre à mal les changements profonds que Joâo Lourenço avait l'intention de mettre en œuvre, « les forces de blocage qui sont dans le gouvernement, les tribunaux, la banque, l'académie militaire, et partout ailleurs sont sortis de l’ombre, se sont réorganisées et veulent attaquer ».
Les Angolais « attendent du Président qu'il rejoigne le camp des  patriotes et se mette à l'avant-garde d'un mouvement national pour le changement », a poursuivi le chef d'Unita. Ce n'est qu'alors que le président Joâo Lourenço, qui est aussi le leader du Mpla, aura la force politique et morale de mener et de gérer le changement et de ne pas être absorbé par celui-ci, a-t-il affirmé. Samakuva a aussi  appelé le chef de l'État à ne pas s'inquiéter au sujet du Mpla, « parce que les piliers soutenant le Mpla se sont déjà effondrés et que beaucoup de ses dirigeants se sont déjà déclarés : ennemis du Président."
"La politique de l'État n'est pas l'unité autour de ce qui ne va pas, ni d'assurer une stabilité fondée sur des relations entre complices au prix des souffrances de la grande majorité des Angolais. Être patriote aujourd'hui, c'est avoir le courage de rompre avec le passé et de donner au pays un nouveau départ », a-t-il estimé. Après avoir souligné que le pays traverse la quatrième récession économique consécutive, le leader de l'Unita a déclaré que « tout indique que la crise va s'intensifier parce que l'exécution budgétaire de l'exécutif n'est pas contrôlée par l’Assemblée nationale, que la culture des dépenses n'a pas changé, que la qualité des dépenses publiques n'est pas améliorée et que le pays continue à s'endetter sans cesse, avec une dette publique qui atteint déjà l'équivalent de 90% du PIB ».
« La crise économique et financière, que traverse le pays ne sera surmontée à moyen terme que si, à partir de maintenant, Monsieur le président s’écarte fermement de l'oligarchie qui a pris en otage l'État et décide de commencer à gouverner pour le bien des citoyens afin d'atteindre les quatre objectifs qu’il a mentionnés dans son discours sur l'état de la nation, à savoir : consolider en Angola un véritable état de droit, modifier la structure économique de l'Angola, apporter de profonds changements structurels et modifier fondamentalement le paradigme de la gouvernance », a déclaré Samakuva.
Malgré les louanges dirigées au chef de l'État pour ses intentions dans la lutte contre la corruption, le parti Unita suggère à Joâo Lourenço de « prendre un nouvel élan pour permettre la transformation structurelle de l'économie angolaise afin de répondre aux besoins de développement du pays ». Samakuva a considéré la privatisation de près de 200 entreprises et actifs comme une « mesure appropriée ». Il a suggéré que soient confisqués « les nombreux actifs dispersés par le pays qui apparemment n’appartiennent à personne, mais sont la propriété de l'État parce qu'ils ont été acquis avec de l'argent de l'État et n'ont jamais été enregistrés comme biens de l'État ».

Selon des informations en circulation dans la presse,   l’état de la nation tel que présenté par le Chef de l’État était truffé de beaucoup d’erreurs. Les chiffres contenus dans l’exposé ne correspondaient pas à la réalité. Est-ce l’œuvre de ceux qui veulent mettre les bâtons dans les roues du président ? Le moment n’est-il pas arrivé pour Joâo Lourenço de s’émanciper du Mpla ?  Et vous qu’en dites-vous ?

 

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M.Scotty

Source : correiokianda.

 

 





 

dimanche 29 septembre 2019

Joâo Lourenço, deux ans après : les Angolais entre espoir et deception.


En marge de la 74° assemblée générale de l’ONU qui s’est tenue à New York, le président angolais, Joâo Lourenço, au cours d’une interview accordée à la presse angolaise a déclaré au sujet de la situation socioéconomique de l’Angola après deux ans à la tête de l’État : « Ce qui n’a pas été fait en 44 ans, personne ne peut espérer que cela se fasse en deux ans ». Par cette déclaration, Joâo Lourenço reconnait implicitement l’échec des politiques engagées par son parti, le Mpla, durant les 44 dernières années au pouvoir en Angola. Cet aveu d’échec témoigne de l’incapacité ou de l’incompétence de ceux qui se sont emparés illégitimement du pouvoir en 1975. Une incompétence doublée d’une cupidité sans commune mesure qui a conduit à la formation d’une classe sociale entièrement constituée des hommes et des femmes corrompus, voleurs de deniers publics. Les MARIMBONDOS. Ils sont tous du Mpla. Ce parti qui n’a pas su, malgré le boom pétrolier, rendre effectif le projet de société dont il est porteur depuis l’accession du pays à l’indépendance.

Devenu Chef de l’État en 1977, Joâo Lourenço, est-il en mesure de renverser la tendance ? L’opinion publique est très sceptique à ce sujet. C’est vrai qu’avec son arrivée au pouvoir il y a plus de liberté d’expression. C’est vrai aussi que la peur de penser, de parler et même de crier a pris fin. Mais cela suffit-il pour songer à un vrai changement dans le pays ? Lorsque nous savons que pendant les 44 ans de pouvoir du Mpla, la peur a été une arme pour faire taire la population, le doute subsiste. Surtout quand la population sait que c’est dans ce climat de peur que le pouvoir « eduardiste » ait su cacher son incompétence en réduisant l’importance de la valeur travail ; un but pour la dignité du citoyen angolais. L’honnêteté est vue d’un très mauvais œil. L’activisme partisan, la corruption, le népotisme sont devenus des outils de progrès pour les individus en Angola. Toute notion de comportement éthique est abandonnée au profit de l’enrichissement illicite. Dans la société angolaise sont apparues au cours de ce long mandat deux idéologies dominantes : parasiter et piller. C’est dans ce climat délétère que Joâo Lourenço accède au pouvoir le 26 septembre 1977. Le peuple fatigué des méthodes oppressives de Dos Santos n’attend vraiment rien de nouveau venant de cet ancien ministre de la Défense de José Eduardo dos Santos. Pour la population angolaise, l’alternance pourtant souhaitée est une mascarade. C’est blanc bonnet et bonnet blanc entendait-on dire dans les rues de Luanda et ailleurs. Aux yeux des Angolais, JLo était un président symbolique. Seulement, avec le temps beaucoup d’entre eux ont commencé à changer d’avis. Ironiquement, les pouvoirs absolus attribués au président de la République par Dos Santos pendant son règne ont permis à Joâo Lourenço d’avoir une large marge de manœuvre pour annuler certains décrets de son prédécesseur qui maintenaient inamovibles des chefs militaires et ceux de la police nationale à leurs postes encore pendant cinq ans.           

