« Nous sommes tous, un jour ou l’autre, obligés de choisir entre
la confiance et la peur de perdre quelque chose. Tout dans la vie est affaire
de choix : si vous souffrez aujourd’hui de relations qui vous oppriment,
vous devez choisir entre rechercher de l’aide pour vous en sortir ou demeurer
prisonnier. Si vous vous sentez aujourd’hui encouragé à prendre des décisions
que vous regretterez plus tard, vous pouvez, soit vous fondre dans la foule,
soit vous en détacher pour faire cavalier seul. Le choix vous appartient !
Même si vous ne vous sentez pas aussi brave et sûr de vous, souvenez-vous que
le courage n’est pas l’absence de peur, mais la conquête de la peur. Plus vous
apprendrez à vous faire confiance, plus cette confiance affermira le courage
dont vous aurez besoin pour aller de l’avant. Ce n’est pas ce que vous vouliez
entendre, certes ! Tant que vous occuperez les fonctions que vous occupez,
vous connaitrez la peur. La peur de ne pas avoir tenu les promesses faites à un
certain moment de votre vie. Êtes-vous un politicien ? Vous avez fait des
promesses électorales que vous ne pouvez plus tenir. Très précisément dans ce
cas, vous auriez préféré découvrir une formule miracle pour faire disparaitre
sur-le-champ toutes vos craintes présentes et futures. Rassurez-vous :
chaque fois que vous prendrez un risque, surtout celui de mentir à ses
électeurs, vous ferez l’expérience de la peur. Et, lorsqu’elle vous tient au
ventre, le pire est de ne rien faire. Attendre qu’un événement survienne pour
vous en délivrer ne fera que vous paralyser un peu plus longtemps ». Ces propos sont d’un homme très sage qui est mort
il y a deux mil ans. J’y reviendrai.
Que se passe-t-il en Angola
depuis l’arrivée de Joâo Lourenço au pouvoir ? Hormis le jeu des chaises
musicales auquel le peuple n’accorde plus d’intérêt, aucune amélioration n’est enregistrée
sur le plan socioéconomique, rien du tout. C’est plutôt à l’intérieur du Mpla
qu’il y a beaucoup d’agitation. Le bicéphalisme imposé par Dos Santos au sommet
de l’État, le parti au pouvoir et l’Exécutif national ayant à leurs têtes deux
personnages différents, est décrié par plusieurs dirigeants du Mpla. D’ailleurs,
la dernière réunion du CC du Mpla est l’illustration d’une cacophonie qui restera
longtemps dans la mémoire des militants et de l’opinion publique. Entre ceux
qui exigent le départ immédiat de Dos Santos de la tête du parti et d’autres
qui soutiennent son maintien, les violons ne s’accordent plus. Ces deux camps
sont apparus au lendemain des élections. Devant la vague de décisions prises
par Joâo Lourenço, limogeage des chefs militaires, de la police et des services
de renseignements, Dos Santos a senti le vent tourné. Il tente maintenant de rétropédaler,
revenir sur sa décision de quitter la politique active au début de 2018 pour servir
de filet de protection à ses enfants empêtrés dans des affaires de corruption
et passibles de plusieurs années de prison. Sa démarche divise plus que ne
rassemble au sein du parti. La situation ainsi créée embarrasse le Chef de
l’État, vice-président du parti qui voit sa promesse « améliorer ce qui est bien et
de corriger ce qui est mal » mise à mal. Le respect des statuts du parti
le place dans une position très inconfortable. Comment traduire, pour les faits
de corruption qui leur sont reprochés, Isabel dos Santos et son frère Filomeno
en justice sans le soutien du parti ? Dos Santos laissera-t-il Joâo
Lourenço franchir ce pas ?
La détermination avec laquelle
Joâo Lourenço a commencé son mandat a pris du plomb dans l’aile nonobstant le
soutien populaire dont il a bénéficié. L’enthousiasme soulevé par sa politique
de moralisation n’a plus la cote auprès de la population. Le peuple veut du
concret. Et la realpolitik a rattrapé le président Joâo Lourenço au point où ses
pas sont devenus hésitants. Le clivage qui est apparu au sein du Mpla met à
jour deux visions politiques très différentes. Mais puisque l’Exécutif doit
appliquer la politique élaborée par le parti, comme à l’époque de Staline en
Union soviétique, le
président Joâo Lourenço, craignant d'être mis en minorité au sein du parti, est appelé à obéir à sa hiérarchie. L’intervention de Dos Santos dans la
nomination du gouverneur de la province de Bengo est une des innombrables
preuves de l’impuissance de l’Exécutif angolais dans la conduite des affaires
du pays. Si l'on ajoute à cela le refus du président Joâo Lourenço de laisser
la justice portugaise poursuivre l’ancien vice-président, Manuel Vicente, impliqué
dans une affaire de corruption, alors que le Procureur général de la République
reconnait ne pas être en mesure d’enquêter sur une affaire de cette nature, je
vous laisse vous faire votre propre opinion et vous demande de réfléchir aux
propos de cet homme au début de la page. Ces paroles ne peuvent-elles pas
s’appliquer à Joâo Lourenço dans sa quête de chemin pour s’affranchir du
Mpla ?
Sobamasoba, l’analyse politique
qui informe
Eduardo M.Scotty