dimanche 14 mai 2023

GAME IS OPEN : LUTTE POUR LA SUCCESSION.


Au sommet du pouvoir en Angola, les éventuels candidats à la succession de Joâo Lourenço se bousculent déjà pour la bataille électorale de 2027. À quatre années de la fin du mandat présidentiel, on entend déjà sonner les cloches de ceux qui prétendent remplacer JLo alors que l'État se débat encore avec l'embarrassante épine des élections locales. N'est-ce pas un peu précipité? À moins que cela soit une manière de signifier au président sortant l'irrationnalité d'un troisième mandat. Quand on sait combien est élevée sa cote d'impopularité, ses chances de pouvoir se représenter s'amenuisent chaque jour un peu plus. Les résultats des élections de 2022 en témoignent. Ils ont généré une frustration même à l'intérieur de son propre parti, le Mpla. Si publiquement personne n'ose élever la voix pour dénoncer sa mauvaise gouvernance, dans les cercles restreints de vieux routiers de la politique angolaise, membres du Mpla, on commence à observer des signes d'impatience. En privé, ils  pensent, très légitimement, à une alternance en 2027. Une alternance au sein du Mpla, bien sûr. Des noms sont cités par-ci, par-là. 

Économiste de formation, ministre de Plan (1997-2012), ex-fonctionnaire à la Banque mondiale, élue députée sur la liste du Mpla en 2022, "conseillère très spéciale" du président actuel, Ana Dias Lourenço, épouse de Joâo Lourenço, est sur la liste de personnalités susceptibles de remplacer JLo à la tête de l'État angolais. Il parait que c'est Ana Dias Lourenço qui est à la base de la politique d'austérité mise en place en Angola par son président de mari. Il se murmure à Luanda que Ana Dias est la première vice-présidente du pays. L'expérience accumulée au cours des années dans différents ministères et à la Banque mondiale la place dans une position très confortable  parmi ceux qui entourent JLo. Dans ce cas,  quelles sont ses chances? Énormes. Rappelez-vous qu'au dernier congrès du Mpla, le comité central du parti a été exagérément élargi. Dans quel but? Dois-je vous dire que c'est le comité central qui choisit la "tête de liste" du parti aux élections? Vous le saviez déjà, non? Tous ceux qui sont venus grossir les rangs de ce Comité Central sont redevables à celui qui les a nommés. Je vous laisse deviner le reste.

Ancien général des Forces armées angolaises (FAA), ancien gouverneur  de Luanda, Kuanza-sul, Kuando-Kubango, membre du BP du Mpla, ancien ministre des travaux public, actuellement député du Mpla à l'Assemblée nationale, Higinio Carneiro est le caillou dans la chaussure de JLo. Dès le début du second mandat, il s'est prononcé le premier pour annoncer sa candidature à la tête du parti et de l'État en 2027. Même si le gros dossier judiciaire qu'il  traine (corruption et détournement de fonds publics) ne plaide sincèrement pas en sa faveur, Il croit pouvoir renverser la situation. Higinio Carneiro est quelqu'un qui sait rebondir et qui a des arguments capables de faire plier certaines personnes au sein du Mpla. Surnommé 4x4, il paraît  qu'il impose le respect autour de lui. Un corrompu peut-il imposer le respect? On aura tout vu. 

Eugenio Cesar Laborinho, ancien gouverneur de Cabinda et actuel ministre de l'Intérieur, plus connu pour ses méthodes répressives contre les manifestants, exprime lui aussi l'intention de remplacer son ami Joâo Lourenço à la tête du parti (Mpla) et de l'État le moment venu. A-t-il suffisamment de souffle dans cette course vers la Cidade Alta quand on connait le poids de ACJ? 

Voila à quoi nous devons nous attendre en 2027. La liste ne s'arrête pas là. D'autres viendront certainement  s'ajouter, donnant l'impression que, pour l'Angola, le Mpla est un choix divin. Le Mpla ou rien. N'ont-ils pas tiré une leçon des élections de 2022. C'est à se demander si Job Capapinha n'a-t-il pas raison quand il affirme :  le Mpla ne quittera jamais le pouvoir par les élections. On dirait que tout est planifié pour qu'il y demeure éternellement. Parlez-en.

Eduardo M. Scotty.