J’ai évoqué l'incompétence de l'exécutif, en particulier dans le domaine économique, et l'absence de vision claire du président sur sa gouvernance. Que veut João Lourenço et où va-t-il? La vérité est qu’il ya trop de zigzags qui nous empêchent de comprendre sans équivoque l’orientation du président: je ne sais pas s’il navigue à vue ou si le rythme de l’improvisation qu’il impose au pays est bon.  La gouvernance de Jose Eduardo dos Santos était, à mon avis, plus lisible, et se résumait en trois points : premièrement, l’utilisation du pouvoir pour l’enrichissement illicite individuel. Deuxièmement, le maintien de ce pouvoir, son renforcement et sa légitimation internationale, grâce aux cadeaux financiers distribués aux facilitateurs de la communauté internationale. Troisièmement, l'exclusion de la société civile par la répression et l'aliénation pour qu’elle n’ose pas penser à un changement de régime, et l’utilisation du fruit du pillage comme d’une sorte de loterie. Seuls ceux qui sont au pouvoir ont le droit de gagner.

Après deux ans au pouvoir, l’obscurité à l’horizon est toujours présente. La crise économique que vit le pays ne cesse de préoccuper la population. Le président Joâo Lourenço se démène comme un diable dans un bénitier, rien n’y fait. Il parcourt, sans succès,  le monde à la recherche des investisseurs pour tirer le pays du gouffre dans lequel son prédécesseur l’a plongé. L’Angola est trop endetté. Les lignes de crédit chinoises ont fait plus de mal que de bien aux Angolais. Si on associe à ces lignes de crédit l’incompétence et la médiocrité de ceux qui entourent le président, le résultat est facile à deviner. Or, si nous considérons que la compétence est l’élément clé pour assurer la prospérité d’un pays, il va de soi que le président doit s’entourer des cadres qu’il faut aux postes qu’il faut. Ce raisonnement fait appel à des réformes douloureuses, mais indispensables.

Deux ans, est-ce suffisant pour porter un jugement ?

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M.Scotty.

mercredi 11 septembre 2019

José Eduardo dos Santos, finira-t-il un jour devant un tribunal?


Les Angolais vivent actuellement une période quelque peu mouvementée dans la mise en place d’un État de droit dans leur pays. L’application des lois dans toute sa rigueur est un préalable dans la procédure qui conduit à une société égalitaire devant la Justice. Une société dans laquelle personne n’est au-dessus des lois. Habitués à subir la loi, les Angolais sont émerveillés (le mot n’est pas assez fort) de constater que ceux qui se croyaient intouchables hier sont des justiciables comme tous les autres citoyens de ce pays. Même si elle reste sélective, la justice en Angola marque des points. Tous ceux qui n’ont pas la conscience tranquille se demandent à quel moment l’épée de Damoclès s’abattra sur eux. Au début du mois d’août de cette année, la chambre criminelle de la Cour suprême a engagé des poursuites pénales sur demande du Procureur général (MP) contre Manuel Rabelais, ancien homme fort de José Eduardo dos Santos, dans les domaines de la communication sociale et de la publicité - et Hilário Alemão dos Santos - assistant administratif de GRECIMA, ancien organe de coordination de la communication de Dos Santos. Le plus important dans cette incrimination n’est pas son contenu, mais le fait que le Ministère public demande l’ouverture d’une instruction contradictoire, essentiellement pour entendre l’ex-président dans le contexte d’une procédure pénale, afin de confirmer que Manuel Rabelais ait ou non agi sur ordre du Président de la République, comme l'affirme sa défense. Le Ministère public est le pouvoir judiciaire dirigé par le procureur général de la République (PGR). Par conséquent, le Ministère public suppose clairement qu'il a l'intention de faire comparaitre l'ancien président de la République devant un tribunal et de comprendre son rôle dans les crimes reprochés à Rabelais et Hilário Santos: détournement de fonds, violation des règles d'exécution du budget et du plan, attribution indue d'avantages et blanchiment d'argent. Comme les observateurs avertis l’affirment, Dos Santos ne bénéficie d’aucune immunité à ce stade de la procédure. Il peut être convoqué, entendu en tant que témoin et éventuellement, le cas échéant, inculpé. Ni le statut des anciens présidents de la République (loi n ° 16/17 du 17 août) ni le règlement sur le même sujet (décret présidentiel n ° 223717 du 22 septembre) ne contiennent de règles régissant l'audition des anciens Présidents. D'autre part, le statut du député (loi n ° 17/12 du 16 mai) ne se prononce pas non plus sur le sujet, en transcrivant l'article constitutionnel (article 151 de la Constitution) sur les immunités parlementaires. Par conséquent, afin de comprendre les procédures à appliquer à Dos Santos pour définir son rôle de témoin dans une affaire pénale, il y a lieu, pour une meilleure application, de mettre ensemble la Constitution, la législation sur les anciens présidents de la République, le Statut des députés et le Code de procédure pénale. En bref, la seule question à propos de l’impératif pour JES de faire une déclaration dans une procédure pénale est simplement de savoir s’il devrait être obligé de comparaître devant un tribunal ou d’être entendu à la maison. Pour le reste, il est clair qu'il doit être entendu et a le devoir de collaborer avec la justice. Il reste maintenant à décrire brièvement l’accusation portée contre Manuel Rabelais et Hilário Santos. L’accusation allègue que Rabelais, dans le cadre de ses fonctions de directeur de GRECIMA, a notamment effectué en 2016 et 2017 diverses opérations bancaires au moyen desquelles il a demandé à la Banque Nationale d’Angola d’acquérir des devises pour un montant total de 110 millions de dollars. Ces devises, une fois obtenues, ont permis à Rabelais, avec l’aide de son complice  Hilario Santos, d’ouvrir une agence de change exclusivement tournée en faveur des entreprises de ses amis et des particuliers de son entourage immédiat. En résumé, Rabelais a obtenu des devises de la Banque Nationale d’Angola en invoquant des affaires officielles puis les vendait au prix fort de manière rentable à des particuliers. Il retirait également des comptes officiels de l'organisme public (GRECIMA) d’importantes sommes d’argent qu’il plaçait sur ses comptes privés. Dans ce contexte, plusieurs millions d'euros ont été déplacés. Et beaucoup de ces millions d’euros se sont retrouvés dans des comptes offshore de Rabelais. C’est là que l’ex-président Dos Santos entre en scène. Lors de son interrogatoire, Rabelais a affirmé que plusieurs de ces millions de dollars détournés l’ont été sur ordre de José Eduardo Dos Santos pour réaliser des opérations secrètes au bénéfice de l’État angolais. Et Rabelais d’ajouter : toutes les opérations financières réalisées l’ont été avec la bénédiction de l’ancien président. C'était un moyen de renforcer le financement du bureau qu'il dirigeait. Pour le jugement, attendons maintenant que la justice fasse son travail.  Sur les opérations secrètes ordonnées par JES et les ordres de commettre des actes qui peuvent être qualifiés de crimes, nous espérons que l'ancien président de la République se prononcera. Puisque selon la Cour constitutionnelle de l’Angola, seul le Chef de l’État est responsable des actes posés par le gouvernement. Les ministres et autres responsables ne peuvent pas être interpellés par les députés au parlement. Maintenant qu’il n’est plus aux affaires, c’est le moment de nous expliquer.

