lundi 21 septembre 2020

Élections locales: le MPLA marche au bord d'un précipice.

Le débat, au cours de ces dernières semaines, tourne autour des élections locales à organiser en Angola. Membre de CPLP (communauté des pays de langue portugaise), l’Angola est le dernier à ne pas avoir encore organisé des élections locales sur son territoire. Pour se mettre au niveau de ses partenaires de la CPLP, le Général Lourenço, à son arrivée au pouvoir, promet de corriger cette lacune en 2020. Seulement, la détermination du Général (propagande électorale ?) de doter les communes et municipalités des dirigeants élus directement par le peuple, s’est, en trois ans, graduellement désagrégé à mesure que l’image du Mpla (parti au pouvoir) était écorchée au rythme des scandales financiers. La lutte contre la corruption initiée par le Général Lourenço a mis à nu la perfidie des membres de son parti . Le peuple, dans sa majorité, a compris combien les dirigeants du Mpla, à tous les niveaux de l’administration de l’État, se servaient au lieu de servir. La direction du Mpla est arrivée à la même conclusion au vu du nombre des corrompus que compte le parti. Dans ces circonstances, organiser des élections dont on connait déjà le dénouement, est un suicide politique que le Mpla se refuse de s’infliger. Alors, à l’Assemblée nationale, c’est le blocage du vote du paquet législatif.  Le Covid19 est invoqué pour justifier l'injustifiable.   

Dans les échanges qui s'ensuivent au parlement, un député de CASA-CE  accuse le Mpla de suivre à nouveau une politique  de loyauté  aveugle  envers  son chef, exactement comme  à l'époque du président  José Eduardo dos Santos. Sur les ondes de la RNA,  le Général Lourenço a affirmé que c'est la faute de ceux qui doivent adopter les lois et qui ne l'ont pas fait, et sans lois, il est impossible de tenir les élections  locales. Comme il fallait s'y attendre, le Bureau politique du Mpla se félicite de la position de son président.

Du coté de l'opposition parlementaire, on considère qu'il y a du cynisme de la part du président car la seule personne responsable de cet imbroglio est João Lourenço lui-même et son parti. Un parlementaire proche de l'UNITA, David Mendes, a déclaré, à cet effet, qu'il ne comprenait pas comment le MPLA pouvait dire qu'il n'y aurait  pas d'élections parce que les lois n'ont pas été adoptées alors que la proposition de lois doit émaner de leur groupe. Et, curieusement, à l'Assemblée, ce sont eux qui se félicitent de la position du président de la République. Des suiveurs aveugles qui refusent de comprendre que la responsabilité directe de la non-adoption des lois soutenant les municipalités incombe au Général Lourenço lui-même. Que tristeza!

«Le Président de la république est le Chef de l'Etat et de l'Exécutif. Les propositions de lois viennent de l'exécutif. Il est donc de l'intérêt de ceux qui envoient les propositions de lois à l'Assemblée de chercher à savoir si elles sont  approuvées ou non.  Et en sa qualité de Chef de l'Etat et du Mpla, le Général Lourenço est le superviseur de tous le système qui gère le pays», a ajouté David Mendes. "Puisqu'il est le président du Mpla, pourquoi n'a-t-il pas demandé à son groupe parlementaire d'adopter ces lois?" Manque de volonté politique ou la peur de perdre la face?

Dans ce même ordre d'idées, Manuel Fernandes, du groupe parlementaire de CASA-CE,  considère qu'il existe déjà des signes de «Lourencisme» en Angola, similaires au «Eduardisme» de triste mémoire. «Parfois, les dirigeants du Mpla pensent que le peuple est toujours distrait, mais le peuple sait déjà aujourd'hui qui a le couteau et le fromage entre les mains». Le cas de Sâo Vicente, patron des Assurances AAA, époux de Irène Neto, fille de Agostinho Neto, avec 900 millions de dollars dans des comptes cachés en Suisse vient écorcher un peu plus l'image du Mpla..

Dans les pays membres de CPLP (Brésil, Portugal, Mozambique, Sâo-Tomé Principe, Timor Est, Cap-Vert) les élections locales sont ancrées dans leurs coutumes de gestion de la chose publique. Dans ces pays qui vivent cette expérience, les élections locales ont  inséré dans les rouages de l'État  des hommes et des femmes issus des partis politiques différents. C'est cette différence qui conduit les dirigeants élus à mettre en application le programme politique de leurs partis respectifs et de permettre au peuple de se faire une idée de la capacité des uns et des autres à résoudre les problèmes du peuple. Le Mpla a-t-il peur que l'on compare sa gestion avec celle des autres? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Edaurdo M.Scotty



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