dimanche 16 février 2020

Joâo Lourenço doit-il continuer à faire confiance à Edeltrudes Costa?

Si la corruption est un phénomène  contre lequel plusieurs pays luttent, l’Angola dans cette noble bataille est un cas unique. Il est particulier pour diverses raisons. En Angola tous les corrompus appartiennent à un même parti politique – le MPLA. Ils ont tous, à un moment ou à un autre de l’histoire de l’Angola, occupés ou occupent d’importantes fonctions dans l'administration de l'État à tous les échelons du pouvoir. De la présidence de la République au village le plus éloigné, les corrompus font légion. Même ceux qui, aux yeux de l'opinion publique, paraissent honnêtes, cachent des cadavres dans leurs placards. C’est le cas du chef de cabinet du président de la République, Edeltrudes Costa. Un homme qui a servi, au même poste, sous José Edaurdo dos Santos et à qui Joâo Lourenço a confié les mêmes fonctions. Á la surprise générale son nom est apparu dans un journal portugais comme étant celui qui a vu, sans aucune explication, sa bourse s'épaissir de plus de 17 millions de dollars de fonds publics sur son compte personnel à la Banco Angolano de Investimentos (BAI). Edeltrudes Costa se justifie en disant qu'il a gagné cet argent légitimement. João Lourenço doit-il licencier le chef de son cabinet, accepter sa démission ou le maintenir en fonction?
Dans ce cas précis, je m'interroge: Comment un régime qui s'est livré à la corruption, volant ses propres citoyens et pillant son propre pays depuis des décennies, peut-il être transformé? Je pense que pour ce dossier, le président doit saisir cette occasion, qui est unique en son genre, pour prouver que son engagement à lutter contre la corruption est inébranlable et juste. Pour cela, il faut recourir à la loi de la probité publique. La loi qui oblige les gouvernants à déclarer leurs avoirs avant d'accéder à des postes de responsabilité. Sinon, Edeltrudes Costa doit, en attendant que la justice fasse son travail, si justice il y a un jour, déposer sur la table de JLo sa démission, pour ne pas avoir déclaré tous ses revenus. Il garantirait ainsi le renforcement de la position du président dans sa mission ingrate de lutte contre la corruption. Encore une fois, il est essentiel, pour la crédibilité du processus anti-corruption, que la loi de la probité soit revue, afin que les déclarations des administrateurs puissent être consultées publiquement. L'Angola traverse une période de transition entre la corruption institutionnalisée et l'institutionnalisation de la lutte contre la corruption et l'impunité. Cette situation crée un climat de profond mécontentement parmi les principaux bénéficiaires du pillage. Il y a quelques semaines, un indéfectible ami de José Eduardo dos Santos, qui continue à graviter autour de João Lourenço dans le palais présidentiel, a déclaré, sans langue de bois, que s'ils (les corrompus) devaient abandonner le pouvoir, il vaut mieux détruire le pays et ne pas laisser `` pierre sur pierre ''. Il faut ici reconnaitre que: des déclarations de ce genre ne sont pas pour apaiser le climat dans le pays. Il y a ici une évidence: l'Angola se trouve à la croisée des chemins. Soit le pays recule de quelques décennies, soit les Angolais profitent de cette grande opportunité pour changer la direction de leur pays. De ce fait, ils doivent, par solidarité et avec un sens critique aigu, assurer la transition et le passage à un État de droit qui respecte la vie et la dignité humaine. À cette fin, ils doivent lutter pour la mise en place d'institutions solides et fonctionnelles, rompant les liens avec ceux qui les étranglent sous l'hégémonie exclusive du MPLA. De nombreux pays et d'innombrables citoyens étrangers se délectent de la stupidité des dirigeants angolais et de leurs familles, qui volent leur propre pays pour profiter d'une vie de luxe à l'étranger. Dans un pays qui ne cesse de s'endetter (dette a augmenté de 88,6% du PIB en 2018 à 103% en 2019, une monnaie dévaluée de 56%, un taux de chômage de 35%, des lignes de crédit auprès des banques européennes et chinoises chiffrées en milliards de dollars) l'avenir des générations futures est hypothéquée.
Quelqu'un a parlé de pessimisme? Alors vous n'avez encore rien vu.

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.
Source: angola24horas          



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