dimanche 18 juin 2023

MANIFESTATIONS EN ANGOLA : UNITA, COUPABLE IDÉAL.

Que se passe-t-il en Angola? Depuis un certain temps, on observe de l'agitation dans les rues de Luanda et à l'intérieur du pays. Après la grève des taxis et la ville morte décretée par la société civile, ce sont les vendeuses ambulantes qui ont organisé une marche de protestation. Alors que l'on croyait la situation sous contrôle, l'annonce de l'augmentation du prix de carburant vient déclencher un autre mouvement de protestation, celui-ci plus violent que les autres. Bilan: des blessés à Luanda et Huambo, un désordre indescriptible à Lubango, des centaines de motos incendiés à Namibe. La promesse faite par le Président Lourenço à la population au sujet d'une importante  diminution des prix du carburant à partir des mois de juin/juillet n'a pas été tenue. Cette entorse est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Des manifestations s'organisent un peu partout dans le pays. Le régime, bousculé, accuse l'opposition d'être à la base de cette agitation. Joâo Lourenço, dans une de ses adresses aux militants du Mpla accuse: "L'opposition ne respecte pas les résultats des élections". Selon le président, la victoire du Mpla aux élections de 2022 retire à l'opposition tous droits de protestation et de manifestation.  Quelle idée? 

Dans la vie, tout évolue. Et l'Unita, dans cette évolution,  a complètement changé  sa manière de faire la politique. Les successeurs de Jonas Savimbi  ont décidé de développer une vraie politique de proximité avec le peuple. Entretenir une réelle  complicité avec les électeurs. Au vu des résultats, en cette matière, Adalberto Costa Junior a vraiment rénové. D'ordinaire, après les élections, les partis de l'opposition  entrent en hibernation  jusqu'aux prochaines échéances électorales. Pendant tout ce temps, le Mpla reste le seul maitre sur le terrain. On observe maintenant que les choses ont changé. L'Unita est en perpétuelle campagne. Pendant que le Mpla gouverne,  ACJ et sa caravane sillonnent le pays pour expliquer à la population la nécessité d'une politique alternative à celle du Mpla. Ce n'est pas de l'incitation, comme veut nous faire croire le Mpla, mais de la pédagogie. Considéré comme un parti du monde rural, aujourd'hui l'Unita entreprend de convaincre les citadins. La victoire électorale de ACJ à Luanda et Cabinda est une preuve de son encrage dans les grandes villes du pays. Ce lien que les nouveaux dirigeants de l'Unita établissent avec leurs éventuels potentiels électeurs est très important dans la mesure où il rapproche le parti du peuple. Sur ce point, tout le monde est d'accord. Et, dans sa dialectique, l'Unita professe  que  la politique alternative en Angola commence  par  des élections locales pour une meilleure gouvernance du pays. Dans cette nouvelle dynamique, la jeunesse occupe une place prépondérante. Le message semble être bien reçu par la jeunesse angolaise qui s'est automatiquement ralliée  à la cause. Sa détermination à vouloir changer les choses est gage d'un engagement patriotique. Luanda, Uige, Huambo, Lubango, Namibe, Benguela, toutes ces villes ont été ou sont des théâtres de protestation contre des mesures prises par Joâo Lourenço et ses amis. La dévaluation du Kwanza (Kz), la fermeture des magasins de grossistes, l'augmentation du prix de carburant et la politique d'austérité du gouvernement ne plaident pas en faveur du Mpla. L'Unita n'est pour rien dans l'incompétence du Mpla.  

Puisque pendant presque cinquante ans le Mpla a tout essayé et ça n'a rien donné, pourquoi ne pas essayer une autre formule? Il n'y a aucune honte à reconnaitre que les politiques publiques mises en place dans le pays n'ont pas donné les résultats escomptés. N'oublions jamais que l'orgueil précède la chute. Optons pour l'humilité. Le peuple n'en peut plus. Toute cette agitation, toutes ces manifestations sont des signes avant-coureurs d'une tragédie. 

Parlons-en.

Eduardo M.Scotty.