mercredi 17 mars 2021

Révision ponctuelle constitutionnelle ou arnaque politique ?

La semaine dernière, beaucoup d’Angolais ont eu connaissance, à travers les médias, de la décision du Général Lourenço de vouloir apporter quelques modifications  ponctuelles  à la constitution angolaise. Dès l’annonce de la nouvelle, à Luanda comme à l’intérieur du pays, les réactions ne se sont pas faites attendre. Dix ans après, il était temps qu’on révise cette constitution de 2010 afin de l’adapter aux réalités du moment. L’initiative est  applaudie même si certains Angolais doutent de la volonté politique du Mpla de vouloir réellement apporter des changements à la manière de gérer le pays. L'idée de réviser la constitution était attendue depuis des années par toute la classe politique angolaise. Au moment où la décision tombe, surpris,  beaucoup d’Angolais  font une lecture erronée des intentions du président Lourenço. Le fait d’avoir trop attendu cette révision constitutionnelle a quelque peu obscurcit leur vision au point de ne pas se rendre compte du mot “ponctuelle” glissé intentionnellement par  JLo entre REVISION et CONSTITUTION. Ce mot donne un autre sens à la révision constitutionnelle que propose le Mpla par la voix de son président. En utilisant ce mot, le Général Lourenço fixe clairement des limites au débat sur la question. Ce mot "ponctuelle" est un message clair du président Lourenço à ses troupes à une assemblée nationale dominée par le Mpla. Par ce mot, Joâo Lourenço conditionne les députés de son parti et les invite subtilement à faire barrage à toute personne décidée à franchir le cadre fixé par le Mpla. Il est inutile de souligner ici que dans la révision constitutionnelle proposée les désiderata de la population ne sont pas pris en compte. D'où est donc venue cette soudaine volonté de réviser la constitution? Une révision constitutionnelle à quelques mois des élections sent l'arnaque politique. 

Depuis son arrivée au pouvoir, le Général Lourenço subit des pressions de la part des partenaires étrangers de l'Angola et de l'opposition angolaise. Il n'y a aucun doute là-dessus. Ce sont ces pressions externe et interne qui l'ont conduit, trois ans après, à céder et à proposer un débat sur la modification de certaines dispositions de la constitution angolaise. Ce n'est pas de gaité de coeur que le président Lourenço accepte, à travers cette révision,  de se débarrasser, par exemple, de son pouvoir discrétionnaire sur la nomination du gouverneur de la Banque nationale de l’Angola et de ses adjoints. Sur ce point, c'est le FMI (Fonds monétaire international) qui a fait tomber les digues. Désormais, après révision de la constitution, la nomination des  gouverneurs de la banque nationale et de ses adjoints sera entérinée par l'assemblée nationale après débats. De cette manière, le chef de l’état cesse d’avoir un contrôle sur la BNA qui devient une institution totalement indépendante. Inch'Allah. 

Sur le plan national, les pressions viennent de la société civile et de l’opposition politique. Il y a des années que l’opinion publique nationale exige une révision profonde de la constitution angolaise. Malheureusement, les propositions faites par le Général Lourenço ne correspondent pas aux aspirations profondes du peuple. Dans la constitution de 1992, une disposition donnait droit aux Angolais de l’étranger de pouvoir participer aux élections législatives et d’avoir des députés issus de la diaspora à l’assemblée nationale. Cette disposition, et tant d'autres comme le contrôle de l'action  du gouvernement par l'assemblée nationale ou  la problématique du gradualisme resteront lettre morte car le Mpla ne voudra pas scier la branche sur laquelle ils sont assis. Après cette révision ponctuelle constitutionnelle ressemblera exactement à avant cette fameuse révision voulue par le Mpla et son président.

Vous avez des doutes? Attendons pour voir. 


Sobamasoba, l'analyse politique qui informe. 

Eduardo M.Scotty













        

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