Il y a un temps pour tout.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M. Scotty.

Source ; makaangola.

 

mercredi 4 septembre 2019

Les Bakongo, très peu visibles dans les sphères du pouvoir. Où sont-ils passés?


Le débat sur l’absence des Bakongo à des postes politiques importants, et dans les entreprises de l’État, en Angola a refait surface à Luanda et dans d’autres villes du pays après la sortie d’une œuvre musicale interprétée par des artistes Bakongo et qui connait un franc succès sur le net. Très peu nombreux, très peu visibles, les Bakongo font face à des barrières persistantes pour accéder à des postes de responsabilité dans les sphères du pouvoir en Angola. Pourtant, leur efficacité dans divers domaines de la vie sociale et politique du pays ne fait pas l’ombre d’aucun doute. Il y a un an, dans une de mes publications, j’avais abordé ce sujet en expliquant les raisons pour lesquelles les Bakongo sont méprisés par leurs frères Kamundongo du Mpla. L’arrivée de Joâo Lourenço au pouvoir n’ayant apporté aucun changement à la situation, je me dis que l’absence des Bakongo au « sommet » de l’État est peut-être due à la perplexité de leur histoire qui se mêle à celle des autres peuples qu’on appelle Congolais, ce qui parfois prête à confusion. On retrouve donc des Bakongo, à cause de l’éclatement du Royaume Kongo, au Gabon, au Congo-Brazza, en RDCongo et en Angola. D’ailleurs, en 1960, les Bakongo jouent un rôle très important dans l’accession du Congo Belge à l’indépendance. Le premier chef de l’État de la RDCongo est un Nkongo. Jusqu’en 1965, les Bakongo sont présents à tous les échelons du pouvoir. C’est avec l’arrivée de Mobutu au pouvoir qu’ils commencent à disparaitre de la sphère du pouvoir au profit des Nbgandi et plus tard des cadres originaires de l’est du pays. Au Congo-Brazza et au Gabon, c’est pareil. Les Bakongo sont emportés par des vents contraires à leur destin.

Présents dans trois grandes provinces du nord de l’Angola (ancien Kongo-Portugais/ Cabinda, Uíge, Zaïre) les Bakongo qui étaient, politiquement, organisés au sein du FNLA – Front national de la libération de l’Angola de Holden Roberto- sont aujourd’hui orphelins dans un pays dominé entièrement par les Kamundongo du Mpla. À l’Assemblée nationale, il n’y a pas plus de cinq députés Bakongo. Combien font partie de l’élite angolaise ? On peut les compter sur les doigts d’une seule main. Pourtant, il n’est pas un secret que culturellement le Nkongo est un être doté d’une intelligence au-dessus de la moyenne et ayant un sens d’organisation très élevé. Sa mise à l’écart est un fait politique qui porte préjudice à l’Angola. Quel gâchis pour le pays qui ne profite pas de toute la matière grise de ses enfants. Ne dit-on pas que la vraie richesse d’un pays, c’est la matière grise de sa population ?

Les Bakongo sont un peuple très attaché à ses traditions et à sa culture. Ils constituent une population très dynamique qui sait allier respect des traditions et goût de la modernité. Leur conception et leur lecture de la politique du présent sont systématiquement nourries de l’histoire du passé d’où leur attachement au Royaume Kongo. Ce passé historique est assumé avec fierté par les Bakongo qui considèrent d’ailleurs qu’il est à la source de la « haine » dont ils sont victimes de la part de leurs concitoyens de Luanda et environs. Fiers de leur « africanité » les Bakongo sont victimes des Luandais « acculturés » qui sont sans passé historique et les accusent de tribalisme pour voir en eux des rivaux dans la direction du pays comme tous ceux pouvant remettre en cause leur hégémonie dans l’appareil économique, politique et administratif de l’Angola. Les créoles, ces hommes et femmes très présents dans les rouages de l’administration angolaise, s’évertuent à barrer aux Bakongo la route de la promotion sociale. Ils les redoutent pour leur suprématie tant numérique que qualitative en cadres. Aujourd’hui, l’opinion publique observe que les Mbundu sont au pouvoir, les Ovimbundu veulent le conquérir et les Bakongo sont des instruments entre les mains des uns et des autres. Depuis le retour d’exil de beaucoup d’entre eux, ce n’est pas une élite ethnique qu’ils affrontent, mais bien une élite urbaine diversifiée et engendrée par le vieux système colonial portugais qui s’éternise. Toutefois, il faut reconnaitre qu’il n’a pas été possible d’imposer une présence accrue des cadres Bakongo formés pendant l’exil pour diverses raisons : la langue portugaise, langue officielle de l’Angola, est un facteur important de blocage et, dans d’autres secteurs sensibles, un préjugé sur les diplômes obtenus en RDCongo. C’est du reste ce blocage qui alimente le sentiment unanime d’exclusion et de discrimination des Bakongo. Beaucoup d’entre eux ont quitté l’Angola et vivent à l’étranger à cause de cela. Les Bakongo sont très frustrés. La question de la mauvaise redistribution sociale des richesses nationales pèse de tout son poids dans la frustration des cadres du Nord, qu’ils soient Bakongo ou Lunda-tchokue.

Les Bakongo seront-ils des éternels exclus ?                 
Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.
Eduardo M. SCOTTY.

samedi 24 août 2019

Joâo Lourenço, devant un choix cornelien.


Les apparences dit-on sont souvent trompeuses. Vu de l’extérieur, même après le départ de Dos Santos, le Mpla continue à donner l’image d’un parti politique très organisé et apparemment très homogène. C’est une apparence. Le vernis qui entoure ce parti n’a pas pu résister aux successives frondes au cours de deux dernières années. Avec les attaques de Tchizé dos Santos, la contestation au sein du parti a atteint son apothéose. La parole s’est libérée et la peur a quitté les esprits. C’est dans ce climat politique relativement décrispé que certains militants du Mpla, tenus hier par la discipline du parti, osent aujourd’hui exprimer leurs points de vue. L’idée que l’ex-président José Eduardo dos Santos soit convoqué par le Procureur de la République pour une audition en qualité de témoin dans les dossiers de détournements de fonds a soulevé, à tort ou à raison, un tollé indescriptible dans les rangs du Mpla, surtout parmi ses amis. La virulence de leur réaction n’a pas vraiment surpris. L’opinion publique s’y attendait.

 Je transcris ici intégralement en français les propos tenus par un des inconditionnels de Dos Santos au sujet de son éventuelle convocation dans les bureaux du PGR. L’audio de ce militant du Mpla qui a souhaité garder l’anonymat a fait le buzz sur internet. Lisez :

« Mes chers amis, si c’est vrai que le président Joâo Lourenço a l’intention de convoquer le camarade José Eduardo dos Santos pour une audition dans les bureaux du Procureur général de la République, nous n’hésiterons pas à organiser une grande manifestation pour exprimer notre désapprobation. Si cela arrive, ce sera une guerre de tous contre tous. Si c’est pour toucher en la personne de José Eduardo dos Santos, le patriote qui a sacrifié toute sa jeunesse pour son pays, Joâo Lourenço doit accepter d’être confronté, au cours d’une grande manifestation, au le peuple, et nous ne nous gênerons pas pour publier la vérité des urnes sur les élections qui l’ont conduit à la Présidence de la République. Nous allons divulguer toutes les vérités sur ces élections, car  personne ne peut accepter que José Eduardo dos Santos qui a tout sacrifié pour l’Angola soit humilié. Joâo Lourenço est devenu Chef de l’État par la volonté de Dos Santos. Qui serait-il sans Dos Santos, il ne serait rien du tout. Ce n’est pas parce qu’il était général dans l’armée qu’il doit se croire au-dessus de tous. N’importe qui peut devenir général.  Général d'armée, est une mission patriotique que l’on confie à un individu dans l’armée. Cela ne fait pas de lui un homme extraordinaire. D’ailleurs, nous n’avons pas peur des armes. Mourir aujourd’hui ou demain, il y a-t-il une différence ? Comme disait un grand penseur : TROP BON, TROP COUILLON. José Eduardo dos Santos a fait de Joâo Lourenço un Chef de l’État, et c’est de cette manière qu’il remercie son bienfaiteur ? Nous ne permettrons jamais que l’on touche à un patriote. Nous ne permettrons jamais que la Constitution qui garantit des immunités à l’ancien président soit violé pour des raisons politiciennes. Nous ne tolérerons jamais une quelconque chasse aux sorcières dans ce pays pour assouvir des appétits de vengeance. Toutes nos actions doivent avoir pour objectifs l’éradication de la criminalité, de la prostitution et de la précarité ».

En analysant ces propos, deux faits attirent mon attention. Le premier, c’est la consécration de l’impunité. Le fait qu’un individu sacrifie sa jeunesse pour la libération de son pays le  met-il, quel que soit le crime commis, à l’abri de la justice ? Est-ce pour cette raison que les militants du Mpla ont pillé le pays ? Se sont-ils arrogé le droit de se servir parce que beaucoup d’entre eux ont lutté les armes à la main contre le colonialisme ? Cette manière de penser est déraisonnablement propre au Mpla. L’arrogance dont ils n’ont cessé de faire étalage durant les quarante dernières années trouve finalement ses origines dans l’argumentation de cette nature. Ils sont nombreux, au Mpla, ceux qui ont sacrifié leur jeunesse pour la libération de l’Angola. Et c’est curieusement parmi eux que l’on trouve tous les corrompus de la République. Beaucoup n’aimeraient pas être à la place de Joâo Lourenço. Les poings liés, pourra-t-il aller au bout de sa logique ou versera-t-il dans la « sélectivité ». Attraper le menu fretin et laisser le gros poisson.

Le deuxième, c’est la menace de divulguer les vrais résultats des élections. Ce militant n’est pas le premier à utiliser cet argument pour pondérer les ardeurs du pouvoir. Higinio de Carneiro, ancien gouverneur de Kuando-Kubango et de Luanda, après sa convocation dans les bureaux du Procureur général de République, avait menacé, lui aussi, de rendre publics les résultats des élections présidentielles de 2017. Finalement, les partis de l’opposition avaient-ils raison de réclamer auprès de la Cour constitutionnelle l’invalidation de ces résultats proclamés par la CNE ? Je vous laisse vous faire votre propre opinion sur le sujet.

 

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M. Scotty

 

  

                     

samedi 6 juillet 2019

En Angola, le pouvoir sur la pente de l'absolutisme?


 Selon ce qui ressort d’un travail d’observation effectué par des analystes politiques en Angola et publié sur le net, je crois qu'il est temps qu’on parle de la fonction du vice-président de la République. Cet homme qui vit à l’ombre du président et dont on parle très peu. De l’avis des Angolais avertis, cette fonction est une occupation sans réel impact politique. Dans la population, la fonction est perçue comme une mission qui oscille entre des activités plutôt pathétiques (les félicitations à la naissance du fils de Harry et Meghan au Royaume-Uni) et une présence dans le sillage du président juste pour se conformer à une disposition de la Constitution angolaise. Compte tenu de son « inutilité » apparente dans le management du pays, une question très simple surgit à l’esprit de tout un chacun: à quoi sert le vice-président de la République en Angola? On parle très peu ou jamais de lui. Pourtant, il fait partie de l’institution « Président de la République ». Il s’appelle Bornito de Souza et semble très effacé. Est-ce volontaire ou est-ce un mépris de la part du patron ? 

Manuel Vicente, qui était dans cette position avant qu'il ne tombe en disgrâce, s’occupait de la gestion de l'espace social de l'exécutif. Dans la pratique, il n'a obtenu aucun résultat, mais au moins il menait une activité intéressante. Il n'y a rien de pertinent dans le cas du vice-président actuel. Je sais déjà que les inconditionnels du Mpla, à la lecture de cet article, vont invoquer la Constitution américaine qui a créé la figure du vice-président, définissant ses fonctions de manière minimale : il lui appartient essentiellement de remplacer le président en cas de vacances de son poste et de présider le Sénat. Pendant ce temps, cette pratique a été chargée d'assigner plus de fonctions au vice-président américain, transformé en une sorte de porte-parole de l'exécutif et conseiller du président. Toutefois, il faut le souligner, l'exercice de ce rôle dépend de la volonté du Président lui-même et cet exercice a varié au fil des années. John Adams, le premier vice-président américain, et ensuite, devenu le président des Usa, a écrit à sa femme que la vice-présidence était "la position la plus insignifiante que l'invention de l'homme ait créée ou que son imagination ait conçue".
En fait, ce n'est pas tant que ça, parce que si la vice-présidence aux États-Unis est un bureau raisonnablement vide, elle agit certainement comme une antichambre d'attente pour la présidence : ce poste est "vacant" en cas de décès ou de démission du président, et le vice-président aura acquis suffisamment d'expérience et de notoriété pour succéder au président dans une élection future. En fait, John Adams a succédé à George Washington et George Bush (père) a été élu président après huit ans de vice-président de Ronald Reagan. Lyndon Johnson est devenu président après la mort de John Kennedy, et Gerald Ford a pris ses fonctions après la démission de Richard Nixon. Et maintenant, le vice-président de Barack Obama, Joe Biden, tente de gagner les prochaines élections contre Donald Trump. Mais, en fait, outre ce genre d'attente, la pertinence de la position de vice-président aux États-Unis est plutôt faible.
Cependant, une fois de plus, nous ne pouvons pas établir une analogie parfaite avec la Constitution angolaise. Curieusement, dans le cas de l'Angola, les fonctions du vice-président sont plus solides. Conformément à l'article 131, paragraphe 1, du règlement, le vice-président "est un organe auxiliaire du président de la République dans l'exercice de ses fonctions". Dans le même article, paragraphe 3, il est stipulé que le vice-président "remplace le président de la République en son absence hors du pays, lorsqu'il n'est pas en mesure d'exercer ses fonctions, et en cas d'empêchement temporaire, auquel cas il assume la gestion quotidienne de la fonction exécutive". Cela signifie qu'en Angola le vice-président a une pertinence politique plus significative qu'aux États-Unis. C'est une sorte de ministre principal, et il remplace, plus souvent qu'aux États-Unis, le président. Par conséquent, le vice-président angolais ne peut être laissé dans les oubliettes, et ne peut se présenter qu'aux funérailles de l'État, comme cela arrive parfois aux États-Unis. En Angola, en vertu de la Constitution, le vice-président doit participer à la gouvernance, en aidant le président. Cela implique que, tout comme le président de la République élabore la loi qui donne à chaque ministre les compétences et les pouvoirs qu'il doit exercer, il en va de même pour le vice-président. Il est impératif, en vertu de la Constitution, de lui accorder un rôle d'assistance dans la conduite de l'exécutif.
Il ne fait aucun doute qu'il s'agit là d'une règle curieuse dans la Constitution angolaise.  Face à cette disposition qui renforce la fonction du vice-président, telle que déterminée par cette même Constitution, il y a un doute sur les raisons pour lesquelles Bornito de Sousa, un juriste de grande qualité, n’est pas « utilisé » au maximum. Le président Joâo Lourenço ne lui a attribué aucune compétence ou c’est lui-même, « eduardiste » à l’excès, qui refuse de les exercer ? Il est clair que Bornito représente la vieille garde mpliste que João Lourenço se propose de combattre, et c'est peut-être la raison politique pour laquelle sa fonction est vidée de toute sa substance ? Toutefois, il est important que, au lieu d'une "monopolisation" constante des fonctions, on s'inquiète de faire fonctionner les institutions et la loi.
Comme l'on écrit à plusieurs reprises certaines têtes bien pensantes, les césariennes volontaires se terminent par des dictatures malheureuses. Être du côté de João Lourenço n'est pas pour applaudir tout ce qu'il fait, dans le respect ou le mépris de la loi : être du côté de JLo c’est avant tout être exigeant et lui rappeler que le meilleur héritage qu’il peut laisser à son peuple est un pays qui fonctionne dans les normes avec des institutions viables. 

