samedi 7 avril 2018

Un pas en avant...un pas en arrière, l'hésitation est source de complication.


Contrairement à son collègue Paul Biya du Cameroun, qui a su mettre en place des mesures efficientes pour traquer les voleurs de deniers publics, Joâo Lourenço éprouve quelques difficultés à s’extraire de l’emprise de son parti auquel il est intimement lié. Au Cameroun, Paul Biya fait la chasse aux voleurs de fonds publics et les résultats sont palpables. La plupart d’entre eux sont à la Prison centrale de Kondengui où ils attendent leur procès. Ceux qui ont tenté de s’enfuir ont été rattrapés par la police et jetés en prison.

En Angola, l’opération pour mettre à l’ombre tous ceux qui ont volé et caché l’argent de l’État à l’étranger connait beaucoup des ratés. Le menu fretin casque tandis que les gros poissons bénéficient d’une présomption d’innocence que le public ne s’explique pas. Comme dans un scénario préparé d’avance, après l’épisode des révoqués, on assiste actuellement à une valse des accusés. Tout porte à croire que le pays vit pour le moment une intense phase de justice parce que le combat se passe maintenant dans les tribunaux criminels. De l’avis de tous, ce moment est intéressant et important, car contrairement à ce qu’on peut faire croire, il fera resplendir une forte lumière sur les fragilités du système judiciaire angolais. Beaucoup de cas, les uns déjà confirmés, les autres en étude, sont sur la table du Procureur général de la République (PGR) : Filomeno dos Santos, Valter Filipe, Norberto Garcia, Balarmino Van-Dunen auxquels s’ajoute le général Nunda, dont le délit est encore en analyse, sont les accusés VIP qui défraient la chronique à Luanda. Au cas où les enquêtes sur la dette publique avanceraient rapidement, d’autres VIP viendraient s’ajouter à la liste : Isabel dos Santos, Général Helder Kopelipa et autres. Le phénomène des accusés « 1°classe » est nouveau pour le système judiciaire angolais. Pour tous les Angolais, c’est, de facto, un défi intense pour leur société. Au-delà de la confiance que cette même société place dans le nouveau président, une question revient souvent dans les conversations : pourquoi ces accusés ne sont-ils pas en prison alors que la Justice est en possession de tous les éléments concordants qui peuvent conduire à leur incarcération ? La vérité est que dans le système judiciaire angolais tel que conçut par le régime Dos Santos, un citoyen lambda peut aller en prison pour une broutille alors qu’un dignitaire du régime est au-dessus des lois. Un exemple entre autres : en 2016, le citoyen António Miguel a été arrêté et placé en détention provisoire pour avoir passé la nuit dans la voiture d’un voisin alors qu’il était dans un état  d’ébriété avéré. Si pour un cas de cette nature un citoyen va en prison, maintenant que l’on parle de détournements de fonds, abus de confiance, blanchiment d’argent, et personne ne va en prison ? Finalement, en observant ce qui se passe, la société angolaise est perplexe craignant que toutes les promesses faites pendant la campagne électorale et tout le scénario, auquel on assiste, ne soient qu’une magistrale propagande. La realpolitik est-elle eu raison des intentions exprimées pendant la campagne électorale ? Sinon, il existe dans l’arsenal des lois qui régissent le pays une procédure graduelle qui va de l’interpellation à la condamnation. Il revient au Ministère public de veiller à la mise en œuvre de ladite procédure. Dans le cas de ces accusés VIP,  deux faits soulèvent de sérieuses interrogations dans l’opinion nationale et internationale quant aux appréciations que le Ministère public (MP) réalise en matière d’application des mesures coercitives. Le premier est celui de la perplexité qui se situe au niveau d’éventuelles fuites des accusés. La majorité d’entre eux ont des maisons à Lisbonne, Paris ou Londres. Ils ont des comptes bancaires à l’étranger et ont la facilité d’accéder à des jets privés ou des yachts rapides. Il y a de ce fait un gros risque de fuite. Le deuxième fait qui n’est peut-être pas suffisamment évalué par le MP est la tranquillité publique. Des hommes et des femmes suspects d’avoir "volé" ou "tentés de voler" des millions de dollars continuent à se la couler douce, laisse entrevoir de sérieuses hypothèses de perturbation de la tranquillité publique. Car stupéfaite devant l’impunité dont bénéficient ces « voleurs VIP »  la population peut se permettre de braver certains interdits et troubler l’ordre public. « Si les VIP volent et ne vont pas en prison, moi aussi je peux faire pareil », pensent certains délinquants potentiels. La possibilité que des VIP accusés de vols soient victimes de la furie de la population n’est pas à écarter. Ce qui s’est passé dernièrement à Malanje est une illustration de la volonté du peuple de se défaire des dirigeants malhonnêtes. Des jets de pierre ont accueilli le cortège du Vice-président lors de son passage à Malanje. Le peuple réclame l’exonération de Norberto dos Santos (Kwata Kanawa), gouverneur de Malanje, pour incompétence et improbité dans la gestion de la province.  Voilà un comportement qui peut facilement faire tache d’huile.

Vivement les élections locales pour que le peuple puisse se choisir librement ses dirigeants provinciaux, municipaux et communaux. Ainsi, nous aurons les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. 

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M.Scotty

 

Source : makaangola.                                    

 

                                                                                                                                                                                     

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire