lundi 11 janvier 2016

JES envisage de rester au pouvoir jusqu'en 2022.



En ce début d’année, j’aurais voulu commencer mon blog avec une analyse sur la suite du procès des 15+2. Seulement à la sortie de l’an 2015, un sujet que je ne pouvais pas laisser passer sous silence m’a interpellé. Ce sujet est d’actualité dans toute l’Afrique centrale; c’est celui relatif à la fin de mandat des présidents sortants. Au Burundi, au Rwanda, au Congo/Brazzaville, en Uganda ou en RDCongo, des débats, parfois virulents, tournent autour de cette préoccupation. L’Angola n’est pas en reste. Dans certains milieux le thème commence à prendre forme même s’il est débattu avec beaucoup de discrétion. Comme pour les deux dernières élections, cette fois encore, à quelques mois du scrutin, le problème de l’alternance à la présidence de la république se pose à nouveau. Surtout quand on sait que deux légères altérations de santé, une à Luanda la veille de son discours sur l’état de la Nation, et l’autre, en Afrique du Sud lors de la réunion Chine-Afrique, ont empêché le président de développer normalement ses activités, il y a de quoi dérouiller des appétits. Qui succédera à l’actuel Chef de l’État angolais? Si l’on tient compte de sa fragilité manifeste, la logique démocratique veut qu’une autre figure émerge dans le pays pour solliciter le suffrage populaire. Peut-on dire dans ce cas que JES est « out » ? Apparemment, non. Malgré ses deux petites indispositions, que nous ne pouvons ni ignorer, ni négliger, nous devons nous préparer à assister en cette période préélectorale à un scénario inédit. L’homme qui domine la politique angolaise, nonobstant la fragilité causée par le poids de l’âge et l’instabilité d’une santé qui se précarise, s’apprête à réaliser un autre coup de maître. Invoquant les circonstances exceptionnelles que le pays connait, le président se prépare à manipuler à sa manière, d’abord son propre camp, ensuite l’opposition et le reste de la population, pour rester au palais présidentiel jusqu’en 2022, quand il aura 80 ans. Dans son entourage le plus proche, on y réfléchit très sérieusement. Joâo Melo, éminent chroniqueur proche du pouvoir, a fait référence à cette possibilité dans une de ses chroniques sur Rede Angola.
 Il n’est pas un secret, pour personne, que dans le système angolais, le président contrôle une grande partie des pièces sur l’échiquier politique. Cependant, sa capacité à cimenter son pouvoir par des réformes « sages, subtiles et habiles », selon Sophia de Mello Breyne, spécialiste des questions africaines, ne lui permet pas de dominer toutes les variables. Et la première qu’il ne contrôle pas est l’évolution du prix de pétrole. En 2008 quand le parti qu’il dirige a gagné les élections législatives avec plus de 80%, le pays enregistrait une taxe de croissance de 17% par an, tout paraissait parfaitement lisse pour lui,  aucune contestation interne à l’horizon, l’opposition armée était décapitée en 2002 mettant fin à une guerre qui durait depuis 1975. L’économie donnait des signes encourageants qui garantissaient aux investisseurs stabilité et sécurité pour leurs investissements. À cette époque (2008), les prévisions pour le prix du pétrole évoluaient en augmentant aux environs de 100$ le baril. Personne ne s’attendait à la chute vertigineuse qu’a connue le prix du baril en 2015. Une dégringolade aux conséquences dévastatrices pour l’économie et aussi pour l’élite qui gravite autour du palais présidentiel. Selon Xavier de Figueiredo, un autre spécialiste des questions africaines : « La situation en Angola a radicalement changé à cause de la baisse du prix du baril, mais l’effet plus nocif est politique ». Le pétrole étant le pilier qui supporte les finances de l’État, la chute du prix du baril a surpris les dirigeants et exposé un pays plein de fragilités. Il n’y a pas une économie alternative au pétrole. Durant plusieurs années, ils ont créé une apparence, mais elle n’existe pas ».
« Aujourd’hui, les autorités angolaises s’évertuent à battre à toutes les portes » affirme Manuel Ennes Ferreira, un professeur universitaire et expert en politique africaine. « Le refus des EUA de leur apporter de l’aide les a poussé à se tourner vers la Chine pour un emprunt estimé à 25 milliards de dollars ». Contre ce prêt, l’exécutif angolais concède cinq cent mille hectares de terre cultivable avec de l’eau dans la province de Kuando Kubango pour les entreprises chinoises qui vont s’installer dans cette région. Cette situation génère le mécontentement des éleveurs locaux dont les pâturages sont remplacés par des champs de riz. Ceci est la deuxième variable que le PR n’arrive pas à contrôler : la contestation sociale.   
Je ne veux pas revenir ici au cas des 15+2 « revus » arrêtés et emprisonnés pour tentative de coup d’État parce que la fabrication des ennemis du régime, réels ou imaginaires, et des situations de tension font partie d’une claire orientation du parti au pouvoir en Angola pour assurer l’unité de ses militants et être toujours à l’avant-garde du combat politique.
Je ne veux pas non plus revenir sur toutes les conséquences de la chute du prix du baril. Beaucoup d’intellectuels, journalistes et chroniqueurs l’ont déjà fait, mieux que moi. Revenons plutôt aux subterfuges qui font que l’alternance, en tout cas en ce moment, est impossible dans notre pays.
D’abord, s’il y a une chose que nous devons éviter dans le pays, c’est sous-estimer l’extraordinaire capacité du PR à détourner en sa faveur des situations qui, apparemment, lui sont défavorables. Rappelez-vous,  pendant la guerre il ne voulait pas quitter le pouvoir parce qu’il voulait laisser le pays en PAIX. Quand est arrivée la PAIX, il a justifié sa permanence au pouvoir parce qu’il voulait RECONSTRUIRE le pays. Maintenant qu’une grande partie du pays est RESCONSTRUITE, il s’accroche au pouvoir parce la situation économique est DESASTREUSE.
Le président Dos Santos a consacré à son pays ce qu’il avait de mieux : sa jeunesse. Le peuple angolais lui en sait gré. N’est-il pas temps de passer la main pour un repos bien mérité? N’a-t-il pas reconnu lui-même qu’il était resté trop longtemps au pouvoir  (Tv Brasil) ?
J’espère que vous aussi vous vous posez les mêmes questions.
 
Eduardo Scotty Makiese.

1 commentaire:

  1. Adrien.
    Va-t-on assister à la KURUNZIZATION de la situation politique en Angola?

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