mercredi 15 janvier 2020

Joâo Lourenço - Felix Tshisekedi : même combat ?


L'année 2020 commence par un bras de fer entre le président Lourenço et la famille Dos Santos. La saisie par le gouvernement angolais des avoirs de Isabel dos Santos et de son mari retient en ce début d'année l'attention de tous ceux qui s'intéressent à la politique angolaise. Vu l'intensité de la tension qui règne entre Joâo Lourenço et le duo Tchizé/Isabel dos Santos, on ne pouvait pas espérer mieux. Laissons, pendant quelques minutes, la frénésie médiatique autour d'Isabel dos Santos, et regardons d'autres événements intéressants qui se sont passés en Angola. Une fois de plus, le président Joâo Lourenço a rencontré Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, cette fois à Benguela. La réunion a donné lieu à une déclaration dans laquelle sont soulignés l'examen par les deux dirigeants des questions relatives à l'exploration du pétrole dans les zones communes d'intérêt et  les conséquences de la décision de la Cour provinciale de Luanda, au sujet de la saisie des actifs de Isabel dos Santos et de son mari, Sindika Dokolo. Sur cette question, qui occupe la majeure partie du communiqué, les deux présidents ont affirmé leur ferme engagement à lutter contre la corruption et l'impunité, ainsi que l'engagement décisif en faveur de la transition pacifique des deux pays vers la démocratie et le progrès. Il semble qu'après tout, contrairement à ce que peut penser l'opinion publique, la question de Isabel dos Santos, surtout de son mari Sindika Dokolo,  a un impact sur les relations entre l'Angola et le Congo-Kinshasa, et la rencontre entre les présidents ne pouvait pas se terminer sans se pencher sur cette brûlante actualité.  Il n'est donc pas surprenant que dans la lutte contre la corruption, les problèmes provoqués par les caciques des anciens regimes dans les deux pays font partie des préoccupations de Lourenço et de Tshisekedi.
 L'actuel président de la RDCongo occupe ce poste depuis janvier 2019, après avoir succédé à Joseph Kabila, président pendant plus de 18 ans. Comme José Eduardo dos Santos l'a fait à Lourenço, Kabila a verrouillé le pouvoir avant de partir. En fait, en RDCongo, l'influence de Kabila reste très présente, puisque la Constitution, contrairement à l'Angola, ne confère pas de larges pouvoirs au Président de la République. C'est une constitution semi-présidentielle. Ainsi, Tshisekedi doit vivre avec une majorité parlementaire et un Premier ministre de confiance de Kabila, qui, après avoir remis la présidence de la République, contrôle toutes les autres institutions. De toute évidence, Kabila était plus habile que Dos Santos. À mon avis, le chemin que Tshisekedi doit parcourir est très long et ardu.
En fait, les principaux problèmes des deux présidents sont identiques: deuxs pays extrêmement corrompus, où une petite élite s'est appropriée la plupart des ressources. Au vu de ce qui se passe en Angola,  il semble que Joâo Lourenço tente de former en Afrique centrale un bloc réformiste, pariant sur la reconfiguration des régimes politiques et les débarrassant autant que possible de la corruption. En ce sens, il a peut-être trouvé un allié en la personne de Tshisekedi. Il y a possibilité de forger une alliance pro-démocratie et pro-progrès qui serait sans précédent dans ces deux pays. L'Angola et la RDC ont connu des guerres et la pauvreté tout au long de leur histoire. Depuis son arrivée au pouvoir, Lourenço a joué un rôle important dans la transition pacifique en RDCongo entre Kabila et Tshisekedi. Plusieurs sources confirment son rôle clé dans la décision de Kabila de se retirer, lui garantissant un sanctuaire en Angola, si nécessaire. Il a apporté un soutien indéfectible au nouveau président congolais, à la fois pour le renforcement de son pouvoir et la gestion des relations avec le Rwanda. Toutefois, hormis le renforcement des relations entre les deux pays et la création d'un bloc anti-corruption dans cette zone de l'Afrique centrale, un autre thème a été abordé par les deux dirigeants. Celui de Sindika Dokolo. De nationalité  congolaise (en plus de danoise et angolaise), Sindika appartient à une riche famille. Son père, Augustin Dokolo, était l'un des principaux banquiers du dictateur Mobutu, avant de tomber en disgrâce et de perdre sa banque. Marchant sur les pas de son père, Sindika a un sens très élevé des affaires. Il croit à la méritocratie, ce qui l'oppose à l'ancien président Joseph Kabila qui, finalement l'a fait condamner par un tribunal congolais à un an de prison pour certaines de ses entreprises. Cela l'a empêché de rentrer en RDCongo pendant un certain temps.
Nous avons tous observé qu'après l'élection de Tshisekedi, Sindika s'est beaucoup approché du nouveau président. Apparemment, une étroite entente entre les deux hommes était donc en gestation. Lourenço voit-il d'un bon oeil cette approximation?  Étant embourbé dans une grave affaire financière en Angola, il est possible que Joâo Lourenço, qui  soutient Tshisekedi, ne veuille pas que Sindika soit un grain de sable dans la mécanique qui se met en place.  Si Lourenço et Tshisekedi sont appelés à être des alliés dans la lutte contre la corruption, forcement Tshisekedi aura besoin de Lourenço pour se démarquer de Kabila et créer son propre espace politique et de pouvoir. À son tour, Lourenço n'aimerait pas que la RDCongo  sert de base pour les attaques de Sindika contre le pouvoir à Luanda.
Les deux chefs d'État arriveront-ils à se surpasser?  Wait and see. 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 
Eduardo M.Scotty

Source: makaangola

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