vendredi 23 mars 2018

La Peur ?


« Nous sommes tous, un jour ou l’autre, obligés de choisir entre la confiance et la peur de perdre quelque chose. Tout dans la vie est affaire de choix : si vous souffrez aujourd’hui de relations qui vous oppriment, vous devez choisir entre rechercher de l’aide pour vous en sortir ou demeurer prisonnier. Si vous vous sentez aujourd’hui encouragé à prendre des décisions que vous regretterez plus tard, vous pouvez, soit vous fondre dans la foule, soit vous en détacher pour faire cavalier seul. Le choix vous appartient ! Même si vous ne vous sentez pas aussi brave et sûr de vous, souvenez-vous que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la conquête de la peur. Plus vous apprendrez à vous faire confiance, plus cette confiance affermira le courage dont vous aurez besoin pour aller de l’avant. Ce n’est pas ce que vous vouliez entendre, certes ! Tant que vous occuperez les fonctions que vous occupez, vous connaitrez la peur. La peur de ne pas avoir tenu les promesses faites à un certain moment de votre vie. Êtes-vous un politicien ? Vous avez fait des promesses électorales que vous ne pouvez plus tenir. Très précisément dans ce cas, vous auriez préféré découvrir une formule miracle pour faire disparaitre sur-le-champ toutes vos craintes présentes et futures. Rassurez-vous : chaque fois que vous prendrez un risque, surtout celui de mentir à ses électeurs, vous ferez l’expérience de la peur. Et, lorsqu’elle vous tient au ventre, le pire est de ne rien faire. Attendre qu’un événement survienne pour vous en délivrer ne fera que vous paralyser un peu plus longtemps ».  Ces propos sont d’un homme très sage qui est mort il y a deux mil ans. J’y reviendrai.

Que se passe-t-il en Angola depuis l’arrivée de Joâo Lourenço au pouvoir ? Hormis le jeu des chaises musicales auquel le peuple n’accorde plus d’intérêt, aucune amélioration n’est enregistrée sur le plan socioéconomique, rien du tout. C’est plutôt à l’intérieur du Mpla qu’il y a beaucoup d’agitation. Le bicéphalisme imposé par Dos Santos au sommet de l’État, le parti au pouvoir et l’Exécutif national ayant à leurs têtes deux personnages différents, est décrié par plusieurs dirigeants du Mpla. D’ailleurs, la dernière réunion du CC du Mpla est l’illustration d’une cacophonie qui restera longtemps dans la mémoire des militants et de l’opinion publique. Entre ceux qui exigent le départ immédiat de Dos Santos de la tête du parti et d’autres qui soutiennent son maintien, les violons ne s’accordent plus. Ces deux camps sont apparus au lendemain des élections. Devant la vague de décisions prises par Joâo Lourenço, limogeage des chefs militaires, de la police et des services de renseignements, Dos Santos a senti le vent tourné. Il tente maintenant de rétropédaler, revenir sur sa décision de quitter la politique active au début de 2018 pour servir de filet de protection à ses enfants empêtrés dans des affaires de corruption et passibles de plusieurs années de prison. Sa démarche divise plus que ne rassemble au sein du parti. La situation ainsi créée embarrasse le Chef de l’État, vice-président du parti qui voit sa promesse « améliorer ce qui est bien et de corriger ce qui est mal » mise à mal. Le respect des statuts du parti le place dans une position très inconfortable. Comment traduire, pour les faits de corruption qui leur sont reprochés, Isabel dos Santos et son frère Filomeno en justice sans le soutien du parti ? Dos Santos laissera-t-il Joâo Lourenço franchir ce pas ? 

La détermination avec laquelle Joâo Lourenço a commencé son mandat a pris du plomb dans l’aile nonobstant le soutien populaire dont il a bénéficié. L’enthousiasme soulevé par sa politique de moralisation n’a plus la cote auprès de la population. Le peuple veut du concret. Et la realpolitik a rattrapé le président Joâo Lourenço au point où ses pas sont devenus hésitants. Le clivage qui est apparu au sein du Mpla met à jour deux visions politiques très différentes. Mais puisque l’Exécutif doit appliquer la politique élaborée par le parti, comme à l’époque de Staline en Union soviétique, le président Joâo Lourenço, craignant d'être mis en minorité au sein du parti, est appelé à obéir à sa hiérarchie.  L’intervention de Dos Santos dans la nomination du gouverneur de la province de Bengo est une des innombrables preuves de l’impuissance de l’Exécutif angolais dans la conduite des affaires du pays. Si l'on ajoute à cela le refus du président Joâo Lourenço de laisser la justice portugaise poursuivre l’ancien vice-président, Manuel Vicente, impliqué dans une affaire de corruption, alors que le Procureur général de la République reconnait ne pas être en mesure d’enquêter sur une affaire de cette nature, je vous laisse vous faire votre propre opinion et vous demande de réfléchir aux propos de cet homme au début de la page. Ces paroles ne peuvent-elles pas s’appliquer à Joâo Lourenço dans sa quête de chemin pour s’affranchir du Mpla ?   

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe

Eduardo M.Scotty