L’Angola a-t-il vraiment besoin d’un vice-président dans un régime aussi présidentialiste que celui qui est en vigueur dans le pays ? Sinon, pourquoi le garder ? Ornement ? Dr Jonas Savimbi, paix à son âme, avait refusé la vice-présidence de la République parce qu’elle était sans contenu politique. La fonction s’apparente-t-elle à un directeur de cabinet ? Le débat est ouvert.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe

Eduardo M.Scotty

Source : makaangola.



dimanche 26 mai 2019

TCHIZE, une pierre dans la chaussure de Joâo Lourenço?


Aussi loin que je me rappelle, jamais dans l’histoire du Mpla, la fronde n’a été aussi violente à l’intérieur de ce parti. C’est vrai qu’en 1973, au congrès de Lusaka, Agostinho Neto a eu à faire face à une fronde menée par Daniel Chipenda et plus tard en 1977 Nito Alves et quelques camarades ont manifesté leur désaccord avec la direction du parti pour des raisons d’orientation politique. Mais depuis, tout le monde s’est aligné et plus personne n’a osé élever la voix pour critiquer le parti et sa  direction. La discipline au sein du Mpla étant de rigueur, même en interne les voix discordantes sont réprimées avec sévérité. Sous le règne de José Eduardo dos Santos, durant plus de 40 ans, le parti n’a connu aucune défection. C’est la preuve qu’il faut une main fer pour conduire ce parti qui, malgré sa conversion en un parti social-démocrate, est resté très marxiste dans ses fondamentaux.

Alors, pourquoi cette agitation au sein du Mpla ? Certains diront qu’il n’y a aucun remous au sein du parti et que ce qui s’y passe n’est qu’une tempête dans un verre d’eau. Pourtant lorsqu’on observe ce qui se passe sur les réseaux sociaux, il y a de quoi se poser des questions. Les sorties médiatiques de Welwitschia dos Santos, plus connue sous le sobriquet de Tshizé, fille de José Eduardo dos Santos, ont une résonnance très particulière même pour le citoyen lambda. Depuis quelques mois, Tshizé se distingue par des attaques frontales contre le nouveau pouvoir installé à Luanda. L’humiliation subie par son père au dernier congrès du Mpla, l’arrestation de son frère Zenu, le départ en exil forcé de sa sœur Isabel, l’extinction de Semba communication, l’interpellation de son ami Manuel Antonio Rabelais ont fait germer en elle un sentiment de révolte qu’elle cache mal en public. La virulence avec laquelle elle fustige les dirigeants de son parti laisse penser que son allégeance envers le Mpla a pris un sérieux coup. Dans sa sédition contre le parti qui l’a vu naitre et grandir, sa cible est le président Joâo Lourenço qu’elle considère, à tort ou à raison, comme un ingrat. Pour elle, l’actuel président du Mpla et Chef de l’État est un dictateur (?), un incompétent qui s’est trouvé au bon endroit, au bon moment. Elle critique ses méthodes sélectives dans la lutte contre la corruption et le juge, au moins jusqu’à ce jour, incapable de trouver des solutions à la crise économique que traverse le pays. Tshizé affirme être en danger dans son pays. Ce qui l’aurait emmené à quitter l’Angola pour se réfugier en Angleterre. Son intention de présenter sa candidature à la tête du Mpla au prochain congrès est, parait-il, mal perçue par certains camarades du parti. Son choix de déballer le linge sale en public est très mal digéré par les cadres du parti qui considèrent cette option comme un manque de respect aux statuts du parti.

Dans l’opinion, les avis sont nettement partagés. Il y a ceux qui pensent que Tshizé, au regard de la gestion désastreuse de son père et de ses amis,  n’a pas des leçons à donner aux Angolais. Car, si le pays est arrivé là où il est, c’est la faute de son père qui n’a pas su gérer la chose publique. À cela, si on ajoute le niveau de corruption atteint par la classe dirigeante depuis 1979 que José Eduardo dos Santos est arrivé au pouvoir, on peut se demander si la petite dame est consciente du laxisme de son père en matière de gestion.

Par contre, il y a d’autres qui pensent que Tshizé n’a pas complètement tort. Tout le monde sait, par exemple, que Manuel Vicente, ex-vice-président de Dos Santos a eu maille à partir avec la justice portugaise. Une affaire de corruption dans laquelle il était trempé jusqu’au cou. Pour des raisons inexpliquées jusqu’à ce jour, alors que le crime était commis au Portugal, JLo a exigé le transfert du dossier en Angola en menaçant en termes à peine voilés, de rompre les relations avec le Portugal si la justice portugaise ne se dessaisissait pas de l’affaire. Et depuis le transfert du dossier, c’est le silence. C’est pareil sur toute  l’étendue de la République. Tous ceux du Mpla qui sont interpellés à Luanda et à l’intérieur du pays, pour malversation financière ou corruption, ne sont nullement inquiétés. Les exemples sont légion. La loi sur le rapatriement de l’argent volé et placé dans des banques étrangères n’a jusqu’à ce jour produit aucun effet. Le traitement privilégié accordé à Jean Claude de Morais, complice de Zenu dans l’affaire de 500 millions de dollars, suscite beaucoup d’interrogations dans l’opinion publique. Un voleur reste un voleur même s’il rembourse le bien volé. Le fait de rembourser le bien détourné ne fait pas de lui un honnête citoyen. Que Tshizé exprime des craintes pour sa sécurité, cela est compréhensible dans la mesure où l'on fait payer aux enfants les péchés de leurs parents. Ceux qui poursuivent les « marimbondos » aujourd’hui ne sont-ils pas eux-mêmes trempés dans quelques affaires louches ?

