mardi 1 septembre 2020

Mentez, mentez...il en restera toujours quelque chose.

“Corriger ce qui est mal, améliorer ce qui est bien” (corrigir o que está mal, melhorar o que está bem). Ce slogan “programme” resonne  encore dans les oreilles des Angolais trois ans après l’arrivée du Général Lourenço à la tête de l’État  et du Mpla. Naïvement, peut-être pour oublier rapidement la mauvaise gestion de Dos Santos, les Angolais ont tout de suite adhéré au point de vue de leur nouveau Président de la République, décidé  à  apporter un changement dans le pays. Trois années après, quel contenu le Général Lourenço attribue-t-il concrètement à ce concept (mal/bien) lorsque  l’on est issu de la même formation politique que son prédécesseur ?  Il est de notoriété publique  que le Mpla, parti au pouvoir en Angola depuis 1975, a un programme  sur lequel reposent toutes ses actions socioéconomiques et politiques. Logiquement, s’il y a des erreurs qui ont été commises par son prédécesseur et que le nouveau président  considère  comme un "mal" qu’il se doit de corriger, peut-on sous-entendre que le programme de ce parti comporte des insuffisances ? Le prédécesseur, auteur supposé du "mal", n'a-t-il  pas été à la hauteur de la fonction? Dans ce cas, à quel niveau va s’opérer la correction promise ? Va-t-on corriger le programme  du parti ou va-t-on corriger le modus operandi ? La difficulté du Général Lourenço à expliquer concrètement à son peuple sa définition du "mal" ouvre la voie à beaucoup de spéculations. Certes, la corruption, le népotisme et l’impunité sont des maux qui gangrènent la société angolaise, mais leur éradication ne résout pas tous les problèmes que connait le pays. De l'avis de l'opinion publique, il est impératif que JLo définisse clairement le "mal" qu’il a promis de corriger. Car, le peuple angolais  a la nette impression que le combat à ce "mal" qui s’arrête à la corruption et à l’impunité est une  lutte qui ne va résoudre qu'une partie des problèmes. Les mauvaises conditions sociales, l’insuffisance des transports publics, la mauvaise qualité des soins dans les hôpitaux, la piètre qualité de l’enseignement dans les écoles angolaises et le chômage endémique que connait le pays sont d'autres maux qui méritent correction. Or, sur ce terrain-là, on n’entend pas beaucoup le gouvernement et son chef. 
"Améliorer ce qui est bien". Là aussi, l'opinion se pose la question de savoir dans quel secteur de la vie sociale des Angolais se trouve le "bien" que le Général Lourenço  promet d'améliorer. Car, de l'avis des Angolais, le seul "bien", qui pouvait retenir leur attention, aurait été l'installation de l'Homme au centre de la politique du Mpla. La valorisation de  l'ouvrier et  du paysan. Car, c'est sur ces deux catégories de travailleurs que le Mpla fondait son discours dans les années 1975 avant de se découvrir sa faiblesse pour la bourgeoisie.  
De la mémoire collective des Angolais, le Mpla est le seul parti politique angolais passé maitre dans la production des slogans. Des slogans pour endormir le peuple. "Le Mpla est le peuple, le Peuple est le Mpla"( O Mpla é o povo, o Povo é o Mpla). En tout cas, jusqu'à l'enrichissement illicite des dirigeants du Mpla par des voies connues de tous, ce slogan avait apparemment un sens pour les populations angolaises surtout celles de l'Angola profond. N'oubliez pas qu'à l'accession de l'Angola à l'indépendance, le pays comptait 90% d'analphabètes, des petites gens faciles à manipuler qui croyaient dans la sincérité des dirigeants du Mpla.  Mais quand est apparu  dans la mode de vie de ces  dirigeants  la théorie de l' ACCUMULATION PRIMITIVE DU CAPITAL de Karl Marx,  le lien sacré qui les liait au peuple s'est brisé. Des l'avis des observateurs, c'est cette  théorie qui  a consacré le divorce et a donné naissance à un nouveau  slogan: "Le Mpla n'est pas pour qui veut, mais pour qui mérite" (O Mpla nâo é para quem quer, mas para quem merece). Et comme si le coup assené à ce peuple n'était pas assez fort, le laboratoire du Mpla dans une arrogance qui commençait à prendre forme sort un autre slogan: "Quem manda, manda. Quem nâo manda, cumpre"(Qui commande, commande. Qui ne commande pas, s'exécute). Le ton de ce slogan plus incisif ouvre la porte à la consécration du Mpla/parti État. La cerise sur le gâteau c'est : "Produzir mais para melhor distribuir". (Produire plus pour mieux distribuer). Distribuer à qui? Aux dignitaires du régime?  
Durant plus de quarante ans, les Angolais vivent sous le rythme des slogans mensongers et soporifiques  du Mpla. Dans la pratique et sur le terrain, la situation socioéconomique de l'Angolais lambda est de plus en plus difficile. Trois ans après l'arrivée du Général Joâo Lourenço à la tête de l'État son slogan n'a produit aucun résultat en faveur du peuple. Les condamnations de Agusto Tómas, de Filomeno dos Santos, de Valter Filipe, de Jorge Pontes et autres, mêmes légitimes et correctives,  n'ont rien apporté au quotidien des Angolais dans les musseques. Quand on corrige ce qui est mal, c'est pour que le bien qui en découle profite à la population. Est-ce le cas? 

Sobamasoba, l'analyse politique qui informe.

Eduardo M.Scotty.      





       

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