Les Angolais vivent actuellement une période quelque peu
mouvementée dans la mise en place d’un État de droit dans leur pays.
L’application des lois dans toute sa rigueur est un préalable dans la procédure
qui conduit à une société égalitaire devant la Justice. Une société dans
laquelle personne n’est au-dessus des lois. Habitués à subir la loi, les
Angolais sont émerveillés (le mot n’est pas assez fort) de constater que ceux
qui se croyaient intouchables hier sont des justiciables comme tous les autres
citoyens de ce pays. Même si elle reste sélective, la justice en Angola marque
des points. Tous ceux qui n’ont pas la conscience tranquille se demandent à
quel moment l’épée de Damoclès s’abattra sur eux. Au début du mois d’août de
cette année, la chambre criminelle de la Cour suprême a engagé des poursuites
pénales sur demande du Procureur général (MP) contre Manuel Rabelais, ancien
homme fort de José Eduardo dos Santos, dans les domaines de la communication
sociale et de la publicité - et Hilário Alemão dos Santos - assistant
administratif de GRECIMA, ancien organe de coordination de la communication de
Dos Santos. Le plus important dans cette incrimination n’est pas son contenu, mais
le fait que le Ministère public demande l’ouverture d’une instruction
contradictoire, essentiellement pour entendre l’ex-président dans le contexte
d’une procédure pénale, afin de confirmer que Manuel Rabelais ait ou non agi
sur ordre du Président de la République, comme l'affirme sa défense. Le
Ministère public est le pouvoir judiciaire dirigé par le procureur général de
la République (PGR). Par conséquent, le Ministère public suppose clairement
qu'il a l'intention de faire comparaitre l'ancien président de la République
devant un tribunal et de comprendre son rôle dans les crimes reprochés à
Rabelais et Hilário Santos: détournement de fonds, violation des règles
d'exécution du budget et du plan, attribution indue d'avantages et blanchiment
d'argent. Comme les observateurs avertis l’affirment, Dos Santos ne bénéficie
d’aucune immunité à ce stade de la procédure. Il peut être convoqué, entendu en
tant que témoin et éventuellement, le cas échéant, inculpé. Ni le statut des
anciens présidents de la République (loi n ° 16/17 du 17 août) ni le règlement
sur le même sujet (décret présidentiel n ° 223717 du 22 septembre) ne
contiennent de règles régissant l'audition des anciens Présidents. D'autre
part, le statut du député (loi n ° 17/12 du 16 mai) ne se prononce pas non plus
sur le sujet, en transcrivant l'article constitutionnel (article 151 de la
Constitution) sur les immunités parlementaires. Par conséquent, afin de
comprendre les procédures à appliquer à Dos Santos pour définir son rôle de
témoin dans une affaire pénale, il y a lieu, pour une meilleure application, de
mettre ensemble la Constitution, la législation sur les anciens présidents de
la République, le Statut des députés et le Code de procédure pénale. En bref,
la seule question à propos de l’impératif pour JES de faire une déclaration
dans une procédure pénale est simplement de savoir s’il devrait être obligé de
comparaître devant un tribunal ou d’être entendu à la maison. Pour le reste, il
est clair qu'il doit être entendu et a le devoir de collaborer avec la justice.
Il reste maintenant à décrire brièvement l’accusation portée contre Manuel
Rabelais et Hilário Santos. L’accusation allègue que Rabelais, dans le cadre de
ses fonctions de directeur de GRECIMA, a notamment effectué en 2016 et 2017
diverses opérations bancaires au moyen desquelles il a demandé à la Banque Nationale
d’Angola d’acquérir des devises pour un montant total de 110 millions de
dollars. Ces devises, une fois obtenues, ont permis à Rabelais, avec l’aide de
son complice Hilario Santos, d’ouvrir
une agence de change exclusivement tournée en faveur des entreprises de ses
amis et des particuliers de son entourage immédiat. En résumé, Rabelais a
obtenu des devises de la Banque Nationale d’Angola en invoquant des affaires
officielles puis les vendait au prix fort de manière rentable à des
particuliers. Il retirait également des comptes officiels de l'organisme public
(GRECIMA) d’importantes sommes d’argent qu’il plaçait sur ses comptes privés.
Dans ce contexte, plusieurs millions d'euros ont été déplacés. Et beaucoup de
ces millions d’euros se sont retrouvés dans des comptes offshore de Rabelais.
C’est là que l’ex-président Dos Santos entre en scène. Lors de son
interrogatoire, Rabelais a affirmé que plusieurs de ces millions de dollars
détournés l’ont été sur ordre de José Eduardo Dos Santos pour réaliser des
opérations secrètes au bénéfice de l’État angolais. Et Rabelais d’ajouter :
toutes les opérations financières réalisées l’ont été avec la bénédiction de l’ancien
président. C'était un moyen de renforcer le financement du bureau qu'il
dirigeait. Pour le jugement, attendons maintenant que la justice fasse son
travail. Sur les opérations secrètes
ordonnées par JES et les ordres de commettre des actes qui peuvent être
qualifiés de crimes, nous espérons que l'ancien président de la République se
prononcera. Puisque selon la Cour constitutionnelle de l’Angola, seul le Chef
de l’État est responsable des actes posés par le gouvernement. Les ministres et
autres responsables ne peuvent pas être interpellés par les députés au
parlement. Maintenant qu’il n’est plus aux affaires, c’est le moment de nous
expliquer.
Il y a un temps pour tout.
Sobamasoba, l’analyse politique qui informe.
Eduardo M. Scotty.
Source ; makaangola.
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