Consternation est le
mot qui correspond exactement à l’état d’esprit des Angolais au lendemain des
élections du 23/08/2017. Après une intense campagne de conditionnement
orchestré par le Mpla à travers des médias nationaux et internationaux
attribuant à Joâo Lourenço la victoire, les Angolais avertis n’avaient plus
aucun doute quant à l’issue de ce scrutin. Devant cette pénible évidence, une seule
inconnue s’imposait: le pourcentage des voix que s’attribuerait le Mpla
pour rester au pouvoir. L’opinion n’a pas attendu longtemps pour être fixée. Les
résultats électoraux qui arrivaient au siège du Mpla présageaient une
catastrophe électorale pour le parti. Dans plusieurs provinces du pays, le Mpla
était en train de perdre, ce qui a provoqué une certaine panique au sein du
secrétariat national en charge des élections. Ils n'ont pas pu supporter l'idée d'un président Mpla et d'une Assemblée nationale dominée par l'opposition (Unita-Casa-ce). Dans la précipitation, pour
éviter que l’opinion ne soit informée de la déconfiture du parti, le Mpla sans
consulter la CNE publie des résultats provisoires dont seuls ses dirigeants
connaissent l’origine. MPLA (64,57%)+ UNITA (24,40%)+ CASA-CE (8,56%)+ PRS (1,37%)+
FNLA (0,95%)+ APN (0,52%)= 100,37%.
Je vous laisse juger.
Organiser des
élections dans un pays ne signifie pas que ce pays est une démocratie. Je l’ai
dit et je le répète. Actuellement, presque tous les pays sous régime
dictatorial, brutal ou totalitaire procèdent à des élections, comme en Angola,
pour légitimer leur pouvoir. Pour ces pays, les élections sont tout simplement
un accessoire. Elles ne servent à rien. Personne ne tient compte de
l’expression et du choix du peuple. Staline disait en son temps : « Peu
importe qui vote et comment il vote. Ce qui importe, c’est qui comptabilise les
bulletins de vote ». En confirmant le communiqué du Mpla au sujet des
résultats provisoires des élections du 23/08/2017, la CNE a publiquement et
clairement exprimé son allégeance au Mpla.
L’Angola traverse en
ce moment une situation socioéconomique très difficile, fruit d’une mauvaise
gestion du Mpla. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Quelques efforts désespérés ont
été fournis par Dos Santos et ses pairs pour redresser la barque, mais le temps
(oui, le temps) est un facteur qui ne pardonne pas. La date à laquelle se
termine le mandat des institutions électives est arrivée à expiration au grand
dam des dignitaires du régime. Conscients du pouvoir que leur confère la
constitution, celui de choisir ses dirigeants, les Angolais, dans leur
majorité, et suivant tous les sondages publiés, ont exprimé le souhait d’une alternance
politique dans le pays même si très peu croient que les élections peuvent
apporter ce changement. C’est dommage qu’aujourd’hui leur vote ne compte pas
pour donner au pays le visage politique qu’il mérite. C’est qui les attriste le
plus, c’est de voir que leurs compatriotes, qui vivent à l’étranger et
profitent des systèmes démocratiques dans les pays hôtes en s’engraissant grâce
aux systèmes sociaux de ces pays, soutiennent dans leur propre pays d’origine un
pouvoir dictatorial qui crée et entretient la misère. Si ce régime qu’ils
soutiennent est tellement démocratique pourquoi ne reviennent-ils pas ? se
demandent les Angolais de l’intérieur. Moi aussi je me pose souvent cette
question sans pouvoir y apporter une réponse. Les citoyens angolais ont, non
seulement, le droit de participer aux élections, mais ont aussi le droit de
savoir par eux-mêmes que le processus électoral est valide. Car, c’est la
validité du processus électoral qui garantit la légitimité nécessaire pour
l’exercice du pouvoir politique. Dans ce même ordre d’idée, pour que les
élections respectent ses objectifs démocratiques et soient valides, elles
doivent être justes et transparentes. Or, dans le cas de l’Angola, c’est
justement la crédibilité des élections qui est en cause. Seulement, pour
qu’elles soient dignes de foi, ces élections doivent répondre à deux exigences
importantes : l’intégrité et la crédibilité.
Sobamasoba, l’analyse
politique qui informe.
Eduardo Scotty M.