vendredi 10 février 2017

L'opposition politique angolaise va aux élections en ordre dispersé. Pourquoi?


Ca y est ! Cette fois, c’est officiel. José Eduardo dos Santos a jeté l’éponge. Il ne se présentera pas aux prochaines élections. À sa place, c’est Joâo Gonçalves Lourenço qui conduira la liste du Mpla. Je ne veux pas revenir ici sur mes précédentes analyses même si la répétition est la mère des sciences. Néanmoins, je tiens à souligner quand même le manque de vision/projet constaté par les observateurs de la politique angolaise de celui qui est censé, si le Mpla gagne les élections, diriger l’Angola pour les cinq prochaines années. « Mon unique priorité en ce moment est d’œuvrer pour gagner les élections, après nous verrons » a répondu Joâo Lourenço aux journalistes qui cherchaient à connaitre son projet politique et les intentions de son parti pour la prochaine législature. Gagner les élections, oui, mais sur quel programme ? Sur celui avec lequel Dos Santos a conduit le pays au désastre ? Cette absence de vision, ce vide politique sont, à mon avis, une réalité qui avantage l’opposition dans son approche des thématiques qui touchent à la vie sociale, politique et économique du peuple angolais. Il faut remplir ce vide. Seulement, il est plus aisé de dire que de faire. Je vous le concède. Parce que ç’aurait été plus facile si, comme dans d’autres pays africains, les opposants angolais étaient capables de se dépasser, de sacrifier leurs petits intérêts et d’aller au-delà de leurs partis pour le bien-être du peuple. Dans les pays où cet exercice a eu lieu, les opposants ont gagné les élections. Quelles que soient leurs différences « idéologiques », au moment où les jeunesses africaines se réveillent, les partis d’opposition sont appelés à s’unir pour vaincre. Au Sénégal, en Gambie, en Côte d’Ivoire, pour ne citer que ces pays, l’opposition, devenue aujourd’hui pouvoir, s’est coalisée en un front dont seule la volonté de vaincre a été le dénominateur commun. En Angola, il y a quelques mois une timide tentative de former un front de l’opposition s’est soldée par un échec. Apparemment, la situation que traverse le pays fait croire aux opposants que la victoire est d’avance acquise. Une situation qui génère le rejet du Mpla dans la population et réconforte les partis d'opposition dans leur prétention de gagner aisément le scrutin de 2017. Là, je crois qu’ils commettent une grosse erreur.  Ce rejet n’est peut-être qu’apparent. Le mécontentement gronde, c’est vrai. Tout le monde parle de la mauvaise gestion du Mpla, mais au moment de faire le choix dans l’isoloir du bureau de vote, rien ne garantit que le choix de l'électeur soit l’expression de la frustration. Si nous ajoutons à ce rejet le sondage publié par une agence américaine qui donne CASA-CE vainqueur des élections avec 40% des voix, suivi de l’UNITA avec 32% et le MPLA 9%, nous nous trouvons devant des données dont le résultat peut conduire inévitablement à l’anesthésie des opposants. À mon humble avis, l’opposition politique angolaise doit se méfier de tout ce qui donne l’impression que c’est perdu d’avance pour le Mpla. Rappelez-vous mon analyse sur la fraude électorale. Combien de fois n’avons-nous pas entendu les dirigeants de l’Unita se plaindre au sujet de l’enrôlement des électeurs et du contrôle de cette opération par le Ministère de l’Aménagement du territoire en lieu et place de la CNE ? Cette plainte de l’Unita, en apparence anodine, est justifiée parce que Bornito de Sousa, actuel ministre de MAT, candidat à la vice-présidence de la république et responsable des opérations d’enrôlement, ne peut pas être juge et partie. Il y a incompatibilité. Raison de plus pour que l’opposition se réunisse en front commun.

La solution pour gagner les élections de 2017 se trouve dans le rassemblement de toutes les forces acquises au changement. Aller à ce scrutin en ordre dispersé est une démarche vouée à l’échec. Quelles que soient les différences existantes entre l’UNITA, CASA-CE, PRS et PDP-ANA, il faut un front soudé pour vaincre le Mpla. Il n’est pas correct dans les circonstances actuelles de faire cavalier seul. S’adapter aux réalités du moment, être pragmatique: voilà la meilleure méthode pour affronter le Mpla dans la bataille électorale qui se pointe à l’horizon. Je crois qu’il est encore temps, pour l’opposition angolaise, de reprendre les négociations enfin de constituer une plate-forme politique capable d’offrir une alternance au peuple angolais. Penser, comme le font déjà certains politiciens de l’opposition, former une coalition avec le Mpla pour gouverner le pays, apparait aux yeux de l’opinion nationale comme une trahison de la promesse faite au peuple; l’engagement de lui offrir une autre politique, celle de la justice sociale et du respect des droits de l’homme.  Sinon, à quoi auront servi toutes les années de lutte ?

Mon oncle à qui j’ai raconté cette histoire de coalition m’a fait comprendre qu’à Bangoula, c’est pareil. Les opposants n’arrivent pas à trouver un consensus au sujet de la formation d’une plate-forme politique. Et pourtant, a-t-il ajouté, Dieu seul sait combien cela faciliterait les millions d’électeurs analphabètes que compte le pays. Avec deux bulletins de vote, un de l’opposition et l’autre du parti au pouvoir, le choix de l’électeur est facilité. Le dépouillement devient aussi facile. Qu’en pensez-vous ?

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo Scotty Makiese.

1 commentaire:

  1. Samakuva de l'Unita ne veut pas entendre parler de coalition. C'est vraiment dommage parce qu'il ne sait pas lire les signes du temps.

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