samedi 7 novembre 2020

Que se passe-t-il en Angola? Le Général Lourenço renoue-t-il avec les anciennes pratiques?

Cette question est sur toutes les lèvres dans les milieux intellectuels angolais et au sein des communautés angolaises à l'étranger. La manifestation organisée le 24/10/2020 par la jeunesse à Luanda et dans quelques villes à l'intérieur du pays a laissé une trace indélébile dans la mémoire collective. Jamais en Angola, à l'époque de Dos Santos, les jeunes ne s'étaient permis de défier l'autorité. Après son départ du pouvoir, le semblant d'ouverture politique amorcée par Joâo Lourenço a généré une certaine  confiance  dans la population au point où manifester est redevenu un droit. Un droit consacré dans la constitution. 

"Chassez le naturel, il revient au galop".  Il est difficile de changer en trois ans des habitudes acquises pendant plus de quarante ans. La police censée encadrer la manifestation du 24/10 s'est comportée exactement comme à l'époque de José Eduardo dos Santos. Obéissant aux ordres de leur  hiérarchie, les policiers ont interpellé  brutalement une centaine de jeunes manifestants. Une brutalité  qui  a occasionné inutilement des blessés et des arrestations. Parmi les interpellés, 71 sont condamnés pour "crime de désobéissance" et 29 sont relaxés. Dans les quartiers périphériques de Luanda, en réponse à cette brutalité, les états majors des jeunes s'organisent pour une méga manifestation le 11/11. Sur les réseaux sociaux, les jeunes angolais de la diaspora s'apprêtent, par solidarité à leurs frères de l'intérieur, à battre le pavé et lancer, à travers des manifestations dans plusieurs villes européennes, un message fort au Général Lourenço et à son gouvernement. Les promesses électorales non tenues par le Général Lourenço et les engagements pris  lors de ses  campagnes de mobilisation, ont fini par impatienter les jeunes. C'est le ras-le-bol. Trois ans après son arrivée au pouvoir, aucune excuse n'est plus permise. Le chômage est endémique. La lutte contre la corruption et l'impunité est sélective. Les conditions sociales de la population continuent désastreuses. Ceux qui travaillent gagnent un salaire de misère.  Ce tableau noir a fini par réveiller les consciences endormies pendant des années par la soporifique propagande du Mpla. Ce réveil, même tardif des jeunes, a généré une sorte de révolte au sein de la jeunesse. La date du 11/11, pour une grande manifestation, n'est pas choisie au hasard. D’ordinaire, c'est ce jour que, comme un seul homme, tous derrière le Mpla, le peuple fête sa libération du joug colonial et l’accession du pays à la souveraineté. Et depuis 44 ans, les festivités allusives à cet événement se passent sans aucune perturbation.  Seulement, cette  année risque de ne pas ressembler aux autres. L’arrivée au pouvoir du Général Lourenço en 2017, avec son lot des promesses électorales, a redonné de l'espoir aux Angolais. La lutte contre la corruption, l’amélioration des conditions sociales de la population et la création de 500.000 emplois pour les jeunes font partie  de ces promesses électorales. Seulement, entre promettre et concrétiser, la marge est immense. C’était sans compter avec la crise économique qui s’est abattue sur le pays privant le Général Lourenço des moyens de sa politique. La baisse du prix du baril de pétrole oblige le gouvernement à revoir ses prétentions au rabais. La découverte de l'immense trou financier laissé dans les caisses de l'État par les détourneurs de fonds publics handicape tout plan de développement. Il est donc  du devoir de Joâo Lourenço d'expliquer clairement à ceux qui lui ont confié son mandat de Chef de l'État les problèmes que connait le pays. Mais comme le Mpla n’a aucune culture du dialogue, tous les partis marxistes léninistes sont pareils, informer le peuple des difficultés que connait le pays s’apparente à un viol d'un secret d’État. Cela donne souvent cours à des spéculations. Et les jeunes qui, durant des années ont souffert en silence, ont décidé de remettre les pendules à l'heure et de demander des comptes au Général Lourenço. C'est le devoir de redevabilité. 

Que l'Unita soit derrière cette manifestation ou pas, que c'est que cela change? La manifestation n'est-elle pas un droit constitutionnel? Est-il interdit aux partis politiques de manifester?

Quarante cinq ans après, le problème de la distribution de l'eau potable et de l'électricité est toujours récurrent. La mauvaise qualité des soins médicaux et le manque des médicaments dans les hôpitaux, le manque des transports publics, la piètre qualité de l'enseignement et la lourdeur de la bureaucratie ne sont-elles pas des raisons suffisantes pour emmener les jeunes à manifester leur mécontentement? Faut-il pour cela que l'Unita soit derrière ce mouvement? C'est une insulte à notre jeunesse. Et vous, qu'en pensez-vous? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo M.Scotty             






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