dimanche 13 novembre 2016

Kundi Paihama, le Général devenu maître dans l'art de conditionner les opinions publiques.


Ma publication d’aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, ne se penchera pas uniquement sur l’analyse d’un fait, mais elle sera en partie consacrée au portrait d’un homme. Un homme qui par ses méthodes peu orthodoxes cultive et entretient l’image du Mpla au début de chaque campagne électorale ; un militaire converti en homme politique. Cet homme est un personnage qui intrigue et suscite autour de lui énormément de curiosité.   Plusieurs fois ministre et gouverneur de province, Kundi Paihama puisque c’est de lui qu’il s’agit, incarne à lui tout seul ce que le Mpla renferme de machiavélique. Il appartient, comme son collègue le général Zé Maria, à la catégorie de ceux qui, au sein du parti,  imposent leur volonté au président Dos Santos. Parler spécialement de ce Général/gouverneur c’est entrer au cœur du système qui soutient le parti au pouvoir. De tous ses camarades au sein du Mpla, il est un des rares dont la loyauté au président Dos Santos est indéfectible. Depuis 1979, il est omniprésent dans les sphères du pouvoir. Les analystes politiques à Luanda le considèrent comme faisant partie des hommes du président, intouchable et fidèle.   

Ce haut dignitaire du régime, très proche de Dos Santos, ne fait entendre le son de sa voix qu’à l’approche des élections. Dans la machine à faire « gagner » le Mpla, c’est lui qui conçoit l’élément de langage qui sert de soubassement à la propagande du parti. Sa stratégie consiste à insuffler dans l’esprit des Angolais l’existence dans le pays des bandes armées ou des terroristes imaginaires qui menaceraient l’intégrité territoriale et provoqueraient une conflagration. Dans un pays qui a connu 27 ans de conflit armé, agiter le spectre de la guerre réveille des peurs et des souvenirs que le peuple souhaite oublier à jamais. À l’approche des élections de 2017, le Général Kundi Paihama, devenu gouverneur de la province de Cunene après son éviction de Huila et Huambo, refait surface dans une affaire plus insolite que celle des armes cachées par l’Unita en 2012. Cette fois encore, le but poursuivi est le même: conditionner l’opinion nationale et internationale; emmener les éventuels électeurs à prendre fait et cause pour Dos Santos et ses amis malgré la situation désastreuse du pays. Pour convaincre l’opinion nationale de la sincérité de son argumentaire, comme d’habitude il s’est choisi une cible : le père catholique Jacinto Pio Wacussanga. Pourquoi lui ? Les propos tenus par ce prêtre au cours d’une interview à un journal de Luanda, quand on connait le soutien dont bénéficie le régime auprès de la CEAST (conférence épiscopale de l’Angola et Sao Tomé), dérangent au plus haut niveau de l’État. En temps ordinaire, c’est dans les églises que les prêtres angolais pendant les homélies se déchainent contre le régime. Jamais en public.  Pio Wacussanga en dénonçant le régime a franchi la ligne rouge. Et la réaction ne s’est pas fait attendre. Kundi Paihama, le gardien du patrimoine idéologique du parti est monté au créneau en qualifiant le curé de terroriste. De là à affirmer qu’il est membre de l’Unita, il n’y a qu’un pas. Je vous rappelle ici qu’en l’absence d’un motif plausible pour éliminer les adversaires politiques qui, selon le régime, sont des ennemis, Dos Santos et ses amis raffolent jouer la carte du danger terroriste ou du retour à la guerre civile. La prise de position du Père Wacussanga est venue les conforter dans leur politique d’exclusion et de stigmatisation. D’ailleurs, si ça se trouve, Kundi Paihama a déjà mis le nom du curé sur la liste des indésirables comme leader terroriste qui menace la paix chèrement conquise. 

« Être prêtre en Angola fut difficile à l’époque do communisme et de la guerre civile. Cette difficile situation continue aujourd’hui à cause du climat qui nous est imposé par le système en place dans le pays. En Angola, seuls les prêtres qui se consacrent à l’administration ou aux études notariales n’ont pas des problèmes. Mais tous ceux qui éprouvent de la compassion pour les pauvres et les exclus, entrent en collision avec le régime et ont des problèmes ». Plus loin dans l’interview, Pio Wacussanga ajoute: « La vague (tsunami) qui ronge le régime de l’intérieur est la corruption qui, alliée à la crise provoquée par le pouvoir, va favoriser la chute du Mpla. C’est inévitable. Cela prendra le temps que ça prendra. Le régime est, de facto, dans une situation de survie… » Pour Kundi Paihama, ces mots constituent une déclaration de guerre. Celui qui les a prononcés ne peut être qu’un terroriste.   

C’est cette attitude que je dénonce avec force. Au moment où nous nous battons pour mettre fin à la dictature du Mpla, nous ne pouvons pas accepter que constater et faire part de son constat puissent constituer un motif de représailles. Dans toutes les vraies démocraties, même dans celles qui sont en gestation, la tolérance est une attitude qui favorise le vivre ensemble. Constater n’est pas synonyme de critiquer. Même si on assimile un constat à une critique, est-ce une raison de taxer de terroriste  toute personne qui juge avec sévérité l’action du pouvoir ? Comment peut-on rester impassible devant l'arrogance de Kundi Paihama qui, avec dédain, nous jette à la figure: « Je dors bien, je mange bien, ce qui reste à ma table je préfère le donner aux chiens qu’aux pauvres qui habitent à côté de moi»? Cette phrase dépourvue d’humanité est l'expression du mépris dont nous sommes victimes.  Qu’en pensez-vous ?

 

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

 

Eduardo Scotty Makiese.

    

1 commentaire:

  1. Kundi Paihama, c'est encore qui ça? N'est-ce pas lui qui a créé les "onças de kuanyama" ou quelque chose comme ça? C'est homme là est un dangereux.

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