Loin de moi l’idée de défendre Tshizé. Je crois que dans la démocratie, telle que nous la souhaitons, nous devons souffrir que dans un même espace des opinions contraires puissent s’exprimer sans être censurées. Tshizé a peut-être manqué de tact, mais sur le fond ce qu’elle dit est-il vraiment insensé ?  Je vous laisse juger.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M.Scotty                           


samedi 25 mai 2019

GRADUALISMO, la pomme de discorde entre le Mpla et l'Opposition.


2017, Joâo Lourenço arrive au pouvoir en Angola de la manière dont on sait. Les partis de l’opposition protestent contre son élection qu’ils qualifient de fraude électorale, mais la cour constitutionnelle, d’obédience mpliste, confirme les résultats de la Cne (commission nationale électorale) et JLo est proclamé président de la République. Dès son accession à la magistrature suprême, le nouveau président donne l’impression de s’émanciper du Mpla et dans la foulée, sans consulter les instances de son parti, il promet d’organiser des élections locales sur toute l’étendue de la république en 2020. Une mesure que son prédécesseur, José Eduardo dos Santos, avait toujours refusé de prendre compte tenu de l’impopularité grandissante du Mpla dans l’opinion publique. Si l’intention du président Joâo Lourenço est louable, elle ne sert pas les intérêts du parti qui est en perte de vitesse dans les cœurs des Angolais. La corruption, le népotisme et le clientélisme dont le Mpla est accusé ont complètement détruit l’image du parti même auprès de ses propres militants. Dans ces conditions, prendre le risque d’organiser des élections locales au moment où les électeurs sont vent debout contre les « marimbondos » qui ont gravement pillé le pays et paupériser la population est un suicide politique. En tout cas, c’est de cette manière que les analystes du Mpla perçoivent la situation. Il est évident que pour sauver les meubles, un rétropédalage s’impose. C’est ainsi qu’apparait dans le langage politique à Luanda le terme « GRADUALISMO ». Selon le Mpla, « gradualismo » qui peut se traduire en français « graduellement », a un contenu politique différent de celui que lui attribue l’opposition. Si pour le Mpla ce concept veut dire organiser des élections locales dans certaines localités en laissant d’autres pour des raisons de stratégie politique, l’opposition politique angolaise voit dans cette manière de procéder une entourloupette de très mauvais goût. Pourquoi organiser des élections municipales à Bungo et refuser aux habitants de Damba le même droit ? Au nom de quel principe démocratique le Mpla refuse-t-il aux habitants de Viana le droit de se choisir ses dirigeants pendant que les résidents de Cazenga bénéficient de ce droit ? Quand est-ce que le Mpla prévoit-il « graduellement » organiser les élections locales dans les localités restantes ? Si à cause des « marimbondos » le Mpla perd plusieurs municipalités au profit de l’opposition, auront-ils la sincérité d’aller jusqu’au bout du processus électoral ? 

L’opposition politique angolaise est contre ce type de « gradualismo » parce qu’il est porteur d’une grave injustice. Selon la Constitution angolaise, tous les Angolais sont égaux devant la loi. Et la loi que dit-elle au sujet du « gradualismo » ? Dans la loi fondamentale angolaise, ce terme n’apparait nulle part. C’est plutôt dans l’esprit de dirigeants du Mpla qu’a germé ce concept. L’opposition, plus encline à une démocratie participative, voit plutôt dans le « gradualismo », un processus graduel de transfert des compétences aux entités municipales. Un transfert qui doit se faire d’une manière graduelle à toutes les municipalités du pays. C’est à ces municipalités, après élection et installation de leurs dirigeants, de s’organiser en adoptant les formes de coopération et d’organisation favorables à la poursuite des intérêts communs auxquels sont conférées des attributions et compétences propres. Des attributions et compétences dans les domaines de l’éducation, santé, énergie, eau potable, équipement rural et urbain, culture et science, transports et communications, sports, logement et environnement.

Le temps n’est plus aux stratégies politiques partisanes. Le pays a besoin d’aller de l’avant et pour ce faire le sens patriotique doit habiter tous les Angolais, quel que soit leur parti politique. Vouloir rester au pouvoir pour y rester éternellement est une sorte d’égoïsme qui porte préjudice au peuple. Il y a plus de 40 ans que le Mpla est au pouvoir et le résultat de sa politique est connu. Désolation. La corruption et le népotisme ont gangrené la société. Organiser des élections locales en 2020, c’est ouvrir  un chemin qui va conduire les partis politiques de l’opposition, dans les municipalités dont ils auront la charge, à implanter leurs projets de société. Ainsi, dans toutes les municipalités la population aura en sa possession des éléments de comparaison pouvant l’aider à se faire une vraie opinion sur les programmes de l’opposition. Les municipalités qui auront banni la corruption, le népotisme, la mauvaise gouvernance, leurs dirigeants mériteront d’être applaudis et leurs partis politiques plébiscités aux élections générales. C’est à ce prix là que la démocratie aura trouvé sa place en Angola. En politique, décentraliser est un processus qui demande du fairplay et de l’honnêteté intellectuelle. Alors, soyez beau joueur.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M. Scotty                        

 

samedi 11 mai 2019

Joâo Lourenço va-t-il recourir aux méthodes de Dos Santos pour sauver son mandat?


