mercredi 11 septembre 2019

José Eduardo dos Santos, finira-t-il un jour devant un tribunal?


Les Angolais vivent actuellement une période quelque peu mouvementée dans la mise en place d’un État de droit dans leur pays. L’application des lois dans toute sa rigueur est un préalable dans la procédure qui conduit à une société égalitaire devant la Justice. Une société dans laquelle personne n’est au-dessus des lois. Habitués à subir la loi, les Angolais sont émerveillés (le mot n’est pas assez fort) de constater que ceux qui se croyaient intouchables hier sont des justiciables comme tous les autres citoyens de ce pays. Même si elle reste sélective, la justice en Angola marque des points. Tous ceux qui n’ont pas la conscience tranquille se demandent à quel moment l’épée de Damoclès s’abattra sur eux. Au début du mois d’août de cette année, la chambre criminelle de la Cour suprême a engagé des poursuites pénales sur demande du Procureur général (MP) contre Manuel Rabelais, ancien homme fort de José Eduardo dos Santos, dans les domaines de la communication sociale et de la publicité - et Hilário Alemão dos Santos - assistant administratif de GRECIMA, ancien organe de coordination de la communication de Dos Santos. Le plus important dans cette incrimination n’est pas son contenu, mais le fait que le Ministère public demande l’ouverture d’une instruction contradictoire, essentiellement pour entendre l’ex-président dans le contexte d’une procédure pénale, afin de confirmer que Manuel Rabelais ait ou non agi sur ordre du Président de la République, comme l'affirme sa défense. Le Ministère public est le pouvoir judiciaire dirigé par le procureur général de la République (PGR). Par conséquent, le Ministère public suppose clairement qu'il a l'intention de faire comparaitre l'ancien président de la République devant un tribunal et de comprendre son rôle dans les crimes reprochés à Rabelais et Hilário Santos: détournement de fonds, violation des règles d'exécution du budget et du plan, attribution indue d'avantages et blanchiment d'argent. Comme les observateurs avertis l’affirment, Dos Santos ne bénéficie d’aucune immunité à ce stade de la procédure. Il peut être convoqué, entendu en tant que témoin et éventuellement, le cas échéant, inculpé. Ni le statut des anciens présidents de la République (loi n ° 16/17 du 17 août) ni le règlement sur le même sujet (décret présidentiel n ° 223717 du 22 septembre) ne contiennent de règles régissant l'audition des anciens Présidents. D'autre part, le statut du député (loi n ° 17/12 du 16 mai) ne se prononce pas non plus sur le sujet, en transcrivant l'article constitutionnel (article 151 de la Constitution) sur les immunités parlementaires. Par conséquent, afin de comprendre les procédures à appliquer à Dos Santos pour définir son rôle de témoin dans une affaire pénale, il y a lieu, pour une meilleure application, de mettre ensemble la Constitution, la législation sur les anciens présidents de la République, le Statut des députés et le Code de procédure pénale. En bref, la seule question à propos de l’impératif pour JES de faire une déclaration dans une procédure pénale est simplement de savoir s’il devrait être obligé de comparaître devant un tribunal ou d’être entendu à la maison. Pour le reste, il est clair qu'il doit être entendu et a le devoir de collaborer avec la justice. Il reste maintenant à décrire brièvement l’accusation portée contre Manuel Rabelais et Hilário Santos. L’accusation allègue que Rabelais, dans le cadre de ses fonctions de directeur de GRECIMA, a notamment effectué en 2016 et 2017 diverses opérations bancaires au moyen desquelles il a demandé à la Banque Nationale d’Angola d’acquérir des devises pour un montant total de 110 millions de dollars. Ces devises, une fois obtenues, ont permis à Rabelais, avec l’aide de son complice  Hilario Santos, d’ouvrir une agence de change exclusivement tournée en faveur des entreprises de ses amis et des particuliers de son entourage immédiat. En résumé, Rabelais a obtenu des devises de la Banque Nationale d’Angola en invoquant des affaires officielles puis les vendait au prix fort de manière rentable à des particuliers. Il retirait également des comptes officiels de l'organisme public (GRECIMA) d’importantes sommes d’argent qu’il plaçait sur ses comptes privés. Dans ce contexte, plusieurs millions d'euros ont été déplacés. Et beaucoup de ces millions d’euros se sont retrouvés dans des comptes offshore de Rabelais. C’est là que l’ex-président Dos Santos entre en scène. Lors de son interrogatoire, Rabelais a affirmé que plusieurs de ces millions de dollars détournés l’ont été sur ordre de José Eduardo Dos Santos pour réaliser des opérations secrètes au bénéfice de l’État angolais. Et Rabelais d’ajouter : toutes les opérations financières réalisées l’ont été avec la bénédiction de l’ancien président. C'était un moyen de renforcer le financement du bureau qu'il dirigeait. Pour le jugement, attendons maintenant que la justice fasse son travail.  Sur les opérations secrètes ordonnées par JES et les ordres de commettre des actes qui peuvent être qualifiés de crimes, nous espérons que l'ancien président de la République se prononcera. Puisque selon la Cour constitutionnelle de l’Angola, seul le Chef de l’État est responsable des actes posés par le gouvernement. Les ministres et autres responsables ne peuvent pas être interpellés par les députés au parlement. Maintenant qu’il n’est plus aux affaires, c’est le moment de nous expliquer.

Il y a un temps pour tout.

Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.

Eduardo M. Scotty.

Source ; makaangola.

 

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