jeudi 13 septembre 2018

Le MPLA survivra-t-il au vent du changement?


 
Ca y est. Le congrès extraordinaire tant attendu a eu lieu. Le Mpla a son nouveau président en la personne de Joâo Lourenço. Entre les émotions mal contenues d’un président sortant qui s’est repenti en assumant publiquement ses erreurs et la détermination affichée par le nouveau président qui, d’entrer de jeu, a donné un coup de pied dans la fourmilière, il n’y avait pas d’espace pour l’hypocrisie. Les centaines de délégués et militants présents dans la salle de congrès de Belas ont eu le privilège d’assister à un passage de témoin apparemment pacifique. Personne n’était dupe. La tension entre José Eduardo dos Santos et Joâo Lourenço était palpable. Visiblement, JES regrette   amèrement d’avoir cédé le pouvoir à celui qu’il croyait être un fidèle. Ne l’avait-il pas nommé au poste de ministre de la Défense nationale et à celui de vice-président du Mpla ? Ne lui était-il pas redevable ? Apparemment, il s’était trompé dans son choix. Beaucoup de ses amis n’ont cessé de le lui reprocher. La preuve : la voie choisie par son successeur pour sortir le pays de la crise cause quelques soucis, et non des moindres, à tous ceux qui gravitaient autour de lui. Dans les hautes sphères du parti et de l’État, la quiétude d’hier a laissé la place à l’incertitude du lendemain.

"Les maux que nous devons corriger et surtout combattre sont la corruption, le népotisme,  l’hypocrisie et l’impunité. (…) Ces maux sont l’ennemi public numéro un contre lequel nous avons l’obligation de lutter et de vaincre. Dans cette croisade, le MPLA doit prendre les devants, être en première ligne, assumer le rôle de leader, même si les premiers à tomber sont les militants ou de hauts dirigeants du  MPLA ». Ces paroles sont de Joâo Lourenço, le  président élu du MPLA. Elles ont été prononcées lors de la clôture du congrès extraordinaire qui l’a porté à la tête de ce parti.

« Être membre du MPLA n’est pas une porte ouverte vers l’enrichissement illicite ». Des mots très forts qui continuent à résonner dans  l’enceinte de cette illustre salle même après le départ de tous les militants et cadres du MPLA. Le président Joâo Lourenço a fixé le cap de sa politique basée sur la correction de ce qui est mal et l’amélioration de ce qui est bien. Pour y arriver, le Bureau politique et le Comité central issus de ses assises ont été profondément modifiés.  Beaucoup de caciques sont restés sur le bord de la route. Il est difficile de lutter contre la corruption quand on est entourée des dirigeants corrompus jusqu’à la moelle épinière.  Paulo Cassoma, Dino Matross, Higinio de Carneiro, Roberto de Almeida, França Ndalu, Kundi Payama, Manuel Vicente, Joâo Miranda et Joana Lina cessent d’être  membres du BP du Mpla. Dans le comité central et le nouveau BP, Joâo Lourenço a injecté du sang nouveau. Sortir le pays du marasme dans lequel l’a plongé JES et ses amis exige du l’honnêteté et du patriotisme. La présence de ces hommes et femmes dans les instances dirigeantes du parti pendant plus de trente ans a écorché l’image du parti.  Pour le public angolais, le Mpla est devenu un parti dont les membres sont dépourvus de moralité. Les valeurs sur lesquelles le Mpla a bâti sa force politique sont piétinées par ses éminents dirigeants qui placent leurs propres intérêts au-dessus de ceux de la population. Intégrité, fraternité, solidarité, justice sont des valeurs qu’on ne retrouve plus dans le Mpla. Elles ont été remplacées par la cupidité, l’égoïsme, la corruption, le népotisme et l’hypocrisie. La mise à l’écart de ces dinosaures, même si elle correspond aux attentes du peuple, n’est pas sans danger pour la stabilité du nouveau régime. Dans cette nouvelle configuration qui se met en place dans le pays, le pouvoir doit poser des actes très forts pour refréner les ardeurs de tous ceux qui auraient des idées cagneuses derrière la tête.  La meilleure manière de tordre le cou à ce genre d’individus, c’est de commencer par mettre en prison tous ceux dont les délits sont avérés. Filomeno dos Santos (Zenu), Jean Claude Bastos de Morais, Isabel dos Santos, Valter Filipe devaient être en prison. Leur arrestation donnerait de la matière à réflexion à tous ceux qui oseraient s’en prendre, d’une manière ou d’une autre, à l’actuel président de la République.

L’Angola vit en ce moment une vraie rupture avec son passé. Dans les milieux intellectuels, les avis sont partagés entre ceux qui baignent plus ou moins dans la corruption et ceux qui vivent honnêtement de leur revenu. Blessés dans leur amour propre, les exclus du BP et du CC ne s’avoueront pas vaincus. Le président Joâo Lourenço est-il suffisamment outillé pour contrer ces millionnaires auxquels il a retiré le pain de la bouche ?  Que nous réserve l’avenir ?  Wait and see.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M.Scotty.           

 

                                                                                                                              

 

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