mercredi 26 mai 2021

Le FNLA pourra-t-il un jour renaître de ses cendres?

Le FNLA, (Front National de Libération de l'Angola)pour ceux qui ne le savent pas,  est une coalition des mouvements et partis politiques du Nord de l’Angola (UPA , PDA, ALIAZO, NGUIZAKO) qui a vu le jour à Kinshasa en 1961 et dirigée depuis sa création par Holden Roberto. Après avoir lutté contre la domination coloniale portugaise, le FNLA a participé activement au côté du MPLA et de l’UNITA au processus de décolonisation, de 1974-1975, qui a débouché sur les accords de Alvor. Dans la guerre civile qui s’installe dans le pays après l’indépendance, et qui opposent le MPLA à l’UNITA de 1976 à 2002, le FNLA opte pour une attitude pacifiste qui ne lui profite pas. Transformé en parti politique, depuis le passage de l’Angola à un système soi-disant démocratique en 1992, le FNLA, absent sur le terrain militaire, est de plus en plus marginalisé sur le plan politique. La présence de Holden Roberto revenu d’exil en 1991 ne rassure pas les militants et sympathisants du FNLA. Nombreux sont ceux qui sont partis rejoindre le PDP-ANA de Mfulumpinga Nlandu Victor, un ancien membre du BP du FNLA entré en dissidence. Aux élections de 1992, le FNLA n’obtient que 5 sièges sur les 220 que comptent l’Assemblée nationale angolaise. C’est le début de la descente aux enfers. En 2007, Holden Roberto tire sa révérence et en 2008, année des élections générales, le FNLA n’obtient que 3 sièges au parlement. S’étant complètement éloigné de sa base, et ayant pratiquement perdu sa crédibilité  auprès des masses, le FNLA devient l’enfant pauvre de la politique angolaise. Certaines mauvaises langues disent que c’est le revers militaire subi à Kifangondo qui a éclipsé le FNLA et contraint son président à l’exil au Zaïre et en France. Pour d’autres observateurs plus indulgents, le FNLA n’a jamais vraiment émergé sur la scène politique angolaise. La propagande mensongère du MPLA, selon laquelle ses dirigeants sont des cannibales, a détruit l’image de ce parti historique dans l’opinion nationale. Pendant des années, le FNLA a trainé ce boulet au point de ne pas pouvoir se relever. 

En politique, tous les coups sont permis, dit-on. C'est de bonne guerre. Les adversaires, sur une scène politique, s'épient et se jaugent. C'est au plus au malin d'écrabouiller l'autre. Dès 1975, le MPLA qui refuse d'appliquer les accords de Alvor et proclame unilatéralement l'indépendance de l'Angola, craint déjà une possible coalition FNLA-UNITA. Au lendemain de l'accession du pays à sa souveraineté, le MPLA s'évertue sans succès à éliminer militairement l'UNITA qui représente un poids électoral important. Le FNLA s'étant éloigné de sa base naturelle ne constitue plus un danger pour le MPLA. La guerre civile qui dure plus de 27 ans sans réel vainqueur conforte le MPLA dans l'idée de bipolariser la scène politique angolaise. Dans ce schéma qui émerge de l'imaginaire collectif du MPLA, le FNLA ne figure pas. La mort de Holden Roberto en 2007 sonne le glas du FNLA  et facilite le plan du MPLA de vouloir faire disparaitre définitivement ce parti historique. Un malheureux concours de circonstances fait que la succession à la direction du FNLA ne se passe pas dans les meilleures conditions. Le parti ayant deux vice-présidents, Ngola KABANGU et Lucas NGONDA, les deux  se disputent violemment la direction du FNLA au point où il y a eu mort d'hommes. Le MPLA profite de la confusion qui s'installe au sein du FNLA pour s'inviter dans le débat. Puisque Ngola KABANGU est contesté par une partie de la direction du FNLA, le MPLA joue la carte de Lucas NGONDA qui parait facilement corruptible et, à travers des arrêtés du Tribunal  constitutionnel, l'impose durablement à la tête du FNLA. Malgré les protestations des militants proches de Ngola KABANGU, Lucas NGONDA, qui pourtant accuse un grand déficit de popularité au sein du parti, refuse toutes négociations avec l'autre camp et  aux élections de 2012 le MPLA "attribue" 2 malheureux sièges au FNLA et 1 seul en 2017. Juste pour que le FNLA ne sombre pas dans l'oubli. C'est un désastre politique. Cette manière de vouloir éliminer ses adversaires politiques en les poussant à disparaitre est une spécialité du Mpla. La même stratégie est employée  pour "tuer politiquement" Abel CHIVUKUVUKU. Adalberto Costa Junior, leader de l'UNITA, est dans le viseur de ce parti dominant. Tout homme politique qui refuse de faire allégeance au MPLA est un homme à abattre. Lucas NGONDA, devenu leur allié, continuera à bénéficier d'un siège au parlement. C'est pour cette raison que le congrès du FNLA prévu pour le mois de juillet est reporté par le Tribunal constitutionnelle pour permettre à Lucas NGONDA de demeurer à la tête du FNLA. Un éventuel changement perturberait la relation existant entre le MPLA et le FNLA. 

Pour remédier à cette situation, le FNLA doit revenir à ses fondamentaux. Rajeunir la direction du parti et respecter les partis qui, à sa fondation, ont constitué la colonne vertébrale du FNLA. Eviter de commettre les mêmes erreurs que Holden Roberto dans la gestion du parti. Des erreurs qui ont conduit à la défection des cadres issus du PDA et de ALIAZO. Le FNLA n'est pas l'affaire de seul UPA. Le respect des autres est très important. 

C'est comme ça, et seulement comme ça, que le FNLA pourra renaitre de ses cendres.  

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo MKS Scotty. 

 














     


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