L’arrivée à la tête de l’État du président Joâo Lourenço, je ne cesserai de le répéter, a suscité énormément d’espoir au sein de la population. Seulement, une année après son élection, le désenchantement a commencé à s’installer surtout dans les couches défavorisées de la société. La situation économique n’a cessé de se détériorer. Le taux de chômage, indicateur de la bonne santé socioéconomique, est à 28%. Même les militants du Mpla, connus pour leur allégeance au parti au pouvoir depuis 1975 dans le pays, commencent à douter de la capacité du nouveau président à redresser la barque qui prend l’eau de toutes parts. La lutte contre la corruption et l’impunité parait trop sélective aux yeux de l’opinion publique.  L’eau, l’électricité, le transport en commun, la santé, la pénurie de carburants constituent d’autres écueils pour lesquels le Mpla n’a jusqu’à ce jour pas des solutions. Devant l’immobilité, le Président Joâo Lourenço et le Mpla vont-ils recourir comme à l’époque de José Eduardo dos Santos aux stratégies développées par Noam Chomsky ? Des méthodes qui, pendant des années, ont assuré un semblant de stabilité au pays.   Qui est Noam Chomsky ?

Le philosophe et linguiste américain Noam Chomsky, dans son œuvre « Armes silencieuses pour des guerres tranquilles », présente dix stratégies/techniques de manipulation collective en vue de rendre collectivement imbécile un peuple, ou simplement le manipuler à certains moments de son histoire. L'intérêt dans « l'imbécilisation » des masses est multiforme, mais le plus important de ses pendants est celui qui consiste à se maintenir au pouvoir. Dans cette analyse, je vais me pencher sur 2 ou 3 stratégies. Une des techniques, peut-être la plus conséquente développée par Noam Chomsky, est celle qui consiste à se diriger à son peuple comme on s’adresse à un groupe d’enfants de bas âge.  Pourquoi ? Parce que lorsqu’on s’adresse à un enfant de 12 ans ou moins, on s’attend de sa part à une réponse ou à une réaction dépourvue de sens critique. À son endroit, on utilise des expressions comme : « tout va bien », « ça va aller »,« l'avenir sera meilleur » ; « se développer plus pour distribuer mieux » ; « vous voulez de l'eau ou la paix ». Des promesses rien que des promesses.  Sous d’autres cieux, lorsqu’un candidat affirme pendant une campagne électorale qu’il créera un million de nouveaux emplois, il devra également expliquer comment et avec quels moyens? Dans le contexte angolais, il suffit de dire que nous créerons des emplois et le peuple crie à l'unisson, « VIVA »! C’est une réaction typique de « l'imbécilisation » collective chronique.
Dans cette pratique « d’imbécilisation », on émeut plus qu’on ne pousse à la réflexion. L’utilisation de l'aspect émotionnel est une vieille technique classique qui sert à court-circuiter l'analyse rationnelle, et mettre fin au sens critique des individus. En outre, l'utilisation du registre émotionnel permet d'ouvrir la porte d'accès à l'inconscient pour implanter ou greffer des idées tordues, des peurs et craintes, des contraintes pour induire des comportements Par exemple : Lorsque quelques jeunes annoncent une manifestation pour protester contre une situation donnée, le groupe hégémonique, dans ce cas le Mpla, actionne l'émotion de l'imbécile collectif en plaçant quelques mères, membres de OMA – (Organisation des femmes angolaises), au milieu d’un cimetière pour scander devant des cameras: « nous sommes des veuves, nous ne voulons plus de guerres ». Cette manière de procéder ne vous rappelle rien ? 

Maintenir le public dans l'ignorance et dans la médiocrité. Voilà encore un autre moyen de rendre imbécile toute une population. Cette méthode consiste à tout faire pour que le peuple soit incapable de comprendre les nouvelles technologies et les tactiques utilisées par l’autorité pour le contrôler et le dominer. Dans ce cas précis, tous les observateurs s’accordent pour affirmer que la qualité de l'instruction prodiguée aux enfants des quartiers pauvres (les meilleures écoles étant situées dans les quartiers huppés de la ville) est d’une médiocrité criante. Une situation qui, à long terme, rend plus profond le fossé entre les classes inférieures et les classes sociales aisées. Le Mpla qui est censé promouvoir la lutte des classes ne se contente pas de les maintenir dans l'ignorance, mais il promeut aussi l'inculte. Pendant des années, le Mpla a fait de sorte que la sottise devient la mode et a élevé la pénurie intellectuelle au modèle national pour toutes les générations des laissés-pour-compte. Dans le processus d'imbécilização collectif,  les ignorants et les personnes immorales sont exhibés comme des modèles de succès. C’est le cas, entre autres, du Général Kangamba qui a toujours été présenté comme un entrepreneur talentueux alors que c’est un nul.

 Enfin, il y a la stratégie de la caresse. Celle qui consiste à faire accepter au peuple une décision impopulaire en la présentant dès son annonce comme étant « pénible, mais nécessaire », cherchant ainsi à obtenir l'acceptation publique pour une application future. Il est plus facile à un peuple d'accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord, parce que l'effort n'est pas demandé immédiatement. Ensuite, parce que le public, la masse, a toujours tendance à attendre naïvement que « tout va s'améliorer demain » et que le sacrifice exigé pourra être évité. Cela donne plus du temps à la population pour s'habituer à l'idée du changement et de l'accepter avec résignation le moment venu.
La flambée du prix du pétrole à laquelle est confrontée la population ces derniers jours à Luanda et à l’intérieur du pays, est une pilule amère. Pour la faire passer,  le Mpla s’est évertué à inculquer dans la tête de l'imbécile collectif, au moyen d'innombrables entrevues données par des supposés docteurs en économie internationale et spécialistes en politiques publiques, l’idée que c’est le manque de dialogue entre la Sonangol et le gouvernement qui est l’origine de cette situation. Alors, maintenant ils font croire à la population qu’il est  impérativement nécessaire d’appliquer une politique d’austérité parce que l’État angolais et sa population vivent au-dessus de leurs moyens.  Un mensonge plus il est grand… Pendant ce temps, les dignitaires du Mpla et leurs amis volent le trésor public et claironnent que le pays vit au-dessus de ses moyens !  Mon œil !

Aux dernières nouvelles, JLo a démis de leurs fonctions tous les membres du Conseil d’administration de Sonangol.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe

Eduardo M.Scotty