« Améliorer
ce qui est bon et corriger ce qui ne l’est pas ». Ce slogan, le
candidat du Mpla aux élections générales du 23 août 2017 l’a porté durant toute
sa campagne électorale. Pensée par les stratèges politiques du Mpla, la formule
a séduit énormément d’électeurs puisqu’en bout de course, le Mpla et Joâo
Lourenço ont remporté le scrutin avec 61% de voix. Jusqu’ici, rien
d’inconvenant. C’est à partir du moment où le candidat devenu président essaye
de matérialiser ce slogan pour le rendre plus présent dans la vie quotidienne
des Angolais, que le problème commence à se poser. « Corriger ce qui n’est pas bon »,
cette partie du slogan est, de l’avis de plusieurs Angolais, une reconnaissance
subtile des erreurs commises par les gouvernements précédents, et cela dérange
beaucoup le fan-club des « eduardistes ».Ils refusent toute
responsabilité dans la situation que connait actuellement le pays. Pourtant, ce
sont leurs erreurs qui ont longtemps pénalisé le peuple et appellent aujourd’hui
à des réformes structurelles pour le bien de tous. Seulement, au vu de leur réaction
(les faucons du Mpla), il semble qu’ils ne sont pas prêts à accepter les corrections
envisagées par le nouveau pouvoir.
Depuis l’entrée en
fonction du président Joâo Lourenço, la population a la nette impression de
vivre quelque chose de nouveau, quelque chose de différent. Les quelques
mesures prises par le nouveau pouvoir dans le cadre de la restructuration de
son administration ont engendré une onde de satisfaction au sein de la
population. Ces mesures sont, certes, aux antipodes des usages du parti et
peut-être contraires aux méthodes de gouvernance de précédents gouvernements,
mais ne dit-on pas qu'« aux grands maux, grands remèdes ? ». Le
réalisme dont fait montre Joâo Lourenço n’est pas, comme veulent nous faire
croire certains caciques du Mpla, un quelconque déviationnisme. Le spectacle
auquel nous assistons depuis son installation à la présidence de la République,
des nominations et surtout des limogeages en cascade, correspond exactement aux
attentes du peuple. Qu’il y ait, comme je l’ai souligné, des réactions parfois
violentes de certains politiciens de la majorité, c’est très compréhensible. Ils
ne sont pas habitués. Le cas de Joâo Pinto, un député du Mpla connu pour son
attachement au président Dos Santos est une vivante illustration. Cet homme, un
pur produit du marxisme-léninisme, n’a pas hésité de menacer le nouveau Chef
d’État de pires conséquences tout simplement parce qu’il a démis de leurs
fonctions les enfants de l’ancien président Dos Santos. Un limogeage que le
peuple angolais attendait et qu’il a apprécié à sa juste valeur au point de
fêter l’événement. Si Mr. le député avait un esprit plus ouvert, il aurait su
que les promesses électorales ne sont pas des promesses en l’air. Généralement,
les électeurs tiennent compte de leur concrétisation pour pouvoir juger leurs
élus. S’enfermer dans une colère incontrôlée, et qualifier un président
démocratiquement élu de populiste à la recherche de notoriété est un manquement
grave. Venant d’un député de la majorité, un commentaire de cette nature montre
de quel côté se trouve réellement le Mpla. Sinon, un président élu avec 61% de
suffrage n’est-il pas un homme suffisamment populaire pour entamer des réformes
et s’entourer des personnes compétentes de son choix? Et dire que « le
Mpla est le peuple et le peuple est le Mpla », quelle blague !
Jusqu’à
ce jour, le président Lourenço n’a encore mis personne en prison pour détournement des fonds
publics. Qu’arrivera-t-il quand les pilleurs des coffres de l’État seront
appelés à rendre des comptes à la Justice ? D’ailleurs, rien n’indique que
les mesures prises jusqu’à présent par Joâo Lourenço ne sont pas un arrangement
concerté avec le président sortant. Dans les hautes sphères du pouvoir, il se
murmure que nonobstant les limogeages effectués par le nouveau pouvoir, les
deux présidents (Mpla et gouvernement) continuent à entretenir des relations
très cordiales. Il y a donc suspicion que les changements introduits par Joâo
Lourenço soient le résultat d’une concertation entre lui et son prédécesseur.
Dino Matross, secrétaire général du Mpla n’a-t-il pas affirmé que : « Joâo
Lourenço ne fera rien sans le patronage du parti. Tout ce qu’il fait est le
résultat d’un débat au sein du parti ». C’est dommage que Joâo Pinto ne
soit pas au courant de ce qui se trame à la direction de son parti sinon il n’aurait
pas réagi de la sorte. Je vous rassure tout de suite, il n’est pas le seul dans
ce cas. Kundi Pahama, le gouverneur de la province de Cunene fait aussi partie
de ce noyau dur du parti qui veut mettre des bâtons dans les roues du
gouvernement actuel. Et au fur et à mesure que les limogeages tombent, la liste des réfractaires s’allonge. Aux dernières nouvelles, Ambrosio de Lemos (Patron de la police) et José Maria ( Chef des services de sécurité) ont été limogés. Et si l’ex-président Dos Santos dans son repenti avait
décidé de donner à son successeur, Joâo Lourenço, la possibilité de réaliser ce
qu’il n’a pas pu faire, cela peut-être une explication. Les révocations font,
certes, mal, mais quand elles sont justifiées, la douleur est moins pénible. Et
vous, pensez-vous que le Président Joâo Lourenço mérite les foudres des
caciques du Mpla ? Le procès d’intention qu’on lui fait, est-il
justifié ?
Sobamasoba, l’analyse
politique qui informe.
Eduardo Scotty M.
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