Après plusieurs semaines d’absence,
(un grand malheur a frappé ma famille), je vous retrouve de nouveau pour
qu’ensemble nous puissions partager, comme d’habitude, quelques réflexions sur
ce qui se passe dans notre pays. Depuis ma dernière publication, beaucoup
d’événements ont alimenté la vie politique et sociale en Angola. Vous
m’excuserez de ne pas les citer tous, mais je vous suggère, si vous le voulez
bien, d’aborder le sujet qui préoccupe incommensurablement les populations de l’intérieur comme
celles de la capitale de notre pays : celui de la crise qu’elles vivent et
de la manière dont le président Dos Santos envisage d’y apporter des solutions.
Si je propose que notre réflexion se porte sur la situation chaotique, je
n’exagère rien, créée par Dos Santos, son gouvernement et sa majorité
parlementaire, c’est parce que cela nous concerne directement, nous, nos
enfants et les enfants de nos enfants. Dans sa politique économique et
financière, Dos Santos nous mène depuis plusieurs années sur le chemin des
emprunts à outrance. Or, chaque fois que le pays emprunte de l’argent, il faut
penser à son remboursement. Qui dit crédit, dit acquittement, dit intérêts. Des
intérêts qui se chiffrent à des milliards de dollars et s’échelonnent sur
plusieurs années. Ceux qui, comme Dos Santos et ses amis contractent ces dettes
aujourd’hui, pillent les caisses de l’État s’en iront et ce sont les autres qui
à travers des injustes impôts viendront payer la facture. Comme dans beaucoup
d’autres pays africains, la corruption et la mauvaise gestion de la chose
publique nous ont amené dans le gouffre que nous connaissons actuellement. Les
emprunts chinois se sont tellement accumulés que le président Dos Santos pour
éviter une asphyxie totale du pays a envisagé de se tourner vers le FMI (Fonds
Monétaire International). Enfin, une sage décision, a-t-on entendu dans les
rues de Luanda.
Avec la chute du prix du baril de
pétrole (le pétrole nous sert de monnaie d’échange dans la majorité de nos
transactions commerciales), quémander une nouvelle ligne de crédit auprès des Chinois
devenait déshonorant au regard de ce que nous leur devons. Croyez-moi, notre
dette envers la Chine est énorme. Le FMI était devenu, de toute évidence, une
partie importante de la solution à notre problème. Tout de suite après la
demande de l’Angola, nous avons vu débarqués à Luanda les experts du FMI
décidés à faire le ménage. Seulement, dès les premiers contacts, le climat
s’est crispé. Les Angolais ne le savaient peut-être pas, mais pour obtenir
l’appui du FMI, il faut se plier à certaines exigences. Selon ce que j’avais
compris, et je ne suis pas seul, l’Angola devait exécuter le même programme qui
a été appliqué au Portugal en 2011-2014 en se soumettant à une espèce de
« strip-tease » des finances publiques, du budget et de toutes les
pratiques et procédés liés aux recettes et dépenses de l’Etat. Vu sous cette
optique, cela ne m’étonne pas, et vous non plus d’ailleurs, que le président
Dos Santos ne soit pas disposé à permettre une analyse transparente et publique
des comptes de l’Etat et de ses associés. Le président Dos Santos a vu ce qui est
arrivé au Portugal : on a découvert que les banques étaient en faillite à
cause des magouilles entre politiciens et entrepreneurs ; que son ami
Socrates est allé en prison ; on a révélé que, comme en Angola, durant des
années les comptes publics étaient maquillés et la dette de l’Etat supérieure à
ce qu’on laissait croire. Si au Portugal le FMI a découvert toutes ces
« erreurs de gestion », quelles seront les conséquences d’un contrôle
méthodique et sérieux mené par des experts en Angola ? Dos Santos a pris
peur. Voilà pourquoi il a décidé de refuser l’appui du FMI. C’est pour ne pas
montrer les squelettes qu’il cache dans ses placards. Il ne veut pas qu’on lui
pose des questions embarrassantes. C’est lui le Chef de l’Exécutif,
non ?
La situation en Angola a,
naturellement, ses particularités. Il n’y a rien que je puisse ajouter que vous
ne sachiez déjà. En ce moment ce qui parait grave, sur le plan économique et
financier, c’est l’absence totale de cap. L’Exécutif est complètement
désorienté. Il navigue comme un navire sans boussole. Beaucoup commencent à
douter de la capacité du capitaine à conduire le bateau à bon port. Il faut
stimuler l’économie, mais il n’y a pas d’argent public. Les caisses sont vides.
La dévaluation de la monnaie nationale que nous avons connue n’a pas boosté les
exportations. Les économistes pensent qu’une autre dévaluation ne fera
qu’aggraver l’inflation. Il est donc urgent, nonobstant la situation dans
laquelle nous nous trouvons, de faire des réformes et une restructuration
profonde pour surmonter la situation actuelle.
Il est évident qu’avec le FMI l’Angola aurait bénéficié d’un excellent
plan de réformes pour faciliter la récupération du pays, mais au lieu de cela
Dos Santos a choisi la voie du désastre économique. Aux dernières nouvelles, il
envisage d’emprunter 16 milliards de dollars pour réajuster son budget 2016. Dans
cette sorte d’égarement intellectuel, où compte-t-il mener le pays? Combien de générations faudra-t-il pour payer
notre dette publique ? Obscure perspective.
Sobamasoba : l’analyse
politique qui informe.
Eduardo Scotty Makiese.
Dany.
RépondreSupprimerIl ne pouvait pas en être autrement. D'ailleurs, je commence à me demander si Dos Santos est vraiment un Angolais. Avec ses enfants ils sont en train de piller l'Angola d'une manière impensable. Dans ces conditions comment peut-il accepter qu'il soit contrôlé?