Lorsqu’en 2010, le Mpla soumet à l'agrément
des Angolais, à travers ses représentants à l'Assemblée nationale, une loi fondamentale (constitution) atypique qui attribue plus de
pouvoir au président de la République et supprime l’élection présidentielle au
suffrage universel, l’opposition et la société civile ont crié à la
confiscation des droits élémentaires des citoyens. Réconforté par sa majorité
parlementaire, le Mpla a ignoré volontairement ces appels à la raison.
Aujourd’hui, au vu d’un sondage commandé par la présidence de la République
auprès de la société brésilienne SENSUS, le Mpla est donné gagnant avec 38% de
suffrage, l’Unita 32% et Casa-ce 26%. Les autres partis se partagent les 4%
restants. Dans l’éventualité où la fraude ne serait pas massive et que ces
résultats se vérifiaient, le Mpla serait minoritaire à l’Assemblée nationale.
Du coup, le président élu se trouve dans l’obligation de mettre en place un
gouvernement de coalition. Quand on connait le dessein du Mpla à rester éternellement au pouvoir, je me demande si dans l’esprit des
auteurs de la constitution angolaise, l’idée d’un gouvernement de coalition faisait partie du calcul. D’ailleurs, le candidat du Mpla ne cache pas son intention de
gouverner seul à l’issue de ces élections. Partout où il passe, il demande à la
population de lui donner une majorité absolue. Certainement, il a vu ce sondage
et il est très préoccupé.
Pourquoi le Mpla connait-il une
telle baisse dans l’opinion ? Selon un autre sondage commandé par la
présidence de la République, toujours auprès de SENSUS, 87% d’Angolais estiment
que les politiques publiques mises en place par le Mpla n’ont pas amélioré la
qualité de vie des populations. Les 27 ans de guerre contre l’Unita ne peuvent
pas justifier l’incompétence des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir à
Luanda. Ce sondage réalisé auprès de 9.155 personnes, de différents niveaux
d’études et de classes sociales, ne
plaide vraiment pas en faveur du Mpla au pouvoir depuis 1975. Dans cet
échantillon on retrouve plusieurs sympathisants du Mpla et leur présence dans
ce panel inquiète sérieusement le pouvoir. Si des militants commencent à douter
de l’efficacité de leur parti, il y a un problème. Alors pour reprendre la
main, à l’instar de l’Unita et de Casa-ce, le Mpla élabore et distribue à la
population un manifeste expliquant son programme pour les cinq années à venir. Ceux
qui ont eu l’occasion de lire cette profession de foi ont constaté qu’il ne
s’agit que d’une longue liste des objectifs à atteindre. Le Mpla n’explique pas
comment il fera pour réaliser ces objectifs. Avec quels moyens ? « Améliorer
ce qui est bien et corriger ce qui est mal » est la formule sur laquelle
repose ce manifeste. Seulement, le problème est que ce sont eux qui ont
conduit le pays là où il est maintenant. Il n’y a donc rien à améliorer, tout
est à corriger. Et si tout est à corriger, pourquoi confier le pouvoir au parti
qui est l’auteur du désastre ? Un peu plus loin dans ce programme, le Mpla
s’engage à éradiquer la faim et combattre la pauvreté. Un tel combat ne peut se
faire qu’à travers des programmes de gouvernement qui consistent à distribuer
des subsides sociaux aux pauvres. Concrètement, dans la situation actuelle, le
Mpla en a-t-il les moyens ? Quand le dauphin de Dos Santos répète à
longueur des journées qu’il va combattre la corruption, stimuler la compétence,
l’honnêteté et décourager le népotisme, à qui pense-t-il ? À son
prédécesseur et à toute l’amicale qui le soutient ? Les corrompus en
Angola, qui sont-ils ? De sa réponse dépend le sérieux de ses
propositions. De l’avis des observateurs, ce que contient le programme du Mpla,
ce sont des idées générales et des considérations abstraites.
Quant à l’Unita, son manifeste
parait plus construit, intelligent, bien écrit et bien pensé. On y trouve 4
axes stratégiques qui s’ouvrent sur 7 mesures d’urgence nationale. Les
propositions vont d’un gouvernement inclusif et participatif à la valorisation
de la famille en passant par le combat contre la pauvreté, l’égalité de
chances, la restructuration de l’économie et la pluralité dans la communication
sociale. Toutes ces propositions sont chiffrées et les sources de financement
bien définies. Un programme plus court, plus incisif aurait fait l’affaire,
mais face à la crise que traverse le pays,
aux grands maux, grands remèdes.
Le manifeste de Casa-ce d’Abel
Chivukuvuku se distingue des autres par le brouillard qui entoure ses propositions.
En examinant les 220 idées que contient le programme de cette coalition, on a
quelques difficultés à démêler les mesures réalisables de celles qui ne verront
jamais le jour. D’une manière générale, les propositions des amis d’Abel
manquent de cohérence.
Comment garantir le développement
économique de l’Angola ? Comment garantir l’éducation et les opportunités
pour les jeunes, et la santé pour la population ? Comment faire concrètement
pour éradiquer la corruption qui vandalise le pays ? Comment garantir une
justice juste pour tous ? Ce sont
ces questions auxquelles les futurs dirigeants doivent, à mon humble avis, répondre. Qu’en pensez-vous ?
Sobamasoba, l’analyse politique
qui informe.
Eduardo Scotty M.
Source : Makaangola
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