Ma publication d’aujourd’hui, une
fois n’est pas coutume, ne se penchera pas uniquement sur l’analyse d’un fait,
mais elle sera en partie consacrée au portrait d’un homme. Un homme qui par ses
méthodes peu orthodoxes cultive et entretient l’image du Mpla au début de
chaque campagne électorale ; un militaire converti en homme politique. Cet
homme est un personnage qui intrigue et suscite autour de lui énormément de
curiosité. Plusieurs fois ministre et gouverneur de
province, Kundi Paihama puisque c’est de lui qu’il s’agit, incarne à lui tout
seul ce que le Mpla renferme de machiavélique. Il appartient, comme son
collègue le général Zé Maria, à la catégorie de ceux qui, au sein du
parti, imposent leur volonté au
président Dos Santos. Parler spécialement de ce Général/gouverneur c’est entrer
au cœur du système qui soutient le parti au pouvoir. De tous ses camarades au
sein du Mpla, il est un des rares dont la loyauté au président Dos Santos est
indéfectible. Depuis 1979, il est omniprésent dans les sphères du pouvoir. Les
analystes politiques à Luanda le considèrent comme faisant partie des hommes du
président, intouchable et fidèle.
Ce haut dignitaire du régime,
très proche de Dos Santos, ne fait entendre le son de sa voix qu’à l’approche
des élections. Dans la machine à faire « gagner » le Mpla, c’est lui qui conçoit l’élément de langage qui sert de soubassement
à la propagande du parti. Sa stratégie consiste à insuffler dans l’esprit des
Angolais l’existence dans le pays des bandes armées ou des terroristes
imaginaires qui menaceraient l’intégrité territoriale et provoqueraient une
conflagration. Dans un pays qui a connu 27 ans de conflit armé, agiter le
spectre de la guerre réveille des peurs et des souvenirs que le peuple souhaite
oublier à jamais. À l’approche des élections de 2017, le Général Kundi Paihama,
devenu gouverneur de la province de Cunene après son éviction de Huila et Huambo,
refait surface dans une affaire plus insolite que celle des armes cachées par
l’Unita en 2012. Cette fois encore, le but poursuivi est le même: conditionner l’opinion nationale et
internationale; emmener les éventuels électeurs à prendre fait et cause
pour Dos Santos et ses amis malgré la situation désastreuse du pays. Pour convaincre
l’opinion nationale de la sincérité de son argumentaire, comme d’habitude il s’est
choisi une cible : le père catholique Jacinto Pio Wacussanga. Pourquoi
lui ? Les propos tenus par ce prêtre au cours d’une interview à un journal
de Luanda, quand on connait le soutien dont bénéficie le régime auprès de la
CEAST (conférence épiscopale de l’Angola et Sao Tomé), dérangent au plus haut
niveau de l’État. En temps ordinaire, c’est dans les églises que les prêtres angolais
pendant les homélies se déchainent contre le régime. Jamais en public. Pio Wacussanga en dénonçant le régime a
franchi la ligne rouge. Et la réaction ne s’est pas fait attendre. Kundi
Paihama, le gardien du patrimoine idéologique du parti est monté au créneau en
qualifiant le curé de terroriste. De là à affirmer qu’il est membre de l’Unita,
il n’y a qu’un pas. Je vous rappelle ici qu’en l’absence d’un motif plausible
pour éliminer les adversaires politiques qui, selon le régime, sont des
ennemis, Dos Santos et ses amis raffolent jouer la carte du danger terroriste
ou du retour à la guerre civile. La prise de position du Père Wacussanga est
venue les conforter dans leur politique d’exclusion et de stigmatisation. D’ailleurs,
si ça se trouve, Kundi Paihama a déjà mis le nom du curé sur la liste des
indésirables comme leader terroriste qui menace la paix chèrement
conquise.
« Être prêtre en Angola fut
difficile à l’époque do communisme et de la guerre civile. Cette difficile
situation continue aujourd’hui à cause du climat qui nous est imposé par le
système en place dans le pays. En Angola, seuls les prêtres qui se consacrent
à l’administration ou aux études notariales n’ont pas des problèmes. Mais tous
ceux qui éprouvent de la compassion pour les pauvres et les exclus, entrent en
collision avec le régime et ont des problèmes ». Plus loin dans
l’interview, Pio Wacussanga ajoute: « La vague (tsunami) qui ronge le
régime de l’intérieur est la corruption qui, alliée à la crise
provoquée par le pouvoir, va favoriser la chute du Mpla. C’est inévitable. Cela
prendra le temps que ça prendra. Le régime est, de facto, dans une situation de
survie… » Pour Kundi Paihama, ces mots constituent une déclaration
de guerre. Celui qui les a prononcés ne peut être qu’un terroriste.
C’est cette attitude que je
dénonce avec force. Au moment où nous nous battons pour mettre fin à la
dictature du Mpla, nous ne pouvons pas accepter que constater et faire part de
son constat puissent constituer un motif de représailles. Dans toutes les vraies
démocraties, même dans celles qui sont en gestation, la tolérance est une attitude
qui favorise le vivre ensemble. Constater n’est pas synonyme de critiquer. Même
si on assimile un constat à une critique, est-ce une raison de taxer de
terroriste toute personne qui juge avec sévérité
l’action du pouvoir ? Comment peut-on rester impassible devant l'arrogance de Kundi Paihama qui, avec dédain, nous jette à la figure: « Je dors bien, je mange bien, ce
qui reste à ma table je préfère le donner aux chiens qu’aux pauvres qui habitent
à côté de moi»? Cette phrase dépourvue d’humanité est l'expression du mépris dont nous sommes victimes. Qu’en pensez-vous ?
Sobamasoba, l’analyse politique
qui informe.
Eduardo Scotty Makiese.
Kundi Paihama, c'est encore qui ça? N'est-ce pas lui qui a créé les "onças de kuanyama" ou quelque chose comme ça? C'est homme là est un dangereux.
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